Stance VI

1. Par le pouvoir de la Mère de Merci et de Connaissance (a), Kwan-Yin; - le « Triple » de Kwan-Skaï-Yin; demeurent en Kwan-Yin-Tien (b), - Fohat, le Souffle de leurs Descendants, le Fils des Fils, ayant appelé de l’Abîme inférieur [ Le Chaos.] la Forme Illusoire de Sien-Tchan [ Notre Univers. ] et les Sept Éléments.

[Cette Stance est traduite du texte chinois, et les noms donnés comme équivalents des termes originaux sont conservés ici. Il est impossible de donner les vrais noms ésotériques parce que cela embrouillerait le lecteur. La doctrine Brâhmanique n’a pas d’équivalents pour ces termes-là. Il semble que Vâch, sous plusieurs aspects, s’approche de la Kwan-Yin chinoise, mais il n’y a pas de culte régulier de Vâch sous ce nom aux Indes, comme il y en a de Kwan-Yin en Chine. Nul système religieux exotérique n’a jamais adopté un Créateur féminin, et par conséquent, depuis l’aube des religions populaires, la femme a été regardée et traitée comme l’inférieure de l’homme. Ce n’est qu’en Chine et en Égypte que Kwan-Yin et Isis sont placées de pair avec les dieux mâles. L’Ésotérisme ignore les deux sexes. Sa Divinité la plus élevée n’a pas plus de sexe que de forme; elle n’est ni Père ni Mère, et ses premiers êtres manifestés, célestes et terrestres, deviennent peu à peu androgynes, pour se séparer finalement en sexes distincts.]

a) La « Mère de Merci et de Connaissance » est nommée le « Triple » de Kwan-Shai-Yin, parce que, dans ses corrélations métaphysiques et cosmiques, elle est la « Mère, la Femme et la Fille » du Logos, de même que, dans les dernières traductions théologiques, elle devint le « Père, le Fils et le Saint-Esprit (féminin), - la Shakti ou Énergie, - l’Essence des Trois. Ainsi, dans l’Ésotérisme des Védântins, Daiviprakriti, la Lumière manifestée à travers Ishavara, le Logos [ Theosophist, fév. 1887, p. 305. Aussi Philosophy of the Bhagavad Gîtâ, p. 16. ] est à la fois la Mère et la Fille du Logos, ou Verbe de Parabrahman; tandis que dans les enseignements trans-himâlayens, c’est – dans la Hiérarchie de la théogonie allégorique et métaphysique – la « MÈRE », ou Matière abstraite idéale, Moûlaprakriti, la Racine de la Nature; au point de vue métaphysique, c’est une corrélation d’Adi-Butha [ Adi-Budha dans l’édition de 1893. Adi-Butha = primordial, premier produit; Adhi-boudha ou boudha -perçu au commencement. ] manifesté dans le Logos, Avalôkitéshvara; et, au point de vue purement occulte et cosmique, c’est Fohat le « Fils du Fils », l’Énergie androgyne résultant de cette « Lumière du Logos » et se manifestant sur le plan de l’Univers objectif comme l’Électricité, cachée autant que révélée – laquelle est la VIE.

[T. Subba Row dit :

L’évolution est commencée par l’énergie intellectuelle du Logos … et non pas seulement à cause des potentialités contenues en Mûlaprakriti… Cette lumière du Logos est le lien … entre la matière objective et la pensée subjective d’Ishvara [ou Logos]. Dans plusieurs livres bouddhistes on l’appelle Fohat. C’est le seul instrument au moyen duquel le Logos travaille [ Op. cit., p. 306 et aussi pp. 18-19.]

b) « Kwan-Yin-Tien » signifie le « Ciel Mélodieux du Son », la demeure de Kwan-Yin, ou la « Voix Divine ». Cette « Voix » est le synonyme du Verbe ou Parole, le « Langage » en tant qu’expression de la Pensée. On retrouve ici le lien et même l’origine de l’hébreu Bath-Kol, la « Fille de la Voix Divine », ou Verbe, ou Logos mâle et femelle, « l’Homme Céleste », Adam Kadmon qui est en même temps Séphira. Cette dernière fut sûrement précédée par l’hindoue Vâch, la déesse du Langage ou de la Parole. Car Vâch – fille et partie féminine, comme on dit, de Brâhma, et « générée par les dieux » - est avec Kwan-Yin et avec Isis (qui est aussi fille, femme et soeur d’Osiris) et d’autres déesses, le Logos femelle, pour ainsi dire, la déesse des forces actives dans la Nature, la Parole, la Voix, le Son et le Langage. Si Kwan-Yin est la « Voix Mélodieuse », Vâch est aussi « la vache mélodieuse qui allaita pour la nourriture et la boisson [le principe féminin] … qui nous donne nourriture et soutien comme Mère-Nature ».  Elle est associée  aux Prajâpati dans le travail de la création. Elle est mâle et femelle, ad libitum, comme Ève l’est avec Adam. Elle est enfin une forme d’Aditi, - principe plus élevé que l’Aether, - dans l’Akâsha, synthèse de toutes les forces de la Nature. Ainsi, Vâch et Kwan-Yin sont, toutes les deux, les pouvoirs magiques du Son occulte dans la Nature et dans l’Aether, - et c’est cette « Voix » qui fait sortir du Chaos et des Sept Éléments et le Sien-Tchan, la forme illusoire de l’Univers.

Ainsi, dans Manou, Brahmâ (aussi le Logos) est représenté comme divisant son corps en deux parties, l’une mâle et l’autre femelle, et comme créant dans la dernière, qui est Vâch, Virâj, qui est lui-même ou encore Brahmâ. Un érudit Occultiste Védântin parle de cette « déesse » dans les termes suivants, termes qui expliquent pourquoi Ishvara (ou Brahmâ) est appelé Verbe ou Logos et pourquoi, en fait, on l’appelle Sabda Brahman :

L’explication que je vais donner paraîtra des plus mystiques, mais quoique mystique elle a une signification formidable lorsqu’elle est bien comprise. Nos vieux écrivains disaient que Vâch est de quatre espèces… (Voir le Rig Véda et les Upanishads.) Vaïkhari Vâch est ce que nous proférons. Chaque espèce de Vaïkhari Vâch existe d’abord dans sa forme Madhyama, ensuite dans sa forme Pashyanti et finalement dans sa forme Para [ Madhya se dit de quelque chose dont le commencement et la fin sont inconnus, et Para signifie infini. Ces expressions se rapportent toutes à l’infini et aux divisions du temps. ].La raison pour laquelle ce Pranava s’appelle Vâch c’est que les quatre principes du grand cosmos correspondent à ces quatre formes de Vâch. Or, le système solaire manifesté tout entier existe sous sa forme Sukshma dans la lumière ou l’énergie du Logos, parce que son énergie est enlevée et transférée à la matière cosmique … Le cosmos entier dans sa forme objective est Vaïkhari Vâch, la lumière du Logos en est la forme Madhyama, le Logos lui-même en est la forme Pashyanti et Parabrahman en est l’aspect Para. C’est à la lumière de cette explication qu’il nous faut essayer de comprendre certaines déclarations des divers philosophes qui disent que le cosmos manifesté est le Verbe manifesté comme cosmos [ Op. cit., p. 307.].

Stance VI (2)

2. L’Être Rapide et Radieux produit les sept Centres Laya [ Du mot sanscrit Laya, le point dans la matière où toute différenciation a cessé. ] (a), contre lesquels nul ne prévaudra jusqu’au Grand Jour « Sois Avec Nous »; et il place l’Univers sur ces Fondations Éternelles, entourant Sien-Tchan des Germes Élémentaires (b).

a) Les sept Centres Laya sont les sept points zéro, en donnant au terme zéro le sens que lui attribuent les chimistes. En Ésotérisme c’est le point où commence l’échelle de la différenciation. De ces Centres – au-delà desquels la Philosophie Ésotérique nous permet d’apercevoir les vagues contours métaphysiques des « Sept Fils » de Vie et de Lumière, les Sept Logoï des philosophies Hermétiques et autres – commence la différenciation des Éléments qui entrent dans la constitution de notre Système Solaire. On a souvent demandé quelle est la définition exacte de Fohat, de ses pouvoirs et de ses fonctions, car il paraît exercer les attributs d’un Dieu Personnel semblable à celui des religions populaires. On vient de répondre à cette question dans le commentaire de la Stance V. Comme il est bien dit dans les conférences sur la Bhagavad Gîtâ : « Il faut que le cosmos entier existe dans la source unique de l’énergie d’où émane cette lumière [Fohat]. » Que nous portions les principes du Kosmos et de l’homme au nombre de sept ou seulement de quatre, il y a Sept forces dans la nature physique, et la même autorité dit que « Prajnâ, la capacité de percevoir, existe sous sept aspects différents, correspondants aux sept conditions de la matière », car, « de même qu’un être humain est composé de sept principes, la matière différenciée du système solaire existe sous sept conditions différentes [ Five years of Theosophy. Art. Personal and Impersonal God, p. 200. Édit. 1885. ]. » Il en est de même pour Fohat [qui, comme nous l’avons déjà démontré, a plusieurs significations. Il est appelé « le Constructeur des Constructeurs », car la Force qu’il personnifie a formé notre Chaîne Septénaire.] Il est Un et Sept et, sur le plan Cosmique, il est derrière toutes les manifestations que nous appelons lumière, chaleur, son, cohésion, etc.; il est « l’esprit » de l’ÉLECTRICITÉ qui est la VIE de l’univers. Comme abstraction, nous l’appelons la VIE UNE; comme Réalité objective et évidente, nous parlons d’une gamme septénaire de manifestation, échelle qui commence au premier degré par la CAUSALITÉ. Une, inconnaissable, et finit comme mental et Vie Omniprésents immanents dans chaque atome de Matière. Ainsi, tandis que la Science parle d’une évolution à travers la matière brute, la force aveugle et le mouvement dépourvu de sens, les Occultistes indiquent une LOI Intelligente et une VIE Sensible , et ils ajoutent que Fohat est l’Esprit qui guide le tout. Cependant il n’est nullement un dieu personnel, mais l’émanation de ces Pouvoirs placés derrière lui, pouvoirs que les chrétiens appellent les « Messagers » de leur Dieu (en réalité, des Elohim, ou plutôt des Sept Créateurs nommés Elohim) que nous appelons le « Messager des Fils primordiaux de Vie et de Lumière ».

(b) Les "Germes Elémentaires" avec lesquels il remplit Sien-Tchan (l'Univers) et Tien-Sin (le"Ciel du Mental" ou ce qui est absolu sont les Atomes de la Science et les Monades de Leibniz.

Stance VI (3)

3. Des Sept [ Éléments ], d’abord Un est manifesté, Six cachés : deux manifestés, Cinq cachés; Trois manifestés, Quatre cachés; Quatre produits, Trois cachés; Quatre et Un Tsan [ Fraction ] révélés, Deux et demi cachés; Six devant être manifestés. Un mis de côté (a). Finalement, Sept Petites Roues tournent, l’une donnant naissance à l’autre (b).

a) Quoique ces Stances se rapportent à l’Univers entier après un Mahâpralaya (Dissolution Universelle), cette phrase, comme tout étudiant en Occultisme peut le voir, se rapporte pourtant aussi, par analogie, à l’évolution et à la formation finale des Sept Éléments primitifs (quoique composés) de notre Terre. De ces Éléments, quatre sont maintenant pleinement manifestés, tandis que le cinquième – l’Éther -   ne l’est qu’en partie, parce que nous sommes à peine dans la seconde moitié de la Quatrième Ronde, et que par conséquent le cinquième Élément ne se manifestera pleinement que dans la Cinquième. Les Mondes, le nôtre y compris, furent d’abord, comme germes, nécessairement évolués de l’Élément UN, à son second stade – « Père-Mère », l’Âme du Monde Différenciée, non pas ce qu’Emerson appelle l’ « Over-Soul » - que nous l’appelions, avec la Science Moderne, la poussière Cosmique et le Brouillard de Feu, ou avec l’Occultisme, Akâsha, Jivâtmâ, la Lumière Astrale Divine ou « l’Âme du Monde ». Mais ce premier stade de l’Évolution, lorsque l’heure fut sonnée, fut suivi par un autre. Ni monde ni corps céleste ne pouvait être construit sur le plan objectif avant que les Éléments n’eussent été suffisamment différenciés de l’Ilus primordial dans lequel ils se trouvent quand ils reposent en Laya. Ce dernier terme est un synonyme de Nirvâna. C’est, en fait, la dissociation Nirvânique de toutes les substances et leur retour après un Cycle de Vie à l’état latent qui constituait leur condition première. C’est l’ombre lumineuse mais incorporelle de la matière qui fut, le domaine de la négativité – où sont latentes, pendant leur période de repos, les Forces actives de l’Univers.

Or, en parlant des Éléments, on reproche toujours aux Anciens d’avoir « supposé que leurs Éléments étaient simples et indécomposables ». [ Les ombres de nos ancêtres préhistoriques pourraient retourner le compliment à nos physiciens modernes maintenant que nos nouvelles découvertes en chimie ont conduit le Prof. W. Crookes, F.R.S., à admettre que la Science est encore à mille lieues de connaître la composition de la plus simple molécule, il nous apprend qu'une molécule vraiment simple, entièrement homogène, est terra incognita en chimie. « Où pouvons-nous tracer la ligne? dit-il. N’y a-t-il aucun moyen de sortir de cette perplexité? Faut-il rendre si ardus les examens élémentaires qu’à peine 60 ou 70 candidats puissent passer, ou faut-il laisser la porte si grande ouverte que le nombre des admissions ne soit limité que le nombre de prétendants? » Et alors, le savant chimiste cite des exemples frappants. Il dit :

Prenez le cas de l’yttrium. Il a un poids atomique déterminé, et montre toutes les caractéristiques d’un corps simple; il paraît un élément auquel nous pourrions, il est vrai, ajouter, mais duquel nous ne pourrions rien enlever. Cet yttrium cependant, ce tout supposé homogène, lorsqu’on le soumet à un certain procédé de fractionnement, est résolu en parties qui ne sont pas absolument identiques entre elles et qui montrent une gradation dans leurs propriétés. Prenons, maintenant, le cas du didyme : Voilà un corps qui montre toutes les caractéristiques reconnues d’un élément. On l’a séparé avec beaucoup de difficulté d’autres corps qui lui ressemblaient sous bien des rapports, et pendant cette opération il a subi un traitement des plus sévères, un examen des plus vigoureux. Mais survient un autre chimiste qui, traitant ce prétendu corps homogène par un procédé spécial de fractionnement, le résout en deux corps, le praséodyme et le néodyme, corps entre lesquels on peut apercevoir certaines différences. De plus, nous ne sommes pas sûrs que le néodyme et le praséodyme soient des corps simples. Au contraire, eux aussi montrent des tendances à la division. Or, si ce que l’on suppose un élément donne naissance, après un certain traitement, à des molécules dissemblables, nous avons le droit de demander si l’on ne pourrait pas obtenir des résultats semblables en opérant sur d’autres éléments, peut-être même sur tous les éléments. Nous pourrions même demander où le procédé de classification doit s’arrêter – car ce procédé présuppose nécessairement des variations entre les molécules individuelles de chaque espèce. Et dans ces séparations successives nous trouvons naturellement des corps qui se rapprochent de plus en plus étroitement entre eux. » [ Presidential Address before the Royal Society of Chemists. Mars 1888.]

Encore une fois, le reproche qu’on fait aux Anciens est inexcusable. Leurs philosophes initiés, du moins, ne peuvent pas rester sous cette imputation, puisque ce sont eux qui, depuis le commencement, ont inventé les allégories et les mythes religieux. S’ils avaient ignoré l’Hétérogénéité de leurs Éléments, ils n’auraient pas personnifié le Feu, l’Air, l’Eau, la Terre et l’Aether; leurs dieux et leurs déesses Cosmiques n’auraient jamais été gratifiés d’une telle postérité, de tant de fils et de filles, qui ne sont que des éléments issus de chacun des Éléments respectifs au-dedans d’eux. L’Alchimie et les phénomènes Occultes auraient été une illusion et un piège, même en théorie, si les Anciens avaient été ignorants des potentialités, des fonctions et des attributs corrélatifs de tout élément qui entre dans la composition de l’Air, de l’Eau, de la Terre et même du Feu – ce dernier est terra incognita aujourd’hui encore pour la Science Moderne, qui se trouve forcée de l’appeler Mouvement, évolution de lumière et de chaleur, état d’ignition – de le définir, en un mot, par ses aspects extérieurs parce qu’elle ignore sa nature.

Mais ce dont la Science Moderne semble ne pouvoir se rendre compte c’est que, quelque différenciés qu’aient été ces simples atomes chimiques, - que la philosophie archaïque appelait « les créateurs de leurs Parents respectifs », les pères, frères et maris, de leurs mères, et ces mères, les filles de leurs propres fils, comme Aditi et Daksha, par exemple, - quelque différenciés que fussent ces éléments au commencement, ils n’étaient cependant pas les corps composés que la Science connaît tels qu’ils sont maintenant. Ni l’Eau, ni l’Air, ni la Terre (synonyme général des solides) n’existaient sous leur forme actuelle représentant les seuls trois états de matière reconnus par la Science; car tous ceux-ci, et même le Feu, ne sont que des productions déjà recombinées par les atmosphères de globes complètement formés, de sorte que, dans les premières périodes de la formation de la terre, ils étaient quelque chose tout à fait sui generis. Maintenant que les conditions et les lois qui gouvernent notre Système Solaire sont pleinement développées et que l’atmosphère de notre terre, comme celle de tout autre globe, est devenue, pour ainsi dire, un creuset particulier, la Science Occulte enseigne qu’il y a à travers l’espace un échange continuel de molécules, ou plutôt d’atomes corrélatifs qui changent ainsi sur chaque planète leurs équivalents combinés. Quelques hommes de Science parmi les plus grands physiciens et chimistes commencent à soupçonner ce fait que les Occultistes connaissent depuis des siècles. Le spectroscope ne montre que la similitude probable (d’après témoignage externe) de la substance terrestre et de la substance sidérale; il ne peut aller plus loin, ni montrer si les atomes gravitent les uns vers les autres de la même façon et dans les mêmes conditions qu’on présume qu’ils le font physiquement et chimiquement sur notre planète. L’échelle de température, du plus haut au plus bas degré qu’on puisse concevoir, peut être admise comme étant la même dans tout l’Univers; pourtant ses propriétés, sauf celles de la dissociation et de la réassociation, diffèrent sur chaque planète, et par conséquent les atomes entrent dans de nouvelles formes d’existence, formes qui ne sont ni connues ni même imaginées par la Science Physique. Comme on l’a déjà dit dans Five Years of Theosophy [ Collection d’écrits de H.P.B. édités en volume, p. 242 Édition de 1885. ], l’essence de la matière cométaire, par exemple, « ne possède aucune des caractéristiques physiques ou chimiques familières aux plus grands chimistes et physiciens de notre terre ».Et cette matière elle-même, durant son passage rapide à travers notre atmosphère, éprouve un certain changement dans sa nature.

Par conséquent, les éléments de notre Planète, comme ceux de toutes ses soeurs du Système Solaire, diffèrent autant les uns des autres dans leurs combinaisons qu’ils diffèrent des éléments Cosmiques situés au-delà de nos limites solaires [ C’est encore corroboré par le même Savant qui, dans la conférence dont nous avons parlé, cite Clerk Maxwell lorsqu’il dit que « les éléments ne sont pas absolument homogènes ». Voici ce qu’il écrit : « Il est difficile de concevoir la sélection et l’élimination de variétés intermédiaires, car, où ces molécules éliminées ont-elles pu aller si, comme nous avons raison de le croire, l’hydrogène, etc., des étoiles fixes se compose de molécules absolument identiques aux nôtres?… D’abord, nous pourrions mettre en doute cette identité moléculaire absolue, puisque nous n’avons jusqu’ici d’autres moyens pour arriver à la déterminer que ceux fournis par le spectroscope, et l’on admet, d’autre part, que pouvoir comparer et discerner avec exactitude les spectres de deux corps il faut examiner dans des états identiques de température, de pression et de toute autre condition physique. Il est certain que nous avons vu, dans le spectre du soleil, des rayons que nous n’avons pu identifier. » ].

Par conséquent, les éléments de notre planète  ne peuvent pas être pris comme étalon dans la comparaison établie entre eux et les éléments des autres mondes. [ En fait, chaque monde a son Fohat qui est omniprésent dans sa propre sphère d’action. Mais il y a autant de Fohats qu’il y a de mondes et chacun d’eux varie en pouvoir et en degré de manifestation. Les Fohats individuels font un Fohat universel et collectif, - l’aspect-entité de la non-entité une et absolue, qui est l’ÊTRETÉ absolue, - SAT. Il est écrit que « des millions et des milliards de mondes sont produits à chaque Manvantara ». Par conséquent, il faut qu’il y ait plusieurs Fohats que nous considérons comme des Forces conscientes et intelligentes. Ceci révolte sans doute les esprits scientifiques. Néanmoins, les Occultistes, qui ont de bonnes raisons pour cela, considèrent toutes les forces de la Nature comme de véritables, quoique super-sensuels, états de Matière et comme des objets susceptibles d’être perçus par les êtres doués des sens nécessaires.]

Caché, en son état primordial et virginal, dans le Sein de la Mère Éternelle, tout atome né au-delà du seuil de son domaine est voué à la différenciation incessante. « La mère dort mais elle respire toujours. » Et chacune de ses respirations jette sur le plan de la manifestation ses produits protéiformes qui, portés sur la vague de l’efflux, sont dispersés par Fohat et chassés vers telle ou telle atmosphère planétaire ou au-delà. Une fois saisi par l’une de ces atmosphères, l’atome est perdu; sa pureté primitive est à jamais disparue, à moins que le Destin ne le dissocie en le conduisant à un « courant d’EFFLUX » (terme occulte qui signifie un processus tout autre que celui impliqué par l’expression ordinaire) qui le reporte sur la frontière où il avait auparavant péri; prenant alors son vol, non pas dans l’Espace au-dessus, mais dans celui en dedans, il est mis dans un état d’équilibre différentiel et est heureusement réabsorbé. Si un Alchimiste Occultiste vraiment instruit se mettait à écrire « la Vie et les Aventures d’un Atome », il s’exposerait au mépris suprême du chimiste moderne, mais peut-être aussi plus tard à sa reconnaissance. [ En vérité, s’il se trouvait qu’un tel chimiste imaginaire eût de l’intuition et voulût bien, pour un moment, sortir de l’ornière conventionnelle de la « Science Exacte », comme le faisaient les Alchimistes des anciens temps, il serait possible que son audace fût récompensée. ] Quoi qu’il en soit, dit le Commentaire, « le souffle du Père-Mère sort froid et radieux et devient chaud et corrompu pour se refroidir de nouveau et se purifier dans le sein éternel de l’Espace interne ». L’homme absorbe de l’air pur et froid au sommet des montagnes, et l’exhale chaud, impur et transformé. De même, l’atmosphère supérieure étant la bouche de chaque globe, et l’atmosphère inférieure ses poumons, l’homme de notre planète ne respire que les « déchets de la Mère »; par conséquent, « la fatalité veut qu’il meure sur elle ». [ Celui qui transformerait l’indolent oxygène en ozone porté à son degré d’activité alchimique en le réduisant à son essence pure (et il y a des moyens pour le faire) découvrirait ainsi un substitut de « l’Élixir de Vie » et pourrait l’employer à des usages pratiques. ]

b) Le processus mentionné par les mots « de Petites Roues qui se donnent naissance les unes aux autres » a lieu dans la sixième région en comptant d’en haut, et sur le plan du monde le plus matériel parmi tous ceux du Kosmos manifesté – notre plan terrestre. « Ces Sept Roues » sont notre Chaîne Planétaire. Par « Roues », on entend généralement les sphères et centres de force divers; mais, dans ce cas-ci, elle se rapportent à notre Anneau Septénaire.

Stance VI (4)

4. Il les construit sur le modèle des Roues [ Mondes. ] plus anciennes, les plaçant sur les Centres Impérissables (a). Comment Fohat les construit-il? Il rassemble la Poussière de Feu. Il forme des Boules de Feu, passe à travers et autour d’elles, leur infusant la vie, et il les met ensuite en mouvement, les unes dans un sens, les autres dans un autre. Elles sont froides, il les réchauffe. Elles sont sèches, il les humecte. Elles brillent, il les évente et les refroidit (b). Ainsi agit Fohat, d’un Crépuscule à l’autre, pendant sept Éternités [ Une période qui, selon les calculs brâhmaniques, est composé de 311.040.000.000.000 d’années : le Mahâ-Manvantara. ].

a) Les mondes sont construits à « la ressemblance de Roues plus anciennes », c'est-à-dire . de roues qui avaient existé dans les Manvantaras précédents et qui avaient passé en Pralaya; car la LOI qui régit la connaissance, la croissance et le déclin de tout ce que contient le Kosmos, depuis le Soleil jusqu’au ver luisant qui rampe dans l’herbe, est UNE. Il y a un incessant travail de perfection à chaque naissance nouvelle, mais la matière-Substance et les Forces sont les mêmes. Mais cette Loi agit sur chaque planète par des lois mineures diverses.

Les « Centres impérissables » [Laya] sont très importants et il faut que leur signification soit bien comprise si l’on veut avoir une conception nette de la Cosmogonie Archaïque dont les théories passent maintenant dans l’Occultisme. À présent on peut dire une chose : les Mondes ne sont construits ni sur, ni au-dessus, ni dans les Centres Laya, car le point zéro est une condition et non un point mathématique.

b) Rappelons-nous que Fohat, la force constructrice de l’Électricité Cosmique, est sortie, dit-on, métaphoriquement, comme Rudra, de la tête de Brahmâ, « du cerveau du Père et du Sein de la Mère », et qu’il s’est métamorphosé ensuite en un mâle et une femelle, c’est-à-dire s’est polarisé en électricité positive et négative. Il a Sept Fils qui sont ses Frères. Fohat est forcé de naître souvent : chaque fois que deux de ses « Fils-Frères » se rapprochent trop, que ce soit pour s’embrasser ou pour se combattre. Pour éviter cela, il unit et lie ensemble ceux dont les natures sont opposées et sépare ceux de tempérament semblables. Comme chacun peut le voir, cela se rapporte à l’électricité générée par friction et à la loi d’attraction entre deux objets de polarité dissemblable et la répulsion entre ceux de même polarité. Les Sept « Fils-Frères », cependant, représentent et personnifient les sept formes du magnétisme cosmique, formes appelées en Occultisme Pratique les « Sept Radicaux » et dont les rejetons actifs et collaborant entre eux sont, entre autres énergies l’Électricité, le Magnétisme, le Son, la Lumière, la Chaleur, la Cohésion, etc. la Science Occulte les définit comme effets supersensoriels dans leur comportement caché et comme phénomènes objectifs dans le monde des sens; les premiers demandent des facultés anormales pour être perçus, les derniers sont perceptibles à nos sens physiques ordinaires. Ils sont tous les émanations de qualités plus supersensorielles encore, non personnifiées par des CAUSES réelles et conscientes mais leur appartenant. Essayer de donner une description de telles ENTITÉS serait pire qu’inutile. Il faut que le lecteur se souvienne que, selon notre enseignement, lequel considère cet Univers phénoménal comme une Grande ILLUSION, plus un corps se rapproche de la SUBSTANCE INCONNUE, plus il s’approche de la Réalité, car il est ainsi d’autant plus éloigné de ce monde de la Mâyâ. Par conséquent, quoique la constitution moléculaire de ces corps ne puisse être déduite de leurs manifestations sur ce plan de conscience, ils possèdent néanmoins, au point de vue de l’Occultiste-Adepte, une structure sinon matérielle, du moins objective et distincte dans l’Univers relativement  nouménal – par opposition à l’Univers phénoménal. Les hommes de Science peuvent les appeler, s’ils le veulent, Force ou Forces générées par la matière, ou encore « modes de son mouvement [ Modes du mouvement de la Matière. – (N.d.T.) ] », l’Occultisme voit dans ces effets des Élémentals (forces), et dans les causes directes qui les produisent, des Travailleurs DIVINS et intelligents.Le lien intime qui existe entre ces Élémentals guidés par la main infaillible des Gouverneurs et les éléments de la Matière pure, - leur corrélation, pourrions-nous même dire, - avec cette matière résulte en phénomènes terrestres tels que lumière, chaleur, magnétisme, etc. Il est certain que nous ne serons jamais d’accord avec les Substantialistes Américains [ Voir le Scientific Arena, journal mensuel voué à l’enseignement philosophique du jour et à son action sur la pensée religieuse. New York, A. Wilford Hall. Ph. D. LL. D., Editor. Juillet, Août et septembre 1886. ]qui appellent toute Force et toute Énergie – que ce soit Lumière, Chaleur, Électricité ou Cohésion – une « Entité »; car ce serait la même chose que de dire que le bruit produit par le roulement d’une voiture est une ENTITÉ, - confondant et identifiant ainsi ce « bruit » avec le « cocher » qui est en dehors et « l’Intelligence Maîtresse » qui est en dedans de la voiture et la guide. Mais nous donnons sûrement ce nom aux « cochers » et aux « Intelligences » dirigeantes, c’est-à-dire au Dhyân Chôhans, comme nous l’avons montré. Les « Élémentals », les Forces de la Nature, sont les causes secondaires agissantes, quoique invisibles ou plutôt imperceptibles; ce sont en eux-mêmes les effets des Causes primaires derrière le voile de tout phénomène terrestre. L’électricité, la lumière, la chaleur, etc., ont été très justement nommées les « Spectres ou les Ombres de la Matière en Mouvement », c'est-à-dire . des états supersensoriels de matière dont nous ne pouvons connaître que les effets. Pour élargir la comparaison que nous venons de faire, nous dirons que la sensation de lumière est, comme le son des roues qui tournent – effet purement phénoménal n’ayant aucune existence en dehors de l’observateur. La cause prochaine qui produit la sensation est comparable au cocher, c’est un état supersensoriel de matière en mouvement, une Force de la Nature ou Élémental. Mais de même que le propriétaire de la voiture dirige du dedans le cocher, de même derrière cette force se tient sa cause supérieure et nouménale : l’Intelligence, dont l’essence rayonne ces États de la « Mère » qui génèrent à leur tour les milliards innombrables d’Élémentals ou Esprits Psychiques de la Nature, de même que chaque goutte d’eau génère ses Infusoires physiques infinitésimaux. [ Voir Dieux, Monades et Atomes. Vol. 2, Sect. 14 ].C’est  Fohat qui guide le transfert des principes d’une planète à une autre, d’une étoile à son étoile-fille. Quand une planète meurt, les principes qui l’animent sont transférés à un centre laya ou centre de sommeil; ce centre contient en lui de l’énergie potentielle latente qui s’éveille ainsi à la vie et commence à se développer en un nouveau corps sidéral.

Il est très remarquable que, tout en reconnaissant leur ignorance complète au sujet de la vraie nature de la simple matière terrestre (ils considèrent la substance primordiale comme un rêve plutôt que comme une réalité), les Physiciens ne se fassent pas moins juges de cette matière et prétendent dire ce qu’elle peut et ce qu’elle ne peut pas faire dans ses diverses combinaisons. Les Savants ne connaissent qu’à peine l’extérieur de cette matière et cependant ils prétendent dogmatiser. C’est un « mode de mouvement »; disent-ils, voilà tout! Mais la force inhérente au souffle d’une personne vivante qui chasse du plateau d’une table un grain de poussière est indubitablement aussi « un mode de mouvement »; on ne peut pourtant pas nier qu’elle n’est pas une qualité de la matière ou des molécules du grain de poussière, et qu’elle émane de l’Entité vivante et pensante qui a soufflé, que l’impulsion ait été consciente ou inconsciente. En un mot, douer la matière – ce quelque chose sur lequel l’on sait si peu jusqu’ici – d’une qualité inhérente qu’on appelle Force et qu’on connaît encore bien moins, c’est créer une difficulté bien plus sérieuse que celle qui réside dans l’acceptation de l’intervention de nos « Esprits de la nature » dans chaque phénomène naturel.

Les Occultistes – qui, s’ils voulaient s’exprimer correctement, diraient que ce n’est pas la matière, mais seulement la substance ou l’essence de la matière (c’est-à-dire Mulaprakriti, la racine de tout) qui est indestructible et éternelle – affirment que les prétendues Forces de la Nature, l’Électricité, le magnétisme, la Lumière, la Chaleur, etc., loin d’être des modes de mouvement de molécules matérielles, sont, in esse, c'est-à-dire dans leur constitution ultime, les aspects différenciés de ce Mouvement Universel qui s’est discuté et expliqué dans les premières pages de ce volume (voir préface). Lorsqu’on dit que Fohat produit « Sept centres Laya », on veut dire que, dans des buts formatifs ou créateurs, la GRANDE LOI, - les Théistes peuvent la nommer Dieu, - arrête ou plutôt modifie son mouvement perpétuel sur sept points invisibles dans l’aire de l’Univers manifesté. « Le Grand Souffle creuse à travers l’Espace sept trous dans le Laya, pour les faire tourner en cercle pendant le Manvantara », dit le Catéchisme Occulte. Nous avons dit que le Laya est ce que la Science pourrait appeler le point ou la ligne zéro, le royaume de la négativité absolue, ou la seule Force réelle et absolue, le NOUMÈNE du Septième État de ce que nous appelons et reconnaissons, dans notre ignorance, comme « Force », ou encore, le Noumène de la Substance Cosmique Indifférenciée, qui est elle-même, pour la perception finie, un objet inaccessible et inconnaissable : racine et base de tous les états d’objectivité et de subjectivité, l’axe neutre, non pas l’un des multiples aspects mais leur centre. On peut tendre à élucider la signification de ce qui précède, en essayant d’imaginer un « centre neutre » - le rêve de ceux qui voudraient découvrir le mouvement perpétuel. Un « centre neutre » est, sous un aspect, le point limite d’un groupe quelconque de sens. Imaginons, par exemple, deux plans consécutifs de matière, correspondant chacun à un groupe approprié d’organes perceptifs. Nous sommes forcés d’admettre qu’entre ces deux plans de matière une incessante circulation a lieu; et si nous suivons les atomes et les molécules du plan inférieur, par exemple, dans leur transformation ascendante, ils arriveront à un point où ils dépassent tout à fait le niveau des facultés dont nous nous servons sur le plan inférieur. En fait et pour nous, la matière du plan inférieur disparaît de notre perception, ou plutôt passe sur le plan supérieur, et l’état de matière qui correspond à un tel point de transition doit certainement posséder des propriétés spéciales et difficiles à découvrir. Sept tels « Centres Neutres [ Tel est, croyons-nous, le nom que J. W. Keely de Philadelphie employait  en parlant de ce qu’il appelait aussi des « Centres Éthériques ». Il a cru avoir inventé le fameux « moteur » destiné, comme l’ont espéré ses admirateurs, à révolutionner la puissance motrice du monde… ] » sont donc produits par Fohat qui, lorsque, comme le dit Milton,

De belles fondations (sont) posées sur lesquelles on peut construire… incite la matière à l’activité et à l’évolution.

L’Atome primordial (ANU) ne peut être multiplié ni dans son état prégénétique ni dans sa primogénéité; on l’appelle donc la « SOMME TOTALE », figurativement, bien entendu, car cette « SOMME TOTALE » est sans bornes. Ce qui, pour le Physicien qui ne connaît que le monde des causes et des effets visibles, est l’abîme du néant est, pour l’Occultiste, l’Espace sans bornes du Plenum Divin. Entre beaucoup d’autres objections faites à la doctrine d’une évolution et d’une involution sans fin (ou réabsorption) du Kosmos, - processus qui, selon la Doctrine Brâhmanique Ésotérique, est sans commencement ni fin, - on affirme à l’occultiste que cela ne peut pas être puisque, « selon tous les principes de la philosophie scientifique moderne, c’est une nécessité pour la Nature se s’épuiser ». Si la tendance de la nature à « s’épuiser » constitue réellement une objection si puissante à la Cosmogonie Occulte, nous demanderons comment vos Positivistes, vos Libres penseurs et vos Savants expliquent cette masse de systèmes stellaires actifs qui nous entourent? Ils avaient l’éternité pour s’épuiser; pourquoi donc le Kosmos n’est-il pas devenu depuis une immense masse inerte? La lune est bien supposée être une planète morte, épuisée, mais ce n’est là qu’une hypothèse, et d’ailleurs l’Astronomie ne semble pas connaître beaucoup de ces planètes mortes [ La lune n’est morte qu’en ce qui concerne ses principes internes, c’est-à-dire psychiquement et spirituellement, quelque absurde que paraisse cette idée. Physiquement, elle ressemble à un corps à moitié paralysé. L’Occultisme l’appelle avec justice la « Mère Folle », la grande lunatique sidérale ]. Il n’y a pas de réponse à cette question. Mais si nous la mettons de côté, il faut remarquer que l’idée de l’épuisement de la quantité « d’énergie transformable » dans notre petit système est basée purement sur la conception erronée d’un « soleil incandescent porté au rouge-blanc », soleil dissipant sans cesse sa chaleur dans l’espace sans compensation. À cela nous répondons que la nature ne s’épuise sur le plan objectif et n’en disparaît que pour sortir de nouveau du plan subjectif après une période de repos et remonter encore. Notre Kosmos et notre Nature ne s’épuiseront que pour reparaître sur un plan plus parfait après chaque PRALAYA. La MATIÈRE des philosophes orientaux n’est pas la « matière » ni la nature des métaphysiciens occidentaux. Car, qu’est-ce que la Matière? Et surtout, qu’est notre philosophie scientifique, sinon ce que Kant a si courtoisement et si justement défini « la science des limites de notre connaissance »? À quoi ont abouti les nombreux efforts de la science pour lier, attacher et définir tous les phénomènes de la vie organique au moyen de manifestations purement physiques et chimiques? Le plus généralement à de simples spéculations – des bulles de savon qui ont éclaté l’une après l’autre avant que les hommes de science aient pu découvrir des faits réels. On aurait évité tout cela et la connaissance aurait grandement progressé si seulement la science et la philosophie s’étaient abstenues d’accepter des hypothèses basées sur la connaissance partiale de leur « matière ». [Le cas d’Uranus et de Neptune – dont les satellites, au nombre de quatre et un respectivement, tournaient, croyait-on dans leurs orbites de l’Est à l’Ouest, tandis que tous les autres satellites tournent de l’Ouest à l’Est - se trouve être un très bon exemple pour montrer combien peu l’on doit se fier à des spéculations a priori, même lorsqu’elles sont basées sur l’analyse mathématique la plus stricte. L’hypothèse fameuse de la formation de notre Système Solaire au moyen d’anneaux nébulaires, hypothèse formulée par Kant et Laplace, était surtout basée sur le prétendu fait que toutes les planètes tournent dans le même sens. Laplace, s’appuyant sur ce fait qui, à son époque, était une chose mathématiquement démontrée et sur le calcul des probabilités, voulait parier trois milliards contre un que la prochaine planète à découvrir aurait dans son système la même particularité de mouvement vers l’Est. Les lois immuables des mathématiques scientifiques « furent mises à mal, dit-on, par les expériences et les observations qui ont suivi ». Cette idée de l’erreur de Laplace a généralement prévalu jusqu’à nos jours; mais quelques Astronomes ont fini par démontrer (?) que l’erreur résidait dans le fait d’admettre que Laplace s’était trompé; et on est en train d’essayer de corriger la bévue sans attirer l’attention générale. Plus d’une surprise désagréable attend les hypothèses de nos savants, même celles qui n’ont qu’un caractère purement physique. À quelles désillusions ne doit-on, dès lors, pas s’attendre sur les questions qui touchent à la Nature Occulte et transcendante? En tout cas, l’Occultisme enseigne que le prétendu « mouvement rétrograde » est un fait.]

Si aucun intellect physique n’est capable de compter les grains de sable qui couvrent quelques kilomètres de rivage, ou de comprendre la nature ultime et l’essence de ces grains, qui sont pourtant palpables et visibles sur la main du naturaliste, comment un matérialiste peut-il limiter les lois qui gouvernent les changements de condition et d’être des atomes dans le Chaos primordial; comment peut-il savoir quelque chose de sûr au sujet des capacités et des pouvoirs des atomes et des molécules avant et après qu’ils ont servi à former des mondes? Ces molécules immuables et éternelles – beaucoup plus nombreuses dans l’espace que les grains de sable sur les rivages – peuvent différer dans leur constitution suivant la ligne de leurs plans d’existence comme la substance de l’âme diffère de son véhicule, le corps. Chaque atome a sept plans d’être ou d’existence, nous dit-on, et chaque plan est gouverné par ses lois spéciales d’évolution et d’absorption. Les Astronomes, les Géologues et les Physiciens, en essayant de décider de l’âge de notre planète ou de l’origine du système solaire sans posséder une date même approximative pour assurer leur point de départ, s’éloignent avec chaque nouvelle hypothèse, des rives du fait et se perdent dans les profondeurs insondables de l’ontologie spéculative [ Les Occultistes, cependant, ayant une foi entière en leurs annales exactes astronomiques et mathématiques, calculent l’âge de l’Humanité et affirment que l’homme (avec sexes séparés) existe, dans la présente Ronde, depuis 18.618.727 années, d’accord avec les enseignements brâhmaniques et même avec quelques calendriers hindous. ].La loi d’Analogie dans le plan de construction des systèmes trans-solaires et des planètes solaires ne s’applique pas nécessairement aux conditions finies auxquelles est sujet tout corps objectif sur notre plan d’être. Dans la Science Occulte, cette Loi d’Analogie est la première et la plus importante des clefs de la physique Cosmique; mais il faut l’étudier dans ses moindres détails et « la tourner sept fois » avant de pouvoir la comprendre. La Philosophie Occulte est la seule science qui puisse l’enseigner. Comment peut-on dès lors faire dépendre la vérité et la fausseté de la proposition des Occultistes, que « le Kosmos est éternel dans sa collectivité non conditionnée et fini seulement dans ses manifestations conditionnées », de l’affirmation partielle et incomplète que « c’est une nécessité pour la Nature de s’épuiser[ Les commentaires sur les Stances reprennent plus loin.] »?

