1. Shiva
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      2. Ramayana et  Genèse Hébraïque
           From: "radarani" <*************@yahoo.ca>
 
 

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Message: 1
   Date: Wed, 31 Mar 2004 23:39:28 -0000
   From: "radarani" <*************@yahoo.ca>
Subject: Shiva

GROTTE DE SHIVA NATARAJA - AIHOLE - INDE,

Les sociétés humaines se sont généralement organisées en structures
hiérarchiques, pyramidales, dirigées par un pouvoir central incarné
dans un prince, un roi, un tsar... Simultanément, elles se sont aussi
dotées de systèmes religieux, de cosmogonies élaborées sur des
schémas analogues, distribuant les rôles et les fonctions selon une
cascade d'échelons et de paliers entre la matière inerte et le divin
éthéré.

Cependant, l'épanouissement de systèmes démocratiques au détriment
des régimes monarchiques a aussi eu comme conséquence l'érosion du
modèle pyramidal comme exemple d'organisation et comme justification
théologique. L'avènement de l'internet confirme et accentue cette
tendance. La communication en réseau privilégie le mouvement
horizontal. Aucune autorité toute-puissante ne trône au sommet d'une
hiérarchie par la maîtrise de la connaissance et de la communication.

Un gigantesque flux d'échange, de diffusion de données,
d'informations, de savoirs est instauré, dans un espace ouvert,
omnidirectionnel.

La gigantesque toile électronique avec ses ancrages sur la non moins
gigantesque panoplie de machines cybernétiques autour de la planète
constitue une entité nouvelle.

Theillard de Chardin a déjà évoqué la noosphère, sphère pensante de
la population humaine qui recouvre la planète. Mais cette enveloppe
pensante est aujourd'hui doublée d'une nouvelle couche, ou mieux :
activée, innervée, transcendée par la réalisation effective du réseau
planétaire. Deux formes complémentaires de "pensée",
d'"intelligence", de "savoir"... deux aspects différents de la
création trouvent une complémentarité optimale, voluptueuse ! La
terre s'est dotée d'une étonnante parure, fruit de l'épanouissement
simultané de deux processus particuliers :

- La création vivante, avec l'être humain en ultime produit du
développement.
- La création technologique, scientifique, épanouissement des
potentialités de la matière.

Shiva

" L'un des principaux aspects de Shiva est l'ARDHANARISHVARA,
l'hermaphrodite. Dans le processus de la création, le pouvoir de
concevoir (vimarsha) et le pouvoir de réaliser (prakasha), lorsqu'ils
sont réunis se manifestent d'abord dans un point limite (bindu), une
localisation qui est le point de départ de l'espace-temps."

"La cosmologie shivaïte envisage vingt-quatre éléments fondamentaux
ou "principes autonomes" (tattvas) qui rendent possible l'apparition
et le développement du monde. Il s'agit d'abord de cinq conditions ou
préalables qui déterminent la possibilité d'une création, et qui
sont :

1) une cause première appelée Shiva. Le mot Shiva est dans ce cas
dérivé de la racine shi, qui dénote le sommeil. Shiva est "celui en
qui tout dort", le sommeil étant l'image de l'état latent de la
création;
2) Une énergie ou pouvoir de se manifester appelé Shakti;
(...)"

"Lorsque Shiva et Shakti sont unis, leur unité est volupté. La
volupté est leur réalité."

"Le plan ne devient une réalité que quand il se réalise dans la
matière. Shiva n'est qu'une abstraction jusqu'à ce qu'il s'unisse au
principe énergétique, à la Shakti, substance du monde."

Shiva et ses mille noms représentent une somme considérable de
concepts, de notions, de significations dans la culture polymorphe de
l'Hindouisme. SHIVA ARDHANARISHVARA, l'androgyne Shiva-Shakti, est
ainsi la représentation, le symbole d'un aspect de la création, un
fragment d'un modèle de lecture de la nature du monde.

Au-delà de la curiosité artistique, du raffinement esthétique, de la
vénérable divinité, l'image anthropomorphe constitue surtout une clé
pour entrer dans une culture élaborée, complexe et subtile.

On peut donc, sans sacrilège, proposer cette lecture actualisée du
symbole :

L'androgyne masculin-féminin, le lieu de volupté Shiva-Shakti, la
dualité provisoire concept-énergie (Purusha-Prakriti, dans d'autres
textes), représente aussi la fusion de la noosphère et de la web-
sphère, la dynamisation de l'humanité pensante en humanité
communicante. Ou, pour adhérer plus justement encore aux notions
shivaïtes, on peut dire que le concept , le projet de communication
globale, potentialité prééminente, n'est qu'une image tracée par la
trame immense du réseau. La virtualité devient réalité, se concrétise
par l'énergie, la vie organique épanouie avec l'homme en
communication et échange qui vient habiter le projet, le modèle
électronique, matérialisation d'un archétype.

