Quelque part, dans le désert du MALI, repose la
vérité sur le tragique « accident » qui a emporté, le 14
janvier 1986, l’organisateur du PARIS DAKAR Thierry SABINE, le
chanteur populaire Daniel BALAVANOIRE, l’un des meilleurs
pilotes d’hélico de sa génération François XAVIER-BAGNOUD,
l’excellent technicien du son Jean Paul LEFURE et la dynamique
journaliste Nathalie ODENT.
Une enquête, établie par l’aérospatiale, n’a jamais été rendue
publique à ce jour : pourquoi ? Ni le crash, ni le redécollage
de l’hélico ne furent jamais convenablement expliqués !
Laissant le champ libre à de nombreuses spéculations,
certaines sérieuses, d’autres fantaisistes.
25 ans après les faits qui ont endeuillé la France dans cette
funeste année 1986, je vais tenter de faire la lumière sur ce
drame en reprenant l’enquête à zéro, depuis le départ de GAO à
l’impact fatal à 8 kms de leur destination: le Bivouac de
GOURMA-RHAROUS.
14 janvier 1986, le destin est en route pour Daniel BALAVOINE
et Thierry SABINE. Réunis sous le soleil malien, ils
participent, chacun à leur manière, au Paris Dakar. Daniel
concentre toute son énergie à son association qui installe des
pompes à eau pour aider la population locale. Thierry le
rejoint à GAO, où Daniel est en grande discussion avec le
gouverneur local.
Je les « rejoins » sur place pour commencer mon « enquête ».
Nous sommes à 10h25 AM, je trouve Daniel heureux, tout va dans
son sens. Par contre, Thierry semble tendu ? Son hélico est
prêt au décollage, il peut contenir cinq places. 14h00 :
l’après-midi s’annonce très actif. Sabine participe avec
Daniel à l’inauguration d’une partie de foot. Vers
15h30, je le suis, il quitte provisoirement Daniel pour aller
discuter de questions concernant l’étape du jour ; un rapport
lui est remis. Je « cible » dessus et je peux lire qu’on parle
d’attaque possible, de « maraudeur » du désert: certains
participants ont été pris pour cible en essuyant des coups de
feu.
J e peux noter qu’il s’entretient avec deux personnes
que j’identifie comme JL ROY et Yann A. BERTRAND qui sont les
photographes officiels de la course. Ils viennent lui annoncer
qu’ils renoncent aux deux places disponibles sur l’Hélico et
qu’ils prendront l’avion pour Bamako. Je retourne auprès de
Daniel qui semble attiré par un magazine jeté à terre. Il le
ramasse, il s’agit d’un journal local qui parle d’accident
d’hélico, ce fait le fait sursauter : il est pris d’une
angoisse attisée par sa peur chronique de voler, il ressent un
étrange pressentiment.
La journée commence à toucher à sa fin. Thierry doit décoller
de suite, sinon l’hélico n’aura plus assez de visibilité pour
parcourir les 200 km qui le séparent de l’arrivée de l’étape
du jour, soit GOURMA-RHAROUS. Il s’adresse maintenant à Daniel
et l’invite à le suivre à bord de l’hélico; je note que Daniel
refuse, il a peur, il préfère dormir à GAO et le rejoindre le
lendemain par un vol local.
Thierry insiste, je l’écoute: « allez viens Daniel, ce
sera ton baptême de l’air et notre pilote est un as tu risque,
viens » ; à ce moment là, Jean-Paul LEFURE, brillant
technicien, s’invite, spontanément, pour une place libre et
invite également Daniel à accepter. Encore une fois, je
ressens que Daniel est très angoissé, mais je le vois céder
car Thierry viens de lui promettre de le débarquer en route si
jamais ce dernier souhaite effectuer le reste du parcours dans
un véhicule officielle qui accompagne le raid.