Quelques faits et explications

avec ce Shlôka se terminent les Stances qui se rapportent à cette partie de la Cosmogonie de l’Univers qui commence après le dernier Mahâpralaya ou destruction Universelle, qui, lorsqu’elle arrive, chasse de l’Espace comme autant de feuilles mortes toutes choses différenciées, des Dieux aux Atomes. À partir de ce verset, les Stances ne s’occupent, en général, que de notre Système Solaire et des Chaînes Planétaires qu’il comporte, et en particulier de l’histoire de notre Globe (le Quatrième et de sa Chaîne). Tous les versets qui suivent dans ce volume se rapportent donc à l’évolution qui a cours sur notre Terre. Il est, en ce qui concerne cette dernière, une donnée étrange, - étrange seulement au point de vue scientifique, s’étend, - mais que nous devons faire connaître.

Pourtant, avant de présenter au lecteur des théories nouvelles et quelque peu étonnantes, il faut donner quelques mots d’explication. C’est absolument nécessaire parce que ces théories sont non seulement en opposition avec la Science moderne, mais parce qu’elles contredisent sur certains points, ce qui a été écrit [ Dans Le Bouddhisme Ésotérique, 1883 et Man : Fragments of a Forgotten History, par Deux Chélas, 1885 ] par d’autres Théosophes, qui prétendent fonder leur exposé et l’explication qu’ils en font sur la même autorité que sur celle sur laquelle nous nous appuyons.

Cela pourrait inspirer l’idée qu’il y a contradiction directe entre ceux qui exposent la même doctrine, tandis qu’en réalité la différence vient de ce que l’information donnée aux premiers auteurs était incomplète, ce qui les entraîna à tirer des conclusions erronées et à se livrer à des spéculations prématurées dans leur effort pour présenter au public un système complet. Par conséquent, le lecteur, qui est déjà un étudiant de la Théosophie, ne doit pas s’étonner de trouver dans ces pages la rectification de certaines déclarations faites dans plusieurs livres Théosophiques et aussi l’explication de certains points qui sont demeurés obscurs parce qu’ils étaient forcément incomplets. Il y a beaucoup de questions que même l’auteur du Bouddhisme Ésotérique – le meilleur et le moins inexact des ouvrages visés – n’a pas traitées. D’un autre côté, il a lui-même introduit plusieurs idées erronées qu’il faut maintenant présenter sous leur vraie lumière mystique, autant que le présent auteur est capable de la faire.

Arrêtons-nous donc un moment entre les Shlôkas que nous venons d’expliquer et ceux qui vont suivre, car les périodes cosmiques qui les séparent sont d’une durée immense. Cela nous donnera bien le temps de regarder à vol d’oiseau quelques points qui appartiennent à la DOCTRINE SECRÈTE et qui ont été présentés au public dans une lumière plus ou moins incertaine et quelquefois fausse.

Quelques erreurs théosophiques de début au sujet des planètes,
des rondes et de l’homme

Parmi les onze Stances omises, il y en a une qui donne une complète description de la formation successive des Chaînes Planétaires, après que la première différenciation Cosmique et Atomique eut commencé dans l’ACOSMISME primitif. Il est vain de parler des « lois qui s’érigent lorsque la Divinité se prépare à créer », car les « lois », ou plutôt la LOI, sont éternelles et incréées, et, de même, la Divinité est la Loi et vice versa. En outre, la LOI une, éternelle, développe tout, dans la Nature (qui doit être) manifestée, sur un principe septénaire, et ce principe régit les innombrables Chaînes circulaires de Mondes, composées de sept Globes gradués sur les quatre plans inférieurs du Monde de Formation, les trois autres plans appartiennent à l’Univers Archétype. De ces sept Globes, UN seulement – le plus bas et le plus matériel – est sur notre plan ou à portée de nos moyens de perception; les six autres sont en dehors de ce plan et par conséquent invisibles à l’oeil terrestre. Chacune de ces Chaînes de Mondes est l’héritier et la création – la réincarnation pour ainsi dire – d’une autre Chaîne moins avancée et morte. Pour être plus clair, nous dirons : On nous enseigne que chacune des planètes, dont sept seulement sont dites sacrées parce qu’elles sont gouvernées par les plus hauts Régents ou Dieux et non parce que les Anciens ne savaient rien des autres [ On énumère dans les Livres Secrets beaucoup plus de planètes que dans les livres astronomiques modernes ], - que chacune des planètes, disons-nous, connue ou non, est un septénaire, comme la Chaîne à laquelle la terre appartient. (voir Bouddhisme Ésotérique ) Par exemple, toutes les planètes qui, comme Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne, etc., ou notre Terre, sont pour nous aussi visibles que notre Globe l’est probablement pour les habitants des autres planètes, s’il y en a, parce qu’elles sont toutes sur le même plan; tandis que les globes-compagnons supérieurs de ces planètes sont sur des plans complètement en dehors de nos sens terrestres. Comme nous donnons plus loin – et aussi dans le diagramme joint aux commentaires du Shloka 6 de la Stance VI – leurs positions relatives, il n’est besoin d’ajouter ici que quelques mots d’explication. Ces invisibles compagnons correspondent singulièrement à ce que nous nommons les « principes dans l’Homme ». Les sept sont sur trois plans matériels et un plan spirituel, répondant aux trois Upadhis (bases matérielles) et au Véhicule spirituel (Vâhana) des sept Principes de la division humaine. Si, pour obtenir une conception mentale plus claire, nous imaginons les Principes humains arrangés en un schéma, nous obtiendrons le diagramme de correspondances qui se trouve ci-après.

* Comme nous sommes en train de procéder des Universaux aux Particuliers au lieu de nous servir de la méthode inductive d »Aristote, les nombres sont placés en sens inverse. On met l’Esprit à la première place au lieu de la septième, comme on le fait ordinairement, mais comme, à vrai dire, on ne devrait pas le faire.

+ Les principes humains, tels qu’ils sont énumérés ordinairement dans le Bouddhisme Ésotérique et d’autres livres, sont : 1° Atmâ; 2° Buddhi (l’Âme Spirituelle); 3° Manas (l’Âme Humaine); 4° Kâma Rupa (le Véhicule des Désirs et des Passions); 5° Prâna; 6° Linga Sharira; 7° Stula Sharira.

Les lignes foncées [ « Les lignes foncées horizontales » dans le texte d’origine. Pour cette édition, en  reconstruisant le diagramme nous avons utilisé des lignes verticales et horizontales pour accentuer les contrastes, mais sans en changer la valeur. ] des plans inférieurs sont les Upâdhis, dans le cas des Principes humains, et les plans, dans la Chaîne Planétaire.

Il va sans dire que, pour les Principes Humains, le tableau ne les place pas exactement en ordre; cependant il montre la correspondance et l’analogie sur lesquelles nous voulons appeler l’attention. Comme le lecteur le verra, c’est un cas de descente des deux Entités dans la matière, l’ajustement – au sens mystique et physique – des deux et leur mélange dans la grande « lutte pour la vie » qui les attend. On trouvera peut-être que « Entité » est un terme singulier à employer pour le cas d’un Globe, mais les philosophes de l’antiquité qui voyaient dans la Terre un énorme « animal », étaient plus sages à leur époque que ne le sont nos géologues modernes; et Pline qui appelait la Terre notre bonne mère et nourrice et le seul Élément qui ne soit pas l’ennemi de l’homme, parlait avec plus de vérité que Watts qui s’imaginait voir en elle le marchepied de Dieu. La Terre n’est que le marchepied de l’homme dans son ascension vers les régions supérieures; c’est le vestibule

… Des glorieuses demeures, vers lesquelles se presse sans cesse une foule houleuse.

Mais cela ne fait que démontrer combien la Philosophie Occulte répond admirablement à tout ce qui est dans la Nature et combien plus logiques sont ses données que les spéculations hypothétiques et sans vie de la Science Physique.

Cela appris, le Mystique sera mieux préparé à comprendre l’enseignement Occulte, bien qu’il soit probable que tout étudiant rigoureux de la Science moderne considère cet enseignement comme un absurde non-sens. L’étudiant de l’Occultisme maintient cependant que la théorie que nous discutons en ce moment est bien plus philosophique et probable que tout autre. Elle est du moins plus logique que la théorie récemment avancée qui faisait de la lune un fragment projeté par notre Terre lorsqu’elle était un globe en fusion, une masse plastique. [ M. Samuel Laing, l’auteur de Modern science and modern thought, dit : « Les conclusions astronomiques sont des théories basées sur des données tellement incertaines que, tandis que dans quelques cas elles donnent des chiffres si faibles qu’ils sont incroyables, - comme les 15 millions d’années assignées à l’entier processus de la formation du système solaire, - dans d’autres, elles aboutissent à de si longues périodes qu’elles sont tout aussi incroyables, - lorsqu’on suppose, par exemple, que la lune a été projetée pendant la période de rotation de la terre était de trois heures, alors que la plus grande retardation actuelle obtenue par l’observation demanderait 600 millions d’années pour la faire tourner en vingt-trois heures au lieu de vingt-quatre » (page 48). Et si les Physiciens persistent en de pareilles spéculations, pourquoi se moquerait-on de la chronologie des Hindous en la qualifiant d’exagération? ]

On dit aussi que les Chaînes Planétaires ont leurs « Jours » et leurs « Nuits » - c’est-à-dire leurs périodes d’activité, ou de vie, et de torpeur, ou de mort – et se comportent dans le ciel comme les hommes sur la terre : elles engendrent leurs semblables, vieillissent, s’éteignent personnellement et laissent leurs principes spirituels animer leurs enfants. C’est ainsi qu’elles survivent.

Sans aborder la tâche difficile d’exposer le processus entier et dans tous ses détails cosmiques, on peut en dire assez pour en donner une idée approximative. Lorsqu’une Chaîne Planétaire est dans sa dernière Ronde, son Globe A, avant de s’éteindre, projette toutes ses énergies et tous ses principes dans un centre neutre de force latente, un « centre laya », et anime et appelle ainsi à la vie un nouveau noyau de substance ou matière non différenciée. Supposons qu’un processus pareil ait lieu dans la Chaîne Planétaire Lunaire; supposons encore, pour l’argumentation, - quoiqu’on ait dernièrement abandonné la théorie de M. Darwin que nous citons plus bas, même si le fait n’a pas été établi encore par des calculs mathématiques, - que la Lune soit beaucoup plus vieille que la Terre. Imaginons que les six globes-compagnons de la Lune, - des aeons avant que le premier Globe de notre septénaire fût évolué, - occupant entre eux des positions semblables à celles que les globes-compagnons de notre Chaîne Planétaire Terrestre occupent aujourd’hui par rapport à notre terre. [ Voir, dans le Bouddhisme Ésotérique, « La constitution de l’homme » et la « Chaîne Planétaire »]. Il sera dès lors facile d’imaginer le Globe A de la Chaîne Lunaire animant le Globe A de la Chaîne Terrestre, et puis – mourant; ensuite le Globe B envoyant son énergie au Globe B de la nouvelle Chaîne; puis le Globe C créant son descendant, la Sphère C de la Chaîne terrestre; et enfin la Lune (notre satellite) déversant sur le globe le plus bas de notre chaîne planétaire – le Globe D, notre Terre, - toute sa vie, ses énergies et ses pouvoirs, et les ayant ainsi transférés à un centre nouveau, devenant virtuellement une planète morte dans laquelle, depuis la naissance de notre Globe, la rotation a presque cessé. [On ne peut nier que la Lune soit le satellite de notre Terre, mais cela n’infirme pas la théorie qu’elle a tout donné à la Terre, sauf son cadavre. Pour que la théorie de Darwin tînt bon, il faudrait trouver, en outre de l’hypothèse dont nous avons parlé et qui est aujourd’hui renversée, des spéculations plus impossibles encore. On a dit que la Lune s’était refroidie six fois plus vite que la Terre [ Word-Life, de Winchell, p. 379 et séq. ]. Si la terre a vu passer 14.000.000 d’années depuis la formation de sa croûte, la lune n’est vieillie que de onze millions et deux tiers de million d’années depuis cette période » etc. Et si notre Lune n’est qu’une éclaboussure de notre Terre, pourquoi ne pas tirer de semblables conclusions au sujet des Lunes des autres planètes? Les Astronomes « n’en savent rien ». Pourquoi Vénus et Mercure n’auraient-ils pas de satellites, et lorsque ces satellites existent, par quoi seraient-ils formés? Nous disons que c’est parce que la science n’a qu’une clef, - la clef de la matière, pour ouvrir les mystères de la Nature, tandis que la Philosophie Occulte a sept clefs, et explique ce que la Science ne peut voir. Mercure et Vénus n’ont pas de satellites, mais ils avaient des « parents » tout comme la Terre. Tous les deux sont beaucoup plus vieux que la Terre, et avant que cette dernière ait atteint sa Septième Ronde, la Lune sa mère sera dissoute dans l’atmosphère subtile comme les « Lunes » des autres planètes ont fait ou n’ont pas fait, selon le cas, puisqu’il y a des planètes qui ont plusieurs Lunes; un mystère encore qu’aucun Oedipe de l’Astronomie n’a résolu! ]

La Lune est maintenant le résidu refroidi, l’ombre traînée après le corps nouveau dans lequel sont transposés ses pouvoirs vivants et ses « principes ». Elle est maintenant condamnée à poursuivre la Terre pendant de longs âges, à l’attirer et à être attirée par elle. Constamment vampirisée par son enfant, elle prend sa revanche en la pénétrant de l’influence néfaste  invisible et empoisonnée qui émane du côté occulte de sa nature. Car elle est un corps mort, et cependant vivant. Les particules de son cadavre en décomposition sont pleines de vie active et destructive, quoique le corps qu’elles ont autrefois formé soit sans âme et sans vie. Par conséquent, ses émanations sont à la fois bénéfiques et maléfiques – cas dont nous trouvons le parallèle, sur la terre, dans le fait que les herbes et les plantes ne poussent nulle part avec plus de vigueur que sur les tombes, tandis que les émanations des cimetières et des cadavres sont très morbifiques. Comme tous les fantômes et vampires, la Lune est l’amie des sorcières et l’ennemie des imprudents. Depuis les aeons archaïques et les temps les plus rapprochés, les sorcières de Thessalie et quelques-uns des Tântrikas actuels du Bengale, comme tous les Occultistes, connaissent sa nature et ses qualités, mais elles sont restées livre fermé pour les Physiciens.

Telle est la Lune considérée au point de vue astronomique, géologique et physique. Quant à sa nature métaphysique et psychique, elle doit rester un secret occulte dans le présent ouvrage aussi bien que dans celui intitulé le Bouddhisme Ésotérique, malgré la déclaration quelque peu hasardée que fait ce dernier en disant « qu’il n’existe plus beaucoup de mystère dans l’énigme de la huitième sphère [ Page 113 (5e édition) ] ».C’est là, en effet, l’un des sujets « sur lesquels les Adeptes sont très réservés dans leurs communications aux élèves non initiés », et puisqu’ils n’ont ni sanctionné ni autorisé des spéculations publiques sur ce point, moins on en dira, mieux ce sera.

Cependant sans fouler le terrain défendu de la « huitième sphère », il sera probablement utile d’ajouter ici quelques faits touchant les ex-monades de la Chaîne Lunaire, - les « Ancêtres Lunaires », - parce qu’ils jouent un rôle prééminent dans l’Anthropogenèse dont nous allons parler. Cela nous amène directement à la Constitution Septénaire de l’homme; et comme on a discuté dernièrement sur la meilleure classification des divisions de l’entité microcosmique, nous donnons ci-dessous deux systèmes pour mieux en faciliter la comparaison. Le petit article ci-joint est dû à la plume de M. T. Subba Row, Védântinérudit. Il préfère la division Brâhmanique du Râja Yoga, et, au point de vue métaphysique, il a raison. Mais comme ce n’est qu’une question de choix et de commodité, nous gardons, dans ce livre, la classification honorée et ancienne de « l’École Ésotérique Arhat » transhimâlayenne. Le tableau suivant et son texte explicatif sont extraits de The Theosophist et se trouvent aussi dans Five Years of Theosophy (pp.185-186).

La division septénaire selon les différents systèmes indiens

Nous donnons ci-dessous, sous forme de tableau, les classifications des principes de l’homme adoptées par les instructeurs Bouddhistes et Védantins :

 

1 Kôsha, signifie littéralement enveloppe de chaque principe.
2 La Vie.
3 Sthûla-upâdhi ou base des principes.
4 Le corps astral ou Linga Sharira.
5 Bouddhi.

On verra par ce tableau que le troisième principe de la classification bouddhiste n’est pas spécialement mentionné dans la division védântine, parce que ce n’est que le véhicule de Prâna. On verra aussi qu’on comprend le quatrième principe dans le troisième Kôsha (Enveloppe ou Étui) parce que ce même principe n’est que le véhicule du pouvoir de la volonté, lequel n’est qu’une énergie du mental. Il faut aussi observer que le Vijnânamayakôsha est considéré comme distinct du Mânômayakôsha, car, après la mort, une division se produit, pour ainsi dire, entre la partie inférieure du mental qui a une affinité plus forte pour le quatrième principe que pour le sixième et sa partie supérieure qui s’attache, au contraire, à ce dernier et qui est la base réelle de l’individualité supérieure de l’homme.

Nous pouvons aussi rappeler ici que la classification donnée dans la dernière colonne est, pour tous les usages pratiques qui se rapportent au Râja Yôga, la meilleure et la plus simple. Quoiqu’il y ait sept principes dans l’homme, il n’y a que trois Upâchis (Bases) distincts dans chacun desquels Atmâ puisse agir indépendamment. Un adepte peut séparer ces trois Upâchis sans se tuer. IL ne peut pas séparer les sept principes l’un de l’autre sans détruire sa constitution.

L’étudiant sera maintenant mieux préparé à comprendre qu’entre les trois Upâshis du Raja Yoga et leur Atmâ et nos trois Upâdhis, Atmâ et les trois divisions additionnelles, il n’y a, en réalité, que peu de différence. En outre, comme dans l’Inde cis-Himâlayenne et trans-Himâlayenne, dans les écoles de Patanjali, - l’Aryânsanga ou Mahâyâna – tout Adepte doit devenir un Râja-Yogui, il doit accepter théoriquement et pratiquement la classification Târaka-Râja, quelle que soit la classification qu’il emploie pour des fins pratiques ou Occultes. Par conséquent, il importe peu que l’on parle des trois Upâdhis et de leurs trois aspects, plus Atmâ, la synthèse éternelle et immortelle ou qu’on parle des « Sept Principes ».

Pour aider ceux qui n’ont pas lu, ou qui n’ont pas clairement compris dans les écrits théosophiques la doctrine des Chaînes septénaires de Mondes dans le Cosmos Solaire, nous allons donner ici un abrégé de l’enseignement.

1. Tout, dans l’Univers métaphysique comme dans l’Univers physique, est septénaire. Par conséquent, chaque corps sidéral, chaque planète, visible ou invisible, est supposée avoir six Globes-compagnons. L’évolution de la vie se fait sur ces sept Globes, ou corps, du Premier au Septième, en sept RONDES ou Cycles.

2. Ces Globes sont formés par un processus que les Occultistes appellent « la renaissance des Chaînes (ou Anneaux) Planétaires ». Lorsque la Septième ou dernière Ronde d’un de ces Anneaux a commencé, le Globe supérieur, ou premier, A, - et avec lui, tous les autres successivement, jusqu’au dernier, - au lieu d’entrer dans une période plus ou moins longue de repos – ou « observations », comme dans les Rondes précédentes, commence à s’éteindre. La dissolution « planétaire » (Pralaya) s’approche, son heure a sonné; chaque Globe doit transférer sa vie et son énergie à une autre planète [ Voir le diagramme II, p. 157. ].

3. Notre Terre étant le représentant visible de ses globes-compagnons supérieurs et invisibles, ses « Seigneurs » ou « Principes », doit exister, comme les autres, durant sept Rondes. Pendant les trois premières, elle se forme et se consolide; pendant la quatrième, s’installe et se durcit; pendant les trois dernières, elle revient peu à peu à sa forme éthérique primitive : elle est, pour ainsi dire, spiritualisée.

4. Son Humanité ne se développe pleinement que dans sa Quatrième Ronde – la nôtre, Jusqu’à ce Quatrième Cycle de Vie, cette Humanité n’est ainsi appelée faute d’un meilleur terme. De même que la larve devient chrysalide, puis papillon, l’Homme, ou plutôt ce qui devient plus tard l’Homme, passe à travers toutes les formes et toutes les règles pendant la Première Ronde, et à travers toutes les formes humaines pendant les deux Rondes suivantes. Arrivé sur notre Terre, au commencement de la Quatrième, dans la série actuelle de Races et de Cycles de Vie l’HOMME est, pour ainsi dire, la première forme qui y apparaisse, puisqu’il n’est précédé que par les règnes minéral et végétal – et ce dernier doit d’ailleurs continuer à parachever son évolution par l’intermédiaire de l’homme. C’est ce qu’on expliquera dans un Volume suivant. Pendant les trois Rondes à venir, l’Humanité, comme le Globe sur lequel elle vit, tendra sans cesse à reprendre sa forme primitive, celle d’une collectivité Dhyân Chôhanique. L’Homme, en effet, comme tout autre atome de l’Univers, tend à devenir un Dieu, et ensuite, - Dieu.

Si nous commençons à considérer les choses dès la Deuxième Ronde, nous voyons que l’Évolution se fait déjà sur un plan tout différent. Ce n’est que dans la première Ronde que l’Homme (Céleste) devient un être humain sur le Globe A, (redevient) un minéral, une plante, un animal sur les Globes B, C, etc. Le processus change entièrement dès la deuxième Ronde. Mais vous avez appris la prudence… et je vous conseille de ne rien dire avant que le temps soit venu [ Extrait des lettres de l’Instructeur sur divers sujets. Voir Mahatma Letters to A.P. Sinnett, pp. 177-178. ].

5. Chaque Cycle de Vie sur le Globe D (notre Terre) [ Nous ne parlons qu’incidemment des autres Globes dans cet ouvrage ] se compose de sept races-Racines. Elles commencent par l’éthéré et finissent par le spirituel, sur la double ligne de l’évolution physique et morale – du commencement de notre Ronde Terrestre à sa fin. L’une est une « Ronde Planétaire » allant du Globe A au Globe G, le septième; l’autre, la « Ronde Globale » ou Terrestre.

Cela est bien décrit dans le Bouddhisme Ésotérique, et ne demande pas d’autre explication pour le moment.

6. La Première race-Racine, c’est-à-dire les premiers « Hommes » sur la Terre (qu’elle qu’en fût la forme) étaient les descendants des « Hommes Célestes » correctement nommés, dans la philosophie Indienne, les « Ancêtres Lunaires » ou Pitris, lesquels étaient composés de sept Classes ou Hiérarchies. Comme tout cela sera plus longuement expliqué dans les sections suivantes et dans le volume III, il n’est pas nécessaire d’en dire davantage ici.

Mais les deux livres précédemment cités, et qui tous deux traitent de la doctrine Occulte, demandent quelques observations particulières. L’un, Le Bouddhisme Ésotérique, est trop connu dans les cercles Théosophiques et même en dehors d’eux, pour qu’il soit nécessaire de s’étendre ici sur ses mérites. C’est un livre excellent, et il a accompli une oeuvre meilleure encore. Mais cela ne change pas le fait qu’il contient des idées incorrectes et qu’il a été cause que plusieurs lecteurs, théosophes ou non, se sont formés une conception erronée des Doctrines Secrètes Orientales. Il semble aussi avoir un aspect quelque peu trop matérialiste.

L’autre livre, Man, Fragments of Forgotten History, qui parut plus tard, avait pour but de présenter la doctrine archaïque sous un point de vue plus idéal, de traduire quelques tableaux imprimés dans la Lumière Astrale, de reproduire quelques enseignements pris en partie aux pensées d’un Maître et malheureusement incompris. Cet ouvrage parle aussi de l’évolution des premières races humaines sur la Terre, et contient quelques chapitres excellents, d’un caractère très philosophique,. Mais ce n’est, malgré tout, qu’un petit roman mystique intéressant. Il n’a pas atteint son but, parce que les conditions requises pour la traduction de ces visions n’étaient pas réunies. Le lecteur, par conséquent, ne devra pas s’étonner si les volumes actuels contredisent en plusieurs points ces premières descriptions.

La cosmogonie Ésotérique, en général, et l’évolution de la Monade humaine, en particulier, diffèrent si essentiellement dans ces deux livres et dans ceux publiés par des débutants non guidés qu’il est impossible de poursuivre le présent ouvrage sans parler spécialement des livres en question, d’autant plus qu’ils comptent tous les deux un grand nombre d’admirateurs – Le Bouddhisme Ésotérique surtout. Le moment est donc venu de nous expliquer à ce sujet. Il faut essayer de rectifier, à la lumière des enseignements originaux, les points où l’on s’est mépris. Si l’un de ces ouvrages a une tendance trop prononcée vers la Science matérialiste, l’autre est, à son tour, par trop idéaliste et même un peu fantastique.

De la doctrine – quelque peu incompréhensible aux esprits occidentaux – qui parle des « obscurations » périodiques et des « Rondes » successives des Globes, le long de leurs Chaînes circulaires, sont venues les premières difficultés et fausses notions. L’une de ces dernières se rapporte à ce qu’on a nommé les Fitfh-Rounders (hommes de la Cinquième Ronde) et les Sixth Rounders (hommes de la sixième Ronde). Ceux qui savent que toute Ronde accomplie est précédée et suivie d’une longue période de Repos Pralaya qui crée un abîme infranchissable entre deux Rondes jusqu’à la reprise d’un nouveau cycle de vie, ne pouvaient comprendre « l’erreur » de dire que des « gens de la Cinquième et de la Sixième Ronde » se trouvaient actuellement dans la Quatrième. Gâutama Bouddha, est-il dit dans l’un de ces livres, était de la « Sixième Ronde » (un Sixth-Rounder); Platon et quelques autres grands philosophes ou intellectuels auraient été des hommes de la « Cinquième » (des Fifth-Rounders). Comment cela pouvait-il être? Un Maître aurait dit et affirmé qu’il y avait effectivement des gens de la « Cinquième Ronde » en ce moment même sur la Terre; et bien qu’il eût aussi enseigné que l’humanité n’était encore qu’à la Quatrième Ronde, il semblait dire ailleurs que nous étions dans la Cinquième. À cela un autre Instructeur donna une « réponse apocalyptique », à savoir que « quelques gouttes de pluie ne font pas une mousson, quoiqu’elles l’annoncent »… « Non, nous ne sommes pas dans la Cinquième Ronde, mais des hommes de la Cinquième Ronde ont commencé à venir dans la nôtre depuis quelques milliers d’années ». – cela devenait plus difficile à résoudre que l’énigme du Sphinx! Les Étudiants de l’Occultisme soumirent leurs cerveaux aux recherches spéculatives les plus ardues. Pendant assez longtemps ils s’efforcèrent de rivaliser avec Oedipe et de concilier les deux données. Et comme les Maîtres gardèrent un silence aussi rigoureux que le sphinx de granit, on les accusa d’ « inconsistance », de « contradiction » et de « désaccord ». Mais ils laissaient les spéculations aller leur train afin de donner une leçon dont l’esprit occidental a grand besoin. Dans leur vanité et leur arrogance, dans leur habitude de matérialiser toute conception et expression métaphysiques, sans laisser de marge pour la métaphore et l’allégorie orientales, les Orientalistes avaient fait une macédoine de la philosophie hindoue exotérique, et voilà que les Théosophes agissaient de même en ce qui concernait les enseignements Ésotériques. Il est certain que, jusqu’à ce jour, ces derniers ont complètement montré leur incapacité de comprendre la signification du terme « les hommes de la Cinquième et de la Sixième Ronde. Voici l’explication de ce terme : Chaque « Ronde » amène un nouveau développement et même un changement complet dans la constitution mentale, psychique, spirituelle et physique de l’homme, tous ces principes évoluant sur une échelle constamment ascendante. Il s’ensuit que les personnes qui, comme Confucius et Platon, appartenaient psychiquement, mentalement et spirituellement aux plans supérieurs de l’évolution, étaient, dans notre Quatrième Ronde, ce que l’homme ordinaire sera dans la Cinquième, et dans celle dernière l’humanité occupera un degré de l’échelle de l’évolution bien supérieur à celui où se trouve notre humanité d’aujourd’hui. De même, Gâutama Bouddha – la Sagesse incarnée – était encore bien supérieur aux hommes dont nous venons de parler et qu’on nomme « hommes de la Cinquième Ronde »; aussi, avec Shankarâchârya, a-t-il été appelé allégoriquement un « homme de la Sixième Ronde ». On voit ainsi la Sagesse cachée dans la phrase qu’on avait trouvée « évasive » quand elle fut écrite : « Quelques gouttes de pluie ne constituent pas une mousson, quoiqu’elles l’annoncent ».

On comprendra maintenant, pleinement aussi, la vérité du passage suivant du Bouddhisme Ésotérique :

Il est impossible, lorsqu’on présente pour la première fois à des esprits non entraînés les faits complexes d’une science non familière, de les présenter avec toutes les qualifications nécessaires … avec ce qui en découle d’étrange… Il faut se contenter d’abord des règles générales, et ne s’occuper des exceptions qu’ensuite, surtout lorsque, dans le cas actuel, il s’agit d’une étude dans laquelle les méthodes traditionnelles d’enseignement que l’on suit d’ordinaire ont pour but d’imprimer chaque nouvelle idée dans la mémoire, en provoquant tout d’abord une perplexité que cette étude dissipe enfin.

Comme l’auteur de ce passage était, selon son propre aveu, l’un de « ces esprits non entraînés » dans l’Occultisme, ses déductions personnelles, aidées par sa connaissance plus grande des questions astronomiques modernes que des doctrines archaïques, l’amenèrent tout naturellement, et sans qu’il s’en rendit compte, à commettre quelques erreurs, portant d’ailleurs sur le détail plutôt que sur les « grandes règles ». Nous allons parler maintenant d’une de ces inexactitudes. Elle n’est pas grave, mais elle pourrait pourtant mener plus d’un débutant à des conceptions erronées. Mais comme les idées fausses mentionnées sur les premières éditions ont été corrigées dans les notes de la cinquième, il se pourrait que la sixième fût encore revue et perfectionnée. Il y a eu plusieurs causes à ces erreurs. I. C’était la nécessité dans laquelle les Instructeurs se trouvaient de donner ce qu’on a considéré comme des « réponses évasives » ; cette nécessité tenait à ce que les questions étaient trop pressantes et trop persistantes pour qu’un pût n’y pas répondre, et que, d’un autre côté, l’on ne pourrait y répondre qu’en partie. II. Néanmoins, et malgré le proverbe qui dit que « la moitié d’un pain vaut mieux que pas de pain du tout », la situation fut souvent incomprise et rarement appréciée à sa valeur réelle. Il en résulta que les chélâs laïques européens se complurent quelquefois dans des spéculations toutes gratuites. Parmi elles se trouvaient a) « Le Mystère de la Huitième Sphère » dans ses relations avec la Lune et b) la donnée erronée que deux Globes supérieurs de la Chaîne Terrestre étaient des planètes bien connues : « En dehors de notre terre, disait-on, il n’y a que deux autres mondes de notre chaîne qui soient visibles … Mars et Mercure…[ Bouddhisme Ésotérique. ] »

C’était là une grande erreur. Mais il faut l’attribuer autant à la réponse vague et incomplète du Maître qu’à la question elle-même vague et indéfinie du disciple. La question était celle-ci :

Quelles sont les planètes, parmi celles connues de la Science ordinaire, qui, en dehors de Mercure, appartiennent à notre système de mondes? Si par « systèmes de mondes » on voulait dire notre « cordon » ou Chaîne Terrestre, au lieu du « Système solaire de Mondes », ce qui aurait dû être le cas, alors, il n’est pas étonnant que la réponse ait été incomprise, car elle fut celle-ci «  « Mars, et quatre autres planètes dont l’Astronomie ne sait rien. Ni A, B,, ni Y, Z, ne sont connues, ni ne peuvent être vues par des moyens physiques, si perfectionnés qu’ils soient » [ Bouddhisme Ésotérique ].Tout cela est clair : a) l’Astronomie jusqu’ici ne sait, en réalité, rien des planètes anciennes ni de celles qu’on a découvertes de nos jours; b) de A à Z il est impossible de voir les planètes-compagnes, c’est-à-dire les Globes supérieures d’une Chaîne quelconque du Système Solaire [à l’exception, bien entendu, de toutes les planètes qui occupent le quatrième rang comme notre Terre, la Lune, etc.]. Quant à Mars, Mercure et les « quatre autres planètes », elles ont avec la Terre un rapport dont aucun Maître, ni Occultiste supérieur ne parlera jamais et dont il expliquera encore moins la nature.

Dans cette même lettre, l’un des Instructeurs parle clairement de cette impossibilité à l’auteur du Bouddhisme Ésotérique. « Tâchez de comprendre que vous me posez des questions qui appartiennent à l’Initiation la plus élevée. Que je ne puis que vous donner [qu’]une idée générale, mais je n’ose, ni ne veux entrer dans ses détails…» [ Bouddhisme Ésotérique ]. Des copies de toutes les lettres reçues ou envoyées – à l’exception de quelques-unes qui étaient personnelles « et dans lesquelles, dit le Maître, il n’y avait pas d’enseignements » - sont en possession de l’auteur du présent ouvrage. Comme son devoir était, dès le début, d’expliquer certains points sur lesquels elle n’avait pas encore parlé, il est plus que probable que, malgré les masses d’annotations des copies de ces lettres, le présent auteur, par son ignorance de l’anglais et par la crainte d’en trop dire, a pu embrouiller l’information donnée. Elle prend, dans chaque cas, tout le blâme pour elle. Mais il lui est impossible de laisser davantage les étudiants sous des impressions erronées, ou de leur laisser croire que la faute est dans le système Ésotérique.

Disons maintenant nettement que la théorie mise en avant est impossible, qu’on l’appuie ou non du témoignage de l’astronomie moderne. La Science Physique peut offrir un témoignage – quoique très incertain – mais seulement en ce qui concerne les corps célestes qui occupent le même plan  matériel que notre Univers objectif. Mars, Mercure, Vénus et Jupiter, comme toutes les planètes jusqu’ici découvertes ou qui le seront plus tard, sont toutes, per se, les représentants, sur notre plan, de Chaînes semblables. On l’a clairement établi dans une des lettres de l’Instructeur de M. Sinnett : « Il y a dans notre système solaire, et en dehors de lui, d’innombrables autres chaînes manvantariques de globes portant des êtres intelligents. » [ Bouddhisme Ésotérique ]. Mais ni Mars ni Mercure n’appartiennent à notre chaîne. Elles sont, avec d’autres planètes, des Unités septénaires dans la masse des « Chaînes » de notre Système et sont aussi visibles que leurs Globes supérieurs sont invisibles.

Si l’on prétend que certaines phrases, dans les lettres de l’Instructeur, sont capables d’induire en erreur, nous dirons : Amen, c’est la vérité. L’auteur du Bouddhisme Ésotérique l’a bien compris lorsqu’il a écrit que « les modes traditionnels d’enseignement… sont de provoquer la perplexité », et qu’ils la font disparaître ou non, selon le cas. Si l’on ajoute qu’on aurait dû dire cela plus tôt, et indiquer, comme nous le faisons ici, la vraie nature des planètes, la réponse sera qu’on n’a pas trouvé à propos de le faire à ce moment, parce que cela aurait ouvert la porte à une série de questions supplémentaires auxquelles on n’aurait jamais pu répondre à cause de leur nature Ésotérique et que cela n’aurait causé que de l’embarras. On a affirmé, dès le commencement, et on l’a souvent répété depuis : 1° Qu’aucun Théosophe, pas même un Chélâ accepté – pour ne point parler des étudiants laïques – ne peut espérer recevoir l’explication complète d’enseignements secrets avant de s’être irrévocablement lié par le serment à la Fraternité et avoir passé par une Initiation au moins, car on ne peut donner au public ni chiffres, ni nombres, et les chiffres et les nombres sont la clef du système Ésotérique; 2° que ce qu’on avait déjà révélé n’était que la doublure Ésotérique de ce qui est contenu dans presque toutes les écritures exotériques des religions du monde, surtout dans les Brâhmanas, les Upanishads des Védas et même dans les Purânas. C’était donc une faible partie de ce qu’on trouvera plus pleinement dans les présents volumes, bien que notre exposé soit, lui-même, très incomplet et fragmentaire.

Lorsque le présent ouvrage fut commencé, l’auteur, convaincue que la spéculation au sujet de Mars et Mercure, était erronée, demanda par lettre aux Instructeurs une explication et une version autorisée. Elle reçut satisfaction à tous égards, et elle donne ici des extraits textuels des réponses reçues.

« …Il est absolument vrai que Mars est actuellement dans un état d’obscuration, et que Mercure commence à en sortir. Vous pourriez ajouter que Vénus est dans sa dernière Ronde… Si ni Mercure ni Vénus n’ont de satellites, c’est pour des raisons [données plus haut]… et aussi parce que Mars a deux satellites auxquels il n’a pas droit… Phöbos, le satellite INTÉRIEUR supposé n’est aucunement un satellite. Comme Laplace et Fayes l’avaient déjà fait remarquer (Voir COMPTES RENDUS, Tome XC, page 569), la période cyclique dévolue par la science à Phöbos est trop courte et, par conséquent, dit Fayes, « il faut qu’il existe quelque défaut dans l’idée mère de la théorie »… De plus ils [Mars et Mercure] sont des Chaînes septénaires aussi indépendantes des seigneurs et supérieurs sidéraux de la Terre que vous êtes indépendante vous-même des « principes » de Däumling [Tom Pouce] qui étaient peut-être ses six frères, avec ou sans bonnet de nuit… « La satisfaction de la curiosité est pour quelques hommes la fin de toute connaissance », a dit Bacon, qui était aussi dans le vrai en émettant cette vérité banale, que l’étaient ceux qui, l’ayant acceptée, avant lui, avaient raison de séparer rigoureusement la SAGESSE du savoir et de limiter ce qu’on doit dire à un moment donné… Rappelez-vous que … « si le savoir peut habiter les cerveaux qui se nourrissent des pensées des autres, la Sagesse ne s’obtient qu’en examinant celles qui naissent en nous… »

« Vous ne pourrez jamais imprimer cela trop profondément dans la tête de ceux à qui vous donnez quelques enseignements Ésotériques. »

Voici d’autres extraits tirés d’une autre lettre écrite par la même autorité, pour répondre à quelques objections présentées aux Instructeurs. Ces objections basées sur des raisonnements extrêmement scientifiques et futiles à la fois, traitaient de l’opportunité d’essayer de concilier les théories Ésotériques avec les spéculations Scientifiques modernes. Elles étaient écrites par un jeune Théosophe dans le but de mettre en garde contre la DOCTRINE SECRÈTE et touchaient à la question présente. Notre critique avançait que s’il y avait vraiment de ces Terres-compagnes, « elles devaient n’être que très peu moins matérielles que notre globe ». « Comment se faisait-il donc qu’on ne pouvait pas les voir? » La réponse fut :

« Si l’on comprend mieux les enseignements psychiques et spirituels, on n’aurait même pas l’idée d’une pareille inconsistance. Si l’on ne se donne pas moins de peine pour concilier ce qui est inconciliable, - c’est-à-dire les sciences métaphysiques et spirituelles avec la philosophies physique ou naturelle, le mot « naturel » étant, pour eux [ les hommes de Science ], synonyme de cette matière qui tombe sous la perception de leurs sens corporels, - on ne pourra pas arriver à progresser. Notre Globe, comme on l’a dit dès le commencement, est au bas de l’arc de descente, là où la matière de nos perceptions se montre dans sa forme la plus grossière… Par conséquent, il n’est que raisonnable que les Globes qui obombrent notre Terre se trouvent sur des plans différents et supérieurs. En un mot, comme Globes, ils sont en COADUNITÉ, mais non en CONSUBSTANTIALITÉ AVEC NOTRE TERRE, et par conséquent appartiennent à un tout autre état de conscience. Notre planète (comme toutes celles que nous voyons) est adaptée à l’état spécial de ses habitants humains, état qui nous permet de voir à l’oeil nu les corps sidéraux qui sont en co-essence avec notre plan et notre substance terrestre, de même que leurs habitants respectifs, les Jupitériens, les Martiens, et autres, peuvent apercevoir notre petit monde, parce que nos plans de conscience ne diffèrent qu’en degré, et, étant les mêmes en espèce, sont sur la même couche de matière différenciée… Voici, ce que j’ai écrit : « Le Pralaya mineur ne concerne que notre petit CHAPELET DE GLOBES. (Nous appelons les Chaînes des « Chapelets » à cette époque fertile en confusion de mots)… Notre Terre appartient à l’un de ces Chapelets. » Cela aurait dû pleinement démontrer que les autres planètes étaient aussi des « Chapelets » ou CHAÎNES… S’il [ c’est-à-dire notre critique ] voulait percevoir même simplement la silhouette indistincte d’une de ces « planètes » sur les plans supérieurs, il devrait écarter jusqu’aux minces nuages de matière astrale qui se trouvent entre lui et le plan suivant. »

Il devient donc facile de comprendre pourquoi nous ne pourrions voir, même à l’aide des meilleurs télescopes, ce qui est en dehors de notre monde de matière. Ceux-là seulement que nous appelons des Adeptes, qui savent comment diriger leur vision mentale et transférer leur conscience – physique et psychique – sur d’autres plans de l’être, peuvent parler avec autorité sur de tels sujets et ils nous disent clairement :

« Menez la vie nécessaire à l’acquisition d’une telle connaissance et ces pouvoirs et la sagesse viendront naturellement. Du moment que vous pourrez mettre votre conscience en accord avec l’une quelconque des sept cordes de la « Conscience Universelle », ces cordes qui s’étendent sur le clavier du Kosmos et vibrent d’une Éternité à l’autre, lorsque vous aurez étudié à fond « la Musique des Sphères », alors seulement vous aurez toute liberté de partager votre connaissance avec ceux avec qui on peut le faire en sécurité. En attendant, soyez prudents. Ne divulguez pas à notre génération actuelle les grandes Vérités qui sont l’héritage des Races futures. N’essayez pas de dévoiler le secret de l’Être et du non-Être à ceux qui sont incapables de comprendre la signification cachée de l’HEPTACHORDE d’Apollon, la lyre du dieu radieux, dans chacune des sept cordes de laquelle habitent l’Esprit, l’Âme et le Corps Astral de ce Kosmos dont l’enveloppe seule est tombée entre les mains de la Science Moderne… Soyez prudents, disons-nous, prudents et sages, et par-dessus tout prenez soin de savoir ce que croient ceux qui reçoivent vos leçons, de peur qu’en se trompant eux-mêmes, ils ne trompent aussi les autres… car telle est la destinée de toute vérité qui n’est pas encore devenue familière aux hommes… Laissez plutôt les Chaînes Planétaires et autres mystères super et sous-cosmiques dans le pays des rêves, pour ceux qui ne peuvent ni voir, ni même croire ce que voient les autres. »

On doit regretter que peu de nous se soient astreints à suivre ce sage conseil et que plus d’une perle de prix, plus d’un bijou de sagesse ait été livré à des ennemis incapables de comprendre sa valeur et qui se sont retournés pour nous déchirer.

