Le Royaume De Patra




19 - LE SAGE DU TIBET / Par Tuesday Lobsang Rampa --Montréal : Éditions Stanké, ©1980. {(pages 185 à 194)(Extrait 39)}. Le Royaume De Patra.

    « Allons faire un tour, dit-il vivement, pour se dégourdir les jambes. Allons, viens, remue-toi un peu, grand paresseux ! »

    Il s'était déjà éloigné. « Maître, dis-je en lui courant après, quand vous disiez que vous ne connaissiez pas cette caverne, ce n'était pas vrai, n'est-ce pas ? Vous me faisiez marcher ! »

    Il éclata de rire et dit : « Mais non je ne te faisais pas marcher. Je t'assure que je n'en connaissais pas l'entrée principale. Ce fut une véritable découverte. D'ailleurs, elle ne figure pas sur les cartes, et l'on ne comprend pas bien pourquoi elle se trouve à cet endroit. Tu as vu comme moi que le rocher ne présente aucune déformation. Peut-être le vieil ermite, gardien de ces lieux, voulait-il une entrée proche de son ermitage. Sois bien persuadé, en tout cas, que je ne me moquais pas de toi quand je t'ai félicité pour ta découverte. Maintenant il va falloir trouver un moyen de sortir d'ici, car mes jambes vont mieux et nous allons pouvoir repartir demain. Je pense être capable de redescendre la pente. »

    « Mais cela ne va pas être facile dans l'état où sont nos robes », remarquai-je.

    « Ne t'inquiète pas, je te promets pour demain des vêtements neufs, vieux d'un million d'années ! Je veux aussi que tu apparaisses en bas non comme un novice, mais comme un moine. Dorénavant tu resteras avec moi, tu me suivras partout où j'irai et je serai responsable de ton éducation. »

    Là-dessus il se retourna, se dirigea vers une porte devant laquelle il s'inclina, et tandis qu'il plaçait ses mains dans une certaine position, je vis un pan de mur coulisser lentement et sans bruit. Ce silence rendait le phénomène encore plus étrange.

Le Royaume De Patra

    « Viens, me dit le Lama en me donnant une tape dans le dos, il faut que tu vois cela. Ce globe (il m'indiquait de la main une sphère gigantesque qui se trouvait au milieu d'une salle) va te donner une idée de ce qu'est Patra. Il posa une main amicale sur mon épaule et m'emmena jusqu'à un tableau mural qui comportait un certain nombre de cadrans et dispositifs de toutes sortes ainsi qu'un immense écran qui faisait près de huit mètres de long et six mètres de large. « Cet écran permet de voir les détails », dit-il.

    Bientôt l'obscurité se fit dans la pièce où nous nous trouvions, et à mesure que la lumière baissait, le globe qui symbolisait Patra s'éclairait. Il devint bientôt très brillant avec des reflets dorés quelque peu cuivrés. Il émanait de lui quelque chose de serein et d'apaisant qui donnait envie de s'y rendre.

    Le Lama toucha quelques boutons et la brume qui entourait la sphère se dissipa peu à peu, comme le brouillard en montagne lorsque paraît le soleil. J'étais absorbé dans ma contemplation. Un monde fantastique s'offrait à moi. J'étais sur une jetée, bercé par le clapotis des vagues qui venaient s'y briser. Soudain, sur ma droite, apparut un navire. Je savais que c'était un navire pour en avoir vu sur des images. Il se dirigeait vers la digue où je me tenais ; parvenu au bord, il s'arrêta et s'y amarra. Une foule de passagers en descendit dont la mine radieuse me frappa.

    Je m'en ouvris à mon maître : « Comme ils ont l'air heureux ! dis-je. Qui sont-ils ? »

    « Nous sommes à Patra, répondit-il. Faire du bateau fait partie des divertissements. Ces gens reviennent, je suppose, d'une promenade en mer. Ils ont dû aborder dans l'une des îles des environs. Peut-être y ont-ils pris le thé, et les voilà de retour à Patra. Patra se trouve au-dessus du monde astral. Ce n'est qu'une élite qui peut venir ici, après une route particulièrement pénible et difficile. Mais ce qu'on trouve en ces lieux compense largement la peine endurée.