Ecrire Internet avec un "I" majuscule revient donc à donner une
nouvelle appellation, un nouveau nom à Shiva, non pas dieu tout-
puissant, mais principe de dynamique cosmique !

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Robert Cottet, juin 1999.

Les citations sont extraites de divers ouvrages de Alain Danielou,
référence éminente pour l'approche de l'Hindouisme, citée par
Jacques-
Edouard Berger.
 

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Message: 2
   Date: Thu, 01 Apr 2004 00:31:41 -0000
   From: "radarani" <*************@yahoo.ca>
Subject: Ramayana et  Genèse Hébraïque

 
Ramayana et Genèse hébraïque

Gaura Krishna

Nombre d'Ecritures renferment, sous forme symbolique, l'exposition de
la sagesse universelle, de la loi cosmique, autrement dit du Sanatana
Dharma. Différents vêtements habillent la même Vérité universelle. De
même que les Vedas sont toujours chantés et de ce fait préservés en
Inde, même s'ils ne sont plus compris, de même le Ramayana est récité
et chanté de nos jours - et à Maurice on pourrait dire journellement
aux quatre coins de l'île - même si la compréhension actuelle de
cette écriture sublime ne concerne que sa forme ou son enseignement
extérieurs. Plus que des règles de conduite, dharmiques, concernant
tout être humain ou toute société quels qu'ils soient, tenus de les
suivre sous peine de s'enfoncer dans la maladie de l'ego et du
matérialisme à tout crin, le Ramayana renferme la quintessence de la
Connaissance. La forme véhicule le fond et, même si de nos jours ce
fonds n'est plus compris, l'enveloppe extérieure ainsi véhiculée
permet au véritable sadhak d'avoir un jour des révélations de son
enseignement ésotérique ou secret.

C'est ainsi qu'à titre d'exemple il est possible de faire un
parallèle entre la Genèse hébraïque et le Ramayana.

Adam, c'est à dire Adi-Manu, le premier homme, a été créé à l'image
de Dieu. Dieu lui a communiqué son propre souffle. Adam est donc Dieu
manifesté. A remarquer qu'au début Adam est seul, symbolisant
l'unicité, l'A-dvaita, le non-deux. A ce stade Adam est l'Androgyne,
l'Ardhanarishvara. Ce n'est qu'ensuite que, à partir d'une de ses
côtes, Dieu crée Eve. Eve est donc créée à partir d'Adam, Prakrti est
une émanation du Brahman et non pas distincte de Cela. C'est la
symbolisation de l'apparition de la dualité, avec d'un côté Adam
représentant le côté Conscience, Shiva, Purusha, et de l'autre Eve
représentant la Manifestation, Nature, Shakti, Prakrti. Mais ces deux
sont par essence un. Contentons-nous de faire un simple parallèle
avec le mariage entre Ram et Sita dans le Ramayana. Rappelons que Ram
est avant tout le nom de la Conscience universelle, et que le nom de
Sita signifie «sillon» et se rapporte à la terre, à la Nature, à la
manifestation.

Nous voici maintenant dans le Jardin d'Eden où, rappelons-le, le
temps n'existe pas, l'homme est éternel, semblable à Dieu. Il n'y a
pas de temps parce qu'il n'y a pas de pensée, pas de mental. L'homme
EST. Dans le Ramayana, le jardin d'Eden est Citrakut. Ram et Sita
vivent en parfaite union à Chitrakut tout comme Adam et Eve vivent la
même union parfaite en Eden.

C'est ensuite que tout va `se corser' et que va se produire la `chute
de l'homme', la `faute originelle'. Le jardin d'Eden est sublime. En
son centre se trouve un arbre, appelé l'arbre de la Connaissance. «Et
l'Eternel Dieu dit : «tu mangeras librement de tout arbre du jardin,
mais de l'arbre de la connaissance tu n'en mangeras pas; car au jour
où tu en mangeras, tu mourras certainement.» Bien entendu Adam se
conforme aux directives, étant la Conscience même. Mais Eve, Prakrti,
ne va pas résister bien longtemps et va finir par plonger sous
l'impulsion du désir, de l'apparition du mental, de l'ego, qui la
fait chuter de l'union avec la Conscience. Elle mange du fruit de
l'arbre de la connaissance discursive, c'est à dire qu'elle commence
à mentaliser et donc à se diviser, à se séparer de la Conscience.
C'est le début de la manifestation. L'apparition du mental, du désir,
prend ici la forme du serpent, qui dit : «Vous ne mourrez
certainement point si vous en mangez, car Dieu sait qu'au jour où
vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme Dieu,
connaissant le bien et le mal». Or connaître le bien et le mal, c'est
justement le plan mental, la coupure, les paires opposées, car en
Vérité Divine, tout est Un. Du jour où il en a mangé, l'homme a
quitté le sacré pour le profane, s'oubliant soi-même. Et il meurt. La
Genèse dit : «La femme vit que l'arbre était désirable pour rendre
intelligent». Tout est très clair.. Sous l'impulsion du désir,
l'homme cherche la connaissance. Mais quelle connaissance aurait-il à
chercher puisqu'il EST la Connaissance même ? Il s'agit bien entendu
de la connaissance relative, qui nous fait croire que le mental est
source de toute connaissance. L'homme s'imagine être semblable à Dieu
sans avoir conscience qu'il n'est plus qu'un dieu mental. C'est aussi
tout le symbole de Lucifer, symbole du mental : le porteur de
lumière, oui, mais de lumière mentale, d'où sa chute. L'arbre est
désirable pour cultiver le mental. Mais combien de grands savants
sont les rois des imbéciles ! Ils connaissent alors qu'ils sont nus,
naissance de la connaissance mentale. Dieu dit «qui t'as montré que
tu étais nu ?». Le mental, bien entendu… Ayant quitté sa source,
l'homme s'aperçoit qu'il est nu alors qu'auparavant il n'avait aucune
conscience de nudité. Peut-on donner à Dieu le qualificatif de `nu' ?