« Figurons-nous, écrivait le même Maître à ses deux « chélâs laïques » comme il appelait l’auteur du Bouddhisme Ésotérique et une autre personne qui fut pendant quelque temps son compagnon d’étude, - figurons- nous que NOTRE TERRE FAIT PARTIE D'UN GROUPE DE SEPT PLANÈTES OU MONDES PORTEURS D'HOMMES… [Ces sept planètes sont les planètes sacrées de l’antiquité et elles sont toutes septénaires]. L’impulsion de vie atteint maintenant A, ou plutôt ce qui est destiné à devenir A, qui jusqu’ici n’est que de la poussière cosmique [ un centre laya ] …, et. »

Dans ces premières lettres, dans lesquelles il fallait inventer des termes et créer des mots, les « Anneaux » devinrent souvent des « Rondes » et les « Rondes » des « Cycles de Vie » et vice versa. À un correspondant qui appelait une « Ronde » un « Anneau mondial », l’Instructeur écrivait : « Je crois que cela sera cause plus tard de nouvelle confusion. Nous sommes tous d’accord pour appeler une Ronde le passage d’une monade du globe A au globe Z (ou G). « Anneau mondial » est correct… M. a fortement engagé M. Sinnett à s’accorder sur une nomenclature avant d’aller plus loin.

Malgré l’entente, beaucoup d’erreurs, dues à cette confusion, se sont glissées dans les premiers enseignements. Les « Races » mêmes ont été parfois confondues avec les « Rondes » et les « Anneaux », ce qui a produit de semblables erreurs dans Man, Fragments of a Forgotten Truth. Dès le début le maître avait écrit :

« Comme il ne m’est pas permis de vous donner la vérité tout entière, ni de divulguer le nombre des fractions isolées… je ne puis vous satisfaire. »

Cela répondait à ces questions : « Si nous avons raison alors l’existence totale préalable à la période de l’homme est de 637 », etc. À toutes les questions se rapportant aux chiffres, la réponse était : « Tâchez de résoudre le problème des 777 incarnations… et, quoique je sois forcé de vous refuser l’information…, cependant, si vous trouvez la solution de vous-même, ce sera mon devoir de vous le dire. Essayez de résoudre le problème des 777 incarnations… »

Mais cela n’a pas été résolu, et il s’en est suivi des perplexités et des erreurs incessantes.

L’enseignement lui-même sur la constitution septénaire des corps sidéraux et du macrocosme – d’où vient la division septénaire du microcosme ou l’Homme – a jusqu’ici été tenu parmi les plus ésotériques. Dans les anciens temps on ne divulguait qu’au moment de l’Initiation, alors qu’on donnait les nombres les plus sacrés des cycles. Or, comme l’a annoncé déjà une revue théosophique [ Lucifer, mai 1888. ], on n’a pas eu alors en vue la révélation de tout le système cosmogonique et on n’a même pas pensé que cela fût possible à cette époque où, en réponse à une multiplicité de questions posées par l’auteur du Bouddhisme Ésotérique, il n’était donné que quelques parcelles d’information. Parmi ces questions, il s’en trouvait qui avaient trait à des problèmes tels qu’aucun MAÎTRE, quelque haut placé et indépendant qu’il pût être, n’aurait eu le droit d’y répondre et de divulguer ainsi au monde les mystères les plus honorés et les plus archaïques des anciens temples-collèges. Par conséquent, il n’y eut de révélées que quelques doctrines, et encore ne le furent-elles que dans leurs grandes lignes, tandis que les détails furent constamment passés sous silence et tous les efforts faits pour acquérir d’autres informations à ce sujet demeurèrent systématiquement et constamment insatisfaits. C’était parfaitement naturel. Des quatre Vidyâs tirées des sept branches de Connaissance dont on parle dans les Purânas – c’est-à-dire la Yajna Vidyâ, accomplissement des rites religieux pour produire certains résultats; la Mahâ Vidyâ, grande connaissance (Magie) maintenant dégénérée en culte Tântrique; la Guhya Vidyâ, science des Mantras et de leur véritable rythme ou chant d’incantations mystiques, etc., et l’Atmâ Vidyâ ou vraie Sagesse spirituelle et divine, - ce n’est que cette dernière qui puisse jeter une lumière finale et absolue sur les enseignements des trois premières. Sans l’aide d’Atmâ Vidyâ, les autres deviennent de simples sciences de surface, des grandeurs géométriques ayant longueur et largeur, mais sans aucune profondeur. Elles sont comme l’âme, les membres et le mental d’un homme qui dort, capable de mouvements machinaux, de rêves incohérents et même de somnambulisme, de produire des effets visibles, mais ces effets sont engendrés seulement par des causes instinctives, non intellectuelles, et encore moins produits par des impulsions spirituelles pleinement conscientes. On peut enseigner et expliquer beaucoup des trois premières sciences, mais si la clef de leurs enseignements n’est pas donnée par l’Atmâ Vidyâ, ils restent comme des fragments d’un livre dont le texte est mutilé, comme des ombres de grandes vérités, obscurément perçues par les plus spirituels, mais déformés au point d’être méconnaissable par ceux qui voudraient clouer toute ombre sur le mur.

Une autre grande perplexité a aussi saisi le mental des étudiants lorsqu’ils furent mis en présence d’une exposition incomplète de la doctrine de l’évolution des Monades. Pour saisir pleinement cette dernière, il faut examiner à la fois et son propre processus et celui de la connaissance des Globes, et l’examiner sous son aspect métaphysique beaucoup plus que sous ce que nous pourrions appeler son point de vue statistique, c’est-à-dire celui qui expose des chiffres et des nombres, car le plein usage de ces derniers n’est que rarement permis. Malheureusement , il n'y a que peu de personnes portées à examiner ces doctrines de façon purement métaphysique. Le meilleur des auteurs occidentaux qui ont écrit sur notre doctrine dit lui-même dans son ouvrage, en parlant de l’évolution des Monades : « Nous ne nous occupons pas, en ce moment, de métaphysique pure de cette sorte [ Bouddhisme Ésotérique ]. »Mais dès lors, comme le lui disait, dans une lettre, son Instructeur : « Pourquoi prêcher nos doctrines, pourquoi tout ce laborieux travail, et pourquoi nager (in adversum flumen) [ à contre-courant ]? Pourquoi l’Occident… apprendrait-il… de l’orient… ce qui ne satisfera jamais les goûts spéciaux des esthètes? » Et il attire l’attention de son correspondant « sur les difficultés formidables que (les Adeptes) rencontrent chaque fois qu’ils essayent d’expliquer leur métaphysique au mental d’Occident. »

Et il faut bien, car en dehors de la métaphysique, aucune philosophie Occulte, aucun ésotérisme n’est possible. C’est comme si l’on essayait d’expliquer les aspirations et les affections, l’amour et la haine, les travaux les plus intimes et les plus sacrés de l’âme et du mental d’un homme vivant par une description anatomique du thorax et du cerveau de son cadavre.

Examinons maintenant deux données dont nous venons de parler plus haut, mais dont il est à peine fait mention dans le Bouddhisme Ésotérique, et ajoutons-y tout ce que nous pourrons.

Faits additionnels et explications au sujet des globes et des monades

Ces deux phrases du Bouddhisme Ésotérique et les opinions émises par l’auteur :

« …Les Monades spirituelles… ne complètent pas entièrement leur existence minérale sur le Globe A, mais le font sur le globe B, et ainsi de suite. Elles passent plusieurs fois autour du cercle entier comme minéraux, plusieurs fois ensuite comme végétaux, et plusieurs fois enfin comme animaux. Nous nous abstenons à dessein, en ce moment, de donner des chiffres, etc.[ Op. cit., p. 65. ] »

C’était une sage mesure de tenir chiffres et nombres dans un grand secret. On a partiellement relâché cette réserve maintenant, mais peut-être eut-il mieux valu donner les véritables nombres qui règlent les Rondes et les circuits évolutifs, ou ne pas les donner du tout. M. Sinnett comprenait bien cette difficulté lorsqu’il disait :

« Pour des raisons qui ne sont pas faciles à deviner pour le public, les possesseurs de la connaissance Occulte sont particulièrement peu disposés à donner les faits numériques qui ont rapport à la Cosmogonie, quoiqu’il soit difficile pour les non-initiés de comprendre la raison de cette abstention [ Op. cit., p. 140. ]. »

Il est évident qu’il y avait des raisons pour cela. Cependant, c’est à cette réticence que sont dues la plupart des idées confuses de certains disciples orientaux aussi bien qu’occidentaux. Les difficultés que rencontra l’acceptation des deux données en question furent grandes, précisément parce qu’il n’y avait pas de données sur lesquelles on pût s’appuyer. Mais ce fut ainsi, car, comme les Maîtres l’ont plus d’une fois déclarée, on ne peut donner les nombres qui appartiennent aux calculs Occultes en dehors du cercle des Chélâs engagés, et ceux-ci ne peuvent davantage enfreindre cette règle.

Pour mieux expliquer les choses, sans toucher aux aspects mathématiques de la doctrine, on peut élargir l’enseignement et résoudre quelques points obscurs. Comme l’évolution des Globes et celle des Monades sont très étroitement combinées, nous unirons ces deux enseignements. En ce qui concerne les Monades, le lecteur est prié de se souvenir que la philosophie orientale repousse le dogme théologique occidental qu’une âme nouvellement créée est préparée pour chaque nouveau-né, car ce dogme est aussi peu philosophique qu’il est impossible dans l’économie de la nature. Il faut que le nombre de Monades soit limité, qu’elles évoluent, et deviennent de plus en plus parfaites par l’assimilation de nombreuses personnalités successives par lesquelles elles passent dans chaque nouveau Manvantara. Cela est absolument nécessaire en vue des doctrines de Renaissance et de Karma, et du retour graduel de la Monade humaine à sa source – la Divinité Absolue. Par conséquent, quoique les multitudes de Monades plus ou moins évoluées soient presque incalculables, elles sont néanmoins en nombre limité comme tout dans cet Univers de différenciation et de fini.

On l’a montré dans le double diagramme I des Principes humains et des Globes en ascension sur les Chaînes des Mondes, il existe un enchaînement éternel de causes et d’effets, et une analogie parfaite règne partout et relie toutes les lignes d’évolution. L’une engendre l’autre – Globes comme personnalités. Mais commençons au commencement.

Nous venons de donner une esquisse générale du processus par lequel les Chaînes Planétaires successives sont formées. Pour empêcher des erreurs futures, on peut ajouter quelques détails qui jetteront de la lumière dans l’histoire de l’Humanité sur notre Chaîne, fille de celle de Lune.

Dans le tableau suivant, la figure 1 représente la Chaîne Lunaire de sept Globes au commencement de sa septième ou dernière Ronde, et la figure 2 montre la « Chaîne Terrestre », à venir, mais non encore en existence. Les sept Globes de chaque Chaîne sont distingués dans leur ordre cyclique par les lettres de A à G, et les Globes de la Chaîne Terrestre sont, en outre, marqués par une croix (+), le symbole de la Terre.

Or, il faut se rappeler que les Monades qui tournent en cercles autour d’une Chaîne septénaire sont divisées en sept Classes, ou Hiérarchies, selon leurs étapes respectives d’évolution, de conscience et de mérite. Suivons donc l’ordre de leur apparition sur le Globe A, dans la Première Ronde. Les espaces de temps qui séparent l’apparition de ces Hiérarchies sur un Globe sont si bien ajustées que lorsque la Classe 7, la dernière, apparaît sur le Globe A, la classe 1, la première, vient de passer sur le Globe B; et ainsi de suite, pas à pas, tout autour de la Chaîne.

De même, dans la Septième Ronde de la Chaîne Lunaire, lorsque la Classe 7, la dernière, quitte le Globe A, ce Globe, au lieu de sommeiller, comme dans les Rondes précédentes, commence à mourir (à entrer dans son Pralaya Planétaire) [ L’Occultisme classe les périodes de Repos (Pralaya) en différentes espèces : il y a le Pralaya Individuel de chaque Globe, qui s’établit au moment où l’humanité et la vie passent au globe suivant, ce qui fait sept Pralayas mineurs dans chaque Ronde; le Pralaya Planétaire, qui arrive lorsque les sept Rondes sont terminées; le Pralaya Solaire, qui vient lorsque le système entier prend fin; et, en dernier lieu, le Pralaya Universel, le Mahâ ou Brahmâ Pralaya, qui survient à la fin de l’Âge de Brahmâ. Tels sont les principaux Pralayas, ou «  périodes de destruction ». Il y a aussi plusieurs pralayas mineurs, mais nous n’avons pas à nous en occuper en ce moment. ] et, en mourant, il transfère successivement, comme nous venons de le dire, ses « principes », ou éléments de vie et d’énergie, etc., l’un après l’autre à un nouveau « centre-Laya » qui commence la formation d’un Globe A de la Chaîne terrestre.

Un processus semblable a lieu pour chacun des Globes de la Chaîne Lunaire dont chacun forme ainsi successivement un nouveau globe de la Chaîne Terrestre. Notre Lune était le quatrième globe de la série et se trouvait sur le même plan de perception que notre Terre. Mais le Globe A de la Chaîne Lunaire n’est pas entièrement « mort » avant que les premières Monades de la première Classe aient passé du Globe G ou Z, le dernier de la Chaîne Lunaire, dans le Nirvâna qui les attend entre les deux Chaînes; et il e est de même pour les autres Globes, chacun donnant naissance à un Globe correspondant de la Chaîne Terrestre.

Puis, lorsque le Globe A de la nouvelle Chaîne est prêt, la première Classe ou Hiérarchie de Monades de la Chaîne Lunaire s’incarne sur ce Globe, dans le règne le plus inférieur et ainsi de suite. Il en résulte que ce n’est que la première Classe de Monades qui atteint l’état humain de développement pendant la première Ronde, puisque la seconde Classe, sur chaque Globe, arrivant plus tard, n’a pas le temps d’arriver à ce niveau. Par conséquent, les Monades de la Classe II n’atteignent le début du stade humain  que dans la Seconde Ronde, et ainsi de suite, jusqu’au milieu de la Quatrième. Mais à ce point – et sur cette quatrième Ronde où se développera pleinement le stade humain – la « porte » qui conduit au règne humain se ferme, et à partir de ce moment le nombre de Monades « humaines », c’est-à-dire au stade de développement humain, est complet. Les Monades qui n’ont pas atteint à ce moment le stage humain se trouveront, par le fait de l’évolution même de l’Humanité, si en arrière, qu’elles n’atteindront le stage humain qu’à la fin de la Septième et dernière Ronde. Elles ne seront, par conséquent, pas des hommes sur cette Chaîne, mais elles formeront l’Humanité d’un Manvantara futur, et seront récompensées en devenant des « hommes » sur une Chaîne supérieure à la nôtre, recevant ainsi leur compensation Karmique. À cette règle, il n’y a qu’une seule exception, et elle est due à de très bonnes raisons dont nous parlerons plus tard. Mais ce qui précède rend compte de la différence des races.

On voit bien maintenant combien parfaite est l’analogie entre les procédés de la Nature dans le Kosmos et dans l’homme individuel. Ce dernier vit pendant son cycle de vie et meurt. Ses « principes supérieurs » qui, dans le développement d’une Chaîne Planétaire, correspondent aux Monades en évolution, passent en Dévachan, qui, lui, correspond au Nirvâna et aux états de repos qui existent entre deux Chaînes. Les « principes » inférieurs de l’homme sont avec le temps désintégrés, et la Nature s’en sert pour la formation de nouveaux principes humains; le même processus a lieu aussi dans la désintégration et dans la formation des Mondes. L’analogie est donc le guide le plus sûr pour la compréhension des enseignements occultes.

C’est là un des « sept mystères de la Lune », et le voilà maintenant révélé. Les sept «mystères »  sont nommés par les Japonais Yamabushis, mystiques de la secte Lao-Tzeu et moines ascètes de Kioto, les Dzenodu, les « Sept Bijoux ». Mais les ascètes et Initiés bouddhistes japonais et chinois sont, s’il est possible, encore moins disposés que les Hindous à donner leur « Savoir ».

Mais il ne faut pas que le lecteur perde les Monades de vue, ni qu’il tarde d’apprendre quelque chose de plus au sujet de leur nature, autant du moins que la chose n’entre pas dans les Mystères les plus élevés, car l’auteur n’a pas la prétention d’en connaître le dernier mot.

On peut diviser l’Armée Monadique en trois grandes classes :

1° Les Monades les plus développées – les Dieux lunaires ou « Esprits », appelés, en Inde, Pitris – dont la fonction est de passer, dans la Première Ronde, à travers le cycle triple des règnes minéral, végétal et animal, dans leurs formes les plus éthérées, pelliculaires et rudimentaires, afin d’assurer et d’assimiler la nature de la Chaîne nouvellement formée. Ce sont celles qui atteignent les premières la forme humaine – s’il peut toutefois y avoir des formes, dans le domaine de ce qui est presque subjectif – sur le Globe A, dans la Première Ronde. Ce sont elles, par conséquent, qui conduisent et représentent l’élément humain, pendant les Rondes Seconde et Troisième et qui évoluent finalement leurs ombres au commencement de la Quatrième Ronde, pour la seconde Classe ou celles qui les suivent.

2° Les Monades qui sont les premières à atteindre le stage humain pendant les trois premières Rondes et demie, et à devenir des « hommes ».

3° Les retardataires, les Monades en retard et qui, en raison d’obstacles Karmiques, n’atteindront pas le stage humain pendant notre Cycle ou Ronde, sauf une exception dont nous reparlerons plus tard comme nous l’avons promis.

[Nous avons été forcé d’employer ci-dessus le mot peu juste d’ « Hommes »; cela prouve clairement combien peu une langue européenne se prête à l’expression des distinctions subtiles.

Il tombe sous le sens que ces « Hommes » ne ressemblaient aux hommes de nos jours ni comme forme ni comme nature. Pourquoi donc, pourrait-on demander, les appeler alors des « Hommes »? Parce qu’il n’y a pas d’autre mot, dans aucune langue occidentale, pour rendre approximativement l’idée que l’on peut exprimer. Le mot « hommes » indique, du moins, que ces êtres étaient des « MANUS » [ Racine sanscrite – Man, penser, imaginer. ], des entités pensantes, quoique différant beaucoup en forme et en intellection de nous-mêmes. En réalité, ils étaient, en ce qui concerne la spiritualité et l’Intellection, plutôt des « dieux » que des « Hommes ».

La même difficulté de langage se rencontre lorsqu’on veut décrire les « stages » par lesquels passe la Monade. Métaphysiquement parlant, il est naturellement absurde de parler du « développement » d’une Monade ou de dire qu’elle devient « homme ». Mais la moindre tentative de conserver l’exactitude métaphysique dans l’emploi d’une langue occidentale quelconque nécessiterait au moins trois volumes de plus, et entraînerait tant de répétitions que cela deviendrait insupportable. Il va de soi qu’une Monade ne peut ni progresser ni même être affectée par les changements d’états par lesquels elle passe. Une monade est une chose qui n’est ni de ce monde ni de ce plan; elle ne peut être comparée qu’à une indestructible étoile de lumière et de feu divins jetée sur notre Terre comme une planche de salut pour les Personnalités dans lesquelles elle habite. C’est à ces dernières de s’y cramponner, et en participant à sa nature divine d’obtenir l’immortalité. Laissée à elle-même, la Monade ne s’accroche à personne, mais, comme une planche, elle dérive vers une autre incarnation, emportée qu’elle est par le courant infatigable de l’évolution.]

Mais l’évolution de la forme externe, ou corps, autour de l’astrale, est effectuée par les forces terrestres, tout comme dans le cas des règnes inférieurs; mais l’évolution de l’HOMME réel ou interne est purement spirituelle. Ce n’est plus alors un passage de la Monade impersonnelle dans les formes multiples  et variées de la matière, formes douées tout au plus d’instinct et de conscience sur un plan complètement différent, - comme dans le cas de l’évolution externe, mais c’est un voyage de l’ « Âme Pèlerine » à travers des états variés non seulement de matière, mais de soi-conscience et de soi-perception, ou perception émanée de l’aperception.

La monade sort de son état d’inconscience spirituelle et intellectuelle, et sautant les deux premiers plans, - trop près de l’ABSOLU pour avoir une corrélation avec quoi que ce soit sur un plan inférieur, - elle arrive directement sur le plan de la Mentalité. Mais il n’y a pas de plan dans tout l’univers qui ait une marge plus large ou un plus grand champ d’action que ce plan mental avec ses gradations presque sans fin de qualités perceptives et aperceptives, et il possède, en outre, une région inférieure convenant à chaque « forme », de la Monade Minérale à la même Monade arrivée au moment où l’évolution l’a fait s’épanouir et devenir la MONADE DIVINE. Mais, pendant tout ce temps, elle est toujours une seule et même Monade, ne différant que par ses incarnations et grâce aux cycles successifs qu’elle traverse d’obscuration partielle ou totale de l’esprit ou de la matière – deux antithèses polaires – selon qu’elle monte vers le royaume de la spiritualité mentale ou qu’elle descend dans les profondeurs de la matérialité.

Revenons au Bouddhisme Ésotérique. La seconde déclaration se rapporte à l’énorme période qui intervient entre l’époque minérale sur le Globe A et l’époque de l’homme [l’expression « époque de l’Homme » étant amenée par la nécessité de donner un nom à ce quatrième règne qui suit l’animal, quoique, en vérité, l’« Homme », sur le Globe A, pendant la Première Ronde, ne soit pas l’homme, mais seulement son prototype, son image sans dimensions venue des régions astrales]. Voici le passage en question:

Le développement complet de l’âge minéral sur le Globe A prépare la voie au développement végétal, et aussitôt que celui-ci commence, l’impulsion vitale minérale se déverse sur le Globe B. Lorsque le développement végétal sur le Globe A est complet et que le développement animal y commence, l’impulsion vitale végétale submerge le Globe B, tandis que l’impulsion minérale passe sur le Globe C. C’est alors que, finalement, vient l’impulsion de vie humaine sur le Globe A.

Et c’est ainsi que l’onde vitale se propage pendant trois Rondes, jusqu’au moment où elle ralentit sa marche et finalement s’arrête sur le seuil de notre Globe, dans la Quatrième Ronde : elle s’arrête parce que la période humaine (du véritable homme physique à venir), la septième, est maintenant atteinte. C’est évident, car il est dit qu' :

Il existe des processus évolutifs qui précèdent le règne minéral, et par conséquent une vague – des vagues plutôt – d’évolution précède l’onde minérale dans sa marche autour des sphères.

Nous devons citer maintenant un autre article : « La Monade Minérale », de Five Years of Theosophy :

Il y a sept règnes. Le premier de leurs groupes comprend trois degrés d’élémentals, ou centres naissants de forces - depuis le premier stade de différenciation de Mûlaprakriti [ou plutôt de Pradhâna, la Matière Primordiale Homogène] jusqu’à son troisième degré – c’est-à-dire, de la pleine inconscience à la semi-perception; le second – groupe plus élevé – embrasse les règnes compris entre les végétaux et l’homme; le règne minéral forme ainsi le point central, ou tournant, dans les degrés de l’ « Essence monadique » considérée comme une énergie en évolution. Trois stades [sous-physiques] du côté élémental, le règne minéral, trois stades du côté objectif physique [ « Physique » veut dire différencié pour des buts et des travaux cosmiques; malgré tout, ce côté physique », quoique objectif à l’aperception des êtres des autres plans, est tout de même subjectif pour nous, sur notre plan ] : tels sont les sept chaînons [premiers ou préliminaires] de la chaîne évolutive [ Page 276 et seq. ]

« Préliminaires », venons-nous de dire, parce qu’ils sont préparatoires, et quoiqu’ils appartiennent, en fait, à l’évolution naturelle, il serait plus correct de dire qu’ils sont de l’évolution sous-naturelle. Ce processus s’arrête au troisième de ses stades, sur le seuil du quatrième, quand il devient, sur le plan de l’évolution naturelle, la première étape réelle vers l’homme et il forme ainsi, avec les trois règnes élémentals les dix, le nombre Séphirotal. C’est à ce point que commence :

Une descente de l’esprit dans la matière équivalente à une ascension dans l’évolution physique : sa remontée des profondeurs les plus basses de la matérialité (le minéral) vers son statu quo ante, avec une dispersion correspondante dans son côté organique concret – jusqu’à Nirvâna, le point de disparition de la matière différenciée [ Page 276 et seq. ].

Il est dès lors évident pourquoi ce qu’on appelle avec raison, dans le Bouddhisme Ésotérique, « une vague d’évolution » et une « impulsion minérale, végétale, animale et humaine », s’arrête au seuil de notre globe, à sa Quatrième Ronde ou Cycle. C’est à ce point que la Monade Cosmique (Buddhi) s’unit au Rayon Atmique et en devient le véhicule, c'est-à-dire que Buddhi s’éveille à une aperception d’Atman et fait alors le premier pas sur une nouvelle échelle septénaire d’évolution qui doit le conduire, plus tard, au dixième (en comptant de bas en haut) de l’arbre Séphirotal – la Couronne.

Tout dans l’Univers suit l’analogie. « En bas, comme en haut »; l’Homme est le microcosme de l’Univers. Ce qui a lieu sur le plan spirituel se répète sur le plan Cosmique. La concrétion suit les lignes d’abstraction; il faut que le plus inférieur corresponde au plus élevé, le matériel au spirituel. Ainsi, correspondant à la Couronne Séphirotale, ou Triade Supérieur, se trouvent les trois règnes élémentals qui précèdent le minéral [ Voir le tableau, op. cit. p. 277.], et qui, pour employer le langage des kabalistes, correspondent, dans la différenciation cosmique, aux Mondes de la Forme et de la Matière, depuis le Super-Spirituel jusqu’à l’Archétypique.

Qu’est-ce qu’une Monade? Et quelles sont ses relations avec l’Atome? La réponse qui suit est basée sur les explications données sur ces questions dans l’article précité. « The Mineral Monad » écrit par l’auteur. À la seconde question on répond :

La monade n’a aucune relation avec l’atome ou la molécule tels que les conçoit actuellement la science. On ne peut ni la comparer aux organismes microscopiques autrefois classés parmi les infusoires polygastriques et que l’on comprend maintenant parmi les végétaux dans la classe des algues, ni admettre que ce soit le Monas des Péripatéticiens. Physiquement ou constitutionnellement, la Monade Minérale diffère sans doute de la Monade humaine, qui n’est pas physique et dont la constitution ne peut être représentée par des symboles et des éléments chimiques [ Op. cit., pp. 273-274 ].

En un mot, de même que la Monade Spirituelle est Une, Universelle, Sans Bornes et Sans Parties, bien que ses Rayons forment ce que, dans notre ignorance, nous appelons les « Monades Individuelles » des hommes, de même la Monade Minérale – étant à l’arc opposé du cercle – est aussi Une, et d’elles procèdent les innombrables atomes physiques que la Science commence à regarder comme individualisés.

Sinon, comment pourrait-on expliquer mathématiquement le progrès évolutif et la marche spiroïdale des quatre règnes? La Monade est la combinaison des deux derniers principes de l’homme, le sixième et le septième, et, pour parler exactement, le mot « Monade Humaine » ne s’applique qu’à l’Âme Double (Atmâ Buddhi) et non à son seul principe supérieur, le spirituel et vivifiant Atmâ. Mais comme l’âme spirituelle, séparée de ce dernier (Atmâ), ne peut exister, elle a été ainsi nommée …

Or, l’Essence Monadique ou plutôt Cosmique, si l’on peut employer ce terme, quoique la même dans les règnes minéral, végétal et animal, à travers la série des cycles depuis le règne élémental le plus inférieur jusqu’aux Dévas, diffère cependant selon l’échelle de sa progression. Ce serait se tromper que d’imaginer la Monade comme une Entité séparée, s’acheminant lentement sur un sentier distinct à travers les règnes inférieurs et s’épanouissant, après une série incalculable de transformations, en un être humain, comme, par exemple, si la Monade d’un Humboldt provenait de celle d’un atome d’amphibole. Au lieu de dire « Monade Minérale », il aurait fallu, pour employer la phraséologie plus correcte de la Science Physique qui différencie chaque atome, s’exprimer autrement et dire la « Monade en manifestation dans cette forme de Prakriti appelée le Règne Minéral », L’atome, tel, qu’il est représenté dans l’hypothèse scientifique ordinaire, n’est pas une particule de quelque chose, animée par un quelque chose psychique destiné, après des âges, à s’épanouir en un homme. C’est une manifestation concrète de l’Énergie Universelle, non encore individualisée, une manifestation subséquente de l’Unique Monas Universel. L’Océan de la Matière ne se divise pas en ses gouttes potentielles et constituantes avant que l’onde de l’impulsion vitale atteigne le stade évolutif humain. La tendance vers la ségrégation en Monades individuelles est graduelle, et dans les animaux supérieurs elle arrive presque à point. Les Péripatéticiens appliquaient le mot Monas au Kosmos entier et dans le sens panthéiste; les Occultistes tout en acceptant cette pensée pour la commodité, distinguent les stades progressifs de l’évolution de l’abstrait au concret par des termes spéciaux comme « Monade Minérale, Végétale et animale, etc. ». L’expression veut dire simplement que le flot de l’évolution spirituelle passe à travers cet arc de son circuit. « L’Essence Monadique » commence à se différencier imperceptiblement  vers la conscience individuelle dans le règne végétal. Les monades étant des choses non composées, comme Leibnitz le définit avec justesse, c’est l’Essence Spirituelle qui les vivifie dans leurs divers degrés de différenciation qui constitue, à proprement parler, la Monade et non l’agrégation atomique, qui, elle n’est que le véhicule, la substance à travers laquelle vibrent les degrés inférieurs et supérieurs de l’intelligence [ Op. cit., 274-275. ].

Leibnitz considérait les Monades comme des unités élémentaires et indestructibles, douées du pouvoir de donner aux autres  unités et de recevoir d’elles et de déterminer ainsi tous les phénomènes spirituels et physiques. C’est lui qui inventa le terme « aperception » qui, avec celui de sensation (non pas de perception) nerveuse, exprime l’état de la conscience Monadique à travers tous les règnes, jusqu’à l’Homme.

Il se peut ainsi qu’il soit incorrect, au point de vue purement métaphysique, d’appeler Atmâ-Buddhi une MONADE, puisque, au point de vue matériel, Atmâ-Buddhi est double, et par conséquent composé. Mais la Matière est l’Esprit, et vice versa; l’Univers et la Divinité qui l’animent ne peuvent être imaginés comme séparés et il en est de même pour l’Atmâ-Buddhi. Ce dernier est le véhicule du premier; Buddhi est, par rapport à Atmâ, ce qu’Adam-Kadmon, le Logo kabalistique, est pour Ain Soph, ou Mûlaprakriti à Parabrahman.

Disons encore quelques mots de la Lune.

On peut demander ce que sont les « Monades Lunaires » dont nous venons de parler. La description des sept Classes de Pitris viendra plus tard, mais nous pouvons donner maintenant quelques explications générales. On voit bien que ce sont des Monades qui ayant fini leur Cycle de Vie, sur la Chaîne Lunaire – chaîne inférieure à la Chaîne Terrestre – se sont incarnées sur cette dernière. Mais on peut donner d 'autres détails, quoiqu’ils frisent trop le terrain défendu pour qu’on en traite pleinement. On ne divulgue le dernier mot du mystère qu’aux Adeptes, mais nous pouvons dire ici que notre satellite n’est que le corps grossier de ses principes invisibles. Puisqu’il y a sept Terres, de même il y a sept Lunes dont la dernière seule est visible; il en est de même pour le Soleil dont le corps visible est appelé une Mâyâ, une réflexion, tout comme l’est le corps d’un homme. « Le vrai Soleil et la vraie Lune sont aussi invisibles que l’homme réel », dit une maxime Occulte.

Et l’on peut remarquer, en passant, que ces Anciens n’étaient pas si fous qu’on a pu le croire lorsqu’ils parlèrent pour la première fois de « Sept Lunes ». Car, bien que cette conception ne soit prise maintenant que comme une mesure astronomique du temps et sous une forme très matérialisée, cependant sous la surface grossière on peut encore reconnaître les traces d’une idée profondément philosophique.

En réalité, la Lune n’est le satellite de la Terre que sous un aspect seulement, c’est-à-dire que, physiquement, la Lune tourne autour de la Terre. Mais à tous autres égards, c’est la Terre qui est le satellite de la Lune et pas le contraire. Quelque surprenant que cela puisse paraître, on peut en avoir quelque confirmation dans la science ordinaire – le fait est indiqué par les marées, par les changements cycliques qui surviennent dans plusieurs maladies qui coïncident avec les phases lunaires; par la croissance des plantes, et surtout par les phénomènes de la conception et de la gestation humaines. L’importance de la Lune et son influence sur la Terre étaient reconnues dans toutes les religions anciennes, surtout par la religion juive, et ont été observées par plusieurs étudiants des phénomènes psychiques et physiques. Mais, pour la Science, l’action de la Terre se bornerait à l’attraction physique, ce qui serait cause que la Lune tourne dans notre orbite. Si un critique insiste pour dire que ce fait est, à lui seul, un témoignage suffisant pour prouver que la Lune est vraiment le satellite de la Terre même sur d’autres plans d’action, on peut lui répondre en lui demandant si une mère qui tourne autour du berceau de son enfant pour veiller sur lui, lui est subordonnée ou dépend de lui? Quoique, dans un sens, elle soit son satellite, assurément elle est plus âgée et plus développée que l’enfant sur lequel elle veille.

C’est par conséquent la Lune qui prend la plus grande et plus importante part et dans la formation de la Terre et dans son peuplement en êtres humains. Les Monades Lunaires ou Pitris, ancêtres de l’homme, deviennent en réalité l’homme lui-même. Ce sont les Monades qui entrent dans le cycle d’évolution sur le Globe A, et qui, passant autour de la Chaîne des Globes, évoluent la forme humaine, comme on vient de le montrer. Au commencement du stade humain, dans la Quatrième Ronde, sur ce Globe, ils (les Pitris) « extériorisèrent » leurs doubles astrals tirés des formes « simiesques » qu’ils avaient évoluées dans la Troisième Ronde, et c’est cette forme subtile et fine qui constitua le modèle autour duquel la Nature construisit l’homme physique. Ces Monades, ou Étincelles Divines, sont par conséquent les Ancêtres Lunaires, les Pitris eux-mêmes; car ces Esprits Lunaires doivent devenir des « Hommes », afin que leurs Monades puissent atteindre un plan d’activité et de soi-conscience plus élevé, c'est-à-dire le plan des Mânasa-Putras – de ces êtres qui, dans la dernière partie de la troisième Race-Racine, douent de « mental » les coques « dépourvues de sens » que les Pitris avaient créées et animées.

De même, les Monades, ou Egos des hommes de la Septième Ronde de notre Terre, après que nos Globes A, B, C, D, etc., perdant leur énergie vitale, auront animé, appelé à la vie d’autres centres laya destinés à vivre et à agir sur un plan d’existence plus élevé encore, deviendront les Ancêtres terrestres et créeront ceux qui deviendront leurs supérieurs.

Il est maintenant clair qu’il existe, dans la Nature, un triple schéma évolutif pour la formation des trois Upâdhis périodiques – ou plutôt trois schémas enchevêtrés et combinés d’une façon inextricable dans notre système. Ce sont les Évolutions Monadiques (ou Spirituelle), Intellectuelle et Physique. Ces trois sont les aspects finis, les réflexions sur le champ de l’Illusion Cosmique, d’ATMA, le septième, la RÉALITÉ UNIQUE.

1. L’évolution Monadique, comme l’implique le mot, concerne la croissance et le développement en des phases supérieurs d’activité des Monades en conjonction avec :

2. L’évolution Intellectuelle, représentée par les Mânasa-Dhyânis (les Dévas Solaires, ou Pitris Agnishvâtta), « ceux qui donnent à l’homme l’intelligence et la conscience », et avec :

3. L’Évolution Physique, représentée par les Chhâyâs des Pitris Lunaires, autour desquels la Nature a formé le corps physique actuel. Ce corps sert de véhicule à la « croissance » (pour se servir d’un mot trompeur) et aux transformations – à travers Manas, et grâce à l’accumulation des expériences – du Fini en l’INFINI, du Passager en L’Éternel et l’absolu.

Chacun de ces trois systèmes a ses lois propres et se trouve réglé et guidé par des groupes différents de très hauts Dhyânis ou Logoï. Chacun de ces systèmes est représenté dans la constitution de l’homme, le Microcosme du grand macrocosme, et c’est l’union en lui de ces trois courants qui le fait l’être complexe qu’il est maintenant.

La « Nature », pouvoir évolutif physique, ne pourrait jamais à elle seule évoluer l’Intelligence; elle ne peut créer que des « formes dépourvues de sens », comme on le verra dans notre ANTHROPOGENÈSE. Les Monades Lunaires ne peuvent pas progresser, parce qu’elles n’ont pas encore été assez longtemps en rapport avec les formes créées par la « Nature » pour avoir pu, grâce à ses moyens, accumuler des expériences. Ce sont les Mânasa-Dhyânis qui, dans la Ronde actuelle, comblent la brèche, et qui représentent le pouvoir évolutif de l’Intelligence et du Mental, le lien entre l’Esprit et la Matière.

Il faut aussi se rappeler que les Monades qui entrent dans le cycle évolutif sur le Globe A, pendant la première Ronde, sont dans des états de développement très différents. Par conséquent le sujet en devient un peu compliqué. Récapitulons :

Les plus développées, les Monades Lunaires, atteignent le stade germinal humain dans la Première Ronde; elles deviennent des êtres humains terrestres, quoique très éthérés, vers la fin de la Troisième Ronde, restent sur le Globe pendant sa période d’ « obscuration » comme semence de l’humanité future de la Quatrième Ronde, et deviennent, par conséquent, les pionniers de l’Humanité au commencement de notre Quatrième Ronde. D’autres Monades n’atteignent l’état humain que dans les Rondes suivantes, c’est-à-dire dans la Seconde, la Troisième ou dans la première moitié de la Quatrième. Et finalement, les plus en retards – c'est-à-dire celles qui occupent encore des formes animales après le point tournant de la Quatrième Ronde – ne deviendront pas des hommes pendant ce Manvantara. Elles n’atteindront les confins de l’humanité que vers la fin de la Septième Ronde, et seront, à leur tour, conduites sur une nouvelle Chaîne, après le Pralaya, par des pionniers plus anciens qu’elles, par les progéniteurs de l’Humanité, ceux qu’on a nommés l’Humanité-Semence (Shishta), c'est-à-dire les hommes qui seront entièrement à la tête de tout à la fin de ces Rondes.

L’étudiant n’a dès lors guère besoin d’explication sur le rôle joué par le Quatrième Globe et par la Quatrième Ronde, dans le schéma de notre évolution.