Il est 17h15 PM à la montre de SABINE, le jeune pilote
François Xavier- BAGNOUD actionne les rotors de l’hélico qui
quitte le tarmac de l’aéroport de GAO. Je prends place à
bord et observe. Tout semble se dérouler
normalement, même Daniel semble être ravi du vol. 18h10
PM, l’hélico se pose à GOSSI, où Thierry descend pour discuter
avec un concurrent de l’étape, j’écoute: « Alors, tout va
bien? Oui ça va, mais il a eu du grabuge, certains de nous ont
essuyé des tirs, soyez très prudent ! Votre hélicoptère
peut-être une cible vulnérable. Ok, on fera gaffe, bonne
continuation »
À cet instant, le visage de SABINE se crispe, il ne peut
renoncer à parcourir le reste du parcours, il n’a jamais
eu peur de sa vie et cela ne va pas commencer maintenant ! Sa
décision est prise on redécolle, mais avec un passager en
plus, la journaliste Nathalie ODENT qui prend place au côté de
Daniel.
L’ambiance à bord semble se tendre: Xavier- BAGNOUD fait
savoir à Thierry que la visibilité descend dangereusement et
qu’il serait plus sage de se poser et de terminer le parcours
en véhicule; sur ce point, je le vois, appuyé par Daniel qui
rappelle à Thierry sa promesse de GAO. À contre cœur, Thierry
ordonne à Xavier BAGNOUD de poser l’hélico et prévient par
radio de la situation en demandant un véhicule.
Thierry s’adresse à l’ensemble de l’équipage, j’écoute « Bon
ok, on va se poser, dommage quand même, il ne reste plus que
22 km ». Nous nous posons, le vent de sable semble avoir
redoublé on ne voit pas à 2 mètres devant soi. Un véhicule
s’approche, un concurrent du rallye, Thierry l’intercepte en
lui indiquant d’avertir qu’il attend une voiture pour venir
les chercher; il est 19h05 PM.
Le concurrent reparti, il advient un fait totalement
inattendu; une série de coups de feu se fait entendre, les
balles sifflent autour de la carlingue de l’hélico, on subi
une attaques ! Par un véhicule transportant plus de cinq
hommes lourdement armés et surgis du néant. Thierry crie tous
à bord ! Xavier active les rotors, on se tire de là.
Malheureusement, je dois constater qu’une balle a touché
grièvement Nathalie à la cuisse gauche, l’artère fémorale
semble atteinte. Nous fonçons droit dans la nuit quasi en
aveuglette.
19h18PM, j’entends la conversation à bord: Thierry « tiens le
coups Nathalie nous ne sommes plus qu’à quelques km de GOURMA
», « Xavier j’y vois rien dans cette poisse. Je me guide au
feu de ce 4x 4x », « Daniel, vite, vite Nathalie est en train
de se vider de son sang ! » J’en ai pas le temps de me
détacher de leurs discussions qu’un bruit sourd vient de se
faire entendre; un objet vient de s’encastrer dans le bloc
moteur, je me précipite pour aller voir: il s’agit d’une
grenade tirée par un fusil !
Impossible aux occupants de l’hélico d’intervenir, c’est la
fin: une effroyable détonation se fait entendre, l’appareil
est disloqué en deux en enflammant la nuit. À 19h20 PM, toute
vie a cessé à bord de l’hélico. Mais, je refuse d’en rester
là, il me faut savoir d’où provenait la grenade; qui a atteint
l’hélico. Je remonte le temps et suis la trajectoire de la
grenade; je rejoins le « tireur », il est assis dans le
véhicule qui nous a attaqué précédemment: ce sont certainement
les « maraudeurs » du désert.
25 ans après, pour moi, la lumière est faite sur ce drame :
l’hélicoptère a été abattu par une grenade lancée à distance:
était-il visé intentionnellement ? Sans pouvoir en être
certain, je pense que oui; pour quel motif en voulaient-ont à
l’équipage ? Encore une question qui restera à jamais sans
réponse!