La légende des « chats qui sauvèrent le Royaume »


05- VIVRE AVEC LE LAMA
 

Par TUESDAY LOBSANG RAMPA
[Traduit de l'anglais par Henriette Nizan].
Monaco : Éd. Rocher, 1990, 204 p.
Montréal: Editions La Presse, 1973.
Ottawa : Éditions La Presse, ©1973.
©1964-> en anglais*-> « Living with the Lama »
Éditions du Rocher, ©1990 -> réimpression en juin 2000, 206 pages.


{Vivre avec le Lama, par RAMPA ->  Montréal: Editions La Presse, 1973. 223 p. ; 21 cm.-- Ottawa : Éditions La Presse, ©1973. 1964*-> « Living with the Lama »; Éd. du Rocher, ©1990->2000. 206 pages.}{Pages 153 à 158 -> Extrait 3} La légende des « chats qui sauvèrent le Royaume ».

    ... Kou {l'autre chatte siamoise de Rampa} me demande de lui  raconter une légende. Elle insiste pour que je la lui raconte d'une voix très douce, pour l'endormir. Je lui propose la légende des « chats qui sauvèrent le Royaume ». Elle accepte et se pelotonne à mes pieds. Je commence:

    « il était une fois - il y a bien de cela un million d'années - une île qui s'étendait, belle et verdoyante, sous la douce tiédeur d'un soleil amical.  Les eaux bleues léchaient ses roches indolentes et lançaient des aigrettes d'écume où scintillaient des arcs-en-ciel. La terre de cette île était fertile et la végétation luxuriante. On y voyait des arbres qui s'élevaient gracieusement, très haut dans le ciel, pour être caressés par les brises embaumées. Des terres plus élevées descendaient des rivières qui rebondissaient par-dessus d'énormes blocs de pierre pour venir s'écraser dans des lacs d'où elles ressortaient, calmées. Elles suivaient alors un cours plus régulier qui les menait dans la mer accueillante. Au centre de l'île, des montagnes s'élevaient, cachant leur couronne dans les nuages. C'est peut-être là que se trouvait la Demeure des Dieux. Sur les longues étendues de sable doré, ourlé de la blanche écume des vagues, des indigènes heureux jouaient, nageaient et se livraient à l'amour. Tout n'était que joie, paix indicible contentement. Pas de pensées d'avenir, ni de chagrin, ni de mal, rien que joie de vivre sous les palmes caressantes.

    « Une large route menait à l'intérieur du pays. Elle disparaissait dans la fraîche obscurité d'une immense forêt, pour réapparaître très loin, dans un paysage tout différent. Là, il y avait des temples taillés dans de la pierre colorée et des métaux tels que l'argent et l'or. Des flèches et des minades défiaient le ciel, par-dessus des coupoles et des bâtiments patinés par le temps. Tout à coup, de l'intérieur d'un temple, parvinrent les notes profondes d'un gong. Cela fit fuir les oiseaux, qui, par milliers, se chauffaient au soleil le long des murs sacrés.

    « Au son continu de ce gong, des hommes drapés de tissu saffran se dirigèrent en hâte vers un bâtiment central. La ruée dura un certain temps, puis ralenti, et tout redevint calme. À l'intérieur du temple grandiose, l'assemblée des moines se demandait la raison de cet appel soudain. Une porte s'ouvrit tout au fond laissant apparaître une petite troupe d'hommes revêtus de safran. Leur chef était un vieillard ridé et desséché par les ans. Il les précédait, escorté de deux chats de grande taille. Ces chats avaient la queue, les oreilles et le masque noirs, le corps blanc. On sentait qu'il existait entre le vieillard et les chats une entente télépathique totale. Ensemble ils approchèrent d'un podium où le vieillard se tin un moment sans rien dire, contemplant la mer de visages qui se tenait devant lui.

    « "Frères de tous degrés, dit-il enfin, très lentement. Je vous ai convoqué pour vous dire que notre île est en danger mortel. Pendant longtemps nous avons souffert la menace que fait peser sur nous la présence des gens de science qui habitent le pays, de l'autre côté des montagnes. Coupés de nous par les gorges profondes qui séparent l'île en deux, ils ne sont pas aisément approchables. Sur leur territoire, la science a supplanté la religion; ils n'ont pas de Dieu, pas de considération pour les droits des autres. Aujourd'hui, frères de tous degrés..." le vieil homme s'arrêta un instant et jeta sur l'assemblée un regard triste. Voyant que tous l'écoutaient avec grande attention, il reprit: "Aujourd'hui, nous sommes menacés. Si nous ne fléchissons pas le genou devant ces impies, si nous ne nous soumettons pas complètement à ces hommes mauvais, ils déclarent qu'ils nous détruiront à l'aide de germes mortels." Il prit un temps. Le poids des ans pesait lourdement sur ses épaules : "Nous sommes ici, mes frères, pour discuter de quelle façon nous pouvons écarter cette menace à notre existence et à notre liberté. Nous savons où sont gardés ces germes porteurs de maux, car certains d'entre nous ont déjà tenté, en vain, de les dérober afin de les détruire. Mais nous avons échoué et ceux qui se sont sacrifiés pour nous ont été torturés à mort."