D’après les tableaux précédents qu’on peut appliquer, mutatis mutandis, aux Rondes, Globes ou Races, on verra que le quatrième membre d’une série occupe une position toute particulière; contrairement aux autres, le Quatrième Globe n’a pas de Globe « frère » sur le plan qu’il occupe, et il forme, par conséquent, le couteau de la « balance » représentée par la Chaîne entière. C’est la sphère de l’ajustement évolutif final, le monde de la balance Karmique, la Salle de Justice où se fait la pesée qui détermine la course future de la Monade, pendant le reste de ses incarnations dans ce Cycle. Et telle est la raison pour laquelle, après que ce point central ait été dépassé dans le Grand Cycle – c’est-à-dire après le point médian de la Quatrième race, dans la Quatrième Ronde, sur notre Globe – il ne peut plus entrer de Monades dans le règne humain. La porte est fermée pour ce Cycle, et la balance est faite. Car s’il en était autrement, si une âme nouvelle était créée pour chacun des innombrables milliards d’êtres humains qui sont morts et s’il n’y avait pas eu de réincarnation – il serait, en vérité, difficile de trouver de la place pour les « esprits » sans corps; et l’on ne pourrait donner une raison à l’origine et à la cause de la souffrance. C’est l’ignorance des données Occultes et l’accumulation des fausses conceptions inculquées sous le couvert de l’éducation religieuse qui ont créé le Matérialisme et l’Athéisme comme pour protester contre ce prétendu ordre divin des choses.

Les seules exceptions à la règle que nous venons de donner sont les « races muettes » dont les Monades sont déjà arrivées au stade humain, en vertu du fait que ces « animaux » sont postérieurs à l’homme et sont même à moitié ses descendants; leurs derniers et plus avancés spécimens sont les singes anthropoïdes et quelques autres singes. Ces « représentations humaines » ne sont en vérité que les copies contrefaites de l’humanité primitive, mais ce point particulier recevra un supplément d’information dans l’un des Volumes suivants.

Comme le dit, à grands traits, le Commentaire :

I. « Chaque forme sur la terre et chaque grain [atome] dans l’Espace tend, par ses efforts vers la soi-formation, à suivre le modèle pour lui dans l’ « HOMME CÉLESTE »…

« …L’involution et l’évolution de l’atome, sa croissance externe et interne, et son développement, ont tous un seul et même objet : l’Homme; l’Homme qui est, sur cette Terre, la forme physique ultime la plus élevée; la MONADE dans sa totalité absolue et dans sa condition d’éveil – comme le point culminant des incarnations divines sur la Terre.

II. « Les Dhyânis [Pitris] sont ceux qui ont évolué leurs Bhûta [doubles] d’eux-mêmes; leur RUPA [Forme] est devenue le véhicule des Monades [Septième et Sixième Principes] qui ont complété leur cycle de transmigration dans les trois Kalpas [Rondes] précédentes. Alors, eux [les Doubles Astrals] devinrent les hommes de la première Race Humaine de la Ronde. Mais ils n’étaient pas complets, ils étaient dépourvus de sens.

On expliquera cela plus loin. En attendant, l’homme – ou plutôt sa Monade – a existé sur Terre dès le commencement de cette Ronde. Mais jusqu’à notre Cinquième Race, les formes externes qui couvraient ces Doubles Astrals divins ont changé et se sont consolidées avec chaque sous-race; la forme et la structure physique de la faune changent en même temps; parce qu,elle doit s’adapter aux conditions sans cesse changeantes de la vie sur ce Globe, pendant les périodes géologiques de son cycle formatif. Et ces changements continueront avec chaque race-Racine et chaque sous-race principale, jusqu’à la dernière de la septième Race de cette Ronde.

III. « L’homme intérieur, maintenant caché, était alors, [dans les commencements] l’homme externe. Progéniture des Dhyânis [Pitris], il était « le fils semblable à son père ». Comme le lotus dont la forme extérieure prend peu à peu la forme du modèle qui se trouve au-dedans de lui, ainsi la forme de l’homme, au commencement, évoluait de dedans en dehors. Après ce cycle dans lequel l’homme commença à procréer son espèce comme le fait actuellement le règne animal, cela changea. Le fœtus humain suit maintenant, dans ses transformations, toutes les formes que le corps physique de l’homme a prises à travers les trois Kalpas [Rondes] pendant les efforts que la matière dépourvue de ses (à cause de son imperfection) fit, dans ses aveugles errements, pour recouvrir la Monade. Dans l’âge actuel, l’embryon physique est successivement une plante, un reptile et un animal, avant de devenir un homme évoluant en lui-même, à son tour, sa contrepartie éthérée. C’est cette contrepartie [l’homme astral] qui, au commencement, se prit dans les mailles du filet de la matière parce qu’il était dépourvu de sens. »

Mais cet « homme » appartient à la Quatrième Ronde. Comme on l’a vu, la MONADE a passé, a voyagé et a été emprisonné dans chaque forme transitoire, à travers chaque règne de la nature, pendant les trois Rondes précédentes. Mais la Monade, qui devient humaine, n’est pas l’homme. Dans cette Ronde – à l’exception des mammifères les plus élevés (après l’homme), les anthropoïdes, qui doivent disparaître pendant notre race actuelle, lorsque leurs Monades seront libérées et passeront dans les formes astrales humaines, ou les élémentals les plus élevés, des Sixième et Septième Races et ensuite dans les formes humaines les plus inférieures de la Cinquième Ronde – il n’est plus d’unités dans les divers règnes qui soient animées par des Monades destinées à devenir humaines dans leur stade suivant : elles sont animées seulement par les Élémentals les plus bas de leurs règnes respectifs. [Ces « Élémentals » ne deviendront des Monades à leur tour qu’au prochain grand Manvantara planétaire.]

 Et, en fait, la dernière Monade humaine s’incarna avant le commencement de la cinquième Race-Racine. La nature ne se répète jamais : aussi, les anthropoïdes actuels ont commencé au milieu de la période Miocène, comme toutes les races croisées, à montrer une tendance, de plus en plus marquée avec le temps, à retourner vers le type de leurs premiers parents, le Lémuro-Atlantéen gigantesque, noir et jaune. Il est inutile de chercher le  « chaînon manquant ». Dans des millions d’années, nos races modernes, ou plutôt leurs fossiles, apparaîtront aux savants de la Sixième Race-Racine comme les restes de petits singes insignifiants – une espèce éteinte du genus homo.]

Ces anthropoïdes forment une exception rare parce qu’ils n’entraient pas dans le plan de la Nature et sont le produit direct de la création de l’homme « dépourvu de sens ». Les Hindous attribuent une origine divine aux singes, parce que les hommes de la Troisième Race étaient des dieux d’un autre plan, devenus des mortels « dépourvus de sens ». On a déjà effleuré ce sujet dans Isis Dévoilée, il y a douze ans, aussi clairement qu’il était alors possible. On conseille au lecteur de s’adresser aux Brâhmanes pour savoir la raison des égards qu’ils ont pour les singes :

«  Le lecteur apprendrait peut-être – si les Brâhmanes le jugeaient digne d’une explication – que l’Hindou ne voit dans le singe que ce que Manou voulait qu’il y vît : la transformation d’une espèce très directement liée avec celle de la famille humaine, une branche bâtarde greffée sur la souche avant la perfection finale de cette dernière. Il pourrait apprendre, en outre, qu’aux yeux du « païen » instruit, l’homme spirituel ou interne est une chose, et son coffre terrestre et physique une autre chose. Que la nature physique, cette immense combinaison de corrélations de forces physiques toujours en route vers la perfection, doit se servir des matériaux qu’elle a sous la main : elle modèle et remodèle sans cesse au fur et à mesure qu’elle avance dans son oeuvre et, en couronnant cette oeuvre par l’homme, elle présente ce dernier comme le seul tabernacle digne d’être obombré par l’Esprit divin. » On parle aussi, dans une note au bas de la page, d’un livre allemand scientifique où il est dit : « Un Savant hanovrien a publié récemment un ouvrage intitulé : Ueber die auflösung der Arten durch Natürlich Zuchtwahl, dans lequel il démontre, avec beaucoup d’ingéniosité, que Darwin se trompait sérieusement en faisant descendre l’homme du singe, et il maintient, au contraire, que c’est le singe qui est évolué de l’homme. Il montre qu’au commencement l’humanité était moralement et physiquement le type et le prototype de notre race actuelle et de [notre] dignité humaine par la beauté de la forme, la régularité des traits, le développement du crâne, la noblesse des sentiments, les impulsions héroïques et la grandeur des conceptions idéales. C’est là une philosophie purement brâhmanique, bouddhiste et kabaliste. Son livre est illustré de nombreux tableaux, etc. Il affirme que la dégradation graduelle, morale et physique de l’homme peut être facilement retrouvée à travers les transformations ethnologiques jusqu’à nos jours. Et que, de même qu’une partie de l’espèce humaine a déjà dégénéré en singes, l’homme civilisé actuel sera finalement remplacé, sous l’action de l’Inéluctable loi de nécessité, par de semblables descendants. Si nous jugions de l’avenir par le présent, il ne semblerait vraiment pas impossible qu’une race aussi peu spirituelle et aussi matérialiste que nos savants pût finir comme singes plutôt que comme séraphim. »

Hâtons-nous de dire que, bien que les singes soient descendants de l’homme, il n’est certainement pas vrai que la Monade humaine, lorsqu’elle atteint le niveau de l’Humanité, s’incarne de nouveau dans la forme d’un animal.

Le cycle de la « métempsycose » pour la Monade humaine est clos, car nous sommes dans la Quatrième Ronde et dans la Cinquième Race-Racine. Le lecteur doit se rappeler, celui du moins qui a lu le Bouddhisme Ésotérique, que les STANCES qui suivent dans ce volume et dans les suivants ne parlent que de l’évolution dans notre Quatrième Ronde. Cette dernière est le cycle du point tournant, après lequel la matière, ayant atteint son point le plus inférieur, commence à faire des efforts pour se spiritualiser avec chaque nouvelle race et chaque cycle nouveau. Par conséquent, l’étudiant doit veiller à ne pas voir de contradictions là où il n’y en a pas, car dans le Bouddhisme Ésotérique on parle des Rondes en général, tandis qu’ici nous ne traitons que de la Quatrième Ronde, la nôtre, la ronde actuelle. Dans ce premier livre, il est question du travail de formation; ici, au contraire, de celui de réformation et de perfection évolutive.

Finalement, pour terminer cette digression issue de diverses conceptions erronées et, d’ailleurs, inévitables, nous devons citer une déclaration du Bouddhisme Ésotérique qui a produit une fatale impression sur l’esprit de plusieurs Théosophes. Une phrase malheureusement tirée de cet ouvrage est constamment mise en avant pour prouver le matérialisme de la doctrine qu’il contient. L’auteur, en parlant du progrès des organismes sur les Globes, dit que :

« Le règne minéral ne peut pas plus développer le règne végétal… que la terre ne peut développer l’homme du singe avant qu’elle n’ait reçu une impulsion. »

Cette phrase rend-elle littéralement la pensée de l’auteur, ou n’est-elle, comme nous le croyons, qu’un lapsus calami? La question reste ouverte.

Nous avons constaté avec une véritable surprise le fait que le Bouddhisme Ésotérique a été si peu compris par quelques théosophes qu’il a permis de croire qu’il soutenait entièrement le système d’évolution de Darwin et particulièrement la théorie de la descente de l’homme d’un ancêtre pithécoïde. Comme l’a écrit l’un de nos membres : « Je suppose que vous vous rendez compte que les trois quarts des Théosophes, et même beaucoup de personnes du dehors, s’imaginent qu’en ce qui concerne l’évolution de l’homme, le Darwinisme et la Théosophie sont d’accord. » Rien de tel n’a été compris et, autant que nous sachions, il n’y a pas grand-chose dans le Bouddhisme Ésotérique qui puisse l’étayer. On a bien des fois répété que l’évolution, telle qu’elle a été enseignée par Manou et Kapila, était le terrain d’action des enseignements modernes, mais ni l’Occultisme, ni la Théosophie n’ont jamais soutenu les théories brutales des Darwinistes actuels – et moins que toute autre chose l’ascendance simiesque de l’homme : nous reparlerons de cela plus tard. Mais nous n’avons qu’à lire la page 47 du livre en question pour voir que l’auteur dit :

« L’homme appartient à un règne entièrement distinct de celui des animaux. »

Après une déclaration aussi nette et aussi peu équivoque, il est étrange que des étudiants attentifs aient pu se tromper, à moins qu’ils aient voulu accuser l’auteur de contradiction flagrante.

Chaque Ronde répète le travail évolutif de la Ronde précédente, dans une gamme plus élevée. Et, sauf pour quelques anthropoïdes supérieurs, comme nous l’avons dit, le flot Monadique ou évolution interne est arrêté jusqu’au Manvantara prochain. On ne peut trop souvent répéter qu’il faut liquider les Monades humaines pleinement épanouies avant qu’une nouvelle moisson de candidats apparaisse sur ce globe, au commencement du Cycle suivant. Il y a donc une pause; et c’est pourquoi, dans la Quatrième Ronde, l’homme apparaît sur la terre avant toute création animale, comme nous le dirons.

Mais on affirme toujours que l’auteur du Bouddhisme Ésotérique a sans cesse « prêché le Darwinisme ». Il est vrai que certains passages semblent se prêter à cette conclusion. De plus les Occultistes eux-mêmes sont disposés à accorder quelque exactitude partielle à l’hypothèse de Darwin, en ce qui concerne des détails ultérieurs de certaines parties secondaires de l’Évolution après le point médian de la Quatrième Race. De ce qui a eu lieu, la Science Physique ne peut vraiment rien savoir, car de tels sujets sont entièrement en dehors de la sphère d’investigation. Mais ce que les Occultistes n’ont jamais admis, ni n’admettrons jamais d’ailleurs, c’est que l’homme ait été un singe dans cette Ronde ou dans tout autre Ronde, ou qu’il ait jamais pu l’être, quelque simiesque qu’il ait pu être. Cela est certifié par l’autorité même dont l’auteur du Bouddhisme Ésotérique a tiré son information.

Par conséquent, à ceux qui s’opposent aux occultistes les lignes suivantes du volume que nous venons de citer :

« il suffit de montrer que nous pouvons raisonnablement – et que nous le devons même, si nous voulons parler de cette question – concevoir que l’impulsion vitale qui donne naissance aux formes minérales, soit de même nature que l’impulsion qui élève une race de singes en une race d’hommes rudimentaires ».

À ceux qui tireraient argument de ce passage comme démontrant un « Darwinisme ferme », les Occultistes répondront par l’explication même du Maître, Instructeur de M. Sinnett, qui contredirait ces lignes, si elles avaient été écrites dans l’esprit qu’on leur attribue. Une copie de cette lettre fut envoyée, il y a deux ans (1886), à l’auteur du présent ouvrage avec d’autres lettres et des annotations marginales, pour en user dans la rédaction de la DOCTRINE SECRÈTE.

Cette lettre commence par considérer les difficultés que rencontre l’étudiant occidental pour concilier quelques faits précédemment indiqués avec l’évolution humaine venant de l’animal, c'est-à-dire des règnes minéral, végétal et animal, et elle conseille à l’étudiant de se référer à la doctrine de l’analogie et des correspondances. Elle touche alors au mystère des Dévas et même des Dieux qui doivent passer par des états qu’il est convenu d’appeler « Immétalisation, Inherbation, Inzoonisation, et finalement Incarnation »; elle explique, en parlant ainsi à mots couverts, la nécessité des insuccès, même dans les races éthérées des Dhyân Chôhans. Voici ce qu’elle dit à ce propos :

« Ces insuccès ont trop progressé et sont trop spiritualisés pour être rejetés de force de l’état Dhyân Chohanique dans le tourbillon d’une nouvelle évolution primordiale à travers les règnes inférieurs. » [ The Mahatma Letters, p. 87. ]

Après cela, une seule allusion est faite au sujet du mystère contenu dans l’allégorie des Asuras tombés, allégorie dont il sera parlé en détail dans un des volumes suivants.

« Lorsque le Karma les atteint, au stade de l’évolution humaine, ils doivent boire jusqu’à la dernière goutte la coupe amère de la rétribution. C’est alors qu’ils deviennent une Force active et se mêlent avec les Élémentals – entités avancées du règne animal pur – pour développer peu à peu le type parfait de l’humanité » [ The Mahatma Letters, p. 87. ]

Ces Dhyân Chôhans, comme nous le voyons, ne passent pas à travers les trois règnes, comme le font les Pitris inférieurs, et ils ne s’incarnent pas non plus dans les hommes avant la Troisième Race-Racine. Par conséquent, suivant l’enseignement :

« Ronde I. [ L’homme, dans la Première Ronde et dans la première race, sur le Globe D, notre Terre, était] un être éthéré [un Dhyâni Lunaire, comme homme] non intelligent, mais super-spirituel; et par conséquent, selon la loi de l’analogie, il était ainsi dans la Première Race de la Quatrième Ronde. Dans chacune des races et sous-races suivantes…il devient de plus en plus un être emprisonné, ou incarné, mais toujours avec prépondérance éthérée … Il est sans sexe et, comme l’animal et le végétal, il développe des corps monstrueux, en correspondance avec son entourage grossier.

« Ronde II. L’homme est encore gigantesque et éthéré, mais il devient plus ferme et plus condensé dans son corps; c’est un homme plus physique. Pourtant encore moins intelligent que spirituel, (a) car le mental est d’une évolution plus lente et plus difficile que la forme physique…

« Ronde III. Il a maintenant un corps parfaitement concret ou compact; c’est d’abord la forme d’un singe géant et plus intelligent, ou plutôt plus rusé que spirituel. Car, sur l’axe descendant, il a maintenant atteint un point où sa spiritualité primordiale est éclipsée et obombrée par la mentalité naissante. (b) Dans la seconde moitié de la Troisième Ronde, sa stature gigantesque décroît, et son corps se modifie dans sa texture; il devient un être plus rationnel, quoique encore plus un singe qu’un Déva… [Tout cela se répète presque exactement dans la Troisième Race-racine de la Quatrième Ronde].

« Ronde IV. L’intelligence a un développement énorme dans cette Ronde. Les races [jusqu’ici] muettes acquièrent sur ce Globe notre parole humaine [actuelle], et, depuis la Quatrième Race, le langage est perfectionné et la connaissance s’accroît. À ce point médian de la Quatrième Ronde [comme de la Quatrième Race-Racine ou Atlante], l’humanité passe le point axial du cycle manvantarique mineur… le monde est alors rempli des résultats de l’activité intellectuelle et de la décroissance spirituelle… » [ Comparez Mahatma Letters, p. 87 et seq. Éd. 1930. ].

Tout cela est tiré de la lettre authentique; suivent les annotations et explications additionnelles écrites par la même main, en notes de bas de page.

«  (a) La lettre originale contenait un enseignement général – une esquisse à vol d’oiseau – et ne particularisait rien … Parler de « l’homme physique », tout en limitant ce qu’on en dit aux premières Rondes, eût été revenir aux miraculeux et instantanés « vêtements de peau »… La première « Nature », le premier « corps », le premier « mental », sur le premier plan de perception, sur le premier Globe de la première Ronde, c’est de cela qu’on parlait. Car le Karma et l’évolution ont :

…concentré dans notre construction des extrêmes très étranges, des natures [ Les Natures des sept Hiérarchies ou classes de Pitris et de Dhyâni-Chôans qui composent notre nature et nos corps. ] différentes merveilleusement mélangées…!

(b) Rétablissez : Il a maintenant atteint le point [par analogie, et comme la Troisième Race-Racine dans la Quatrième Ronde] où sa spiritualité primordiale [d’homme-ange] est éclipsée et obombrée par la mentalité humaine naissante – et vous aurez la vraie version dans la main… »

Voilà les mots de l’Instructeur : le texte, les mots et les phrases entre guillemets, et les notes explicatives en bas de page. On comprendra qu’il doit y avoir une différence énorme dans les mots « objectivité » et « subjectivité », « matérialité » et « spiritualité », lorsque ses termes s’appliquent à des plans différents d’être et de perception. Il faut prendre tout cela au sens relatif. Et il faut donc ne pas s’étonner si, laissé à ses propres spéculations, un auteur si disposé à apprendre, mais encore tout à fait inexpérimenté dans ces enseignements abstraits, s’est trompé. La différence qui existe entre les Rondes et les Races n’a du reste, pas été suffisamment définie dans les lettres reçues, puisqu’on n’avait rien demandé à ce sujet, et qu’aussi le disciple oriental ordinaire l’aurait aussitôt découverte. Citons encore une lettre du Maître :

« Les enseignements furent donnés en protestant… Ils étaient pour ainsi dire passés en contrebande… et lorsque je me trouvais vis-à-vis d’un seul correspondant, l’autre M…, avait tellement brouillé les cartes, qu’il restait peu à dire sans violer la règle. »

Les Théosophes « que cela peut concerner » comprendront ce qu’on veut dire.

Tout cela prouve, en somme, que rien n’a jamais été dit dans les lettres, pour autoriser l’assertion que la doctrine Occulte a enseigné, ou qu’un Adepte ait cru, sauf métaphoriquement, la théorie moderne et absurde de la descente de l’homme d’un ancêtre commun avec le singe, d’un anthropoïde de l’espèce animale actuelle. Jusqu’à nos jours même, le monde contient plus d’ « hommes à forme de singes » que les bois de « singes à forme d’homme ». Le singe est tenu pour sacré aux Indes, parce que son origine est bien connue des Initiés, quoique cachée sous le voile épais de l’allégorie. Hanumâna est le fils de Pavana (Vâyu, « Dieu du vent ») et d’Anjana, femme d’un monstre nommé Késari et dont la généalogie varie. Le lecteur, qui s’en souviendra, trouvera dans les Volumes suivants, passim, l’explication entière de cette allégorie ingénieuse. Les « Hommes » de la Troisième Race (qui se séparèrent) étaient des « Dieux » par leur spiritualité et leur pureté, quoiqu’ils fussent dépourvus de sens et encore privés de mental en tant qu’hommes.

Ces « hommes » de la Troisième Race, ancêtres des Atlantes, étaient précisément des géants à forme simiesque, dépourvus de raison et de mental, semblables à ces êtres qui, pendant la Troisième Ronde, représentaient l’humanité. Moralement irresponsables, ces « hommes » de la Troisième Race, par des relations contre nature avec des animaux d’une espèce inférieure à eux, créèrent le chaînon manquant qui devint, dans les âges suivants (dans la période Tertiaire seulement), l’ancêtre lointain du véritable singe, tel que nous le trouvons maintenant dans la famille pithécoïde.

[Et si l’on trouve que cela contredit la déclaration qui montre l’animal comme postérieur à l’homme, nous prierons le lecteur de se rappeler qu’on n’a voulu parler que des mammifères placentaires. À cette époque, il existait des animaux dont la Zoologie actuelle n’a jamais rêvé; et les modes de reproduction n’étaient pas identiques à ceux que connaît la Physiologie moderne. IL ne convient peut-être pas de traiter ces sujets publiquement, mais il n’y a ni contradiction, ni impossibilité dans tout ce que nous avançons.]

Donc, les premiers enseignements, quelques vagues et fragmentaires et peu satisfaisants qu’ils aient pu être, n’ont point dit que l’ « homme provenait du singe ». L’auteur du Bouddhisme Ésotérique ne l’affirme pas davantage dans son livre, mais ses tendances scientifiques l’ont fait se servir de mots qui pourraient justifier une telle impression. L’homme qui précéda la Quatrième Race, - la race Atlante, - quelque ressemblant qu’il pût être physiquement à un « singe gigantesque », - était quand même un homme pensant et déjà doué de langage. La Race Lémuro-Atlantéenne était hautement civilisée, et si l’on accepte la tradition, qui est plus exacte comme histoire que la fiction spéculative qui passe maintenant sous ce nom, il était plus haut que nous, malgré toutes nos sciences et notre civilisation dégradée. Nous parlons ici spécialement des Lémuro-Atlantéens de la fin de la Troisième Race.

Nous pouvons maintenant reprendre le commentaire des Stances.

Stance VI (5)      

5. À la Quatrième [ Ronde, ou révolution de Vie et d’ÊTRE autour des « sept petites Roues » ] (a), les Fils reçoivent l’ordre de créer leurs Images : Un Tiers refuse, Deux [ Tiers ] obéissent. La Malédiction est prononcée (b). Ils naîtront dans la Quatrième [ Race. ]; ils souffriront et causeront de la souffrance. C’est la Première Guerre (c).

La pleine signification de ce Shlôka ne peut être entièrement comprise qu’après avoir lu les explications détaillées données plus loin dans l’Anthropogenèse et ses Commentaires dans les autres Volumes. Entre ce Shlôka et le précédent, de longs âges s’écoulent et l’on peut voir poindre maintenant l’aurore d’un nouvel aeon. Le drame qui se joue sur notre planète est au commencement de son quatrième acte; mais pour mieux comprendre la pièce entière il faut que le lecteur retourne à ce qui a été dit avant d,aller plus loin. Car ce verset appartient à la Cosmogonie générale donnée dans les volumes archaïques, tandis que les Volumes III et IV donneront un récit détaillé de la « Création », ou plutôt de la formation des premiers êtres humains, création suivie par la seconde humanité, puis par la troisième, ou comme on les appelle, les Première, Seconde et Troisième Races-Racines. La Terre solide a été primitivement une boule de feu liquide, de poussière ignée et son propre fantôme protoplasmique – et l’homme a fait comme elle.

a) On donne au mot « Quatrième » la signification de Quatrième Ronde sur la seule autorité des Commentaires. Il peut tout aussi bien signifier Quatrième « Éternité » que « Quatrième Ronde », ou même notre Quatrième Globe. Car, ainsi que nous le montrerons plus d’une fois encore, ce dernier est la Quatrième Sphère, sur le plan quatrième – le plus inférieur de la vie matérielle. De sorte que nous sommes dans la Quatrième Ronde, au point médian de laquelle l’équilibre parfait entre l’Esprit et la Matière devait avoir lieu.

C’était, comme nous le verrons, à cette période, au point le plus élevé de la civilisation, de connaissance et d’intellectualité humaine de la Quatrième Race – l’Atlante – que la crise finale de l’ajustement physiologico-spirituel des races porta l’humanité à se diviser et à prendre deux chemins diamétralement opposés : la voie de DROITE et celle de GAUCHE dans la Connaissance ou Vidyâ. D’après les termes du Commentaire :

Ainsi furent semés, à cette époque, les germes de la Magie Blanche et de la Magie Noire. Les semences restèrent quelque temps latentes et ne poussèrent que pendant la première période de la Cinquième Race [la nôtre].

Le Commentaire qui explique ce Shlôka dit encore :

Les Saints Adolescents [les Dieux] refusèrent de multiplier et de créer des races à leur ressemblance et selon leur espèce. « Ce ne sont pas des formes [rupas] dignes de nous. Il leur faut encore grandir. » Ils refusèrent d’entrer dans les Chhâyas [Ombres ou Images] de leurs inférieurs. C’est ainsi que le sentiment égoïste a prévalu dès le commencement, même parmi les Dieux, et que ceux-ci tombèrent sous l’oeil des Lipika Karmiques.

Ils eurent à souffrir de cette faute dans des naissances futures. Comment la punition atteignit-elle les Dieux? C’est ce qu’on verra dans les volumes II et IV.

C’est une tradition universelle qu’avant la « Chute » physiologique, la propagation de l’espèce, qu’elle fût humaine ou animale, s’effectuait par la VOLONTÉ des Créateurs ou de leur progéniture. Ce fut la Chute de l’Esprit dans la génération, et non pas la Chute de l’Homme mortel. On a déjà dit que, pour devenir Soi-Conscient, il faut que l’Esprit passe par chaque cycle d’être, jusqu’au point culminant le plus élevé qui, sur la terre, est l’Homme. L’Esprit per se est une ABSTRACTION négative inconsciente. Sa pureté lui est inhérente et non acquise par le mérite; dès lors, comme on l’a déjà dit, pour devenir le Dhyân Chôhan le plus élevé, il est nécessaire que chaque Ego atteigne la pleine soi-conscience comme être humain, c'est-à-dire comme un être conscient, synthétisé pour nous dans l’Homme. Les Kabalistes juifs, en soutenant que nul Esprit ne peut appartenir à la Hiérarchie divine si Ruach (Esprit) n’est uni à Nephesh (Âme Vivante), ne font que répéter l’enseignement Ésotérique oriental :

Un Dhyâni doit être un Atmâ-Buddhi; du moment que Buddhi-Manas se sépare de l’immortel Atmâ, dont Buddhi est le véhicule, Atman passe dans le NON-ÊTRE, qui est l’Être Absolu.

Cela veut dire que l’état purement Nirvânique est un retour de l’Esprit à l’abstraction idéale de l’Être-té, laquelle n’a aucune relation avec le plan sur lequel notre Univers accomplit son cycle.

b) « La Malédiction est prononcée » ne veut pas dire, dans ce cas, qu’un Être Personnel, Dieu, ou un Esprit supérieur, l’ait prononcée, mais simplement qu’une cause qui ne pouvait créer que de mauvais résultats venait d’être engendrée, et que les effets d’une cause Karmique pouvaient conduire les Êtres qui agissaient contre les lois de la Nature et empêchaient ainsi sa marche normale à de mauvaises incarnations et, par suite, à souffrir.

c) « Il y eut de nombreuses guerres », toutes se rapportant aux luttes pour l’ajustement spirituel, cosmique et astronomique, mais surtout au mystère de l’évolution de l’homme, tel qu’il est maintenant. Les Pouvoirs – ou pures Essences – à qui l’on « commanda de créer » se rapportent à un mystère expliqué ailleurs, comme on l’a déjà dit. Ce n’est pas seulement l’un des secrets les plus cachés de la Nature, - le secret de la génération, à la solution duquel les Embryologistes se sont vainement efforcés – mais c’est aussi une fonction divine qui implique le plus grand mystère religieux, ou plutôt dogmatique, de la prétendue « Chute » des Anges. Satan et son armée rebelle, lorsque l’allégorie en sera expliquée, seront reconnus n’avoir refusé de créer l’homme physique que pour devenir les Sauveurs et Créateurs directs de l’ « Homme Divin ». L’enseignement symbolique est plus que mystique et religieux; comme nous le verrons plus tard, il est purement scientifique. En effet, au lieu de rester un simple médium fonctionnant aveuglément, poussé et guidé par la LOI insondable, l’Ange « rebelle » réclama et maintint son droit de juger et de vouloir avec indépendance, son droit d’agir librement, sous sa responsabilité, puisque l’Homme et l’Ange sont également soumis à la Loi Karmique.

[En expliquant des opinions kabalistes, l’auteur des New aspects of life dit, au sujet des Anges Déchus :

Selon l’enseignement symbolique … l’Esprit, après avoir été un simple agent, un fonctionnaire de Dieu, fut doué de volonté dans son action en développement et, substituant sa propre volonté au désir divin, il tomba. C’est de là que serait venu le règne des esprits et de l’action spirituelle, règne qui est le résultat de la volition spirituelle, laquelle est en dehors du royaume des âmes et en contradiction avec l’action divine. (Page 235)

Jusqu’ici c’est bien; mais que veut dire l’auteur lorsqu’il écrit :

« Lorsque l’homme fut créé, il était humain par sa constitution, doué d’affections humaines, d’espérances et d’aspirations humaines. De cet état, il tomba dans l’état de brute et de sauvage. »

C’est diamétralement opposé à notre enseignement oriental, à l’idée kabaliste, telle que nous la comprenons, et même à la BIBLE. Cela ressemble à du Corporéalisme et à du Substantialisme colorant la Philosophie Positive, quoiqu’il soit assez difficile d’être certain de ce qu’a voulu dire l’auteur. Pourtant une CHUTE « du naturel dans le surnaturel et dans l’animal » - surnaturel signifiant ici le purement spirituel – implique ce que nous suggérons.]

Le Nouveau Testament parle de l’une de ces « Guerres » en ces termes :

« Et il y eut guerre dans le ciel : Michel et ses anges luttèrent contre le Dragon; et le Dragon combattit avec ses anges et ne prévalut pas, et l’on ne leur trouva plus place dans le ciel. Et l’on chasse le grand Dragon, ce vieux serpent, appelé le Diable et Satan, qui trompe le monde entier [Apocalypse, xii, 7, 9. ]. »

La version kabaliste de la même histoire est donnée dans le Codex Nazaraeus, l’écriture sainte des Nazaréens, ces vrais mystiques chrétiens de Jean-Baptiste et Initiés du Christos. Bahak Zivo, le « Père des Génies », reçoit l’ordre de construire des créatures (de créer). Mais, comme il « ignore Orcus », il ne le fait pas et appelle à son aide Fétahil, un esprit plus pur encore qui échoue encore plus. C’est une répétition de l’insuccès des « Pères », les Seigneurs de Lumière qui échouèrent l’un après l’autre [ Voir vol II, Shlôka 17. ].

Donnons maintenant quelques extraits de nos précédents ouvrages [ Isis Dévoilée. Comparez aussi avec S.F. Dunlap Sôd, The Son of the Man, p. 50 et seq. (1861).].

Alors vient sur la scène de la création [ Sur l’autorité d’Irénée, de Justin Martyr et du Codex lui-même, Dunlap démontre que les Nazaréens considéraient « l’Esprit » comme un Pouvoir féminin et mauvais, dans ses rapports avec notre Terre ] l’ « esprit » (prétendu de la Terre, ou l’Âme, Psyché, que saint Jacques appelle « diabolique »), la partie inférieure de l’Anima Mundi ou Lumière Astrale [voir la fin de ce Shlôka]. Chez les Nazaréens et les Gnostiques, cet Esprit était féminin. Par conséquent, l’Esprit de la Terre, voyant que pour Fétahil [ Fétahil est identique à la cohorte des Pitris qui « créèrent l’homme » comme « coque » seulement. Il était, chez les Nazaréens, le Roi de Lumière et le Créateur; mais, dans le cas présent, il n’est que le malheureux Prométhée qui ne réussit pas à s’emparer du Feu Vivant nécessaire à la formation de l’Âme Divine parce qu’il ignore le nom sacré, le nom ineffable et incommunicable des Kabalistes. ] – l’Homme le plus nouveau  (le dernier) – la splendeur fut « changée » et qu’au lieu de splendeur exista « décadence et ruine », il réveille Karabtanos [ L’esprit de Matière et de Concupiscence : Kâma Rupâ sans manas, le Mental. ] « qui était fou, dépourvu de sens et de jugement », et lui dit : « Lève-toi, vois, la Splendeur (Lumière) de l’Homme le plus Nouveau (Fétahil) n’a pas réussi (à produire ou créer des hommes); le déclin de cette splendeur est visible. Lève-toi, viens avec ta Mère (le Spiritus) et libère-toi des limites qui te tiennent, et aussi de celles du monde entier. » Après quoi, suit l’union de la matière folle et aveugle, guidée par les insinuations de l’Esprit (non le Souffle Divin, mais l’Esprit Astral qui, par sa double essence, est déjà teintée de matière); et l’offre de la Mère étant acceptée, le Spiritus conçoit « Sept Figures » et les Sept Stellaires (Planètes) qui représentent aussi les sept péchés capitaux, descendants d’une Âme Astrale séparée de sa source divine (esprit) et la matière, le démon aveugle de la concupiscence. Voyant cela, Fétahil étend la main vers l’abîme de matière et dit : « Que la terre existe, de même que la demeure des Pouvoirs a existé. » Plongeant alors sa main dans le chaos qu’il condense, il crée notre planète. »

Puis le Codex raconte comment Bahak Zivo fut séparé du Spiritus, et les Génies ou Anges, des Rebelles [ Codex Nazaraeus, II, 233. ].Ensuite (le plus grand) Mano [ ce Mano des Nazaréens ressemble étrangement au Manou des Hindous, l’Homme Céleste du Rig Véda. ], qui habite avec le plus grand Ferho, appelle Kebar Zivo (connu aussi sous le nom de Nebat-lavar bar lufin) le Gouvernail et la Vigne des Nourritures de la Vie [« Je suis la vraie Vigne et mon père est le vigneron » (Jean xv, I). ] – lui, étant la troisième Vie, et s’apitoyant sur le sort des Génies fous et rebelles eu égard à l’immensité de leur ambition, dit : « Seigneur des Génies [ Chez les Gnostiques, le Christ, aussi bien que Michel qui lui est identique sous certains rapports, était le « chef des Aeons ».](Aeons), vois ce que font les Génies (les Anges Rebelles), et sur quoi ils devisent entre eux [ Codex Nazaraeus, I, 135. ] Ils disent : Appelons le monde et les « Pouvoirs » à l’existence. Les Génies sont les Princes (Principes), les Fils de Lumière, mais Tu es le Messager de Vie. »

Et, afin de contrebalancer l’influence des sept principes « mal disposés », la progéniture du Spiritus, Kebar Zivo (ou CABAR ZIO ), le puissant Seigneur de Splendeur, produit sept autres vies (les vertus cardinales) qui brillent « d’en haut » dans leur propre lumière et forme [ Voir la Cosmogonie des Phérécydes. ], et rétablissent ainsi l’équilibre entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres.

On trouve ici une répétition des allégoriques premiers systèmes duels, tels que le système zoroastrien, et l’on découvre un germe des religions dogmatiques dualistes de l’avenir, germe qui a poussé en un arbre exubérant dans le Christianisme ecclésiastique. C’est la première esquisse des deux « Suprêmes » - Dieu et Satan. Il n’y a, dans les STANCES, aucune idée semblable.

La plupart des Kabalistes Chrétiens occidentaux, - surtout Eliphas Lévi, - dans leur désir de concilier les Sciences Occultes et les Dogmes de l’Église, s’ingénièrent de leur mieux pour ne faire de la « Lumière Astrale » que le Plérôme des premiers Pères de l’Église, la demeure des Cohortes d’Anges Déchus, des « Archons » et des « Pouvoirs ». Mais la Lumière Astrale, quoiqu’elle ne soit que l’aspect inférieur de l’Absolu, est toujours double. Elle est l’anima Mundi et ne devrait jamais être regardée autrement, sauf pour des fins kabalistiques. La différence qui existe entre sa « Lumière » et son « Feu vivant » doit toujours être présente à l’Esprit du Voyant et du Psychique. L’aspect supérieur de cette « Lumière », aspect sans lequel des créatures de matière seules peuvent être produites, est ce Feu Vivant et son Septième Principe. Dans Isis Dévoilée, une description complète en est donnée. La voici :

La Lumière Astrale ou anima Mundi est double et bisexuelle. La partie mâle (idéale) est purement divine et spirituelle, c’est la Sagesse, l’Esprit ou Purusha; la partie femelle (le Spiritus des Nazaréens) est teintée, dans un sens, de matière, est en vérité matière, et, par conséquent, déjà le mal. Elle est le principe vital de toute créature vivante et donne l’âme astrale, le périsprit fluidique aux hommes, aux animaux, aux oiseaux de l’air et à tout ce qui vit. Les animaux n’ont en eux que le germe latent de l’âme immortelle supérieure. Cette dernière ne se développe qu’après des séries d’évolutions sans nombre; la doctrine de ces évolutions est contenue dans cet axiome Kabalistique : « Une pierre devient une plante, une plante une bête, une bête un homme, un homme un esprit, et un esprit un dieu.

Les sept principes des Initiés orientaux n’avaient pas encore été expliqués lorsque Isis Dévoilée fut écrite et l’on n’avait commenté que les trois Faces de la Kabale demi-exotérique [ On les trouve cependant dans le Livre des Nombres Chaldéen. ].Mais ces données contiennent la description des natures mystiques du premier groupe du Dhyân Chôhans dans le regimen ignis, région et « règle (ou gouvernement) du feu », groupe divisé en trois classes synthétisées par la première, ce qui fait quatre ou la « Tetraktis ». En étudiant attentivement les Commentaires on trouvera la même progression dans les natures angéliques, c'est-à-dire du passif à l’actif; les derniers de ces Êtres sont aussi rapprochés de l’Élément Ahamkâra – région ou plan sur lequel la qualité d’Ego, ou sensation du Je suis, commence à se préciser – que les premiers sont voisins de l’Essence non différenciée. Les premiers sont Arupas, incorporels; les derniers rupas, corporels.

Dans le deuxième volume d’Isis Dévoilée [ Voir commentaire de la Stance 7. ], les systèmes philosophiques des Gnostiques et des Juifs Chrétiens primitifs, Nazaréens et Ebionites, sont pleinement considérés. On y voit les idées qu’on avait en ces jours, en dehors du cercle des Juifs mosaïques, au sujet de Jéhovah. Tous les Gnostiques l’identifient avec le principe du mal plutôt qu’avec celui du bien. Pour eux, c’était Ilda-Baoth, le « Fils des Ténèbres », dont la mère, Sophia Achamôth, était la fille de Sophia, la Sagesse Divine – le Saint-Esprit féminin des premiers chrétiens – Akâsha; Sophia Achamôth personnifiant la Lumière Astrale Inférieure ou Éther. [ La Lumière Astrale a la même relation avec l’Akâsha et l’anima Mundi que Satan avec la Divinité. C’est une seule et même chose, vue sous deux aspects, le spirituel et le psychique – le lien super-éthéré qui unit la matière à l’esprit pur, et le physique [ Au sujet de la différence entre nous, la Sagesse divine supérieure, et psyché, la Sagesse terrestre et inférieure, voir St Jacques, III, 15, 17. Voir vol. II, 2e Partie, Section 11, Démon est Deus Inversus.] Ilda-Baoth est un nom composé provenant de Ilda (ךלי ) enfant, et de Baoth; ce dernier vient de עוךב , un oeuf, et הךהב, le chaos, comme Brahmâ. Ilda Baoth ou Jéhovah est donc simplement l’un des Elohim, les sept Esprits créateurs, et l’un des Séphiroths inférieurs; il produit de lui-même sept autres Dieux, « Esprits Stellaires » ou Ancêtres Lunaires [ Le lien entre Jéhovah et la Lune est connu des étudiants de la Kabale. ], Ce qui est la même chose [ Pour les Nazaréens, voir Isis Dévoilée. Les vrais disciples du vrai Christos étaient tous Nazaréens et Chrétiens, et ils étaient opposés aux Chrétiens qui vinrent après.].Ils sont tous (les « Esprits de la Face ») à sa propre image, les réflexions l’un de l’autre, et deviennent de plus en plus sombres et matériels, à mesure qu’ils s’éloignent davantage de leur source originelle. Ils habitent aussi sept régions disposées comme une échelle, car ses marches, montent et descendent l’échelle de l’esprit et de la matière [ Voir le tableau II de la Chaîne Lunaire de sept mondes, où comme dans notre Chaîne, et dans n’importe quelle autre, les mondes supérieurs sont spirituels tandis que le plus bas, - que ce soit la Lune, la Terre, ou toute autre planète, - est obscurci par la matière. ]. Chez les Païens et les Chrétiens, chez les Hindous et les Chaldéens, chez les Catholiques Grecs comme chez les Romains – à de légères variantes près dans l’interprétation des textes – ces esprits étaient tous les Génies des sept planètes, comme aussi des sept sphères planétaires de notre Chaîne septénaire, dont la Terre est le globe le plus bas. Cela met en relation les Esprits « Stellaires » et « Lunaires » avec les Anges planétaires supérieurs et les Saptarishis, les sept Rishis des étoiles chez les Hindous, comme Anges inférieurs ou Messagers de ces Rishis, comme leurs émanations sur l’échelle descendante. Tels étaient, pour les Gnostiques philosophes, les Dieux et les Archanges maintenant adorés par les Chrétiens! Les « Anges Déchus » et la légende de la « Guerre dans les Cieux » ont, par conséquent, une origine purement païenne et viennent de l’Inde par la Perse et la Chaldée. On n’en parle qu’une seule fois dans le canon chrétien et c’est dans l’Apocalypse, XII, comme nous l’avons citée précédemment.