    « Il est possible de venir à Patra par le voyage astral, continua-t-il, même si l'on est encore sur Terre. Si tu veux, par exemple, revoir une certaine personne, il suffit de penser à elle très fort, et si elle veut bien te recevoir, tu te sens soulevé de terre, et tu peux te déplacer librement dans les airs jusqu'à l'endroit où cette personne t'attend. »

    « Mais qui, en général, accède à ces lieux ? demandai-je. Comment arrivent-ils et doit-on les considérer comme des prisonniers ? Je suppose qu'ils ne peuvent pas partir. »

    « Mais non, Lobsang, ce n'est pas une prison ! s'écria mon ami. C'est une récompense destinée aux meilleurs d'entre nous ;  c'est-à-dire ceux qui se sont sacrifiés pour autrui, qui ont oeuvré jusqu'aux limites de leurs possibilités pour le bien de l'humanité. Dès que le corps astral de ces êtres s'est séparé du corps charnel, il vient ici. Et comme tu le vois, personne ici n'est relié à la Corde d'Argent, et personne ne porte au-dessus de sa tête le nimbe d'or. Ils sont devenus inutiles, car il n'y a plus aucune différence entre les êtres. La bonté est l'apanage de tous, qu'ils s'appellent Socrate, Aristote, Léonard de Vinci ou autres. Pour demeurer sur Terre il leur fallait quelques défauts, quelques taches, mais la mort physique les en a débarrassés et ils sont arrivés à Patra totalement purs.

    « Quand une entité est destinée à Patra, prenons Mendelssohn, par exemple, il doit passer d'abord par le monde astral et se présenter devant une sorte de Garde qui lui retire sa Corde d'Argent et son nimbe d'or. Il se rend ensuite à Patra où il va retrouver ses amis et connaissances, et où il pourra faire ce qu'il lui plaît. »

    « Est-ce que les gens à Patra se nourrissent d'aliments comme nous le faisons sur Terre ? demandai-je. Je ne vois rien ici qui ressemble à de la nourriture. »

    « En effet, il n'y a guère de choses comestibles en ce royaume, répondit le lama, car pour les êtres qui y sont il n'est plus besoin de se nourrir au sens où nous l'entendons, c'est-à-dire se nourrir pour vivre. Leurs corps et esprit tirent directement de la lumière, par osmose, l'énergie qui leur est nécessaire. Ils peuvent, bien sûr, manger ou boire pour le seul plaisir de manger et de boire, à condition qu'ils ne se goinfrent pas et qu'ils n'absorbent pas d'alcool. L'alcool, Lobsang, détruit le cerveau et peut entraver l'évolution d'un individu pendant plusieurs vies.

    « Mais jetons un coup d'oeil rapide là-bas. Rappelle-toi qu'en ce lieu le temps n'importe plus, et qu'il est inutile de demander à quelqu'un depuis combien de temps il est là. Sache que l'on ne se lasse pas de Patra parce qu'il y a toujours quelque chose de nouveau à faire, des gens nouveaux à rencontrer qui seront toujours tes amis, car tes ennemis ne peuvent être à Patra où tout est harmonie. Suis-moi dans les airs, nous allons aller visiter ce petit village de pêcheurs. »

    « Maître, dis-je étonné, je croyais que les gens n'avaient pas besoin de manger ! Pourquoi des pêcheurs ? »

    « Ce n'est pas de la pêche au sens où nous l'entendons, Lobsang, rétorqua mon guide. Le poisson que l'on pêche ici sert à des expériences ; on essaie d'améliorer leurs facultés. Les poissons qui sont sur notre planète sont assez sots et méritent d'être capturés. Ici on ne leur fait pas de mal. Ils sont recueillis dans des filets, et ils comprennent que l'on cherche à améliorer leur espèce. C'est la même chose pour tous les animaux qui sont ici. Aucun n'a peur de l'homme, tous lui témoignent au contraire beaucoup d'amitié. Mais dépêchons-nous, nous n'avons guère de temps pour visiter car nous devons bientôt redescendre au Potala. »

    Brusquement je me sentis soulevé de terre, et fus pris aussitôt d'une violente migraine. Je crus même un instant que j'allais mourir. Mais, d'un geste vif, le lama m'agrippa et posa sa main sur mes yeux. « Je suis désolé, Lobsang, dit-il, j'avais oublié que tu n'es pas habitué à voyager dans la quatrième dimension. Il faut que je te mette quelque chose dans les yeux, nous allons redescendre un moment. » Après une sensation de chute libre assez désagréable j'atteignis avec joie la terre ferme.

    « Nous sommes dans la quatrième dimension et des harmoniques de la cinquième dimension interviennent parfois, m'expliqua mon ami. Lorsque l'on emmène quelqu'un à Patra, il faut s'assurer que ses yeux aient reçu un traitement spécial qui lui permettra de ne pas se fatiguer la vue une fois dans la quatrième dimension. »

    Mon guide me fit allonger et me versa quelques gouttes dans les yeux, puis il me mit des lunettes qui les recouvraient entièrement. « Je vois très bien maintenant ! m'écriai-je tout excité, je vois des choses fantastiques ! »