    « "Saint-Père ! dit un jeune moine, ces germes sont-ils lourds à porter ? Un homme pourrait-il s'en emparer et s'enfuir avec eux ?" Il s'assit, tout apeuré de sa propre témérité pour s'être adressé directement au Saint-Père. Le vieil homme eut un sourire mélancolique : "Non, cela ne pèse presque rien. Les germes sont contenus dans un tube que l'on peut tenir entre le pouce et l'index et, cependant, une seule goutte peut imprégner tout le pays et nous annihiler. De plus, le tube est soigneusement gardé dans une haute tour." Le vieillard s'essuya le front : "Pour nous narger, nos ennemis ont placé le tube devant une fenêtre ouverte afin qu'on puisse le voir. Un arbre pousse devant la tour et l'une de ses branches entre par la fenêtre. Hélas ! cette branche est mince, fragile et, toujours pour nous montrer qu'ils n'ont pas peur de nous, nos ennemis ont envoyé un message dans lequel ils nous disent de prier notre Dieu qu'il nous rende légers, légers. Ainsi, disent-ils, la branche nous supportera et nous pourrons atteindre le tube."

    « Les moines tinrent conseil toute la nuit, cherchant le moyen de sauver leur peuple de la destruction. Les uns proposaient que l'on détruise la tour, les autres que l'on fasse tomber le tube à l'aide d'un projectile. Mais celui qui s'en emparerait posséderait un pouvoir dont il pourrait, à son tour, faire mauvais usage, tant il est vrai que l'homme - fût-il moine - est une créature faillible.

    « Dans sa cellule, au plus profond du temple, le grand prêtre gisait, épuisé, sur sa couche. À ses pieds, les deux chats sacrés. "Votre Sainteté, dit l'un, par télépathie, ne pourrais-je me rendre en pays ennemi, monter sur l'arbre et prendre ce tube, cette fiole ?" L'autre chat regarda son compagnon: "Nous irons ensemble. Cela doublera les chances de succès." Le vieillard réfléchit. "Ce serait sans doute la solution. Il n'y a qu'un chat qui puisse monter sur cet arbre et se tenir sur cette branche sans la casser." Il retomba dans sa méditation que personne, même un chat sacré, ne se permettrai de troubler. Celui-ci dit enfin : "L'un des nôtres vous emmènera. Il vous fera traverser les gorges qui nous séparent du pays ennemi, pour que vous ne vous fatiguiez pas inutilement, et nous attendrons votre retour. Nous ne ferons part à personne de notre projet. Craignons les bavards! Et nous enverrons un émissaire à nos ennemis, sous prétexte que nous voudrions connaître leurs conditions. Pendant qu'ils recevront cet émissaire, leur attention sera détournée de vous."

    « Les jours qui suivirent furent très occupés. Le grand prêtre fit savoir qu'il désirait envoyer un émissaire. Il reçut une réponse favorable. L'émissaire partit, escorté de deux moines portant chacun un panier. La troupe franchit des montagnes escarpées, passa les gorges ténébreuses et se trouva en territoire ennemi. Lorsque la nuit fut tombée, on libéra les chats de leurs paniers. Ils en sortirent aussi silencieusement que la nuit, elle-même, était silencieuse. Bientôt ils furent au pied de l'arbre. Leurs pouvoirs télépathiques leur permirent de s'assurer qu'aucun ennemi ne se trouvait à proximité. Précautionneusement, l'un des chats se mit à faire l'ascension de l'arbre, tandis que l'autre guettait, télépathiquement. Avec des précautions infinies, le chat grimpeur rampa le long de la branche. Il arriva sur le rebord de la fenêtre et s'empara de la fiole au nez et à la barbe de celui qui la gardait.

    « Avant que l'alerte eût été donnée, les deux chats s'étaient dissous dans les ombres de la nuit. Ils apportèrent au grand prêtre la fiole qui, dorénavant, sauvegarderait la paix du pays. Voilà pourquoi, depuis lors, les chats sont révérés dans ce royaume. Mais, l'histoire ayant été tenue secrète, seuls les chats connaissent cette raison ! »

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