Ainsi « SATAN », dès qu’il cesse d’être considéré dans l’esprit superstitieux, dogmatique et antiphilosophique des Églises, devient l’image grandiose de celui qui d’un homme terrestre fait un Homme divin et qui donne à cet homme, pendant le long cycle du Mahâkalpa, la loi de l’Esprit de Vie et le délivre du Péché d’Ignorance et par suite de la Mort.

Stance VI (6)

6. Les Roues les plus Anciennes tournèrent en bas et en haut (a) … Le Frai de la Mère remplit le tout [ Le Kosmos entier. Le lecteur doit se rappeler que, dans les STANCES, le mot Kosmos ne signifie souvent que notre Système Solaire et non l’Univers Infini. ]. Il y eut des Combats entre les Créateurs et les Destructeurs, et des Combats pour l’Espace; la Semence apparaissant et réapparaissant continuellement (b) [ C’est purement astronomique. ].

a)       Nos questions incidentes s’arrêtent ici pour le moment; tout en interrompant le cours de la narration, ces questions étaient nécessaires pour l’élucidation de l’ensemble du sujet. Il nous faut revenir maintenant à la Cosmogonie. L’expression « Roues plus Anciennes » se rapporte aux Mondes ou Globes de notre Chaîne tels qu’ils étaient pendant les « Rondes précédentes ». Lorsque la STANCE actuelle est expliquée ésotériquement, on voit qu’elle se trouve entièrement incorporée dans les ouvrages kabalistiques. On y trouve l’histoire de l’évolution de ces Globes sans nombre qui évoluent après un Pralaya périodique, globes reconstruits en de nouvelles formes avec les matériaux anciens. Les Globes précédents se désintègrent et reparaissent, transformés et perfectionnés, pour une phase nouvelle de vie. Dans la Kabale, on compare les mondes aux étincelles qui jaillissent sous le marteau du grand Architecte – la LOI, la Loi qui gouverne tous les Créateurs inférieurs.

Le tableau comparatif suivant montre l’identité des systèmes kabaliste et oriental. Les trois plans supérieurs sont les trois plans supérieurs de conscience; ils ne sont révélés et expliqués, dans les deux écoles, qu’aux seuls Initiés. Ceux d’en bas représentent les quatre plans inférieurs. – le plus bas étant notre plan, ou l’Univers visible.

Ces sept plans correspondent aux sept états de conscience dans l’homme. Il lui reste à accorder en lui les trois états supérieurs aux trois plans supérieurs du Kosmos. Mais, avant de pouvoir essayer cet accord, il doit réveiller les trois « sièges » à la vie et à l’activité. Et combien peu sont capables de comprendre, même superficiellement, l’Atmâ Vidya (la Connaissance de l’Esprit), ou ce que les Soufis appellent Rohani! [ Pour une explication plus claire, voir Saptaparna dans la table des matières.]


 

 

1 L’Arupa ou « Sans Forme »; là où la forme cesse d’exister, sur le plan objectif.

2 Le mot « Archétype » ne doit jamais être pris dans le sens que les Platoniciens lui donnaient, c’est-à-dire comme le Monde tel qu’il existait dans le Mental de la Divinité, mais dans le sens de premier modèle d’un Monde qui devait être suivi et amélioré par les Mondes qui lui succédèrent physiquement – quoiqu’ils fussent en dégénérescence au point de vue de la pureté.

 

3 ce sont les quatre plans inférieurs de la Conscience Cosmique; les trois plans supérieurs sont inaccessibles à l’intellect humain, dans son développement actuel. Les sept états de conscience humaine appartiennent, du reste, à une toute autre question.


b) « La Semence apparaît et réapparaît continuellement ». « Semence », ici, veut dire le « Germe du Monde », ce que la Science considère comme des particules matérielles hautement atténuées, mais que la Physique Occulte regarde comme « particules spirituelles », c'est-à-dire comme de la matière super-sensorielle, existant dans l’état de différenciation primordiale [ Pour voir et apprécier la différence, l’abîme immense qui sépare la matière physique des degrés plus fins de matière super-sensorielle, tout Astronome, tout Chimiste et Physicien devrait être, pour le moins, un Psychromètre. Il devait pouvoir percevoir par lui-même cette différence à laquelle il refuse maintenant de croire. Mme Elisabeth Denton, - l’une des femmes les plus instruites et, en même temps, les plus matérialistes et les plus sceptiques de son siècle, épouse du Professeur Denton, le célèbre Géologue américain, auteur de The Soul of Things, - était, malgré son scepticisme, un psychromètre des plus merveilleux. Voici ce qu’elle décrit dans l’une de ses expériences. On avait placé sur son front une particule de météorite cachée dans une enveloppe. Bien qu’elle ignorât le contenu de l’enveloppe elle dit : « Quelle différence entre ce que nous tenons ici comme matière et ce qui paraît matière | Ici, les éléments sont si grossiers et si anguleux que je suis étonnée que nous puissions les supporter, et surtout que nous puissions désirer continuer nos relations actuelles avec eux; là tous les éléments sont raffinés; ils n’ont pas ces grands et rudes irrégularités qui caractérisent les éléments ici, si bien que je ne puis considérer ceux-là que comme présentant bien plus que ceux-ci la véritable existence. » (Op. cit., III, 346) ]

Dans la Théogonie, chaque Semence est un organisme éthéré d’où évolue, plus tard, un Être céleste, un Dieu.

Au « Commencement », ce qui est appelé, dans la phraséologie mystique, le « Désir Cosmique », devient la Lumière Absolue. Or, la lumière, si elle n’avait aucune ombre, serait la lumière absolue, ou, en d’autres termes, - comme la Science physique s’efforce de le prouver – l’obscurité absolue. Cette « ombre » apparaît sous forme de matière primordiale ou, allégoriquement, comme Esprit du Feu Créateur ou Chaleur. Si, rejetant la forme poétique et l’allégorie, la Science préfère voir en cela le « brouillard de Feu » primordial, elle est libre de le faire. D’une façon ou d’une autre, que ce soit Fohat ou la fameuse FORCE de la Science, - force aussi difficile à nommer et à définir que notre Fohat lui-même, - ce Quelque Chose « est cause que l’Univers se meut circulairement », comme l’a dit Platon, ou, comme l’exprime l’enseignement Occulte :

Le Soleil Central fait que Fohat rassemble la poussière primordiale en forme de boules, pour forcer ces dernières à se mouvoir sur des lignes convergentes et, finalement, à s’approcher l’une de l’autre et se réunir… Dispersées dans l’Espace, sans ordre ni méthode, les Germes du Monde se heurtent souvent avant de se réunir; puis ils deviennent des « Vagabonds » [Comètes]. Alors les batailles et les luttes commencent. Les anciens [corps] attirent les plus jeunes, tandis que d’autres les repoussent. Beaucoup périssent dévorés par leurs compagnons plus forts. Ceux qui échappent deviennent des mondes [ Livre de Dzyan. ].

[ Lorsqu’on analyse ces lignes et qu’on y réfléchit avec soin on les trouve aussi scientifique que tout ce que peut dire la science, même à notre période actuelle.]

On nous assure qu’il existe plusieurs ouvrages modernes faits de spéculations sur de semblables luttes pour la vie dans le ciel sidéral; ces ouvrages sont surtout en langue allemande. Nous avons plaisir à l’apprendre, car notre enseignement Occulte est perdu dans l’Obscurité des âges archaïques. Nous en avons traité pleinement dans Isis Dévoilée, et l’idée d’une évolution de genre Darwinien, d’une lutte pour la vie et la suprématie et d’une « survie des plus aptes », dans les Multitudes d’en haut comme parmi celles d’en bas, perce partout à travers les pages de notre premier ouvrage, écrit en 1876. Mais l’idée n’est pas nôtre, c’est celle de l’antiquité. Les auteurs purâniques eux-mêmes ont habilement mêlé l’allégorie avec les faits cosmiques et les événements humains. Tout symbologiste peut discerner leurs allusions astro-cosmiques, même lorsqu’il ne peut saisir toute leur signification. Les grandes « guerres dans le ciel », dans le Purânas; celle des Titans, dans Hésiode et d’autres auteurs classiques; les « luttes » entre Osiris et Typhon, dans le mythe égyptien; et celles même des légendes scandinaves se rapportent toutes au même sujet. La Mythologie du Nord en parle comme de la Bataille des Flammes, des fils de Muspel qui combattirent sur le champ de Wigred. Tout cela se rapporte au Ciel et à la Terre, et contient une double et quelquefois triple signification et une application ésotérique aux choses d’en haut aussi bien qu’à celles d’en bas. Elles se rapportent chacune aux luttes astronomiques, théogoniques et humaines; à l’ajustement des orbes, et à la suprématie entre les nations et les tribus! La « lutte pour l’existence » et la « survie des plus aptes » régna suprême dès le moment où le Kosmos se manifesta à l’être, et ces grands faits ne pouvaient échapper à l’oeil observateur des sages anciens. C’est pour cela qu’on a décrit les batailles incessantes d’Indra, le Dieu du Firmament, contre les Asuras – hauts Dieux dégradés en Démons Cosmiques – et contre Vritra ou Ahi; les batailles entre les étoiles et les constellations, entre les lunes et les planètes – plus tard incarnées comme rois et mortels. De là aussi la Guerre dans le Ciel de Michel et son armée contre le Dragon (Jupiter et Lucifer-Vénus), pendant laquelle un tiers des étoiles de l’Armée rebelle fut précipité dans l’Espace; et on ajoute qu’ « on ne retrouvera plus sa place dans le Ciel ». Comme nous l’avons écrit il y a longtemps :

« C’est la pierre angulaire des cycles secrets. Cela montre que les Brâhmanes et les Tanaïm… spéculaient sur la création et le développement du monde d’une façon très Darwinienne, devançant ce savant et son école dans la découverte de la sélection naturelle, du développement graduel et de la transformation des espèces [ Isis Dévoilée. ].

Il y eut de vieux mondes qui périrent, vaincus par des mondes nouveaux, etc. L’affirmation que tous les mondes (étoiles, planètes, etc.) – aussitôt qu’un noyau de substance primordiale à l’état laya (non différencié) est animé par les principes libérés d’un corps sidéral qui vient de mourir deviennent d'abord des comètes, puis des soleils, et se refroidissent plus tard pour être des mondes habitables, est un enseignement aussi vieux que les Rishis eux-mêmes.

Par conséquent, les Livres Secrets, comme nous le voyons, enseignent clairement une astronomie qui ne serait pas rejetée même par la spéculation moderne, si cette dernière pouvait comprendre à fond ses enseignements.

Car l’astronomie archaïque et les anciennes sciences physiques et mathématiques exprimaient des idées identiques à celles de la science moderne, et plusieurs de ces idées avaient même une bien plus grande importance. La « lutte pour la vie » et la « survie des plus aptes » dans les mondes supérieurs comme sur notre planète, ici-bas, sont des principes clairement posés. Cet enseignement, cependant, quoiqu’il ne puisse être entièrement rejeté par la Science, est sûr d’être repoussé dans son ensemble, car il affirme qu’il n’y a que sept « Dieux » primordiaux, nés d’eux-mêmes et émanés de l’Unique trinitaire. En d’autres termes, il signifie que tous les mondes ou corps sidéraux – et cela, toujours au point de vue d’une stricte analogie – sont formés les uns des autres après que l’accomplissement de la manifestation primordiale, au commencement du « Grand Âge », est opérée.

La naissance des corps célestes dans l’espace est comparée à une multitude des « pèlerins » assistant à la Fête des « Feux ». Sept ascètes apparaissent sur le seuil du temple, avec sept bâtons d’encens allumés. À la lumière de ces bâtons le premier rang des pèlerins allume les siens, puis chaque ascète commence à tourner son bâton autour de sa tête dans l’espace et donne du feu aux autres. Il en est ainsi pour les corps célestes. Un centre-laya est allumé, éveillé à la vie, par le feu d’un autre « pèlerin »; puis, le nouveau « centre » se jette dans l’espace et devient une comète. Ce n’est qu’après avoir perdu sa vélocité, et par conséquent sa queue ignée, que le « Dragon Ardent » se résout à une vie tranquille et régulière, comme un citoyen respectable de la famille sidérale. Aussi est-il écrit :

Né dans les profondeurs insondables de l’Espace, hors de l’Élément homogène appelée l’Âme du Monde, chaque noyau de matière cosmique, appelé soudainement à l’être, commence sa vie dans les conditions les plus hostiles. À travers une série d’âges innombrables, il lui faut conquérir une place dans les infinis. Il circule en cercles, entre des corps plus denses et déjà fixés, fait des bonds et se dirige vers un point ou centre qui l’attire; comme un vaisseau entraîné vers un passage parsemé de récifs et de rochers cachés, il essaie d’éviter d’autres corps qui tour à tour l’attirent et le repoussent. Beaucoup périssent, leur masse se désintègre dans des masses plus fortes, et lorsqu’ils sont nés dans un système, ils périssent dans les ventres insatiables des divers Soleils. Ceux qui vont plus lentement et qui sont poussés dans une course elliptique sont voués, tôt ou tard à l’annihilation. D’autres suivent des arcs paraboliques et échappent ordinairement à la destruction, grâce à la rapidité de leur course. (Voir Com. 10 de la STANCE 4.)

Quelques lecteurs de tempérament critique s’imagineront peut-être que cet enseignement qui fait passer tous les corps célestes par le stade cométaire est en contradiction avec notre précédente assertion qui fait de la Lune la mère de la Terre. Ils s’imagineront peut-être aussi que l’intuition seule peut harmoniser les deux données. Mais il n’en est rien. Que sait la science au sujet des comètes, de leur genèse, de leur croissance et de ce qu’elles deviennent ultérieurement? Rien – absolument rien! Et qu’y a-t-il de si impossible dans l’idée qu’un Centre-laya, une boule de protoplasma cosmique homogène et latent, lorsqu’elle est soudainement animée ou embrasée, puisse se précipiter de son lit dans l’espace et tourner dans les profondeur des abîmes afin de fortifier son organisme homogène par une accumulation, une addition d’éléments différenciés! Et pourquoi une telle comète ne s’établirait-elle pas ainsi dans la vie, pour vivre et devenir un globe habité?

« Les demeures de Fohat sont multiples, est-il dit. Il place ses Quatre Fils [électro-positifs] dans les Quatre Cercles – ces Cercles sont l’équateur, l’écliptique et les deux parallèles de déclinaison, ou les tropiques, pour présider aux climats où sont placés les Quatre Entités Mystiques. » Et encore.

«  Les Sept autres [Fils] sont commis à la présidence des sept Lokas chauds et des sept Lokas froids [les enfers des Brâhmanes orthodoxes], aux deux extrémités de l’oeuf de Matière [notre Terre et ses pôles] ». Les sept Lokas sont appelés ailleurs les « Anneaux » et les « Cercles ». Les Anciens comptaient sept cercles polaires au lieu de deux comme les Européens; car le Mont Mérou qui est le Pôle Nord, possède, dit-on, sept marches en or et en argent pour conduire à lui.

La déclaration étrange de l’une des STANCES qui dit que « les Chants de Fohat et de ses Fils étaient aussi RADIEUX que l’éclat combiné d’un Soleil de midi et de la Lune », et que les Quatre Fils sur le Cercle Quadruple médian « VIRENT les Chants de leur Père et ENTENDIRENT son rayonnement solaire-sélénique », est expliquée, dans le Commentaire, par ces mots : « L’agitation des Forces Fohatiques aux deux extrémités froides [les Pôles Nord et Sud] de la Terre, qui résulte, la nuit, en un resplendissement multicolore, contient plusieurs des propriétés de l’Akâsha [l’Éther], la Couleur aussi bien que le Son. »

« Le Son est la caractéristique de l’Akâsha [l’Éther]: il génère l’Air dont la propriété est le Toucher, qui [par friction] produit la Couleur et la Lumière [ Vishnu Purâna. Livre 1, chap. II. Ce paragraphe n’est pas une citation exacte, mais un résumé. ]. »

On dira, peut-être, que ce qui précède est un non-sens archaïque, mais on le comprendra mieux si l’on se souvient des Aurores Boréales et Australes qui ont lieu, toutes deux, aux centres mêmes des forces électriques et magnétiques terrestres. On appelle les deux Pôles les greniers, les réceptacles et, en même temps, les libérateurs de la Vitalité (Électricité) cosmique et terrestre, électricité dont l’excédent, sans ces deux soupapes de sûreté, aurait depuis longtemps mis la Terre en pièces. C’est aussi une théorie, devenue récemment un axiome, que les phénomènes lumineux polaires produisent des sons très forts, des sifflements et des craquements.

(Voir les ouvrages du Professeur Humboldt sur l’Aurore Boréale et sa correspondance au sujet de cette question discutée.)

Stance VI (7)

7. Fais tes Calculs, ô Lanou, si tu veux savoir l’âge exact de la Petite Roue [ Chaîne ]. Son Quatrième Rayon est notre Mère [ La Terre ] (a). Atteins le Quatrième Fruit du Quatrième Sentier de Connaissance qui conduit à Nirvâna et tu comprendras car tu verras (b)…

a) La « Petite Roue » est notre Chaîne de Sphères, et le « Quatrième rayon » est notre Terre, le quatrième de la Chaîne. C’est l’un de ceux sur lesquels « le souffle chaud [positif] du Soleil » a un effet direct.

[Les sept transformations fondamentales des Globes ou Sphères célestes, ou plutôt de leurs particules constituantes de matière, sont décrites comme suit : (1) l’état homogène; (2) l’aériforme et radiant – gazeux; (3) le coagulé – nébuleuse; (4) l’atomique, l’éthéré – le commencement du mouvement et, par conséquent, de la différenciation; (5) le germinal, l’igné – ce qui est différencié, mais n’est encore composé que des germes des Éléments dans leurs premiers états, car ils ont sept états lorsqu’ils sont complètement développés sur notre terre; (6) le quadruple, le vaporeux – la Terre future; (7) l’état froid et dépendant – du Soleil pour la vie et la lumière.]

Le calcul de son âge que les STANCES engagent l’élève à faire, est toutefois difficile, puisqu’on ne nous donne pas les chiffres du Grand Kalpa et que nous ne sommes pas autorisé à publier ceux de nos petits Yugas, sauf dans leur durée approximative. « Les Roues les plus anciennes tournèrent pendant une Éternité et demie », est-il dit. Nous savons que, par « Éternité », l’on veut dire la septième partie de 311.040.000.000.000 d’années, c’est-à-dire un Âge de Brahmâ. Mais que cela nous apprend-il? Nous savons aussi que si nous prenons pour base les chiffres que nous venons de donner, il nous faut d’abord éliminer des 100 années de Brahmâ, ou 311.040.000.000.000 d’années, deux années prises par les Sandhyâs (Crépuscules), ce qui nous laisse 98, chiffre qu’il nous faut soumettre à la combinaison mystique 14X7. Mais nous ne savons pas à quel moment précis commencèrent la formation et l’évolution de notre petite Terre. Il sera donc impossible de calculer son âge, tant que l’on ne donnera pas l’année de sa naissance, ce que les INSTRUCTEURS se sont jusqu’ici refusés à faire. Dans les volumes suivants l’on donnera, cependant, quelques allusions chronologiques. Il faut nous souvenir, en outre, que la loi d’analogie s’applique aussi bien aux mondes qu’à l’homme, et que « comme l’UN [la Divinité] devient Deux [Déva ou Ange] et Deux deviennent Trois [ou l’Homme] », etc., de même, on nous enseigne que les caillots (Substance du Monde) deviennent des vagabonds (Comètes), celles-ci des étoiles, et les étoiles (les centres des tourbillons) notre soleil et nos planètes – pour dire les choses en bref. [Cela ne peut pas être bien anti-scientifique, puisque Descartes pensait, lui aussi, que « les planètes tournaient sur leurs axes parce qu’elles étaient autrefois des étoiles lumineuses, des centres de tourbillons ».]

b) Il y a quatre degrés d’Initiation mentionnés dans les ouvrages exotériques et ces degrés sont connus respectivement par les termes sanscrits suivants : Srôtâpanna, Sakridâgâmin, Anâgâmin et Arhat. Les Quatre Sentiers du Nirvâna dans notre Quatrième Ronde portent les mêmes appellations. L’Arhat, quoiqu’il puisse voir le Passé, le Présent et l’Avenir, n’est pas encore l’Initié le plus élevé; car l’Adepte lui-même, le candidat initié, devient le Chêla (Élève) d’un Initié supérieur. L’Arhat doit encore conquérir les trois grades plus élevés s’il veut atteindre le sommet de l’échelle. Il en est qui ont atteint ce sommet même dans notre Cinquième Race, mais les facultés nécessaires pour y arriver ne seront pleinement développées, chez l’ascète moyen, qu’à la fin de cette Race-racine, et dans la Sixième et la Septième. Il y aura donc des Initiés et des Profanes jusqu’à la fin de ce Manvantara mineur, le Cycle actuel de Vie. Les Arhats du « Brouillard de Feu » du Septième Échelon n’ont plus qu’un degré à monter pour atteindre la Base Racine de leur Hiérarchie, et cette hiérarchie est la plus élevée sur la Terre et sur notre Chaîne Terrestre. Cette « Base Racine » a un nom qu’on ne peut traduire en langue occidentale qu’au moyen de plusieurs mots composés : « le Banyan-Humain-qui-Vit-Toujours ». Cet « Être Merveilleux » descendit, dit-on, d’une « région élevée » dans la première partie du Troisième Âge avant la séparation des sexes, pendant la Troisième Race.

On appelle quelquefois collectivement cette Troisième Race les « Fils du Yôga Passif » ce qui veut dire qu’elle fut inconsciemment produite par la Seconde Race, laquelle étant intellectuellement inactive est considérée comme ayant été plongée dans cette espèce de contemplation abstraite ou vide qui fait partie des conditions du Yôga. Dans la première partie de l’existence de cette Troisième Race, pendant son état de pureté, les « Fils de Sagesse » qui, comme on le verra plus loin, s’incarnèrent dans cette Race-Racine, produisirent par Kriyashakti des descendants appelés les « Fils d’Ad » ou du « Brouillard de Feu », « Fils de la Volonté et du Yôga », etc. C’était là un produit conscient, car une partie de la Race était déjà animée par l’étincelle divine de l’intelligence spirituelle et supérieure. Mais ces descendants n’étaient pas une Race. Ils furent d’abord un Être Merveilleux appelé « l’Initiateur », et après lui vint un groupe d’Êtres semi-divins et semi-humains. « Mis à part » dans la genèse Archaïque pour des fins spéciales, ce sont eux en qui, dit-on, les Dhyânis supérieurs s’incarnèrent – « Munis et Rishis de précédents Manvantaras » - pour former la pépinière des Adeptes humains de l’avenir, sur cette Terre et durant le Cycle actuel. Ces « Fils de la Volonté et du Yôga » nés, pour ainsi dire, d’une façon immaculée, restèrent, explique-t-on, entièrement à part du reste de l’humanité.

L’ « ÊTRE » dont nous venons de parler, et qui doit rester sans nom, est l’Arbre duquel sont descendus, dans les âges suivants, tous les grands Sages et Hiérophantes historiques : Le Rishi Kapila, Hermès, Enoch, Orphée, etc. Comme homme objectif, c’est le mystérieux Personnage (toujours invisible pour les profanes), quoique toujours présent dont parlent toutes les légendes de l’Orient et dont s’entretiennent les Occultistes et les étudiants de la Science Sacrée. C’est lui qui change de forme, et cependant reste toujours le même. Et c’est lui qui possède l’autorité spirituelle sur les Adeptes initiés du monde entier. C’est, comme nous l’avons dit, « le Sans Nom » qui a pourtant beaucoup de noms et dont, cependant, les noms et la nature sont inconnus. C’est l’Initiateur, appelé le « GRAND SACRIFICE », car assis au seuil de la Lumière, il regarde en elle depuis le Cercle d’Obscurité et qu’il ne traversera pas; et il ne quittera son poste qu’au dernier Jour de ce Cycle de Vie. Pourquoi le Veilleur Solitaire reste-t-il au poste qu’il a lui-même choisi? Pourquoi s’assied-il près de la Fontaine de la Sagesse Primordiale dont il ne boit plus – car il n’y a rien à apprendre qu’il ne sache déjà, ni sur cette Terre, ni dans son Ciel? Parce que les Pèlerins solitaires, fatigués dans leur voyage de retour, vers leur patrie ne sont jamais sûrs, même au dernier moment, de ne pas perdre leur chemin dans ce désert sans limite d’Illusion et de Matière, qu’on appelle la Vie Terrestre. Parce qu’il désire montrer, à chaque prisonnier qui a réussi à se libérer des liens de la chair et de l’illusion, le chemin qui conduit à cette région de liberté et de lumière d’où il est lui-même un exilé volontaire. Parce que, en un mot, il s’est sacrifié pour le bien de l’Humanité, quoiqu’un très petit nombre d’élus puissent profiter du GRAND SACRIFICE.

C’est sous la direction silencieuse de ce MAHA-GURU que, depuis l’éveil de la conscience humaine, tous les autres Instructeurs de l’Humanité sont devenus les guides de l’Humanité primitive. C’est par l’intermédiaire de ces « Fils de Dieu » que les races en enfance reçurent leurs premières idées sur les arts, les sciences et la connaissance spirituelle; c’est Eux qui posèrent la première pierre de ces antiques civilisations qui intriguent si vivement nos générations modernes de chercheurs et de savants.

Que ceux qui n’admettent pas cette assertion expliquent de façon aussi raisonnable le mystère de la science extraordinaire possédée par les Anciens – que l’on croit les descendants de sauvages inférieurs, semblables à l’animal, des « hommes des cavernes » de l’âge paléolithique! Qu’ils lisent, par exemple, des ouvrages comme ceux de Vitruve Pollion, du siècle d’Auguste, sur l’architecture, ouvrage dans lesquels les règles des proportions sont celles qui étaient enseignées autrefois pendant l’Initiation, et ils prendront connaissance de cet art vraiment divin et comprendront la signification ésotérique profonde cachée dans chaque règle, dans chaque loi de proportion. Nul descendant d’un troglodyte paléolithique n’aurait pu trouver, sans aide une pareille science, même au cours de myriades sans nombre d’années consacrées à la pensée et à l’évolution intellectuelle. Ce sont les élèves de ces Rishis et Dévas incarnés de la Troisième Race-Racine qui, de génération en génération, transmirent à l’Égypte et à la Grèce leur sagesse avec le canon des proportions maintenant perdu; de même que les disciples des Initiés de la Quatrième, les Atlantes, la transmirent à leurs Cyclopes, Fils des Cycles ou de l’Infini, dont le nom passa aux générations encore plus reculées des prêtres Gnostiques.

« C’est grâce à la perfection divine des proportions architecturales que les anciens pouvaient construire ces merveilles de tous les âges, leurs Temples, Pyramides, Cryptes, Cromlechs, Cairns, Autels, démontrant qu’ils avaient des « pouvoirs mécaniques » auprès desquels l’ « habileté moderne » n’est qu’un jeu d’enfants; et notre art actuel, en parlant de ces travaux, dit qu’ « ils paraissent l’oeuvre de Géants aux cent mains [ Kenealy, Book of God, p. 118 [ En fait le nom de l’auteur du livre n’est pas donné mais représenté par un point dans un cercle.] ]. »

Les architectes modernes n’ont peut-être pas entièrement négligé ces règles, mais il y ont ajouté assez d’innovations empiriques pour détruire les justes proportions. C’est Vitruve qui donna à la postérité les règles de constructions des temples grecs érigés aux dieux immortels; et les dix livres de Marc Vitruve Pollion sur l’Architecture, livres d’un homme, en un mot, qui était un Initié, ne peuvent être étudiés qu’ésotériquement. Les Cercles Druidiques, les Dolmens, les Temples de l’Inde, de l’Égypte et de la Grèce, les Tours, et les 127 villes d’Europe auxquelles l’Institut de France a reconnu une « origine cyclopéenne », sont tous l’oeuvre des Prêtres Architectes initiés, descendant de ceux qui furent d’abord instruits par les « Fils de Dieu » et qu’on nommait avec raison les « Constructeurs ». Voici ce qu’est, au sujet de ces descendants, l’appréciation de la postérité :

Ils ne se servaient ni de mortier, ni de ciment, ni d’acier, ni de fer pour tailler les pierres, et cependant elles sont travaillées d’une façon si artistique que dans bien des endroits on aperçoit à peine les joints bien que beaucoup de ces pierres – au Pérou notamment – aient 38 pieds de longueur, 18 de largeur et 6 d’épaisseur. Dans les murs de la forteresse de Cuzco, il y a des pierres plus grandes encore [ Acosta, VI, p.14. ].

Autre citation :

« Le puits de Syène, construit il y a 5.400 ans, lorsque cette ville était exactement sous les tropiques, ce qui n’est plus le cas, était tel qu’à midi, au moment précis du solstice solaire, le disque entier du soleil fur réfléchi sur sa surface – résultat que le savoir de tous les astronomes d’Europe réunis ne serait pas capable d’obtenir maintenant [ Kenealy, Book of God, p. 118. ]. »

Quoiqu’on n’ait parlé qu’à mots couverts de ces sujets dans Isis Dévoilée, il n’est pas mauvais de remémorer au lecteur ce qu’on y a dit au sujet d’une certaine Île Sacrée de l’Asie Centrale et de renvoyer pour plus de détails à la Section intitulée « les Fils de Dieu et l’Île Sacrée », section annexée à la STANCE IX du Volume III .[Qui sera le quatrième dans la traduction française. – N.d.T. ]. cependant quelques explications, bien que fragmentaires, aideront peut-être l’étudiant à avoir un aperçu du mystère actuel.

Pour donner clairement au moins l’un des détails qui concernent ces mystérieux « Fils de Dieu », nous dirons que c’est d’eux que les Brahmaputras, les hauts Dvijas, les Brâhmanes initiés des anciens temps prétendaient descendre, tandis que les Brâhmanes modernes veulent littéralement faire croire aux castes inférieures qu’ils [les Brâhmanes] sortent directement de la bouche de Brahma. Tel est l’enseignement Ésotérique; il ajoute ensuite que, bien que ceux qui descendirent (spirituellement, bien entendu) des « Fils de la Volonté et du Yôga » se fussent séparés, avec le temps, en sexes opposés, comme le firent plus tard leurs progéniteurs par « Kriyâshakti » eux-mêmes, leurs descendants dégénérés ont cependant, même jusqu’à nos jours, gardé une vénération et un respect très grand pour la fonction créatrice et la considèrent comme une cérémonie religieuse, tandis que les nations plus civilisées la tiennent pour une fonction purement animale. Comparez à ce sujet les idées et la pratique des Occidentaux avec les institutions de Manu en ce qui concerne les règles du Grihastha ou vie conjugale. Le vrai Brâhmane est par conséquent « celui dont les sept aïeux ont bu le jus de la Plante Lunaire » (Sôma) et qui est un « Trisuparna », car il a compris le secret des Védas.

Et même aujourd’hui, ces Brâhmanes savent que durant les commencements de cette Race, l’intelligence psychique et physique étant encore en sommeil et la conscience n’étant pas encore développée, ses conceptions spirituelles n’étaient nullement liées à l’entourage physique, que l’homme divin habitait dans sa forme animale – quoique extérieurement humaine – et que s’il existait en lui de l’instinct, aucune soi-conscience ne venait éclairer l’obscurité du Cinquième Principe latent. Lorsque les Seigneurs de Sagesse, mus par la loi d’Évolution, infusèrent en lui l’étincelle de la conscience, la première sensation qui se prit et agir en lui fut un sentiment de solidarité, d’unité avec ses créateurs spirituels. Comme la première sensation de l’enfant est pour sa mère et sa nourrice, les premières aspirations de la conscience s’éveillant dans l’homme primitif furent pour ceux dont il sentait l’élément en lui, et qui étaient pourtant en dehors et indépendants de lui. La DÉVIATION naquit de cette sensation et devint le moteur premier et principal de sa nature, car c’est le seul qui soit naturel en son coeur, qui lui soit inné et que nous trouvions également chez le petit enfant et le jeune animal. Cette sensation d’aspiration irrépressible et instinctive chez l’homme primitif est bien décrite, d’une façon intuitive pourrait-on dire, par Carlyle lorsqu’il s’écrie :

Le grand coeur antique, combien, dans sa simplicité, il ressemble à un enfant, et, dans sa profondeur sérieuse et solennelle, à un homme! Le ciel est partout au-dessus de lui, où qu’il voyage, où qu’il réside, et lui fait de la Terre entière un Temple mystique, et de toutes les affaires terrestres une sorte de culte. Des visions de glorieuses créatures brillent dans la lumière ordinaire du soleil; les anges planent encore, portant parmi les hommes les messages de Dieu… La merveille, le miracle, entourent l’homme : il vit dans un élément de miracle [ ce qui semblait naturel à l’homme primitif est devenu maintenant miracle pour nous; et ce qui pour lui était miracle ne pourrait s’exprimer dans notre langage. ]… Une grande Loi de Devoir, haute comme ces deux infinis [le ciel et l’enfer], rapetissant et annihilant tout le reste … - c’était une Réalité, et c’en est une ; le vêtement seul en est mort; son essence existe à travers tous les temps et toute l’Éternité [ Past and Present, p. 104 (1874). ].

Certainement cette essence survit et sa force et son pouvoir indestructibles se sont implantés dans le coeur de l’asiatique Aryen, venant directement de la Troisième Race par ses premiers Fils nés du Mental, fruits de Kriyâshakti. Avec le temps, la caste sacrée des Initiés produisit, mais rarement, d’un âge à l’autre, de semblables créatures parfaites; des êtres intérieurement à part, quoique extérieurement les mêmes que ceux qui les engendraient.

Dans l’enfance de la Troisième Race primitive :

Une créature, d’un genre plus élevé
Manquait encore, et dès lors le dessein en fut conçu.
Consciente de la pensée et plus grande par le coeur,
Faite pour l’empire et apte à commander les autres.

Cet être appelé à l’existence, véhicule parfait prêt à recevoir en incarnation les habitants des plus hautes sphères qui se logèrent dans ces formes nées de la VOLONTÉ Spirituelle et du pouvoir divin naturel à l’homme. C’était un enfant d’Esprit pur, que ne teintait mentalement aucune souillure d’élément terrestre. Sa forme physique seulement appartenait au temps et à la vie, car il tirait son intelligence directement d’en haut. C’était l’Arbre Vivant de la Sagesse Divine, comparable par conséquent à l’Arbre du Monde des Légendes du Nord, arbre qui ne peut se flétrir ou mourir avant que la dernière bataille de la vie n’ait été livrée, tandis que ses racines sont constamment rongées par le Dragon Nidhogg. Car, de même, le fils aîné et sacré de Kriyâshakti avait le corps rongé par la dent du temps, mais les racines de son être intérieur restaient pour toujours saines et fortes, parce qu’elles poussaient et s’étendaient dans le ciel et non sur la terre. Il était le premier du PREMIER et la Semence de tous les autres. Il y eut d’autres Fils de Kriyâshakti, produits par un second effort spirituel, mais le premier est resté jusqu’à nos jours la Semence du Savoir Divin, l’Un et le Suprême parmi les « Fils terrestres de la Sagesse ». Nous ne pouvons en dire davantage sur ce sujet, sauf qu’en chaque âge et même dans le nôtre de grands intellects ont bien compris le problème.

Mais comment notre corps physique est-il arrivé à l’état de perfection dans lequel nous le trouvons maintenant? Par des milliers d’années d’évolution, bien entendu, mais jamais par son passage à travers l’animalité, comme enseigne le Matérialisme, car, ainsi que l’a dit Carlyle :

« …L’essence de notre être, le mystère en nous qui s’appelle « Je » - quels mots avons-nous pour l'exprimer? C' est un souffle du Ciel; l’Être Suprême se révèle dans l’homme. Ce corps, ces facultés, cette vie que nous possédons, tout cela n’est-ce pas comme un vêtement pour l’Innommé? [ Ibid., p. 10. ] »

Le « souffle du Ciel » ou plutôt le souffle de Vie, appelé dans la Bible Nephesh, est dans chaque animal, dans chaque particule animée, dans chaque atome minéral. Mais aucun de ces êtres ou chose n’a, comme l’homme, conscience de la nature de cet « Être Suprême [ Il n’y a pas de nation sur la terre chez laquelle le sentiment de dévotion ou de mysticisme religieux soit plus développé et plus en évidence que chez le peuple hindou. Voir ce qu’écrit Max Müller, dans ses oeuvres, sur ce point en particulier. Ce sentiment est un héritage direct des premiers hommes conscients de la Troisième Race. ] »; aucun n’a, dans sa forme, cette harmonie divine que possède l’homme. Novalis l’a dit et personne depuis ne l’a mieux répété que Carlyle :

« Il n’y a qu’un temple dans l’univers : c’est le corps de l’Homme. Rien n’est plus sacré que cette forme élevée… Nous touchons le ciel lorsque nous mettons la main sur le corps humain!  [ Lectures on Heroes, p. 9 (1874). ]»

« cela peut paraître une simple fleur de rhétorique, ajoute Carlyle; il n’en est rien. Si l’on y médite bien, on trouvera que c’est un fait scientifique, l’expression… de la vérité de la chose. Nous sommes le miracle des miracles – le grand Mystère incompréhensible. »

Stance VII

1. Vois le commencement de la Vie sensible et sans forme (a).

D’abord, le Divin [ Véhicule. ] (b), le Un issu de l’Esprit-Mère [ Atman. ]; puis le Spirituel [ Atmà-Buddhi, l’Âme Esprit. Cela se rapporte aux principes cosmiques.] (c); [ Puis. ]les Trois issus de l’Un (d), les Quatre de l’Un (e), et le Cinq (f), d’où les Trois, les Cinq et les Sept (g). Voilà le Triple et la Quadruple en descendant; les Fils nés du Mental du Premier Seigneur [ Avalôkitéshavara. ], les Sept Radieux [ Les Constructeurs. Les sept Rishis créateurs, maintenant en rapport avec la constellation de la Grande Ourse. ]. ce sont eux qui sont toi, moi, lui, ô Lanou; eux qui veillent sur toi et sur ta mère, Bhumi [ La Terre. ].

a) La Hiérarchie des Pouvoirs Créateurs est divisée en Sept Ordres ésotériques (quatre et trois), contenus dans les Douze grands Ordres inscrits dans les douze signes du Zodiaque; ces Sept de l’échelle manifestée sont, en outre, reliés aux Sept Planètes. Tous sont subdivisés en Groupes innombrables d’Êtres divins spirituels, semi-spirituels et éthérés.

Les principales de ces Hiérarchies sont désignées dans le grand Quaternaire ou, exotériquement, les « quatre corps et les trois facultés de Brahmâ et les Panchâsya, les cinq Brahmâs ou les cinq Dhyâni-Bouddhas du système bouddhiste.

Le Groupe supérieur est composé des Flammes Divines qu’on nomme aussi les « Lions Ardents », les Lions de Vie », et dont l’ésotérisme est caché en sûreté dans le signe zodiacal du Lion. C’est le nucléole du Monde Divin supérieur. Ce sont les Souffles Ardents sans Forme, identiques sous un aspect, avec la Triade Séphirotale supérieure placée par les Kabalistes dans le « Monde Archétypique ».

La même Hiérarchie, avec les mêmes nombres, se trouve dans le système japonais, dans les « Commencements » enseignés par les sectes shintoïstes et bouddhistes. Dans ce système, l’Anthropogenèse précède la Cosmogenèse, comme le divin se fond dans l’humain et, arrivé à mi-chemin dans sa descente dans la matière, crée l’Univers visible; les personnages légendaires, comme le remarque respectueusement Omoie, « doivent être considérés comme l’incarnation de la doctrine supérieure [secrète] et de ses vérités sublimes ». Développer tout au long ce vieux système nous prendrait trop de place; cependant quelques mots peuvent en être dits. Ce qui suit est une sorte de tableau synoptique résumé de cette Anthropo-Cosmogenèse et montre à quel point les nations les plus séparées sont l’écho d’un seul et même enseignement archaïque.