En résumé, dès qu'il y a apparition de la dualité, il y a apparition
du mental et de ce fait une tombée dans le domaine relatif. L'homme
quitte sa source, son Soi profond et s'imagine de ce jour en être
différent. C'est la tombée du sacré dans le profane alors qu'il n'y
avait auparavant aucune distinction, ni sacré ni profane.. Il se met
à vivre dans l'illusion qu'il y a d'un côté, le sacré et de l'autre
le profane

Tout comme dans la Genèse nous voyons Eve, Prakrti, seule, alors
qu'Adam est au loin, dans le Ramayana, nous voyons Sita, seule, alors
que Ram est parti chasser et que Lakshmana est parti le rejoindre. Et
c'est alors que s'avance Ravana, l'équivalent du serpent biblique :
l'ego. Ici, si la symbolique est différente, sa signification est
identique. Autour de la résidence a été tracé un cercle magique,
délimitant en quelque sorte le domaine divin, le jardin d'Eden. Tout
comme le serpent fait entendre un son de sirène très attrayant pour
amener Eve, Prakrti, à se manifester plus encore sous l'impulsion du
désir, ici Ravana, l'ego, s'est déguisé en sannyasi et va de même
proférer des paroles de fausse sagesse. Le but du serpent était de
faire croquer la pomme de l'arbre de la connaissance, le but de
Ravana va être de faire franchir à Sita la limite du cercle magique,
séparant de même le domaine divin où tout est un du domaine mental où
se tient l'ego. C'est donc exactement la même chose. Là encore c'est
la fausse notion de «bien» (donc en opposition au» mal») qui va
attirer Sita en dehors de ces limites. Sita est d'abord attirée vers
Marichi apparu sous les traits d'une magnifique gazelle et demande à
Rama d'attraper l'animal, ce qui va éloigner Ram de l'ermitage tout
comme Eve a été éloignée d'Adam. Tout ce qui va se produire est, ici
comme dans la Bible, la suite de ce `désir primitif'. C'est encore
Sita qui va envoyer Lakshmana (qui symbolise la buddhi, le chemin
vers la Conscience) vers Rama. Il reste alors à Ravana, l'ego,
ce «général des rakshasas devant qui tremblent les mondes avec les
Devas, les Asuras et les hommes», plein de désirs, à louer la beauté
de Sita, etc..., à lui faire franchir le cercle magique. Et Sita va
franchir le pas. Elle va passer le voile de Maya qu'est le cercle, où
commence la distinction entre monde divin et monde profane.

La pomme mangée, le cercle franchi, c'est la chute de l'homme. Cette
chute, c'est la tombée dans l'individuation, l'apparition de l'ego,
le fait de se croire individu séparé. Dès ce moment l'homme devient
mortel, la femme doit «enfanter dans la douleur», l'homme «travailler
à la sueur de son front» pour retrouver un jour l'union divine, Eden
ou Chitrakut. Tout le reste du Ramayana décrit la lutte de l'âme
humaine pour retrouver l'union du Purusha et de Prakrti, tout ce que
l'homme doit tuer en lui de démons pour avancer sur la route divine,
sur le dharmakshetra, jusqu'au stade de la renonciation. Et
l'aboutissement du Ramayana sera la victoire de Rama la Conscience
sur Ravana, l'ego terrible, monstrueux, que l'on croit avoir tué mais
qui resurgit avec mille têtes. Ce sera la ré-union de Ram et de Sita,
de la terre et des cieux, de la Conscience et de Prakriti, les noces
cosmiques de Shiva et de Parvati à Triyuginarayan, le Royaume divin,
le Royaume des Cieux.

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