    Ce que j'avais vu avant, sans les lunettes, était beau mais maintenant c'était splendide, magnifique, féerique. Quelque chose d'impossible à décrire en termes de troisième dimension. Nous remontâmes bientôt dans les airs et je ne cessais de m'émerveiller. Je n'avais jamais vu tant de beauté chez les êtres. Les femmes surtout me semblaient ravissantes et je sentais ma chair s'émouvoir. Elles avaient toujours été des étrangères pour moi. Ma mère était très sévère, et je ne voyais pratiquement pas ma soeur. On m'en avait séparé depuis que l'on avait décidé que j'entrerais à la lamaserie. La sérénité, la splendeur des lieux dans lequel nous évoluions étaient indescriptibles. Vouloir les suggérer par des mots empruntés au langage commun équivaudrait à vouloir décrire quelque chose sur terre à un aveugle de naissance ! Comment lui décrire les couleurs, puisqu'il n'en a aucune notion ? Comment lui parler de la forme et du poids des objets puisqu'il n'a aucun point de référence ? Le problème paraît insoluble, et je me trouve dans pareille situation actuellement, incapable de décrire la beauté du Royaume de Patra. Mais je pourrai néanmoins dire que j'y ai vu des grands hommes des siècles passés oeuvrer pour les autres univers, des univers à deux et trois dimensions. On croit souvent sur Terre que les inventions sont nouvelles. Le plus souvent, leurs auteurs n'ont fait que voler l'idée à quelqu'un qui se trouvait en train de travailler sur une maquette dans le monde astral. Une fois revenus sur terre ils n'ont plus qu'à réaliser le projet et à faire breveter leur invention.

    Le lama Mingyar Dondup était très connu à Patra. Partout où il se rendait on le saluait et il me présentait toujours aux gens comme un vieil ami à eux dont ils se souvenaient, tandis que moi je les avais oubliés du fait de ma réincarnation. « Cela ne fait rien, disaient-ils en riant, quand tu reviendras parmi nous ta mémoire te reviendra ! »

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    Le lama Mingyar Dondup était en grande discussion avec un savant. « Le problème majeur aujourd'hui, disait ce dernier, vient du fait que chaque race, chaque peuple a sa propre façon de voir et ne juge et n'agit qu'en fonction de celle-ci. Ainsi, dans certains pays, les femmes sont considérées comme égales à l'homme, et sont traitées en conséquence. Dans d'autres, au contraire, on pense que les femmes ne sont sur Terre que pour servir d'esclaves à l'homme. Quand les femmes de ces derniers pays vont dans les autres, elles se trouvent naturellement perdues et déconcertées. Actuellement, nous cherchons un moyen d'uniformiser les mentalités, du moins trouver une base commune sur laquelle tous les peuples du monde pourraient s'entendre. On y travaille aussi dans le Monde Astral. Il est inutile de dire que quiconque vient à Patra est convaincu de la nécessité qu'il y a à accorder à chaque individu les mêmes droits sans discrimination. »

    Il leva les yeux vers moi, et me voyant avec un chat il dit : « Je vois que d'ores et déjà tu appliques ce principe avec nos amis les chats ! Ta réputation auprès des animaux n'est d'ailleurs plus à faire.

    Quand tu viendras à Patra tu seras accueilli par toute une armée de chats, une véritable fourrure vivante ! » Tandis qu'il me parlait, un gros chat brun à taches blanches était en train de grimper sur mon épaule. Quand il se trouva en place il posa l'une de ses pattes, sur ma tête, pour se caler. Exactement comme un humain l'aurait fait.

    « Allons, Antoine dit le lama, nous allons te dire au revoir, il faut que nous redescendions. Mais Lobsang reviendra, et tu pourras tout à loisir grimper sur lui. » Le chat que l'on avait appelé Antoine fit un signe entendu de la tête et sauta sur une table d'où il revint se frotter à mes jambes en signe d'amitié.

    « Avant de redescendre nous allons jeter un coup d'oeil aux Jardins de Patra », dit le lama. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire nous nous trouvâmes au milieu de fleurs et d'arbres dont la splendeur me ravit. Je n'osais pas marcher de peur d'abîmer les parterres. Le lama me regarda et me dit : « J'aurais dû te prévenir, Lobsang, ici dans les Jardins de Patra on marche en général à une trentaine de centimètres au-dessus du sol. Dans la quatrième dimension il est facile de le faire, et de cette façon on ne risque pas d'abîmer les fleurs...

    « Je crois que nous allons rentrer maintenant, Lobsang, me dit bientôt mon ami. J'ai encore un certain nombre de choses à te montrer en bas, un certain nombre de choses à t'apprendre qui t'aideront dans l'existence. J'aimerais pouvoir t'accompagner tout au long de celle-ci, mais ce n'est pas possible, Mon Karma est tel que je dois tomber, dans un proche avenir, sous les coups des communistes. Mais ne nous occupons pas de cela, et redescendons. »

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