Lorsque tout était encore Chaos (Con-Ton), trois Êtres spirituels apparurent sur la scène de la création future : 1° Âme no ani naka nushi no Kami, « Monarque Divin du Ciel Central »; 2° Taka mi onosubi no Kami, « Descendant Exalté, Impérial, Divin du Ciel et de la Terre »; et 3° Kamu mi musubi no Kami, « Descendant des Dieux », simplement.

Ils étaient sans forme ni substance – notre Triade arupa – parce que ni la substance céleste, ni la substance terrestre n’étaient encore différenciées, et « l’essence des choses n’était pas davantage formée ».

b) Dans le Zohar – qui, tel qu’il est maintenant arrangé et réédité par Moïse de Léon, avec l’aide des Gnostiques syriens, chaldéens et chrétiens du XIII-ième siècle, et corrigé et révisé encore plus tard par bien des mains chrétiennes, n’est guère moins exotérique que la Bible elle-même – ce « Véhicule Divin » n’apparaît plus, comme il le fait dans le Livre chaldéen des Nombres. Il est vrai que Ain-Soph, le NÉANT ABSOLU ET SANS FIN, se sert aussi de la forme de l’UN, l’ « Homme céleste » manifesté (la Cause Première), comme d’un Chariot (en hébreu, MERCABAH; en sanscrit, VAHAN) ou Véhicule, pour descendre et se manifester dans le monde phénoménal. Mais les Kabalistes ne montrent pas comment l’absolu peut se servir de quoi que ce soit, ni exercer un attribut quelconque puisque, comme l’ABSOLU, il ne possède pas d’attributs; ils n’expliquent pas non plus qu’en réalité c’est la Cause Première (le Logos de Platon), L’IDÉE originelle et éternelle qui se manifeste à travers Adam-Kadmon, le Second Logos, pour ainsi dire. Dans le Livre des Nombres, on explique que Ain (En ou Aiôr) est le seul soi-existant et que sa « Profondeur », le Bythos des Gnostiques, appelé Propatôr, n’est que périodique. Ce dernier est Brahmâ, différencié de Brahman ou Parabrahman. C’est la Profondeur, la Source de Lumière ou Propatôr, qui est le Logos non manifesté ou l’Idée abstraite, et non Ain-Soph dont le Rayon se sert d’Adam-Kadmon – « mâle et femelle » - ou le Logos Manifesté, l’Univers objectif, comme d’un Chariot par lequel il peut se manifester. Mais nous lisons dans le Zohar l’absurdité suivante : « Senior occultatus est et absconditus; Microposopus manifestus est et non manifestus. [ Rosenroth, Liber Mysterii, IV, p. 1. ] » [ Le plus ancien est caché et retiré, le Microposope est révélé et non révélé.] C’est un sophisme, puisque le Microposope, ou Microcosme, ne peut exister que pendant ses manifestations et se trouve détruit pendant les Mahâpralayas. La Kabale de Rosenroth est plus souvent une énigme qu’un guide.

Le PREMIER ORDRE comprend les Divins. Dans le système Égyptien comme dans le Japonais et dans toute vieille cosmogonie, à cette FLAMME divine qui est l’ « Un », sont allumés les Groupes descendants. Leur être potentiel se trouve dans le Groupe supérieur et ils deviennent, à ce moment, des Entités distinctes et séparées. Ils sont nommés les Vierges de Vie, la Grande Illusion, etc., et, collectivement, l’étoile à six pointes. Cette dernière, dans presque toutes les religions, est le symbole du Logos comme première émanation. Dans l’Inde, c’est le signe de Vishnou, le Chakra ou la Roue, et le glyphe du Tétragramme, « Celui aux Quatre Lettres » de la Kabale ou, métaphoriquement, les « Membres du Microposope » qui sont respectivement dix et six.

Les derniers Kabalistes, cependant – surtout ceux qui étaient Mystiques Chrétiens – ont défiguré ce symbole magnifique. [Grâce à eux, le Microposope – qui, philosophiquement parlant, est entièrement distinct du Logos éternel non manifesté, « un avec le Père » - a fini, après des siècles de sophismes et de paradoxes, par être considéré comme un avec Jéhovah, celui qu’ils appellent l’UNIQUE DIEU vivant (!) alors qu’il n’est autre chose que Binah, une Sephiroth féminine. On ne peut trop insister sur ce fait auprès du lecteur], car les « Dix Membres » de l’Homme Céleste sont les dix Sephiroth, mais le premier Homme Céleste est l’Esprit non manifesté de l’Univers, et ne doit jamais être dégradé et considéré comme le Microposope, la Face Moindre, prototype de l’homme sur le plan terrestre. [Le Microposope est, comme nous venons de le dire, le Logos manifesté, et il y a beaucoup de ces Logoï]. Nous en parlerons plus tard. L’étoile à six pointes se rapporte aux six Forces ou Pouvoirs de la Nature, aux six plans, principes, etc., lesquels sont tous synthétisés par le septième, le point central de l’étoile. Tous, y compris les Hiérarchies supérieures et inférieures, émanent de la Vierge Céleste, la Grande Mère reconnue dans toutes les religions, l’Androgyne, la Sephira-Adam-Kadmon. [Sephira est la couronne Kether, mais dans le principe abstrait seulement, comme un x mathématique, la quantité inconnue. Sur le plan de la nature différenciée, elle est la contrepartie féminine d’Adam-Kadmon – le premier Androgyne. La Kabale enseigne que le Fiat Lux [ Genèse, I. ] se rapporte à la formation et à l’évolution des Séphiroth et non à la lumière considérée comme opposée à l’obscurité. Le rabbi Siméon dit :

« Oh! Mes compagnons, l’homme, comme émanation, était à la fois homme et femme, Adam-Kadmon, en vérité, est ceci et la signification des mots « que la Lumière soit et la Lumière fut ». Et ceci est l’homme double [ Auszüge aus dem Zohar, pp. 13-15. ]. »

Dans son UNITÉ, la Lumière Primordiale est le septième principe – le plus élevé, Daiviprakriti, la Lumière du Logos Non manifesté. Mais, dans sa différenciation, elle devient Fohat, ou les « Sept Fils ». Le premier est symbolisé par le point central dans le Double Triangle; le dernier par l’Hexagone lui-même, ou les « Six Membres » du Microposope; le Septième est Malkuth, la « Mariée » des Kabalistes chrétiens, ou notre Terre. D’où les expressions :

Le premier après l’ « Un » c’est le Feu Divin; le second c’est le Feu et l’Aether; le troisième est composé de Feu, d’Aether et d’Eau, le quatrième de Feu, d’Aether et d’Air. L’Un ne s’occupe pas des Globes portant Homme, mais des Sphères internes et invisibles. Les « Premiers Nés » sont la Vie, le Coeur et le Pouls de l’Univers; les seconds en sont le Mental ou Conscience.

[Ces éléments de Feu, d’Air, etc., ne sont pas nos éléments composés et cette « Conscience » n’a aucun rapport avec la nôtre. La Conscience de l’ « Un Manifesté » si elle n’est pas absolue, elle est, du moins, non conditionnée. Mahat, Mental Universel est bien la première production du Brahmâ-Créateur, mais aussi celle de Pradhâna, matière non différenciée.]

c) Le SECOND ORDRE d’Êtres Célestes, ceux de Feu et d’Aether, qui correspondent à l’Esprit et à l’Âme ou Atmâ-Bouddhi, dont le nom est légion, sont encore sans forme, mais plus distinctement « substantiels ». Ils sont la première différenciation dans la Secondaire Évolution ou « Création » - mot trompeur. Comme le montre leur nom, ils sont les Prototypes des Jîvas ou Monades qui s’incarnent, et sont composés d’Esprit Ardent de Vie. C’est à travers eux que passe, comme un pur rayon solaire, le Rayon auquel ils fournissent son Véhicule futur, l’Âme Divine, Buddhi. Ils se rapportent directement aux Multitudes du Monde supérieur de notre Système. De ces Doubles Unités émanent les « Triples ».

Lorsque, dans la cosmogonie japonaise, au milieu de la masse chaotique apparaît un noyau oviforme contenant en lui le germe et le pouvoir de la vie universelle aussi bien que de la vie terrestre, c’est le Triple dont nous venons de parler qui se différencie. Le « principe mâle éthéré » (Yo) monte et le principe femelle, plus grossier ou plus matériel (In), est précipité dans l’univers de la substance lorsqu’une séparation a eu lieu entre le céleste et le terrestre. De la femelle, la Mère, naît le premier être rudimentaire objectif. Il est éthéré, sans forme ni sexe, et cependant c’est de lui et de la Mère que naissent les Sept Esprits Divins dont émaneront les « sept créations », de même que, dans le Codex Nazaraeus, c’est de Karabtanos et de la Mère Spiritus que sortent les sept esprits mal disposés (matériel). Il serait trop long de donner ici les noms japonais, mais voici l’ordre et la traduction :

(1) Le « Célibataire Invisible », le Logos Créateur du « Père » qui ne crée pas, ou la potentialité créative de ce dernier, manifestée.
(2) L’ « Esprit [ou Dieu] des profondeurs sans rayons [Chaos], qui devient la matière différenciée, ou l’étoffe du monde, et aussi le règne minéral.
(3) L’ « Esprit » du Règne Végétal », de la « Végétation abondante ».
(4) L’ « Esprit  de la Terre » et l’ « Esprit des Sables », Être de nature duelle : le premier contient la potentialité de l’élément mâle, l’autre celle de l’élément femelle, les deux formant une nature combinée. Ces deux éléments étaient Un, encore inconscients d’être deux.

Cette dualité contenait (a) Isu no gai no Kami, l’Être mâle, obscur et musculeux, et (b) Eku gai no Kami, la femelle, l’Être blond, plus faible et plus délicat. Puis :
(5) et (6) Les Esprits androgynes ou des deux sexes.
(7) Le Septième Esprit, le dernier émané de la « Mère », apparaît comme la première forme divine humaine, distinctement mâle et femelle. C’était la septième « création », comme dans les Purânas, dans lesquels l’homme est la septième création de Brahmâ.

Ceux-ci, Tsanagi-Tsanami, descendirent dans l’univers par le Pont Céleste, la Voie Lactée, et « Tsanagi apercevant en bas une masse chaotique de nuages et d’eau lança dans ses profondeurs sa lance couverte de pierres précieuses et la terre ferme apparut ». Alors les deux se séparèrent pour explorer Onokoro, le monde insulaire nouvellement créé, etc. (Omoie).

Telles sont les fables japonaises exotériques, l’écorce qui cache le noyau de la même vérité une de la DOCTRINE SECRÈTE.

d) Le TROISIÈME ORDRE correspond à Atmâ-Buddhi-Manas (Esprit, Âme et Intelligence); on les appelle les « Triades ».

e) Le QUATRIÈME ORDRE est composée des Entités substantielles. C’est le groupe le plus élevé, parmi les Rupas (Formes Atomiques) C’est la pépinière des Âmes humaines, conscientes et spirituelles. Celles-ci sont appelées les « Jîvas Impérissables » et constituent, par l’intermédiaire de l’Ordre au-dessous du leur, le premier Groupe de la première Multitude Septénaire – le grand mystère de l’Être humain conscient et intellectuel. Ces multitudes sont, en effet, le champ où se trouve caché, dans sa privation, le Germe qui doit tomber en génération. Ce Germe devient le pouvoir spirituel qui, dans la cellule physique, guide le développement de l’embryon et est la cause de la transmission héréditaire des facultés et des qualités inhérentes à l’homme. Pourtant la théorie darwinienne de la transmission des facultés acquises n’est ni enseignée, ni acceptée dans l’Occultisme. L’évolution, dans ce dernier système procède sur des lignes entièrement différentes; le physique, d’après l’enseignement ésotérique, évolue graduellement du spirituel, du mental et du psychique, Cette âme intérieure de la cellule physique – le « plasma spirituel » qui domine le plasma germinal est la clef qui doit ouvrir un jour les portes de cette terra incognita du Biologiste qu’on appelle maintenant le mystère obscur de l’Embryologie.[ Il est digne de remarquer que la Chimie Moderne, tandis qu’elle rejette, comme une superstition de l’Occultisme et de la Religion, la théorie d’Êtres substantiels et invisibles, appelés Anges, Élémentals, etc. – sans, bien entendu, avoir seulement cherché à pénétrer la philosophie de ces entités incorporelles ou avoir réfléchi à leur sujet – ait été inconsciemment forcée, par des observations et des découvertes, à reconnaître et adopter la même proportion dans la marche et l’ordre de l’évolution des atomes chimiques que celle que l’Occultisme enseigne au sujet de ses Dhyânis et ses Atomes, l’analogie étant sa première loi. ] Comme nous venons de le voir, le tout premier Groupe des Anges Rupas est quaternaire et un élément s’ajoute à chaque ordre à mesure que l’on descend. De même les atomes, dans la phraséologie de la Chimie, sont monoatomiques, diatomiques, tétratomiques, etc., en progressant vers le bas.

Qu’on se rappelle que le Feu, l’Eau, et l’Air de l’Occultisme, ou les prétendus « Éléments de la Création Primaire », ne sont pas les éléments composés qu’ils sont sur la Terre, mais les Éléments nouménaux et homogènes – les Esprits des éléments terrestres. Viennent alors les Groupes ou Multiples Septénaires. Si on les plaçait en lignes parallèles avec les atomes, sur un tableau, on verrait que les natures de ces Êtres correspondent, sur une échelle descendante de progression à des éléments analogiquement composés d’une façon mathématiquement identique. Cela ne se rapporte, bien entendu, qu’aux tableaux faits par les Occultistes; car si l’échelle des Êtres Angéliques était placée sur des lignes parallèles à celle de l’Échelle des atomes chimiques de la Science – de l’Hélium hypothétique jusqu’à l’Uranium – on trouverait, il va sans dire, de la différence. Car ces derniers n’ont, comme correspondants sur le Plan Astral, que les quatre ordres inférieurs – les trois principes supérieurs de l’atome, ou plutôt de la molécule ou élément chimique, ne sont perceptibles qu’à l’oeil initié de Dangma. Si la chimie désirait, par conséquent, se mettre sur le vrai chemin, elle devrait corriger son arrangement tabulaire à l’aide de celui des Occultistes – ce qu’elle refuserait sans doute de faire. Dans la Philosophie Ésotérique, chaque particule physique correspond à son noumène supérieur et en dépend – l’Être à l’essence duquel elle appartient; et, en haut comme en bas, le spirituel évolue du Divin, le Psychomental du Spirituel, - souillé de son plan inférieur par l’Astral, - la Nature entière, animée et (en apparence) inanimée, évoluant sur des lignes parallèles et tirant ses attributs d’en haut aussi bien que d’en bas.

Le chiffre sept appliqué au terme MultipleSepténaire, mentionné plus haut, n'implique pas seulement sept Entités, mais sept Groupes ou Multitudes, comme nous venons de l'expliquer. Le Groupe le plus haut, les Asuras, nés dans le premier corps de Brahmâ, qui se changea en "Nuit", sont septénaires, c'est-à-dire divisés, comme les Pitris, en sept Classes dont trois sont sans corps (arupa) et quatre ont des corps [ Voir Vishnu Purâna, livre 1] Ils sont, en effet, plus véritablement nos Pitris (Ancêtres) que les Pitris qui projetèrent les premiers hommes physiques.

f) Le CINQUIÈME ORDRE est très mystérieux, parce qu’il est lié avec le Pentagone Microcosmique, l’étoile à cinq branches qui représente l’homme. Dans l’Inde et en Égypte, on établissait un rapport entre ces Dhyânis et le Crocodile, et leur demeure est dans le Capricorne. Mais, dans l’Astrologie indienne, ces termes sont interchangeables, car le dixième signe du zodiaque, qu’on appelle Makara, est ce qu’on peut à peu près traduire par « Crocodile ». Le mot lui-même est interprété occultement de diverses façons, comme on le dira plus loin. En Égypte, le Défunt – dont le symbole est le pentagramme, ou étoile à cinq branches, celles-ci représentant les membres d’un homme – était représenté d’une façon emblématique comme étant transformé en crocodile. Sebekh ou Sevekh (le septième), comme dit M. Gerald Massey, qui en fait comme le type de l’intelligence, est, en réalité, un dragon, et non un crocodile. C’est le « Dragon de Sagesse », ou Manas, l’Âme Humaine, le Mental, le Principe Intelligent, appelé, dans notre Philosophie Ésotérique, le Cinquième Principe.

Selon le Livre des morts, ou Rituel, le défunt « Osirifié » et présenté sous le glyphe d’un dieu momifié, à tête de crocodile, dit :

Je suis le crocodile qui préside à la peur, je suis le Crocodile-Dieu, à l’arrivée de son Âme parmi les hommes. Je suis le Dieu crocodile amené pour la destruction.

C’est une allusion à la destruction de la pureté divine et spirituelle lorsque l’homme acquiert la connaissance du bien et du mal; et aussi aux Dieux ou Anges « déchus » de chaque théogonie.

Je suis le poisson du grand Horus [comme Makara est le « crocodile » le Véhicule Varuna]. Je suis fondu en Sekhem [ Ch. LXXXVIII. ].

Cette dernière phrase corrobore et répète la doctrine du « Bouddhisme » ésotérique, car elle fait directement allusion au Cinquième Principe (Manas) ou plutôt à la partie la plus spirituelle de son essence, qui se fond dans Atmâ-Buddhi, est absorbé par lui, et devient Un avec lui après la mort de l’homme. Car Sekhem est la résidence, ou Loka du dieu Khem (Horus-Osiris, ou le Père et le Fils); d’où vient le Devachan d’Atmâ-Buddhi. Dans le Livre des morts on montre le défunt comme entrant en Sekhem, avec Horus-Thot, et « en sortant comme pur esprit ». Le Défunt dit :

Je vois les formes de [moi-même comme divers] hommes se transformant éternellement … Je connais ce [chapitre]. Celui qui le connaît… prend toutes sortes de formes vivantes [ Ch. LXIV, 29, 30. ].

Et, s’adressant dans une formule magique à ce qui, en Ésotérisme égyptien, est appelé le « coeur ancestral » ou le principe qui se réincarne, l’Ego permanent, le Défunt dit :

« Oh! Mon coeur, mon coeur ancestral, nécessaire à mes transformations … ne te sépare pas de moi devant le gardien des balances. Tu es ma personnalité dans mon sein, le compagnon divin qui veille sur mes chairs [corps] [ Ibid., 34, 35. ]. »

C’est en Sekhem qu’est voilée la « Figure Mystérieuse », ou l’Homme réel, caché sous la personnalité trompeuse, le crocodile-triple de l’Égypte, le symbole de la Trinité supérieure, ou Triade humaine, Atmâ, Buddhi et Manas.

[Une des explications du sens réel, quoique caché, de ce glyphe religieux égyptien est facile. Le crocodile est le premier à attendre et à recevoir les feux dévorants du soleil du matin, et il n’a pas tardé à personnifier la chaleur solaire elle-même. Lorsque le soleil se levait, c’était comme l’arrivée sur la terre et parmi les hommes de « l’âme divine qui anime les Dieux ». C’est ce qui explique ce symbolisme étrange. La momie prenait la tête d’un crocodile pour montrer que c’était une âme arrivant de la terre.]

Dans tous les anciens papyrus, le crocodile est appelé Sebeth (Septième); l’eau symbolise aussi ésotériquement le cinquième principe; et, comme nous l’avons dit, M. Gerald Massey montre que le crocodile était la « septième âme, la suprême des sept - le Voyant invisible ». Même exotériquement, Sekhem est la demeure du Dieu Khem, et Khem c’est Horus vengeant la mort de son père Osiris, c’est-à-dire qu’il punit les Péchés des hommes, lorsqu’ils deviennent Âmes désincarnées. C’est ainsi que le défunt « Osirifié devenait le Dieu Khem, qui « moissonne les champs d’Aanru »; c’est-à-dire qu’il moissonne sa récompense ou sa punition, car ce champ est la localité céleste (Devachan), où le Défunt reçoit du blé, nourriture de la justice divine. Le Cinquième Groupe d’Êtres Célestes est censé contenir en lui les attributs doubles des aspects physiques et spirituels de l’Univers; les deux pôles, pour ainsi dire, de Mahat, l’Intelligence Universelle, et la nature double de l’homme, spirituel et physique. De là vient son nombre Cinq, qui doublé a changé en Dix, le lie à Makara, dixième du Zodiaque.

g) Les SIXIÈME ET SEPTIÈME ORDRES participent aux qualités inférieures du Quaternaire. Ce sont des Entités conscientes et éthérées, aussi invisibles que l’Éther; comme les branches d’un arbre, elles sortent du premier Groupe central des Quatre et développent, à leur tour, d’innombrables Groupes latéraux dont les derniers sont les Esprits de la Nature ou Élémentals, êtres dont les espèces et les variétés sont sans nombre; depuis ceux qui sont sans forme, et comme non substantiels – PENSÉES idéales de leurs créateurs – jusqu’aux organismes atomiques invisibles à la perception humaine. Ces derniers sont considérés comme les « esprits des atomes » - car ils sont le premier pas qui précède l’atome physique - et sont des créatures sensibles sinon intelligentes. Ils sont tous soumis au Karma, et doivent l’accomplir à travers chaque cycle. Comme l’enseigne la DOCTRINE, dans notre Univers ou dans d’autres Systèmes, dans les Mondes [ Un monde, dit « monde supérieur », n’est pas supérieur en raison de son emplacement, mais par ses qualités ou son essence. Cependant un monde pareil est ordinairement appelé par les profanes « le ciel », et placé au-dessus de nos têtes. ] externes ou dans les internes, il n’y a pas d’êtres privilégiés à la manière des Anges des Religions Juive et Occidentale.

Un Dhyân Chôhan doit le devenir; il ne peut pas apparaître tout d’un coup sur le plan de vie comme un Ange pleinement épanoui. La Hiérarchie Céleste du Manvantara actuel se trouvera transférée dans le prochain Cercle de vie, en des Mondes supérieurs, et fera place à une nouvelle Hiérarchie composée des élus de notre humanité. L’Être est un cycle sans fin, placé dans le sein de l’Éternité Une et Absolue, Éternité dans laquelle se meuvent des cycles internes innombrables, finis et conditionnés. Des Dieux, créés tels, n’auraient aucun mérite personnel à être Dieux. De pareils Êtres, parfaits seulement en vertu de la nature spéciale immaculée qui leur serait inhérente, mis en face de l’humanité souffrante et combattante, et même de la création inférieure, seraient l’expression d’une injustice éternelle, absolument Satanique en elle-même, un crime toujours présent. C’est une anomalie et une impossibilité dans la Nature. Par conséquent, les « Quatre » et les « Trois » doivent s’incarner, comme tous les autres êtres. Ce Sixième Groupe, en outre, reste presque inséparable de l’homme, qui en tire tous ses principes, sauf le plus élevé et le plus bas, c’est-à-dire son esprit et son corps; les cinq principes humains médians sont, en effet, l’essence même de ces Dhyânis. [Paracelse les appelle les Flagae; les Chrétiens, les Anges gardiens; les Occultistes, les Ancêtres, les Pitris. Ce sont les Sextuples Dhyân Chôhans qui possèdent les six Éléments spirituels dans la composition de leurs corps – en un mot, des hommes, moins le corps physique.]

Seul, le Rayon Divin, l’Atman, procède directement de l’un. Lorsqu’on demande : Comment cela peut-il être? Comment est-il possible de concevoir que ces « Dieux », ou Anges, puissent être à la fois leurs propres émanations et leurs sois personnels? Est-ce dans le même sens que dans le monde matériel, où le fils est, en un sens, son père, étant son sang, les os de ses os et la chair de sa chair? À cela les Instructeurs répondent : En réalité, c’est ainsi. Mais il faut se plonger dans les profondeurs du mystère de l’ÊTRE avant de pouvoir pleinement comprendre cette vérité.

Stance VII (2)

2. Le Rayon Unique multiplie les Rayons moindres. La Vie précède la Forme et survit au dernier atome [ De la forme, le Sthûla Sharira, le corps extérieur. ]. À travers les Rayons innombrables, le Rayon de la Vie, l’Unique, passe comme un fil à travers bien des Perles.

Ce shloka exprime la conception – purement védântine, comme nous l’avons déjà expliqué ailleurs – d’un Fil de Vie, Sutrâtmâ, passant à travers de successives générations. Comment l’expliquer? En se servant d’une comparaison, d’une image familière, quoique nécessairement imparfaite, comme toutes les analogies utilisables. Avant de m’en servir, cependant, je demanderai, lorsque nous considérons le processus de la croissance et de la transformation du fœtus en un enfant vigoureux, pesant plusieurs livres, s’il nous paraît non naturel ou encore moins « surnaturel »? L’enfant évolue de quoi? De la segmentation d’un ovule infiniment petit et d’un spermatozoïde! Nous voyons ensuite l’enfant se développer en un homme de six pieds de haut! cela se rapporte à l’expansion atomique et physique, du microscopiquement petit en quelque chose d’énormément grand; de ce que l’oeil naturel est incapable de voir, en du visible et de l’objectif. La science s’est occupée de ces questions et je suppose que ses théories sont assez correctes, dans la mesure de l’exacte observation des choses. Cependant, les deux principales difficultés de l’Embryologie – les forces en oeuvre dans la formation du fœtus, et la cause de la « transmission héréditaire » des ressemblances physiques, morales ou mentales – n’ont jamais été résolues d’une manière satisfaisante; et elles ne le seront jamais jusqu’au jour où les savants daigneront accepter les théories Occultes. Mais si ce phénomène physique n’étonne personne, bien qu’il intrigue les Embryologistes, pourquoi notre croissance intellectuelle interne, l’évolution de l’Humain-Spirituel au Divin-Spirituel, serait-elle considérés, comme plus impossible que l’autre, ou le paraîtrait-elle?

[Les Matérialistes et les Évolutionnistes de l’école darwinienne seraient mal avisés d’accepter les nouvelles théories du professeur Weissmann, auteur de Beiträge zur Descendenz-lehre, en ce qui touche l’un des deux mystères de l’Embryologie dont nous venons de parler, et que cet auteur semble penser qu’il a résolu, car, lorsque ce problème sera pleinement éclairci, la Science sera entrée dans le domaine de l’occulte véritable et elle aura quitté, pour toujours, le système transformiste tel qu’il est enseigné par Darwin. Les deux théories sont inconciliables au point de vue du Matérialisme. Au contraire, considérée au point de vue des Occultistes, la nouvelle théorie résout tous ces mystères. Ceux qui ne sont pas au courant des découvertes du professeur Weissmann – antérieurement darwiniste enthousiaste – doivent se hâter de combler cette lacune. Le philosophe embryologiste allemand – passant par-dessus Hippocrate et Aristote, et se mettant au niveau des enseignements des vieux âryens - montre une cellule infinitésimale à l’oeuvre, parmi un million d’autres cellules, dans la formation d’un organisme, déterminant seule et sans aide, par la segmentation et la multiplication constantes, l’image exacte de l’homme ou de l’animal futur, dans ses caractéristiques physiques, mentales et psychiques. C’est cette cellule qui imprime sur la figure et dans la forme du nouvel individu les traits des parents ou parfois d’un ancêtre éloigné; c’est cette cellule, encore, qui transmet les idiosyncrasies intellectuelles et mentales de ses pères, et ainsi de suite. Ce Plasme est la partie immortelle de nos corps et il se développe par un processus d’assimilations successives. La théorie de Darwin, qui considérait la cellule embryologique comme l’essence ou l’extrait de toutes les autres cellules, est mise de côté; elle est incapable d’expliquer les transmissions héréditaires. Il n’y a que deux manières d’éclaircir le mystère de l’hérédité : ou la substance de la cellule germinale est douée de la faculté de traverser le cycle entier des transformations, cycle qui conduit à la construction d’un organisme séparé et ensuite à la reproduction de cellules germinales identiques; ou ces cellules germinales n’ont nullement leur genèse dans le corps de l’individu, mais procèdent directement de la cellule germinale ancestrale, transmise de père à fils à travers de longues générations. C’est cette dernière hypothèse que Weissmann a adoptée et sur laquelle il a basé ses travaux, et c’est cette cellule qu’il déclare être la partie immortelle de l’homme. C’est très bien jusqu’ici, mais lorsqu’on aura accepté cette presque correcte théorie, comment les Biologistes expliqueront-ils la première apparition de cette cellule éternelle? À moins d’admettre que l’homme ne soit tombé des nuages, comment expliquer la présence en lui de cette cellule embryologique?]

Complétez le Plasme Physique dont nous venons de parler, la « Cellule Germinale » de l’homme avec toutes les potentialités matérielles, par le Plasme Spirituel », - ou fluide qui contient les cinq principes inférieurs du Dhyâni à six principes – et vous avez le secret, si vous êtes assez spirituel pour le comprendre.

Donnons maintenant la comparaison annoncée :

Lorsque la semence de l’homme animal est jetée dans le terrain de la femme animale, cette semence ne peut germer si elle n’a pas été fructifiée par les cinq vertus [le fluide ou l’émanation de principes] de l’Homme Céleste Sextuple. C’est pourquoi le Microcosme est représenté par un pentagone, dans l’Étoile Hexagonale – le Macrocosme [ Αυθφωπος , ouvrage sur l’Embryologie Occulte, livre I.]

Aussi : Les fonctions de Jîva sur cette Terre sont d’un caractère quintuple. Dans l’atome minéral, il est lié aux principes inférieurs des Esprits de la Terre (les Sextuples Dhyânis); dans la particule végétale, il est lié à leur second principe – le Prâna (la Vie); dans l’animal, il est lié aux principes précédents, et de plus au troisième et au quatrième; chez l’homme, le germe doit recevoir le fruit de tous les cinq. Sans cela, il ne naît pas plus haut qu’un animal [ C’est-à-dire un idiot de naissance.]

Par conséquent, ce n’est que chez l’homme que le Jîva est complet. Quant à son septième principe, ce n’est qu’un des Rayons du Soleil Universel. Toute créature raisonnable ne reçoit que le prêt temporaire de ce qui doit retourner à sa source; quant à son corps physique, il est formé par les Vies terrestres les plus inférieures, par l’évolution physique, chimique et physiologique. « Les Bénis n’ont rien à faire avec les purgations de la lumière », dit la Kabale, dans le Livre des Nombres chaldéen.

L’Humanité, dans sa première forme prototypique nuageuse, est le descendant des Elohim de Vie, ou Pitris; dans son aspect qualificatif et physique, elle est la progéniture directe des « Ancêtres », les Dhyânis inférieurs ou Esprits de la Terre; elle doit sa nature morale, physique et spirituelle à un Groupe d’Êtres divins dont on donnera le nom et les caractéristiques dans le volume IV. Les hommes représentent, collectivement, le travail de Multitudes d’Esprits divers; distributivement, ils sont les tabernacles de ces Multitudes; occasionnellement et individuellement, ils sont les véhicules de quelques-uns de ces esprits. Dans notre Cinquième Race actuelle, si matérielle, l’Esprit terrestre de la Quatrième est encore d’une grande force; mais nous approchons du moment où le balancier de l’évolution dirigera franchement sa course vers les hauteurs et ramènera l’Humanité sur une ligne parallèle en spiritualité avec la Troisième Race-racine. Pendant son enfance, l’humanité était entièrement composée de cette Multitude Angélique dont les Esprits habitaient et animaient les monstrueux et gigantesques tabernacles d’argile de la Quatrième Race, construits par des millions de Vies et constitués par elles, comme elles constituent et bâtissent d’ailleurs nos corps actuels. Cette phrase sera reprise plus loin dans le Commentaire. [La Science, apercevant vaguement cette vérité, peut trouver des bactéries et d’autres infiniment petits dans le corps humain et ne voir en eux que des visiteurs accidentels et anormaux auxquels on attribue des maladies. L’occultisme – qui voit une Vie dans chaque atome ou molécule, aussi bien dans un corps minéral ou humain que dans l’air, le feu ou l’eau – affirme que notre corps entier est construit avec de pareilles Vies et dit que la plus petite bactérie est si grande par rapport à elles, que son volume est comme celui d’un éléphant placé à côté de l’infusoire le plus petit.]

Les « tabernacles » dont nous venons de parler se sont améliorés, comme tissu et comme symétrie de forme, croissant et se développant avec le Globe qui les porte; mais le progrès physique se fit aux dépens de l’Homme spirituel Intérieur, et de la Nature. Les trois principes médians, dans la terre et dans l’homme, devinrent avec chaque Race plus matériels; l’Âme se retirait pour faire place; a l’INTELLECT PHYSIQUE; l’essence des éléments devint les éléments matériels composés que nous connaissons maintenant.

L’Homme n’est pas et ne pouvait être le produit complet du « Seigneur Dieu »; mais il est l’enfant des Elohim si arbitrairement mis au nombre singulier et au genre masculin. Les premiers Dhyânis qui reçurent l’ordre de « créer » l’homme à leur image ne pouvaient offrir que leurs Ombres comme modèle délicat sur lequel les Esprits de la Nature devaient travailler. L’homme est, sans aucun doute, formé physiquement de la poussière de la Terre, mais ses créateurs et ses constructeurs ont été nombreux. On ne peut pas dire davantage que le « Seigneur Dieu souffla dans ses narines le souffle de Vie », à moins qu’on identifie Dieu avec la « Vie Une », omniprésente quoique invisible, et à moins qu’on n’attribue à « Dieu » la même opération pour chaque Âme vivante; celle-ci est l’Âme Vitale (Nephesh) et non l’Esprit Divin (Ruach), lequel donne à l’homme seul un degré d’immortalité divin qu’aucun animal, comme tel, ne pourra atteindre dans ce cycle d’incarnation. C’est à cause des distinctions non adéquates faites par les Juifs, et plus tard par nos métaphysiciens d’Occident, incapables de comprendre et par conséquent d’accepter plus qu’un homme triple – Esprit, Âme et Corps – que le « Souffle de Vie » a été confondu avec « l’Esprit » immortel. Cela s’applique directement aux théologiens protestants qui, en traduisant un certain verset du Quatrième Évangile [ Jean, III, 8. ], ont changé entièrement sa signification. Cette traduction dit, « le vent souffle là où il veut », tandis que le texte original et la traduction de l’Église orientale grecque portent « l’esprit » va où il veut ».

[L’érudit et très philosophique auteur des New Aspects of Life, le Dr H. Pratt, voudrait faire comprendre au lecteur que le Nephesh Chaiah (âme vivante), selon les Hébreux, était

produit par l’infusion de l’esprit ou souffle de vie dans le corps vivifiant de l’homme et devait remplacer cet esprit dans le soi ainsi constitué, de sorte que l’esprit se perdait et disparaissait dans l’âme vivante.

Il trouve qu’on devrait considérer le corps humain comme une matrice dans laquelle, et de laquelle, l’Âme – qu’il paraît placer au-dessus de l’Esprit – se développe. Considéré fonctionnellement et au point de vue de l’activité, l’Âme est sans aucun doute plus haut placé que l’Esprit dans ce monde fini et conditionné de Mâyâ. L’Âme, dit-il, « est produite, en dernier lieu, du corps animé de l’homme ». L’auteur identifie tout simplement l’ « Esprit » (Atmâ) avec le « Souffle de Vie ». Les Occultistes orientaux ne seront pas d’accord avec lui parce que son assertion repose sur la conception erronée que Prâna et Atmâ ou Jîvâtmâ sont une seule et même chose. L’auteur appuie son argument en montrant que, chez les anciens Hébreux, chez les Grecs et même chez les Latins, Ruach, Pneuma et Spiritus signifiaient le Vent. C’est vrai pour les Juifs et très probable pour les Grecs et les Romains; le mot grec Anemos (Vent) et le mot latin Animus (Âme) ont, en effet, une relation suggestive.

Tout cela est assez tiré par les cheveux, mais il est difficile de trouver un champ de bataille convenable pour décider de cette question, puisque le docteur Pratt paraît être un métaphysicien terre à terre et pratique, une espèce de Kabaliste-Positiviste, tandis que les métaphysiciens orientaux, et surtout les Védântins, sont tous des Idéalistes. Les Occultistes sont aussi de l’école Védântine Ésotérique la plus pure, et quoiqu’ils appellent la Vie une (Parabrahman), le Grand Souffle, le Tourbillon, ils séparèrent entièrement le septième principe de la matière et nient qu’il ait aucune relation avec elle.]

Par conséquent, la philosophie des relations psychiques, spirituelles et mentales de l’homme avec ses fonctions physiques est dans une confusion presque inextricable. On ne comprend plus bien la psychologie des anciens Âryens et des Égyptiens, et il est impossible de l’assimiler sans accepter le septénaire Ésotérique ou, tout au moins, la division Védântine quinaire des principes humains internes. Sans cela, l’on ne pourra jamais comprendre les relations métaphysiques et purement psychiques – ou même physiologiques – entre les Dhyâns Chôhans ou Anges sur un plan et l’humanité sur un autre. Aucun ouvrage Ésotérique Oriental (Âryen) n’a été jusqu’ici publié, mais nous possédons les papyrus égyptiens qui parlent clairement des sept principes ou des « Sept Âmes de l’Homme ». Le Livre des Morts donne une liste complète des « transformations » par lesquelles passe chaque Défunt pendant qu’il se dépouille, un par un, de tous ces principes, et, pour rendre l’idée plus claire, ces derniers ont été matérialisés en entités ou corps éthérés. Il faut aussi rappeler à ceux qui voudraient démontrer que les anciens Égyptiens n’enseignaient pas la Réincarnation que, dans ce livre, l’ « Âme » (l’Ego ou le Soi) du Défunt est dite vivre dans l’Éternité : elle est immortelle, « coexistante avec le bateau Solaire et disparaissant avec lui », c’est-à-dire qu’elle suit le Cycle de Nécessité. Cette « Âme » sort du Tiau, le Royaume de la Cause de la Vie, et se joint aux vivants sur la Terre, dans le jour pour retourner au Tiau chaque nuit. Cela exprime les existences périodiques de l’Ego [ Ch. CXLVIII. ].

L’Ombre, la Forme Astrale, est annihilée, « dévorée par l’Uraeus » [Ibid., CXLIX, 51. ]; les Manes seront annihilés; les deux Jumeaux (les Quatrième et Cinquième Principes) seront dispersés; mais l’Âme-Oiseau, « l’Hirondelle Divine et l’Uraeus de Flamme » (Manas et Atmâ-Buddhi) vivront dans l’éternité, car ils sont les maris de leurs mères.

[Voici encore une analogie suggestive entre l’Ésotérisme âryen ou brâhmanique et l’Ésotérisme Égyptien. Le premier appelle les Pitris les « Ancêtres Lunaires » de l’Homme, et les Égyptiens font du Dieu lunaire, Toht-Esmun, le premier ancêtre humain.

Ce Dieu lunaire exprimait les Sept pouvoirs de la nature antérieurs à lui et résumés en lui comme ses sept âmes, dont lui, la Huitième, provoquait la manifestation [c’est de là que vient la huitième sphère]… Les sept rayons de l’Heptakis chaldéen, ou Iao, sur les pierres Gnostiques, indiquent le même septénaire d’âmes…On voyait la première forme du mystique Sept figurée dans le ciel par les sept étoiles de la Grande Ourse, constellation assignée par les Égyptiens à la mère du Temps et des sept pouvoirs Élémentals[ The Seven Souls of Man, p. 2. Conférence faite par Gerald Massey]

Comme le sait bien tout Hindou, cette même constellation représente, dans l’Inde, les Sept Rishis et s’appelle Riksha et Chitra-Shikandin.

Le semblable seul produit le semblable. La Terre donne à l’Homme son corps, les Dieux (Dhyânis) lui donnent ses cinq principes intérieurs, l’Ombre psychique dont ces Dieux sont souvent le principe animateur. L’ESPRIT (Atman) est un et indiscret. Il n’est pas dans le Tiau.

Car qu’est-ce que le Tiau? Les constantes allusions au Tiau contenues dans le Livre des Morts contiennent un mystère. Tiau est le Sentier du Soleil Nocturne, l’hémisphère inférieur, la région infernale des Égyptiens, placée par eux sur le côté caché de la Lune. L’être humain, d’après leur Ésotérisme, venait de la Lune – un triple mystère à la fois astronomique, physiologique et psychique; il traversait le cycle entier de l’existence et revenait au lieu de sa naissance avant d’en ressortir. Le Défunt est représenté comme arrivant dans l’Ouest, recevant son jugement devant Osiris, ressuscitant comme le Dieu Horus et faisant le tour du ciel sidéral, - ce qui est une assimilation allégorique à Râ, le Soleil, - puis, ayant traversé le Nuut, l’Abîme Céleste, revenant encore une fois au Tiau – assimilation à Osiris, qui, comme Dieu de la vie et de la reproduction, habite la Lune. Plutarque [ De Iside et Osiride, LXIII. ] représente les Égyptiens célébrant une fête appelée « l’Entrée d’Osiris dans la Lune ».Dans le Rituel [ Ch. LXI. ], la vie est promise après la mort, et son renouvellement est placé sous la protection d’Osiris-Lunus parce que la Lune était le symbole de ce renouvellement ou des réincarnations à cause de ses phases mensuelles de croissance et de décroissance, de disparition et de réapparition. Dans le Dankmoe [ IV. 5. ], il est dit : « O Osiris-Lunus, toi qui te refais ton renouveau. »Et Sabekh dit à Seti I : « Tu te renouvelles toi-même comme un Dieu Lunus lorsqu’il est enfant [ L’Abydos de Mariette; tableau 51. ] ».C’est encore mieux expliqué sur un papyrus du Louvre [ P. Pierret, Études Égyptologiques. ] : « Des accouplements et des conceptions abondent lorsqu’il [Osiris-Lunus] est vu en ce jour dans le ciel! » Osiris dit : « O rayon unique et radieux de la Lune! Je sors des multitudes circulantes [d’étoiles]… Ouvre-moi le Tiau, pour Osiris N. Je sortirai le jour pour accomplir ce que j’ai à faire parmi les vivants [ Rituel, ch. II. ] », c’est-à-dire pour produire des conceptions.

Osiris était « Dieu manifesté dans la génération », parce que les anciens connaissaient, bien mieux que les modernes, les influences occultes réelles du corps lunaire sur les mystères de la conception. [Dans les plus anciens systèmes, nous trouvons que la Lune est toujours mâle. Ainsi, Soma, chez les Hindous, est une espèce de don Juan sidéral, un « Roi », et le père – quoique illégitime – de Bouddha - la Sagesse. Cela se rapporte au Savoir Occulte, sagesse acquise par une connaissance profonde des mystères lunaires, y compris ceux de la génération sexuelle.] Et plus tard, lorsqu’on associa la Lune avec les Déesses féminines – Diane, Isis, Artémise, Junon, etc. – Ce lien reposait aussi sur la connaissance complète de la physiologie et de la nature féminine, physique aussi bien que psychique [ Si, au lieu des leçons inutiles sur la Bible dans les catéchismes, on enseignait l’Astrologie aux multitudes de pauvres et de malheureux, - en ce qui concerne, du moins, les propriétés occultes de la Lune et ses influences cachées sur la génération, - il y aurait peu à craindre que la population s’accrût trop vite, et l’on aurait pas besoin, pour cela, de recourir à la littérature malthusienne. Car c’est la Lune et ses conjonctions qui règlent les conceptions. – chaque Astrologue de l’Inde le sait bien. Du temps des Races précédentes et au commencement de la nôtre, ceux qui se permettaient des relations conjugales pendant les phases lunaires qui rendent les relations stériles étaient considérés comme des sorciers et des pécheurs. Mais maintenant, ces péchés d’antan, issus de l’abus de la connaissance Occulte, paraîtraient préférables aux crimes commis de nos jours par suite de l’ignorance complète de telles influences Occultes.]

Mais, tout d’abord, le Soleil et la Lune étaient les seules divinités psychiques et physiologiques visibles et (par leurs effets), pour ainsi dire, tangibles – le Père et le Fils – tandis que l’Espace ou l’Air, en général, ou cette étendue de Ciel que les Égyptiens appelaient Nuut, était leur Esprit ou Souffle caché. Le « Père et le Fils » étaient interchangeables dans leurs fonctions, et ils travaillaient en harmonie dans leurs effets sur la nature et l’humanité terrestres; on les considérait par conséquent comme UN, quoiqu’ils fussent DEUX en tant qu’Entités personnifiées. Ils étaient tous les deux mâles, tous les deux avaient leur travail distinct quoiqu’ils fussent en collaboration dans la génération causale de l’Humanité. Voilà ce qui, considéré aux points de vue astronomique et cosmique, fut exprimé en un langage symbolique qui devint, dans nos dernières races, théologique et dogmatique. Mais derrière ce voile de symboles Cosmiques et Astrologiques il y avait les mystères Occultes de l’Anthropographie et de la genèse primordiale de l’homme. Et, en cela, aucune connaissance des symboles – pas même la clef du langage symbolique post-diluvien des Juifs – ne peut aider, sauf en ce qui se rapporte à ce qui a été donné dans les écritures saintes nationales pour l’usage exotérique; le total de ces écritures, si soigneusement qu’il ait été voilé, n’était qu’une petite partie de l’histoire réelle primitive de chaque peuple, et souvent aussi, comme dans les Écritures des Hébreux, il ne se rapportait qu’à la vie humaine terrestre et non à la vie divine de cette nation. Cet élément psychique et spirituel appartenait aux Mystères [ Au « Mystère », dans l’édition de 1888. ] et à l’Initiation. Il y avait des choses qui n’ont jamais été écrites sur les rouleaux, mais qui, comme dans l’Asie Centrale, furent gravées sur des rochers et dans des cryptes souterraines.

Il fut un moment, cependant – quand le monde entier était « d’une seule bouche et d’une seule connaissance » - où l’homme savait plus au sujet de son origine qu’il ne sait maintenant et où il savait donc que le Soleil et la Lune, quelque grand que soit le rôle qu’ils jouent dans la constitution, la croissance et le développement du corps humain, n »étaient pas les agents qui l’ont fait apparaître sur Terre; car ces agents, en vérité, sont les Pouvoirs vivants et intelligents que les Occultistes appellent Dhyân Chôhans.

À ce sujet, un admirateur très érudit de l’Ésotérisme Juif nous apprend que :

La Kabale dit expressément qu’Elohim est une « abstraction générale », ce que nous appelons en mathématiques « un coefficient constant », ou une « fonction générale », faisant partie de toute construction et non particulière; c’est-à-dire le rapport général de 1 à 31 415, les chiffres [Astro-Dhyaniques et ] Élohistiques.

À cela l’Occultiste Oriental répond : Très bien; ils sont une abstraction pour nos sens physiques. Mais pour nos perceptions spirituelles, pour notre oeil spirituel interne, les Elohim ou Dhyânis ne sont pas plus une abstraction que ne le sont, pour nous, notre âme et notre esprit. Rejeter l’un c’est rejeter l’autre, puisque ce qui constitue l’Entité survivante en nous est en partie l’émanation directe de ces Entités et en partie ces Entités célestes elles-mêmes. Il est certain que les Juifs étaient parfaitement au courant de la sorcellerie et des diverses formes malfaisantes; mais, à l’exception de quelques-uns de leurs grands prophètes et voyants comme Daniel et Ézéchiel – Enoch appartenait à une race bien antérieure et représentait un caractère générique commun à toute nation propre et non à une seule – ils savaient peu du véritable Occultiste divin et ne voulaient pas s’en occuper; leur caractère national était contraire à quoi que ce fût n’ayant pas de rapport direct avec leur intérêt de race, de tribu ou d’individu; témoins leurs prophètes et les malédictions qu’ils proféraient contre la « race ne se courbant pas ». Mais la Kabale elle-même montre clairement la relation directe qui existe entre les Séphiroth, ou Elohim, et les hommes.

Par conséquent, lorsqu’il nous sera prouvé que l’identification Kabalistique de Jéhovah avec Binah, Séphira féminine, contient une autre signification, une signification sous-occulte, alors, mais alors seulement, les Occultistes pourront décerner la palme de la perfection aux Kabalistes. Jusqu’à ce moment l’on maintiendra que Jéhovah, pris au sens abstrait d’un seul « Dieu vivant », est un simple nombre, une fiction métaphysique et ne devient une réalité que lorsqu’il est mis à sa Vraie place comme émanation et comme Séphira – et nous avons le droit de le maintenir, car le Zohar, comme en témoigne au moins le Livre des Nombres, enseignait, avant que les Kabalistes Chrétiens l’eussent défiguré, et enseigne toujours la même doctrine que nous, à savoir que l’Homme émane, non pas d’un HOMME Céleste unique, mais d’un Groupe Septénaire d’Hommes Célestes, ou Anges; le même enseignement se trouve dans Pymandre, la Pensée Divine.

Stance VII (3)

3. Lorsque l’Un devient Deux, le Triple apparaît (a). Les Trois sont [ Enchaînés en. ] Un, et c’est notre Fil, Lanou, le coeur de la Plante-Homme, appelée Saptaparna (b).

a) « Lorsque l’Un devient Deux, le Triple apparaît », c’est-à-dire quand l’un Éternel laisse tomber sa réflexion dans la région de Manifestation, cette réflexion, « le Rayon », différencie l’ « Eau de l’espace », ou, pour employer les termes du Livre des Morts, « le Chaos cesse, sous l’influence du Rayon de Lumière Primordiale qui dissipe l’obscurité totale à l’aide du grand pouvoir magique du Verbe du Soleil [central] ». Le Chaos devient mâle-femelle, l’Eau est couvée par la Lumière et le Triple Être en sort comme « Premier Né ». « RÂ[ou Osiris-Ptah] crée [comme le fait Brahmâ] ses propres membres en créant les Dieux destinés à personnifier ses phases », pendant le Cycle [ Op. cit., XVII, 4. ].L’Égyptien Râ sortant de l’Abîme est l’Âme Divine Universelle dans son aspect manifesté; il en est de même de Nârâyana, le Purusha, « caché dans l’Akâsha, et présent dans l’Éther ».

Telle est l’explication métaphysique, et elle se rapporte au commencement même de l’Évolution, ou, plutôt, de la Théogonie. La signification de cette STANCE, lorsqu’on l’explique a un autre point de vue, dans ses rapports avec le mystère de l’homme et de son origine, est encore plus difficile à saisir. Afin de former une conception claire de ce que signifie l’Un devenant Deux et se transformant ensuite le Triple, il faut que l’étudiant comprenne pleinement ce que nous entendons par les Rondes. S’il lit le Bouddhisme Ésotérique, - premier essai d’esquisse approximative de la cosmogonie archaïque, - il trouvera qu’une Ronde signifie l’évolution sérielle de la Nature matérielle naissante, de sept Globes de notre Chaîne [ Plusieurs critiques hostiles voudraient prouver que notre premier ouvrage, Isis Dévoilée, ne parlait ni des Sept Principes de l’Homme, ni de la Constitution Septénaire de notre Chaîne. Quoique dans cet ouvrage, on ne put parler de la doctrine qu’en termes voilés, il y a néanmoins plusieurs passages où la constitution septénaire de l’Homme et de la Chaîne est ouvertement mentionnée. En parlant des Elohim (vol. II, 420), il est dit : « Ils restent au-dessus du septième ciel (ou monde spirituel), car ce sont eux qui, d’après les Kabalistes, formèrent successivement les six mondes matériels ou plutôt les essais des mondes qui précédèrent le nôtre, et ce dernier est, disent-ils, le septième. » Notre globe, dans le tableau qui représente la Chaîne, est, cela va sans dire, le septième et le plus bas, mais comme l’évolution sur ces Globes est cyclique, il est en réalité le quatrième sur l’arc descendant de la matière. Et encore (II, 367) : « Dans les croyances Égyptiennes, comme dans toutes celles fondées sur la philosophie, l’homme n’était pas simplement … l’union d’une âme et d’un corps; il était une trinité, parce que l’esprit y était ajouté, et cette même doctrine enseignait, en outre, qu’il possédait un corps, une forme astrale ou ombre … une âme animale… une âme supérieure… l’intelligence terrestre… [et] un sixième principe, etc., puis le septième – l’ESPRIT. » On y parle si clairement de ces principes que, même dans l’Index (II, 683), on trouve : « Les Six Principes de l’homme », le septième étant, en réalité, la synthèse des six, - non un principe, mais un Rayon du TOUT Absolu. ]et de leurs règnes minéral, végétal, et animal, l’homme est inclus dans ce dernier et en tient la tête, pendant un Cycle entier de vie.

Ce dernier serait plus tard appelé par les Brâhmanes un « Jour de Brahmâ ». C’est, en un mot, une révolution de la Roue (notre Chaîne Planétaire), laquelle est composée de sept Globes ou sept « Roues » séparées, ce mot pris, cette fois, dans un autre sens. Lorsque l’évolution est descendue dans la matière, du Globe A jusqu’au Globe G, il s’est écoulé une Ronde. Au milieu de la quatrième révolution, - notre Ronde actuelle, - « l’Évolution a atteint son point culminant de développement physique, elle a couronné son oeuvre par la production de l’homme physique parfait et, dès ce moment, elle se met à travailler vers l’esprit ». On n’a pas besoin d’insister sur ce point, car il est bien expliqué dans le Bouddhisme Ésotérique. Ce qui l’est moins et ce qui a causé bien des malentendus, c’est l’origine de l’homme, et ici nous pouvons maintenant jeter un peu plus de lumière, assez, du moins pour rendre la STANCE compréhensible, car son processus ne sera pleinement expliqué qu’à sa place légitime, le volume IV.

Chaque Ronde, sur l’échelle descendante, n’est qu’une répétition, sous une forme plus concrète, de la Ronde qui l’a précédée, de même que chaque Globe, jusqu’à notre Quatrième Sphère, la Terre, est une copie plus grossière et plus matérielle de la sphère plus vaporeuse qui la précède selon l’ordre établi et sur les trois plans supérieurs [ Voir le Diagramme III. ].En montant sur l’arc ascendant, l’évolution spiritualise, et éthérise, en quelque sorte, la nature générale du tout, en le mettant au niveau du plan du Globe jumeau placé sur l’arc opposé; il en résulte que lorsque le septième Globe est atteint, dans quelque Ronde que ce soit, la nature de tout ce qui est en voie d’évolution retourne à la condition qui existait au point de départ – avec, en plus, chaque fois, un degré nouveau et supérieur dans les états de conscience. Par conséquent, il est clair que « l’origine de l’homme », comme on l’appelle, dans notre Ronde actuelle, ou Cycle de Vie, sur cette Planète, doit occuper la même place dans le même ordre – sauf pour certains détails tenant à des conditions de lieux et de temps – que dans la Ronde précédente. Il faut aussi expliquer et rappeler que, de même que le travail de chaque Ronde est commis à un Groupe différent de prétendus Créateurs, ou Architectes, il en est de même sur chaque Globe; c’est-à-dire que ce travail est sous la surveillance et la direction des Constructeurs et de Surveillants spéciaux – les divers Dhyân Chôhans.

[Le mot « créateurs [ « Création » dans l’édition de 1888.] » n’est pas correct, car aucune religion, pas même la secte Visishthadvaïtis de l’Inde – secte qui anthropomorphise jusqu’à Parabrahman – ne croit à la création ex nihilo des Chrétiens et des Juifs, mais toutes croient à l’évolution agissant sur des matériaux préexistants.]

Le Groupe de la Hiérarchie qui est chargé de « créer » les hommes est donc un groupe spécial; il produisit pourtant dans ce cycle, un homme vaporeux, comme le fit un Groupe supérieur et plus spirituel encore dans la Troisième Ronde. Mais comme c’est le sixième sur l’échelle descendante de la spiritualité – le septième et dernier est constitué par les Esprits Terrestres (Élémentals), qui forment graduellement, construisent et condensent son corps physique - il ne forma que la forme vaporeuse de l’homme futur, la copie pelliculaire transparente, à peine visible, d’eux-mêmes. C’est devenu la tâche de la Cinquième Hiérarchie – les êtres mystérieux qui président à la constellation du Capricorne, Makara, dans l’Inde, ou « Crocodile », en Égypte – d’animer les formes animales éthérées et vides pour en faire l’Homme rationnel. C’est un sujet sur lequel on ne peut dire que peu de chose au public, en général. C’est, en vérité, Un MYSTÈRE, mais seulement pour celui qui est préparé à rejeter l’existence d’Êtres Spirituels intellectuels et conscients dans l’Univers et à accorder à l’homme seul la pleine Conscience, et à limiter celle-ci au rôle de « fonction cérébrale ». Beaucoup de ces Entités Spirituelles se sont incarnées corporellement dans l’homme, depuis sa première apparition, et cependant existent encore, aussi indépendamment qu’auparavant, dans l’infini de l’Espace.

Pour nous expliquer plus clairement, une pareille Entité invisible peut être corporellement présente sur terre, sans abandonner cependant son état ou ses fonctions dans les régions supersensorielles. Si cela demande quelques explications, nous ne pouvons que renvoyer le lecteur aux cas analogues qui se produisent dans le prétendu « Spiritisme », bien que ces cas soient très rares, du moins en ce qui concerne la nature de l’entité qui s’incarne ou prend possession temporaire d’un médium. [Car les prétendus « esprits » qui sont parfois capables de s’emparer des corps des médiums ne sont pas les Monades ou Principes Supérieurs de Personnalités désincarnées. De tels « esprits » ne peuvent être que des élémentaires ou – Nirmânakâyas.] De même que certaines personnes, grâce à une organisation spéciale, ou par le pouvoir de la connaissance mystique acquise, peuvent être vues dans leur « double » en un endroit tandis que leur corps se trouve à une distance de plusieurs milles, de même, une chose analogue peut avoir lieu pour des êtres supérieurs.

L’homme, considéré philosophiquement, est, dans sa forme extérieure, un simple animal, à peine plus parfait que son ancêtre pithécoïde de la Troisième Ronde. Il est un Corps vivant, non pas un Être vivant, puisque la réalisation de l’existence, « Ego Sum », nécessite la soi-conscience, et qu’un animal ne peut avoir que la conscience directe, ou instinct. C’était si bien compris par les anciens que les Kabalistes eux-mêmes faisaient de l’âme et du corps deux Vies, indépendantes l’une de l’autre. [Dans les New Aspects of Life [ Nouveaux Aspects de la Vie, par Henry Pratt. M.D. M.S.T.], l’auteur donne l’enseignement kabalistique suivant :

Ils maintenaient que, fonctionnellement, l’esprit et la matière, d’une opacité et une densité correspondantes, avaient de la tendance à s’unir, et que les esprits créés qui en résultaient, étaient, dans l’état désincarné, constitués sur une échelle dans laquelle se reproduiraient les opacités et les transparences de l’esprit élémental ou incréé. Ils affirmaient aussi que ces esprits, dans l’état désincarné, attiraient, s’appropriaient, digéraient et assimilaient l’esprit et la matière élémentals dont la condition était conforme à la leur… Qu’il existait donc une grande différence dans les conditions des esprits créés, et que, dans l’association intime entre le monde de l’esprit et celui de la matière, les esprits les plus opaques, à l’état désincarné, étaient attirés vers la partie la plus dense du monde matériel et avaient, par la suite, une tendance à se porter vers le centre de la terre où ils trouvaient les conditions les plus appropriées à leur état; tandis que les esprits les plus transparents passaient dans l’aura qui entoure la planète; les plus raréfiés parmi eux trouvaient domicile dans son satellite [ Pages 340, 351. « Genesis of the Soul » (Genèse de l’Âme). ].

cela se rapporte exclusivement à nos Esprits Élémentals et n’a rien à faire avec les Forces Intelligentes Planétaires, Sidérales, Cosmiques, ou Interéthériques, ni avec les « Anges », comme on les nomme dans l’Église Romaine, Les Kabalistes Juifs, et surtout les Occultistes pratiques qui faisaient de la Magie Cérémonielle, ne s’occupaient que des Esprits des Planètes et des prétendus « Élémentals ». Par conséquent, ce qui précède ne renferme qu’une partie de l’enseignement Ésotérique.]

L’Âme, dont le véhicule corporel est l’enveloppe astrale, éthéro-substantielle, pourrait mourir et l’homme cependant continuer à vivre sur la terre. C’est-à-dire que l’Âme pourrait se libérer et quitter son tabernacle pour diverses raisons, telles que la folie, la dépravation spirituelle et physique, etc. [Le fait que l’ « Âme » - c’est-à-dire l’Ego éternel, Spirituel – peut habiter les mondes invisibles, tandis que son corps continue à vivre sur la Terre, est une doctrine éminemment Occulte, surtout dans les philosophies Chinoise et Bouddhiste. Il y a parmi nous beaucoup d’hommes sans âme, car ce phénomène a lieu chez les matérialistes méchants aussi bien que chez les personnes « qui avancent en sainteté et ne retournent jamais en arrière » [ Voir Isis Dévoilée.]

Par conséquent, ce que peuvent faire des vivants (Initiés), les Dhyânis, qui n’ont pas de corps physique pour les gêner, peuvent bien mieux le réaliser encore. Telle était la croyance des Antédiluviens et elle est en voie de devenir vite celle de la société moderne intelligente, dans le « Spiritisme », comme elle est celle des Églises Grecque et Romaine qui enseignent l’ubiquité de leurs Anges. Les Zoroastriens considéraient leurs Amshaspends comme des entités doubles (Ferouers), appliquant cette dualité, - au moins dans leur philosophie Ésotérique, - à tous les habitants spirituels et invisibles des mondes objectifs innombrables de l’espace que notre oeil voit. Dans une note de Damascius, (IVe siècle) sur les Oracles Chaldéens, nous avons une ample preuve de l’universalité de cette doctrine, car il dit : « Dans ces Oracles, les sept Cosmocrates du Monde [les « Piliers du Monde »], dont saint Paul parle aussi, sont doubles une partie est préposée au gouvernement des mondes supérieurs, les mondes spirituel et sidéral, et l’autre surveille et guide le monde de la matière.» Telle est aussi l’opinion de Jamblique, qui fait une distinction bien nette entre les Archanges et les Archontes [ De Mysteriis, II, ch. 3. ].

ce que nous venons d’écrire peut s’appliquer, bien entendu, à la différence qu’on établit entre les classes ou ordres d’Êtres Spirituels, et c’est dans ce sens que l’Église Catholique Romaine essaie de l’interpréter et de l’enseigner; car, tandis qu’elle tient les Archanges pour divins et sacrés, elle dénonce leurs « doubles » comme des Diables. Mais le mot Ferouer ne doit pas être compris dans ces sens; il signifie simplement le revers ou le côté opposé d’un attribut ou qualité. Ainsi, lorsque l’Occultiste dit que « le Démon est l’inverse de Dieu », - le mal, le revers de la médaille, - il ne veut point parler de deux choses séparées, mais de deux aspects ou face de la même Unité. Mais l’homme le meilleur, mis à côté d’un Archange, - tel que le décrit la Théologie, - paraîtrait un démon; il en résulte qu’il y a quelque raison à déprécier un « Double » inférieur, plongé beaucoup plus profondément dans la matière que son original. Mais il n’y a guère de motif pour les considérer comme des Démons – et c’est précisément ce que les catholiques Romains s’obstinent à faire contre toute raison et toute logique.

[Cette identité entre l’Esprit et son « Double » matériel – chez l’homme c’est le contraire – explique encore mieux la confusion dont nous avons déjà parlé en cet ouvrage, dans les noms et les individuatisés, aussi bien que dans le nombre, des Rishis et des Prajâpatis, surtout de ceux de la période du Satya Yuga et du Mahâbbhârata. Cela jette aussi une lumière supplémentaire sur ce qu’enseigne la DOCTRINE SECRÈTE au sujet des Manus-Racines et des Manus-Semences. Elle dit que, non seulement ces Progéniteurs de notre humanité, mais chaque être humain a son prototype dans les Sphères Spirituelles et que ce prototype est l’essence la plus haute de son Septième Principe. Par conséquent, les sept Manus deviennent quatorze, le Manu-Racine étant la Cause Première et le Manu-Semence son Effet; et du Satya Yuga (la première étape) à la période héroïque, ces Manus ou Rishis arrivent au nombre de vingt et un.]

b) La dernière phrase de ce shlôka montre combien archaïques sont la croyance et la doctrine que l’homme est septuple dans sa constitution. Le « Fil » de l’Être, qui anime l’homme et qui passe à travers toutes ces Personnalités, ou Renaissances, sur cette Terre, - allusion au Sutrâtmâ, - le Fil sur lequel tous ses « Esprits » sont enfilés, est tissé de l’Essence des Triples, des Quadruples et des Quintuples qui contiennent tous les précédents. Panchâshikha [ Panchashikha (Sanscrit) : une collection de cinquante. ], selon le Padma Purâna [ Asiatic Researches (Recherches Asiatiques), XI, 99-100. ] est un des sept Kumâras qui vont à la Svéta Dvipa pour adorer Vishnou.

Nous verrons plus loin quel lien il y a entre les chastes et « célibataires » Fils de Brahmâ qui refusent de « multiplier », et les mortels terrestres. En attendant, il est évident que la « Plante-Homme, Saptaparna », se rapporte donc aux sept principes et que l’homme est comparé à cette plante aux sept feuilles si sacrée parmi les Bouddhistes. [ L’allégorie égyptienne du Livre des Morts au sujet de « la récompense de l’Âme » rappelle aussi notre doctrine septénaire et l’exprime d’une manière très poétique. On donne au Défunt une parcelle de terre dans le champ d’Aanru où les Mânes, ou ombres déifiées des morts, récoltent comme moisson de leurs actions dans la vie le blé haut de sept coudées qui pousse sur un domaine divisé en sept et quatorze parties. Ce blé est la nourriture qui doit ou les nourrir ou les tuer dans l’Amenti, royaume dont le champ d’Aanru est une partie. Car, comme dit l’hymne [ Ch. XXXII, 9. ], le Défunt y est détruit ou devient esprit pur pour l’Éternité, à cause des « sept fois soixante dix-sept vies » passées ou à passer sur Terre. L’idée du blé moissonné comme « fruit de nos actions » est très expressive.]

Stance VII (4)

4. C’est la Racine qui ne meurt jamais, la Flamme à Trois Langues des Quatre Mèches (a)… Les Mèches sont les Étincelles qui émanent de la Flamme aux Trois Langues [ Leur Triade supérieure. ] projetée par les Sept, - leur Flamme, - les Rayons et les Étincelles d’une Lune unique réfléchie dans les Flots agités de tous les Fleuves de la Terre [ Bhûmi ou Prithivi. ].

a) La « Flamme à Trois Langues qui ne meurt jamais » est la Triade spirituelle immortelle, l’Atmâ, Bouddhi et Manas, ou plutôt la jouissance de ce dernier quand il est assimilé par les deux premiers après chaque vie terrestre. Les « Quatre Mèches » qui sortent et s’éteignent sont les quaternaire, les quatre principes inférieurs, y compris le corps.

« Je suis la Flamme aux Trois mèches et mes Mèches sont immortelles », dit le Défunt. « J’entre dans le domaine de Sekhem [le Dieu dont la main sème les graines d’action produites par l’âme désincorporée] et dans la région des Flammes qui ont détruit leurs adversaires, c’est-à-dire qui sont débarrassées de leurs Quatre Mèches génératrices du péché [ Livre des morts, I, 7. Comparez avec les Mysteries of Rostan. ]. »

[La Flamme à Trois langues des Quatre Mèches » correspond aux quatre Unités, et aux trois Binaires de l’arbre des Séphiroth.]

b) De même que des milliards d’étincelles brillantes dansent sur les eaux d’un océan au-dessus duquel brille une seule lune, de même nos Personnalités passagères – enveloppes illusoires de l’immortelle MONADE-EGO– brillent et dansent sur les ondes de Mâyâ. Elles apparaissent et, comme les milliers d’étincelles produites par les rayons de la lune, ne durent qu’autant que la reine de la Nuit projette sa gloire sur les « Eaux [Ondes] Mouvantes » de la Vie, la durée d’un Manvantara, puis elles disparaissent, ne laissant survivre que les « Rayons », - symboles de nos Egos Spirituels éternels, - lesquels se retrempent dans la Source Mère et deviennent un avec elle, comme ils étaient avant.

Stance VII (5)

5. L’Étincelle est suspendue à la Flamme par le Fil le plus délié de Fohat. Elle voyage à travers les Sept Mondes de Mâyâ (a). Elle s’arrête dans le Premier [ Règne.], et y est un Métal et une Pierre; elle passe dans le Second [ Règne. ], et voilà une Plante; lla Plante tourbillonne à travers sept formes et devient un Animal Sacré [ la première Ombre de l’Homme Physique.] (b).

Des attributs combinés de ce qui précède, Manu [ L’Homme. ], le Penseur est formé.
Qui le forme? – Les Sept Vies et la Vie Une (c). Qui le complète? Le Quintuple Lha. Et qui perfectionne le dernier Corps? – Le Poisson, Sin et Soma [ La Lune. ].

a) L’expression, « à travers les Sept Mondes de Mâyâ », se rapporte aux sept Globes de la Chaîne Planétaire et aux sept Rondes, ou aux quarante-neuf stations de l’existence active qui s’étendent devant « l’Étincelle », ou Monade, au commencement de chaque grand Cycle de Vie, ou Manvantara. Le « Fils de Fohat » est le Fil de Vie dont il a été déjà parlé.

Cela se rapporte au plus grand problème de la philosophie – la nature physique et substantielle de la Vie, vie dont la nature indépendante est niée par la Science moderne, parce que cette Science est incapable de la comprendre. Les réincarnationnistes, et ceux qui croient au Karma, sont les seuls à percevoir un peu que tout le secret de la Vie est dans la série ininterrompue de ses manifestations, soit dans le corps physique, soit hors de lui, car si

La Vie, comme un dôme de vitraux diversement colorés,
Teinte la rayonnante blancheur de l’Éternité
– Shelley. Adonais.

elle est néanmoins une parcelle de cette Éternité. En effet, seule, la Vie peut comprendre la Vie.

Quelle est cette « Étincelle » qui est suspendue à la « Flamme »? C’est JIVA, la MONADE en conjonction avec Manas, ou plutôt l’arôme de ce dernier – ce qui reste de chaque Personnalité, qui en est digne, et qui est suspendu à Atmâ-Buddhi, la Flamme, par le Fil de Vie. De quelque manière qu’on l’interprète et en quelque nombre de principes qu’on divise l’être humain, il est facile de montrer que cette doctrine est soutenue par toutes les religions anciennes, depuis la religion Védique jusqu’à celle des Égyptiens, depuis le Zoroastrianisme jusqu’à l’hébraïsme. Chez ce dernier, les ouvrages Kabalistiques offrent des preuves abondantes de ce que nous venons d’avancer. Le système entier des nombres Kabalistiques est basé sur le Septénaire divin suspendu à la Triade, formant ainsi la Décade, et ses permutations 7, 5, 4 et 3, qui se fondent finalement dans l’UN lui-même, un Cercle sans fin et sans bornes.

Comme dit le Zohar :

La Divinité [la Présence toujours invisible] se manifeste à travers les dix Sephiroth qui sont ses témoins radieux. La divinité est comme la mer dont émerge un courant qu’on appelle la Sagesse et qui conduit ses eaux, dans un lac nommé l’Intelligence. Du bassin, comme sept canaux, émanent les sept Séphiroth… car dix équivalent à sept : la Décade contient quatre Unités et trois Binaires.

Les Dix Séphiroth correspondent aux Membres de l’Homme.

Lorsque je [les Elohim] formai Adam-Kadmon, l’Esprit de l’Éternel jaillit de son Corps, comme un éclair qui rayonne soudainement sur les ondes des Sept millions de ciels, et mes dix Splendeurs étaient ses Membres.

Mais ni la Tête ni les épaules d’Adam-Kadmon ne peuvent être vues; c’est pourquoi nous lisons, dans le Siphra Dzenioutha, le « Livre du Mystère caché » :

Au commencement du Temps, après que les Elohim [les « Fils de Lumière et de Vie » ou les Constructeurs] eurent formé, de l’Essence éternelle, les Cieux et la Terre, ils formèrent les mondes six par six.

Le septième est Malkuth notre Terre [ Voir le Mantuan Codex. ], sur son plan, qui est le plus bas de tous les autres plans de l’existence consciente. Le Livre des Nombres Chaldéen contient une explication détaillée de tout cela.

La première triade du Corps d’Adam-Kadmon [les trois plans supérieurs des sept] [ La formation de l’ « Âme Vivante », ou l’Homme, rendrait mieux l’idée, Une « Âme Vivante » est, dans la Bible, le synonyme de l’Homme. Ce sont nos sept « Principes ».] ne peut être vue avant que l’Âme se tienne en présence de l’Ancien des Jours.

Les Séphiroth de cette Triade supérieure sont : 1o Kether (la Couronne), représentée par le front du Macroprosope; 2o Chokmah (la Sagesse, principe mâle), représentée par son épaule droite; 3o Binah (l’Intelligence, Principe féminin), représentée par son épaule gauche. Puis viennent les sept Membres, ou Séphiroth sur les plans de la manifestation, et la totalité de ces quatre plans est représentée par le Microprosope, la petite Face, ou Tétragramme, le Mystère « à quatre lettres ». Les sept Membres manifestés et les trois qui sont cachés sont le Corps de la Divinité.

Ainsi notre Terre, Malkuth, est à la fois le septième et le quatrième Monde; le septième si l’on compte à partir du premier Globe au-dessus, le quatrième si l’on compte par plans. Il est généré par le sixième Globe ou Sephira, appelé Yezud, « Fondation », ou comme il est dit dans le Livre des Nombres, « par Yezud lui [Adam Kadmon] féconde l’Heva primitive [Ève ou notre Terre] ». Traduit en langage mystique cela explique pourquoi Malkuth, appelée la Mère Inférieure, la Matrone, la Reine, et le Royaume de la Fondation, est représentée comme l’Épouse du Tétragramme, ou Microprosope (le Second Logos), l’Homme Céleste. Lorsqu’elle sera délivrée de toute impureté, elle se réunira au Logos Spirituel, ce qui aura lieu dans la Septième Race de la Septième Ronde – après la régénération, au jour du « Sabbat ». Car le « Septième Jour », redisons-le, a une signification occulte que nous ne soupçonnent pas nos théologiens.

Lorsque Matronitha, la Mère, est séparée et confrontée avec le Roi, dans l’excellence du Sabbat, toutes choses deviennent un seul corps [ Ha Idra zuta Kadisha, XXII, 746. ].

« Deviennent un seul corps » signifie que tout est de nouveau réabsorbé dans l’Élément Un, les esprits des hommes devenant des Nirvânis et les éléments de toutes choses redevenant ce qu’ils étaient primitivement – le Protyle ou la Substance indifférenciée. Le « Sabbat » signifie le Repos, ou le Nirvâna. Ce n’est pas le « septième jour » après six jours, mais une période dont la durée équivaut à celle des sept « jours », ou à une période quelconque composée de sept parties. Par conséquent, un Pralaya équivaut, comme durée, à un Manvantara, ou encore, une Nuit de Brahmâ est égale à son Jour. Si les Chrétiens veulent suivre les coutumes des Juifs, ils doivent en adopter l’esprit et non la lettre morte. Ils devraient travailler pendant une semaine de sept jours et se reposer sept jours. Le fait que le mot « Sabbat » avait une signification mystique est bien montré par le mépris que témoignait Jésus pour ce jour et par ce qu’on lit dans Luc [ XVIII, 12. ]. Sabbat y est pris pour la semaine entière. Voir le texte grec, où la semaine est appelée Sabbat; littéralement, « je jeûne deux fois pendant le Sabbat ». Paul, un Initié, le savait bien, lorsqu’il parlait du repos et du bonheur éternels dans le Ciel comme d’un Sabbat [ Hébreux, IV, 2 ], « et leur bonheur sera éternel, car ils seront toujours [un] avec le Seigneur, et ils jouiront d’un Sabbat éternel ».

La différence entre la Kabale et le Vidyâ Ésotérique archaïque – en prenant la Kabale telle qu’elle se trouve dans le Livre des Nombres Chaldéen, et non comme elle est représentée dans sa copie maintenant défigurée, la Kabale des Mystiques Chrétiens – est vraiment très petite, composée qu’elle est seulement de divergences sans importance de forme et d’expression. Par exemple, l’Occultisme Oriental parle de notre Terre comme du Quatrième Monde, le plus bas de la Chaîne, au-dessus duquel montent, sur les deux arcs, les six Globes, trois de chaque côté. Le Zohar, de son côté, appelle la Terre le plus bas ou le septième, ajoutant que c’est des six autres que dépendent toutes les choses qui y sont (Microprosope). La « Petite Face [ petite parce qu’elle est manifestée et finie ] est formée de six Séphiroth », dira le même livre. « Sept Rois viennent et meurent dans le Monde trois fois détruit [Malkuth, notre Terre, est détruite après chacune des Trois Rondes qu’elle a traversées]. Et leurs règnes [ceux des Sept Rois] seront détruits [ Livre des Nombres, L. VIII, 3. ]. » cela se rapporte aux Sept Races, cinq desquelles ont déjà paru, et deux sont encore à venir dans cette Ronde.

Les histoires allégoriques shintoïstes sur la cosmogonie et l’Origine de l’homme, au Japon, parlent à demi-mot de la même croyance.

Le capitaine C. Pfoundes, qui étudia la religion sous-jacente aux diverses sectes du pays, pendant près de neuf années passées dans les monastères du japon, dit :

L’idée shintoïste de la création est celle-ci : La Terre (In) fut le sédiment précipité hors du Chaos (Kon-ton), et les Cieux (Yo) furent les essences éthérées qui en montèrent; l’Homme (jin) apparut entre les deux. Le premier homme fut appelé Kuni toko tatchinomikoto et cinq autres noms lui furent donnés; alors la race humaine apparut, mâle et femelle. Isanagi et Isanami engendrèrent Tsenhoko Doijin, le premier des cinq Dieux de la Terre.

Ces « Dieux » sont simplement nos cinq Races; Isanagi et Isanami sont les deux espèces « d’Ancêtres », les deux Races qui précèdent celles dont on parle et qui ont donné naissance à l’homme animal et à l’homme rationnel.

Nous montrerons dans le volume IV que le nombre sept et la doctrine de la constitution septénaire de l’homme tenaient une place prééminente dans tous les systèmes secrets. Ce même nombre joue un rôle aussi important dans la Kabale de l’Occident que dans l’Occultisme Oriental. Eliphas Lévi l’appelle « la clef de la création Mosaïque et des symboles de toute religion ». Il montre la Kabale suivant fidèlement aussi la division septénaire de l’homme, car le tableau qu’il donne dans sa Clef des Grands Mystères [ Page 389.] est septénaire. On peut le voir d’un seul coup d’oeil, quoique la pensée correcte y soit habilement voilée. On n’a également qu’à regarder le tableau de « la Formation de l’Âme », dans la Kabale dévoilée [ Tableau VII, p. 37. ] de Mathers, tableau tiré du livre de Lévi dont nous venons de parler, pour trouver la même chose quoique avec une interprétation différente.

Le voici avec les noms Kabalistes et Occultes (Diagramme IV).

 

* Cette triade n’est pas liée avec le quaternaire inférieur, parce que celui-ci se dissocie après la mort. Eliphas Lévi appelle Nephesh ce que nous nommons Manas et vice versa. Nephesh est le Souffle de Vie (animale) dans l’homme, - le Souffle de Vie instinctive chez l’animal, - et Manas est la Troisième Âme, - l’âme humaine dans son aspect lumineux, et animale dans ses rapports avec Samaël  ou Kama.


[Nephesh est vraiment le « Souffle de Vie » (animale) insufflé dans Adam, l’Homme de Poussière; par conséquent, c’est l’Étincelle Vitale, l’élément qui anime le corps. Sans Manas, « l’Âme rationnelle » ou Mental, - qui, dans le tableau de Lévi, est incorrectement nommé Nephesh, - Atmâ-Buddhi est irrationnel sur ce plan et ne peut agir. C’est Buddhi qui est le médiateur plastique, et non Manas « médium intelligent entre la Triade supérieure et le Quaternaire inférieur ». Mais on trouve dans les ouvrages kabalistiques beaucoup de ces transformations étranges et curieuses, et c’est là une preuve convaincante du triste mélange qu’est devenue cette littérature. Nous n’acceptons donc pas cette classification sauf sur ce seul point, pour montrer les accords avec la nôtre.]

Nous donnerons maintenant, sous forme de tableau, ce que le prudent Eliphas Lévi écrit pour expliquer son diagramme, et ce qu’enseigne la Doctrine Ésotérique – puis nous comparerons les deux. Eliphas fait aussi une distinction entre la Pneumatique Kabalistique et l’Occulte.

Eliphas Lévi, le Kabaliste, dit : Le Théosophe dit :
Pneumatique Kabalistique Pneumatique Ésotérique
1 L’âme (ou Ego) est une lumière vêtue; et cette lumière est triple 1 La même chose; car c’est Atmâ-Buddhi-Manas.
2 Neshamah - l’Esprit pur. 2 La même chose (voir Note 1 ci-dessous)
3 Ruach - l’Âme ou Esprit. 3 L’Âme Spirituelle.
4

Nephesh – le Médiateur Plastique

(Voir Note 2- ci-dessous)

4 Le médiateur entre l’Esprit et l’homme : le Siège de la Raison, le Mental dans l’homme.
5 .Le vêtement de l’Âme est l’extérieur [corps] de l’Image [Âme astrale]. 5 Correct.
6 L’Image est double parce qu’elle reflète le bien et le mal. 6 Trop inutilement apocalyptique. Pourquoi ne pas dire que l’Astral reflète l’homme bon aussi bien que l’homme mauvais, l’homme, qui tend toujours vers la Triade supérieure, ou qui, autrement, disparaît avec le Quaternaire?
7 [L’Image. – Le Corps.] 7 L’Image terrestre.

Pneumatique Occulte
(Donnée par Eliphas Lévi)

Pneumatique Occulte
(Donnée par les Occultistes)

1 Nephesh est immortel parce qu’il renouvelle sa vie par la destruction des formes. [Mais Nephesh le « Souffle de Vie » est une fausse appellation et une énigme inutile pour l’étudiant.] 1 Manas est immortel parce qu’après chaque nouvelle incarnation il ajoute à Atmâ-Buddhi quelque chose de lui-même, et, ainsi, s’assimilant à la Monade, partage son immortalité.
2 Ruach progresse par l’évolution des idées (!?). 2 Buddhi devient conscient par les apports qu’il reçoit de Manas à la mort de l’homme, après chaque nouvelle incarnation.
3 Neshamah est progressif, sans oubli, ni destruction. 3 Atma ne progresse, ni oublie, ni se souvient. Il n’appartient pas à ce plan : il n’est qu’un Rayon de Lumière éternelle rayonnant sur et à travers l’obscurité de la matière – lorsque cette dernière veut le recevoir.
4 L’Âme a trois habitations. 4 L’Âme – collectivement, comme Triade Supérieure – vit sur trois plans, indépendamment du quatrième, la sphère terrestre; et elle existe éternellement sur le plus élevé de ces trois plans.
5 Ces habitations sont : le Plan des Mortels, l’Éden Supérieur et l’Éden Inférieur. 5 Ces habitations sont : la Terre pour l’homme physique, ou l’Âme animale; le Kâma Lôka (Hadès, les Limbes) pour l’homme désincarné ou sa Coque; le Dévachan pour la Triade Supérieur.
6 L’Image [l’homme] est un sphinx qui pose l’énigme de la naissance. 6 Correct.
7 L’Image fatale [Astrale] dote Nephesh de ses aptitudes; mais Ruach est capable de substituer pour ce Nephesh souillé l’Image conquise et en accord avec les inspirations de Neshamah. 7 L’Astral, par le moyen de Kâma (le Désir), attire toujours manas en bas, dans la sphère des passions et désirs matériels. Mais si l’Homme meilleur, ou Manas, essaie d’échapper à l’attraction fatale, et oriente ses aspirations vers Atmâ (Neshamah), alors Buddhi (Ruach) l’emporte, et attire Manas en lui dans le royaume de l’Esprit éternel.
Note-1- Eliphas Lévi, à dessein ou non, a confondu les nombres. Pour nous, son no 2 est le no 1 (Esprit); et, en faisant de Nephesh le Médiateur Plastique et la Vie, il n’énumère en réalité, que six principes, parce qu’il répète les deux premiers.
Note-2- L’Ésotérisme enseigne la même chose. Mais Manas n’est pas Nephesh et ce dernier n’est point l’Astral, mais le Quatrième Principe, quoiqu’il soit aussi le Second. – Prâna, - car il est « le Souffle de Vie » dans l’homme comme dans l’animal et l’insecte; c’est la vie physique, matérielle, qui ne contient aucune spiritualité.

Il est très évident que le Kabaliste français, ou ne connaissait pas suffisamment la vraie donnée, ou l’a modifiée pour l’ajuster à sa propre idée. C’est ainsi qu’il continue, sur le même sujet, par les paroles suivantes – auxquelles nous, Occultistes, nous répondons au défunt Kabaliste et à ses admirateurs comme suit :

1 Le corps est le moule de Nephesh; Nephesh, le moule de Ruach; Ruach, le moule des vêtements de Neshamah. 1 Le Corps suit les caprices, bons ou mauvais, de Manas; Manas essaie de suivre la lumière de Buddhi, mais très souvent échoue. Buddhi est le moule des « vêtements » d’Atmâ, car Atmâ n’est pas un corps, ni une forme, ni quoi que ce soit, et Buddhi n’est son véhicule que figurativement.
2 La Lumière [l’Âme] se personnifie en se revêtant [d’un Corps]; et la personnalité ne dure que lorsque le vêtement est parfait. 2 La Monade devient un Ego personnel lorsqu’elle s’incarne; et quelque chose de cette Personnalité reste au moyen de Manas, lorsque ce dernier est assez parfait pour assimiler Buddhi
3 Les Anges aspirent à devenir des hommes; un Homme Parfait, un Homme-Dieu, est au-dessus des Anges. 3 Correct.
4 Tous les 14.000 ans, l’âme rajeunit et se repose dans le sommeil joyeux de l’oubli. 4 Au cours d’une période, d’un « Grand Âge », ou d’un jour de Brahmâ, il règne 14 Manus; puis vient le Pralaya, et toutes les âmes (Egos) reposent en Nirvâna.

Telles sont les copies défigurées de la Doctrine Ésotérique qui se trouvent dans la Kabale. Mais revenons au 5e shlôka de la STANCE VII [ Voir les Manus Primitifs de l’Humanité. STANCE10. ]

b) Un aphorisme kabaliste bien connu dit : « Une pierre devient plant; une plante, animal; un animal, homme; un homme, esprit; et l’esprit devient dieu. » L’ « Étincelle » anime tout à tour les règnes avant de pénétrer et d’animer l’Homme Divin, et entre celui-ci et son prédécesseur – l’homme-animal – il y a la différence de tout un monde. La Genèse commence son anthropologie par le mauvais bout – bien évidemment pour voiler la doctrine – et n’atterrit nulle part. [Ses chapitres d’introduction n’ont jamais été destinés à représenter, même en une allégorie éloignée, la création de notre Terre. Ils embrassent une conception métaphysique d’une période de l’éternité indéfinie et ayant trait à des essais successifs de formation d’univers faits par la loi d’évolution. L’idée en est clairement exprimée dans le Zohar.

Il y avait de vieux Mondes qui périrent aussitôt qu’ils commencèrent à exister; ils étaient sans forme et on les appelait des Étincelles. Tel le forgeron, lorsqu’il bat le fer rouge, fait jaillir de tous les côtés des étincelles. Ces Étincelles sont les Mondes primordiaux qui ne pouvaient pas durer parce que l’Ancien Sacré (Séphira) n’avait pas encore pris sa forme (d’androgyne ou de sexes opposés) de Roi et de Reine (Séphira et Kadmon) et que le Maître n’était pas encore à son travail [ Zohar, « Idra Suta », L. III, p. 292, b. ].

Le Suprême s’entendant avec l’architecte du monde – son Logos – au sujet de la création.]

Si la Genèse avait commencé par où elle aurait dû, on y aurait trouvé, d’abord, le Logos Céleste, l’ « Homme Céleste », qui évolue comme Unité Composée de Logoï, de laquelle, après leur sommeil pralayique, - sommeil qui rassemble les Nombres épars sur le plan mâyâvique en une Unité, comme les globules séparés du mercure sur un plateau s’unissent en une seule masse, - ces Logoï apparaissent dans leur totalité, comme le premier « Mâle et Femelle » ou Adam-Kadmon, le « Fiat Lux » [que la Lumière soit!] de la Bible, ainsi qu’on l’a déjà vu. Mais cette transformation n’eut pas lieu sur notre Terre, ni sur aucun plan matériel, mais dans les Profondeurs spatiales de la première différenciation de l’éternelle Matière-Racine. Sur notre Globe naissant, les choses se passèrent autrement. La Monade ou Jîva, comme il est dit dans Isis Dévoilée, fut d’abord projetée par la Loi d’Évolution dans la forme la plus inférieure de la matière – l’état minéral. Enfermée dans la pierre (ou dans ce qui deviendra minéral et pierre dans la Quatrième Ronde), elle en sort, après une septuple giration, comme ce que nous pourrions nommer un lichen. Passant ensuite à travers toutes les formes de la matière végétale dans ce que nous appelons la matière animale, elle atteint le point où elle est devenue le germe, pour ainsi dire, de l’animal, qui deviendra l’homme physique. Tout cela, jusqu’à la Troisième Ronde, est sans forme en tant que matière, et, en tant que conscience, dépourvu de sens. Car la Monade, ou Jîva, per se, ne peut même pas être appelée  un Esprit : c’est un Rayon, un Souffle de l’ABSOLU, ou plutôt l’ABSOLU lui-même; et l’Homogénéité Absolue, n’ayant pas de relations avec le fini conditionné et relatif, est inconsciente sur notre plan. Par conséquent, en dehors des matériaux qui seront nécessaires à sa forme humaine future, la Monade demande : a) un modèle spirituel ou prototype, pour donner une forme à ces matériaux, et b) une conscience intelligente pour guider son évolution et son progrès; or, c’est ce que ne possèdent ni la Monade homogène, ni la matière dépourvue de sens, quoique vivante. L’Adam de poussière a besoin qu’une Âme de Vie lui sont insufflée, c’est-à-dire les deux Principes médians : la Vie sensible de l’animal irrationnel et l’Âme Humaine, car la première sans la seconde est irrationnelle. Ce n’est que lorsque, d’un androgyne potentiel, l’homme a été séparé en mâle et en femelle qu’il a été doué de cette âme consciente rationnelle et individuelle (Manas), « le principe ou intelligence des Elohim », et pour la réception de cette âme, il doit manger du fruit de la Connaissance produit par l’Arbre du Bien et du Mal. Comment peut-il obtenir tout cela? La Doctrine Occulte enseigne que tandis que la Monade fait son cycle de descente dans la matière, ces mêmes Elohim, ou Pitris – les Dhyâns Chôhans inférieurs – évoluent pari passu avec elle sur un plan plus élevé et plus spirituel, descendant aussi relativement dans la matière sur leur propre plan de conscience, et que, lorsque, à un certain moment, ils rencontrent la Monade dépourvue de sens et incarnée dans la matière inférieure, ils mêlent en elle les deux potentialités, - l’Esprit et la Matière, dont l’union produira le symbole terrestre de l’ « Homme Céleste » dans l’espace : l’HOMME PARFAIT . Dans la philosophie Sâmkhya, on parle de Purusha (Esprit) comme de quelque chose qui est sans pouvoir s’il ne monte sur les épaules de Prakriti (Matière), laquelle, à son tour, si elle est laissée à elle seule est dépourvue de sens. Mais dans la Philosophie Secrète, on les considère comme gradués. L’Esprit et la Matière, quoique une seule et même chose à leur origine, opèrent chacun leur processus évolutif dès qu’ils vont sur le plan de la différenciation, et ce processus se fait en des directions opposées – l’Esprit tombe peu à peu dans la Matière, et cette dernière remonte progressivement à sa condition originelle de Substance pure et spirituelle. Tous deux sont inséparables, quoique toujours séparés. Sur le plan physique, deux pôles semblables se repoussent sans cesse, tandis que le négatif et le positif s’attirent mutuellement; c’est ainsi que l’Esprit et la Matière agissent l’un et l’autre, car ils sont les deux pôles de la même Substance homogène, le Principe Radical de l’Univers.

Par conséquent, lorsque l’heure sonne où Purusha doit monter sur les épaules de Prakriti pour la formation de l’Homme Parfait, - l’homme rudimentaire des Deux premières Races et de la première Moitié de la suivante n’étant que le premier des mammifères évoluant graduellement en le plus parfait de ceux-ci, - les Ancêtres célestes (entités des mondes précédentes, appelées dans l’Inde Shishta) entrent sur notre plan actuel et s’incarnent dans l’homme physique ou animal, comme les Pitris l’avaient fait avant eux pour la formation de ce dernier. Ainsi, les deux processus qui aboutissent aux deux « créations » - l’homme animal et l’homme divin – diffère grandement. Les Pitris projetèrent de leurs corps éthérés des similitudes d’eux-mêmes encore plus éthérées et subtiles – ce que nous appellerions maintenant des « doubles », ou des « formes astrales » créées à leur propre ressemblance [ Lisez, dans Isis Dévoilée, la doctrine du Codex Nazaraeus. Chaque donnée de notre enseignement s’y trouve, sous une forme ou allégorie différente. ]Cela donne à la Monade sa première habitation et offre à la matière aveugle un modèle autour duquel et sur lequel elle peut dorénavant construire. Mais l’Homme est encore incomplet. Depuis le Svâyambhuva Manu [ Manu, livre I.], de qui descendirent les sept manus primitifs, ou Prajâpatis, dont chacun donna naissance à une Race primitive d’hommes, jusqu’au Codex Nazaraeus, dans lequel Karabtanos, ou Fetahil, la Matière aveugle et concupiscente engendre de sa Mère, Spiritus, sept formes, dont chacune représente le progéniteur d’une des sept Races primordiales – cette doctrine a laissé son empreinte sur chaque écriture archaïque.

« Qui forme Manu [ l’Homme]; qui forme son corps? La Vie et les Vies, Sin [ Le mot « Sin » est assez curieux, mais il a une relation occulte particulière avec la Lune; il est, en outre, son équivalent chaldéen [c'est-à-dire Sin = la Lune]. (Sin en anglais signifie péché. – N.d.T.)], et la Lune. » Ici, Manu représente l’homme spirituel céleste, l’EGO réel, qui ne meurt pas en nous, qui est l’émanation directe de la « Vie Une » ou Divinité Absolue. Quant à nos corps physiques et extérieurs, qui sont la demeure du tabernacle de l’Âme, la Doctrine enseigne une leçon étrange, si singulière que si elle n’est pas clairement expliquée, et, aussi, complètement comprise, ce ne sera que la science exacte de l’avenir qui pourra pleinement justifier sa théorie.

Nous avons déjà dit que l’Occultisme n’accepte rien d’inorganique dans le Kosmos. L’expression dont se sert la science, - « substance inorganique », - signifie seulement que la vie latente, qui sommeille dans toutes les molécules de la prétendue « matière inerte », est inconnaissable. TOUT EST VIE, et chaque atome, même celui de poussière minérale, est une VIE, quoique cette vie soit au-delà de notre compréhension et de notre perception, parce qu’elle est en dehors des lois connues de ceux qui rejettent l’Occultisme. « Les atomes mêmes », dit Tyndall, « paraissent doués du désir de vie. » D’où vient donc, demanderons-nous, cette tendance de la matière à « prendre des formes organiques »? Est-elle autrement explicable que par les enseignements de la Science Occulte? Un Commentaire dit :

Les Mondes, pour le profane, sont composés des Éléments connus. Pour la conception d’un Arhat, ces Éléments sont eux-mêmes, collectivement, une Vie Divine; distributivement sur le plan des manifestations, ils sont les masses innombrables de Vies [ Le Commentaire parle d’abord des « innombrables masses de Vie ». Est-ce que Pasteur aurait fait inconsciemment le premier pas vers l’Occultisme en déclarant que, s’il osait pleinement des idées sur ce sujet, il dirait que les cellules organiques sont douées d’un pouvoir vital dont l’activité continue après que cesse d,aller vers elles un courant d’oxygène, un pouvoir vital qui ne rompt point pour cela ses relations avec la vie elle-même, vie qui est soutenue par l’influence de ce gaz? « J’ajouterai », continue Pasteur, « que l’évolution du germe est accomplie au moyen de phénomènes compliqués parmi lesquels nous devons signaler la fermentation »; et la vie, selon Claude Bernard et Pasteur, n’est rien d’autre qu’un processus de fermentation. Qu’il existe dans la Nature des Êtres, ou des Vies, qui puissent vivre et prospérer sans air, même sur notre globe, c’est ce qui a été démontré par les mêmes Savants. Pasteur a trouvé que plusieurs des vies inférieures, telles que les vibrions et certains microbes et bactéries, pouvaient exister sans air, qui, au contraire, les tuait. Ces vies tirent l’oxygène nécessaire à leur multiplication des substances variées qui les entourent. Il les appela AÉROBIES, des êtres se nourrissant des tissus de notre matière, lorsque cette dernière a cessé de faire partie d’un tout intégral et vivant, - ce que la science a appelé, très inscientifiquement, de la « matière morte », et ANAÉROBIES. L’une de ces espèces absorbe l’oxygène et contribue fortement à la destruction de la vie animale et des tissus végétaux et donne à l'atmosphère des matériaux qui entrent, plus tard, dans la constitution d’autres organismes; l’autre détruit, ou plutôt annihile finalement la soi-disant substance organique et la décomposition ultime est impossible sans sa participation. Certaines cellules-germes, telles que celles de la levure, se développent et multiplient dans l’air, mais lorsqu’elles en sont privées, elles s’adaptent à la vie sans air, et deviennent des ferments, absorbant l’oxygène des substances qui viennent en contact avec elles et détruisant ainsi ces dernières. Les cellules, dans les fruits, lorsque l’oxygène libre leur manque, agissent comme des ferments et provoquent la fermentation. « Par conséquent, la cellule végétale, dans ce cas, montre l’action vitale des anaérobies. Pourquoi donc une cellule organique ferait-elle, dans ce cas, exception? » demande le professeur Bogolubof. Pasteur a montré que, dans la substance de nos tissus et de nos organes, la cellule, ne trouvant pas suffisamment d’oxygène pour elle, stimule la fermentation de la même manière que la cellule du fruit, et Claude Bernard pensait que l’Idée de Pasteur sur cette formation de ferments trouvait son application et sa corroboration dans le fait que l’urée augmente dans le sang pendant la strangulation. La VIE est donc partout dans l’Univers et, l’Occultisme nous l’enseigne, elle est aussi dans l’atome.]. Seul le feu est UN, sur le plan de la Réalité Une : sur celui de l’Être manifesté, et par conséquent illusoire, ses particules sont des Vies ardentes qui vivent et ont l’être aux dépens des autres vies qu’elles consument. Elles sont, pour cela, nommées les « dévoreurs »…Chaque chose visible dans cet Univers a été construite par de pareilles VIES, depuis l’homme conscient, divin et primordial, jusqu’aux agents inconscients qui construisirent la matière… De la VIE UNE, sans forme et incréée, procède l‘Univers des Vies. D’abord fut manifesté de l’Abîme [Chaos] le Feu froid et lumineux [la lumière gazeuse]? Qui forma les Caillots dans l’Espace [nébuleuses irrésolubles, peut-être?]… Ceux-ci luttèrent et une grande chaleur fut développée par la rencontre et le choc qui produisirent la rotation. Alors survint le premier Feu MATÉRIEL manifesté, les Flammes chaudes, les Vagabonds du Ciel [Comètes]. La chaleur génère la vapeur humide; cela forme l’eau solide [?]; vient alors la brume sèche, puis la brume liquide aqueuse qui éteint la gloire lumineuse des Pèlerins [Comètes?] et forme les Roues solides et aqueuses [ Globes de MATIÈRE]. Bhumi [la Terre] apparaît avec six soeurs. Celles-ci produisent, par leur mouvement continu, le feu inférieur, la chaleur, et une brume aqueuse qui donne le troisième Élément du Monde – l’EAU; et du souffle de tout, l’Air [atmosphérique] est né. Ces quatre sont les quatre Vies des quatre premières [Rondes] du Manvantara. Les trois dernières suivront.

[« Bhumi apparaît avec ses six soeurs », dit le Commentaire. C’est un enseignement Védique « qu’il y a trois Terres, correspondant à trois Cieux, et que notre Terre [la quatrième] s’appelait Bhumi » : telle est l’explication donnée par nos Orientalistes occidentaux exotériques. Mais la signification ésotérique et l’allusion qu’on y fait dans les Védas montre qu’elle se rapporte à notre chaîne planétaire : « trois Terres » sur l’arc descendant, et « trois Cieux », qui sont aussi trois Terres ou Globes, quoique beaucoup plus éthérés, - sur l’arc ascendant ou spirituel. Par les trois premiers nous descendons dans la matière, par les trois autres nous montons vers l’Esprit; le plus bas, Bhumi, notre Terre, forme comme le point tournant et contient potentiellement autant d’Esprit que de Matière. Mais nous parlerons de cela plus tard.]

L’enseignement général du Commentaire c’est que chaque nouvelle Ronde développe un des Éléments Composés, tels qu’ils sont maintenant connus par la science, laquelle rejette la nomenclature primitive et préfère les subdiviser en leurs constituants. Si la Nature est le « Toujours Devenir » sur le plan manifesté, l’on doit regarder ces Éléments sous le même jour; ils doivent évoluer, progresser et s’accroître jusqu’à la fin du Manvantara.

Par conséquent, la Première Ronde, nous est-il enseigné, ne développa qu’un Élément, une seule nature, une seule humanité, dans ce qu’on peut nommer un aspect de la nature, - ce que certains appellent, d’une façon très peu scientifique, quoique la chose puisse être ainsi de facto, « l’Espace à une dimension ».

La Deuxième Ronde produisit et développa deux éléments, le Feu et la Terre, et son humanité, - si nous pouvons donner le nom d’humanité à des êtres vivant dans des conditions maintenant inconnues aux hommes,adaptées à ces conditions- était – pour nous servir encore d’une phrase familière, dans un sens strictement figuré, le seul sens qui puisse être correctement employé – une espèce à « deux dimensions ».

Les processus de développement naturel que nous considérons maintenant élucideront et discréditeront, d’un seul coup, l’habitude de spéculer sur les attributs d’un Espace à deux, trois, quatre et même un plus grand nombre de dimensions; mais, en passant, il vaut la peine d’appeler l’attention sur la signification véritable de l’intuition correcte, mais incomplète, qui a inspiré – parmi les Spiritualistes, Théosophes et quelques Savants éminents [ La théorie du professeur Zöllner a été très bien reçue chez plusieurs savants, qui sont aussi des Spirites : les professeurs Butlerof et Wagner de Saint-Péterbourg, par exemple.] – l’emploi de l’expression moderne de « quatrième dimension de l’Espace ». Et d’abord, l’absurdité superficielle de supposer que l’Espace peut être mesuré dans une direction quelconque importe peu. L’expression familière ne peut être qu’une abréviation de la forme la plus complète de la chose, - la « Quatrième dimension de la MATIÈRE dans l’espace » [ Donner de la réalité aux Abstractions, c’est l’erreur du Réalisme : l’Espace et le Temps sont souvent considérés, comme séparés de toutes les expériences concrètes du mental, au lieu d’être regardés comme des généralisations de celles-ci sous certains aspects. » (Bain, Logic., part. II, p. 389. Édition 1873.) ] ».Mais, même élargie de cette façon, c’est encore une expression malheureuse, parce que, tandis qu’il est parfaitement possible que le progrès de l’évolution doive nous présenter de nouvelles caractéristiques de la matière, celles avec lesquelles nous sommes déjà familiers sont réellement plus nombreuses que les trois dimensions. Les qualités, ou ce qui est peut-être le meilleur terme que l’on puisse employer, les caractéristiques de la matière doivent toujours clairement être en relations directes avec les sens de l’homme. La matière est douée d’extension, de couleur, de mouvement (mouvement moléculaire), de goût et d’odeur, facultés qui correspondent aux sens que possède l’homme, et la caractéristique qu’elle développera ensuite – appelons-la, pour le moment, la PERMÉABILITÉ– correspondra au prochain sens que possédera l’homme et que nous pouvons appeler la « CLAIRVOYANCE NORMALE ». Aussi, lorsque de hardis penseurs ont avidement recherché une quatrième dimension pour expliquer le passage de la matière à travers la matière et la production de noeuds sur une corde sans fin, ils ont senti le besoin d’une sixième caractéristique de la matière. Les trois dimensions n’appartiennent, en réalité, qu’à un seul des attributs, ou caractéristiques, de la matière – l’extension; et le sens commun ordinaire se révolte, avec raison, contre l’idée que, dans quelque état que ce soit, les choses puissent avoir plus que les trois dimensions de longueur, de largeur et d’épaisseur. Ces termes, et le mot « dimension » lui-même, appartiennent tous à un seul et même plan de la pensée, à un seul et même stade de l’évolution, à une seule et même caractéristique de la matière. Tant que le Kosmos disposera de pieds-de Rois pour les appliquer à la matière, celle-ci ne pourra être mesurée que de trois façons, pas davantage, de même que, depuis l’époque où l’idée de mesure s’est insinuée dans l’esprit humain, il n’a été possible d’en faire l’application que dans trois sens seulement. Mais ces considérations ne militent en aucune façon contre la certitude que, dans le cours des temps, les caractéristiques de la matière se multiplieront concurremment avec des facultés humaines. En attendant, cette façon de s’exprimer est encore bien moins correcte que celle que nous employons si couramment pour parler du « lever » et du « coucher » du soleil.

Revenons maintenant, à l’examen de l’évolution matérielle au cours des Rondes. Nous avons dit que, durant la seconde Ronde, la matière peut être considérée, au figuré, comme à deux dimensions. Mais, ici, il nous faut faire une nouvelle mise en garde. Cette expression figurée et floue peut être considérée – sur un seul et même plan de pensée, ainsi que nous venons de le voir – comme équivalant à la deuxième caractéristique de la matière, celle qui correspond à la seconde faculté de perception, ou au second sens de l’homme. Mais ces deux degrés connexes de l’évolution sont liés aux progrès qui sont réalisés durant une seule Ronde. La succession des aspects primaires de la Nature dont s’occupe la succession des différentes Rondes se rapporte, comme nous l’avons dit, au développement des « Éléments » – au sens Occulte – le Feu, l’Air, l’Eau, la Terre. Nous ne sommes que dans la Quatrième Ronde et notre nomenclature s’arrête  court. [L’ordre dans lequel ces Éléments sont nommés, dans l’avant-dernière phrase, est l’ordre correct au point de vue de l’Ésotérisme et des Enseignements Secrets. Milton avait raison lorsqu’il parla des « Puissances du Feu, de l’Air, de l’Eau et de la Terre »; cette dernière, telle que nous la connaissons, n’existait pas avant la quatrième Ronde, époque à laquelle notre terre géologique a pris naissance, il y a des centaines de millions d’années. Le Globe, dit le Commentaire, était « pendant la Première Ronde ardent, froid et rayonnant, comme ses hommes et ses animaux éthérés », - ce qui constitue une contradiction ou un paradoxe pour notre Science actuelle; - « lumineux, plus dense et plus lourd, pendant la seconde Ronde; aqueux pendant la troisième ». C’est ainsi qu’est renversé l’ordre des Éléments.]

Les centres de conscience de la Troisième Ronde, destinés à devenir l’humanité telle que nous la connaissons, arrivèrent à la perception du troisième Élément, l’Eau. [Si nous devions arriver à nos conclusions en nous basant sur les données qui nous sont fournies par les Géologues, nous en arriverions à dire qu’il n’y avait pas d’eau véritable, même pendant la Période Carbonifère. On nous dit que d’énormes masses de carbone, qui se trouvaient précédemment répandues dans l’atmosphère sous forme d’acide carbonique, furent absorbées par les plantes, tandis qu’une grande partie de ce gaz se mêlait à l’eau. S’il en est ainsi et si nous devons croire que tout l’acide carbonique qui servit à former les plantes qui donnèrent naissance au charbon bitumineux, au lignite, etc., qui contribua à la formation des calcaires et ainsi de suite, - que tout cet acide carbonique, dis-je, se trouvait, à ce moment, dans l’atmosphère sous forme de gaz, dans ce cas, il a dû exister des mers et des océans d’acide carbonique liquide! Mais comment la Période Carbonique a-t-elle pu être précédée par les périodes Dévonienne et Silurienne – périodes des poissons et des mollusques – si nous nous arrêtons à cette conception? De plus, la pression barométrique a dû être plusieurs centaines de fois supérieure à la pression de notre atmosphère actuelle. Comment des organismes, même aussi simples que ceux de certains poissons et mollusques, ont-ils pu la supporter? Il existe un curieux ouvrage de Blanchard, sur l’Origine de la Vie, dans lequel il met en lumière certaines étranges contradictions et singulières confusions dans les Théories de ses collègues; nous appelons l’attention du lecteur sur cet ouvrage.]

Les centres de conscience de la Quatrième Ronde ont ajouté la Terre à leur stock d’états de la matière, en même temps que les trois autres Éléments dans leur état actuel de transformation.

En un mot, aucun des soi-disant Éléments n’existait, tel qu’il est aujourd’hui, durant les Rondes précédentes. Autant que nous le sachions, le FEU a pu être pur AKASHA, la Matière primordiale du « Magnum Opus » des Créateurs et Constructeurs, cette Lumière Astrale que le paradoxal Eliphas Lévi appelle à un certain moment « le Corps du Saint-Esprit » et l’instant d’après « Baphomet », le « Bouc androgyne de Mendès »; l’AIR a pu n’être que de l’Azote, le « Souffle des Soutiens du Dôme Céleste », comme l’appellent les Mystiques Mahométans; l’EAUétait peut-être, ce fluide primordial indispensable, suivant Moïse, pour faire une « Âme Vivante ». cela peut expliquer les contradictions flagrantes et les idées antiscientifiques qu’on trouve dans la Genèse. Séparez le premier chapitre du second; lisez le premier en le considérant comme un écrit des Elohistes, et le second en le considérant comme celle des Jéhovistes qui leur sont très postérieurs; vous retrouverez toujours, entre les lignes, le même ordre attribué à l’apparition des choses créées; c’est-à-dire le Feu (Lumière), l’Air, l’Eau et l’homme (ou la Terre). En effet, la phrase du premier chapitre (Elohistique) : « Dans le commencement Dieu créa le ciel et la terre », est un contresens; ce n’est pas « le ciel et la terre », qu’il faut dire, mais le Ciel duplex, ou double, le Ciel Supérieur et le Ciel Inférieur, ou la séparation de la Substance Primordiale qui était lumineuse dans sa partie supérieure et obscure dans sa partie inférieure (l’Univers manifesté), sous sa dualité de l’invisible (aux sens) et du visible à nos perceptions. « Dieu sépara la lumière des ténèbres », puis créa le firmament (Air). « Qu’un firmament soit au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux entre elles », c’est-à-dire « qu’il sépare les eaux qui étaient sous les firmaments [notre Univers visible manifesté], de celles qui étaient au-dessus du firmament [les plans d’existence qui sont (pour nous) invisibles] ». Dans le second chapitre (Jéhovistiques), les plantes et les herbes sont créées avant l’eau, exactement comme, dans le premier, la lumière est créée avant le soleil. « Dieu créa la terre et les cieux et toutes les plantes des champs avant qu’elles ne fussent dans la terre et toutes les plantes des champs avant qu’elles ne poussassent, car le Seigneur Dieu [Elohim] n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre, etc. », - une absurdité, à moins que l’on accepte l’explication ésotérique. Les plantes furent créées avant qu’elles ne fussent dans la terre – car la terre n’existait pas alors telle qu’elle est aujourd’hui et l’herbe des champs existait avant de pousser comme elle existe aujourd’hui dans la Quatrième Ronde.

En discutant et en expliquant la nature des Éléments invisibles et du « Feu Primordial » dont nous avons parlé plus haut, Eliphas Lévi l’appelle invariablement le « Lumière Astrale » : pour lui c’est le « Grand Agent Magique ». Il en est incontestablement ainsi, mais seulement en ce qui concerne la Magie Noire, et sur les plans les moins élevés de ce que nous appelons l’Éther, dont le noumène est l’Akâsha; même cela, pourtant, serait considéré comme incorrect par les Occultistes orthodoxes. La « Lumière Astrale » est tout simplement l’ancienne « Lumière sidérale » de Paracelse, et dire avec ce dernier que « tout ce qui existe en a été évolué et qu’elle conserve et reproduit toutes les formes », c’est n’énoncer une vérité que dans la seconde proposition. La première est erronée, car si tout ce qui existe avait été évolué à travers (ou via) cet agent, il ne s’agirait pas de la Lumière Astrale, car cette dernière n’est pas ce qui contient toutes choses, elle est tout au plus ce sur quoi réfléchit ce tout. [Eliphas Lévi en fait avec raison « une force de la Nature » au moyen de laquelle « un homme seul, s’il arrivait à s’en rendre maître…, pourrait semer la confusion dans le monde et transformer son aspect », car c’est le « Grand Arcane de la Magie transcendante ». En citant les paroles du grand Kabaliste Occidental, telles qu’elles ont été traduites, nous arriverons, peut-être, à mieux les expliquer, en y ajoutant, parfois, un ou deux mots, pour faire ressortir la différence qui existe entre les explications Occidentales et Orientales du même sujet. L’auteur dit, à propos du grand Agent Magique :

ce fluide ambiant et qui pénètre tout, ce rayon détaché de la Splendeur du Soleil [Central ou Spirituel]…, fixé par la pesanteur de l’atmosphère [?!] et le pouvoir de l’attraction centrale… La Lumière Astrale, cet éther électromagnétique, ce calorique vital et lumineux, est représenté sur d’anciens monuments par la ceinture d’Isis qui entoure deux bâtons… et dans les théogonies anciennes par le serpent qui dévore sa propre queue, emblème de la prudence, et de Saturne [emblème de l’infini, de l’Immortalité et de Kronos – le Temps – et non pas du Dieu Saturne ou de la planète]. C’est le dragon ailé de Médée, le double serpent du caducée et le tentateur de la Genèse; mais c’est aussi le serpent d’airain de Moïse entourant le Tau… enfin, c’est le démon du dogmatisme exotérique et c’est vraiment la force aveugle [elle n’est pas aveugle et Lévi le savait bien] que les âmes doivent dominer afin de se détacher des liens de la terre, car si elles ne la dominaient pas, elles seraient absorbées par la force même qui leur a d’abord donné naissance, et retourneraient au feu central et éternel.

Ce grand Archée est maintenant publiquement découvert par et pour un seul homme – J. W. Keely, de Philadelphie. Pour les autres, cependant, il est découvert, mais doit rester presque inutile. « Tu iras jusque-là… »

Tout ce qui précède est aussi pratique que correct, sauf une erreur que nous avons expliquée. Eliphas Lévi commet une grosse bévue en identifiant toujours la Lumière Astrale avec ce que nous appelons l’Akâsha. Nous expliquerons dans le volume IV ce que c’est en réalité.]

Eliphas Lévi écrit plus loin :

Le grand Agent Magique est la quatrième émanation du principe de vie [nous disons que c’est le premier dans l’Univers interne et le second dans le nôtre, ou Univers externe] dont le Soleil est la troisième forme… car l’étoile du jour [le Soleil] n’est que la réflexion et l’ombre matérielle du Soleil Central de vérité qui illumine le monde intellectuel [invisible] de l’Esprit et qui n’est lui-même, qu’une lueur empruntée à l’ABSOLU.

Jusque-là, il a raison. Mais lorsque le plus autorisé des Kabalistes de l’Occident ajoute que, cependant « ce n’est pas l’Esprit immortel, comme l’ont cru les Hiérophantes Indiens », - nous répondrons qu’il calomnie lesdits Hiérophantes, car ils n’ont rien dit de pareil et les écrits Purâniques exotériques eux-mêmes contredisent nettement cette assertion. Aucun Hindou n’a jamais pris Prakriti pour « l’Esprit Immortel », - et la Lumière Astrale n’est qu’un degré au-dessus du plan le plus bas de Prakriti, c’est-à-dire du Kosmos matériel. Prakriti est toujours appelé Mâyâ, Illusion, et elle est destinée à disparaître, avec le reste, y compris les Dieux, à l’heure du Pralaya. Puisqu’il est démontré que l’Akâsha n’est même pas l’Éther, à plus forte raison, croyons-nous, ce ne peut pas être la Lumière Astrale. Ceux qui sont incapables de comprendre autre chose que la lettre morte des Purânas ont parfois confondu l’Akâsha avec Prakriti, avec l’Éther et même avec le Ciel visible! Il est vrai aussi que ceux qui ont toujours traduit le mot Akâsha par « Éther » - Wilson par exemple – voyant qu’on appelle l’Akâsha « la cause matérielle du son », ne possédant, d’ailleurs, que cette seule et unique qualité, se sont imaginés, dans leur ignorance, qu’il est « matériel » au sens physique. Il est encore vrai que si les caractéristiques sont littéralement acceptées, puisque rien de matériel, ni de physique, et par conséquent de conditionné et de temporaire, ne peut être immortel – selon la métaphysique et la philosophie – il s’ensuivrait que l’Akâsha n’est ni infini, ni immortel. Mais tout cela est erroné, puisque les mots Pradhâna, la Matière primordiale et son, considéré comme propriété, ont été mal compris; le premier mot (Pradhâna) est certainement synonyme de Mûlaprakriti et d’Akâsha et le dernier (Son) de Verbum, le Verbe ou le Logos, C’est facile à démontrer, car cela résulte de la phrase suivante du Vishnu Purâna [Wilson, I, 23. ] : « Il n’y avait ni jour, ni nuit, ni ciel, ni terre, ni ténèbres, ni lumière, ni quoi que ce fût, sauf l’Un qui est insaisissable pour l’intellect ou ce qui est Brahma, et Pums [l’Esprit], et Pradhâna (la Matière [Primordiale]. »

Or, qu’est-ce que Pradhâna, si ce n’est Mûlaprakriti, la Racine de Tout, sous un autre aspect? Car bien qu’on dise plus loin que Pradhâna se fond dans la Divinité, comme le fait le reste, afin de ne laisser que l’UN pur et simple durant le Pralaya, elle est considérée cependant, comme infinie et immortelle. La traduction littérale dit : « Un Esprit Prâdhânika Brahma : CELA était » et le Commentateur interprète le mot composé comme un substantif et non comme un dérivé employé en guise d’attribut, c’est-à-dire comme une chose « unie à Pradhâna ». [L’étudiant doit, en outre, se souvenir que le système Purânique est dualiste, et non pas évolutionniste, et que, sous ce rapport, on trouvera beaucoup plus, au point de vue Ésotérique, dans le système Sânkhya et même dans le Mânava-Dharma-Shâstra, quoique ce dernier diffère beaucoup du premier.]. Par conséquent Pradhâna, même dans les Puranas, est un aspect de Parabrahman, mais non pas une évolution et doit être identique à la Mûlaprakriti Védântine. « Prakriti, dans son état primaire, est l’Akâsha », dit un érudit Védântin [ Ibid., p. 24. ]. C’est presque la Nature abstraite.

L’Akâsha est donc Pradhâna sous une autre forme et, comme tel, ne peut être l’Éther, l’agent à jamais invisible que courtise la Science Physique elle-même. Ce n’est pas non plus la Lumière Astrale. C’est, comme nous l’avons dit, le noumène de Prakriti sept fois différencié [ Dans la philosophie Sâmkhya, les sept Prakritis ou « productions productives » sont Mahat, Ahamkâra, et les cinq Tanmâtras. Voir Sâmkhya Kârikâ, III, et le commentaire qui en est fait.] – la « Mère » toujours immaculée du « Fils » sans père qui devient « Père » sur le plan manifesté inférieur. Car Mahat est le premier produit de Pradhâna, ou l’Akâsha; et Mahat - l’Intelligence Universelle dont la « propriété caractéristique est Buddhi » - n’est autre que le Logos, car il est appelé Ishvara, Brahmâ, Bhâva, etc. [ Voir Linga Purâna, section première, LXX, 12 et seq., et Vayu Purâna, ch. IV, mais surtout le premier Purâna, section première VIII, 67-74. ].Il est, en un mot, le « Créateur », ou le Mental Divin dans sa fonction créatrice, « la Cause de toutes les choses ». Il est le « Premier-né » dont les Purânas nous disent que « la Terre et Mahat sont les limites intérieures et extérieures de l’Univers », ou, dans notre langage, les pôles négatif et positif de la Nature double (abstraite et concrète), car le Purâna ajoute :

De cette façon – de même que les sept formes [principes] de Prakriti étaient comptées de Mahat à la Terre – de même, à [l’époque] de la dissolution (élémentale) (pratyâhâra), ces sept rentrent successivement les unes dans les autres. L’Oeuf de Brahmâ (Sarva Mandala) est dissous avec ses sept zones (dvîpa), ses sept océans, ses sept régions, etc.[ Vishnu Purâna, livre VI, chap. IV.]

Il est inutile de dire cela aux Hindous qui savent par coeur leurs Purânas, mais il est très utile de rappeler à nos Orientalistes et à ces Occidentaux qui considèrent les traductions de Wilson comme faisant autorité que, dans sa traduction anglaise du Vishnu Purâna, il se rend coupable de contradictions et d’erreurs très plaisantes. De sorte que sur ce même sujet des sept Prakritis, ou des sept zones de l’Oeuf de Brahmâ, les deux récits diffèrent entièrement. Dans le vol. I, p. 40, on dit que l’Oeuf est revêtu extérieurement de sept enveloppes. Wilson interprète cela ainsi : « Par l’Eau, l’Air, le Feu l’Éther et Ahamkâra » - bien que ce dernier mot ne figure pas dans le texte Sanscrit. Et dans le vol. V, p. 198, du même Purâna on trouve : «  de cette façon on comptait les sept formes de la nature (Prakriti) de Mahat jusqu’à la Terre »? Entre Mahat, ou Mahâ-Buddhi, et « l’Eau, etc. » la différence est très grande. ].

C’est pourquoi les Occultistes refusent de donner le nom de Lumière Astrale à l’Akâsha, ou de l’appeler Éther. On peut mettre en contraste la phrase : « Dans la maison de mon Père il y a plusieurs demeures », avec la maxime occulte : « Dans la maison de notre Mère sont sept demeures », ou plans, dont le plus bas – la Lumière Astrale – est au-dessus et autour de nous.

Les Éléments, qu’ils soient simples ou complexes, n’auraient pas pu rester sans changement depuis le commencement de l’évolution de notre Chaîne. Dans l’Univers, toute chose progresse d’une façon constante durant le cours du Grand Cycle, tout en traversant continuellement des phases ascendantes et descendantes, dans les Cycles moins importants. La Nature n’est jamais stationnaire pendant le Manvantara, puisqu’elle ne se borne pas à être, mais qu’elle est constamment en devenir [ Selon le grand métaphysicien Hegel, aussi. Pour lui, en effet, la Nature était un devenir continuel, ce qui est une conception purement ésotérique. La Création ou l’Origine, dans le sens que les Chrétiens donnent à ce mot, n’est pas pensable. Comme dit le penseur que nous venons de citer : « Dieu (l’Esprit Universel) s’objective sous forme de Nature, puis en émerge de nouveau. » ]; la vie minérale, végétale et humaine, ne cesse d’adapter ses organismes aux Éléments prédominants du moment et par conséquent les Éléments d’antan étaient faits pour elle, comme ceux d’aujourd’hui le sont pour la vie de l’humanité actuelle. Ce ne sera que durant la prochaine Ronde – la Cinquième – que le cinquième Élément, l’Éther, - le corps matériel de l’Akâsha, si on peut le désigner même par ce nom – devenant, pour tous les hommes, un fait familier dans la Nature, comme l’Air l’est pour nous actuellement, cessera d’être hypothétique comme à présent et ne sera plus pris pour « l’agent » de tant de choses. Ce n’est que durant cette Ronde-là que les sens supérieurs à la croissance et au développement desquels l’Akâsha sert d’instrument seront susceptibles d’une expansion complète. Comme nous l’avons déjà indiqué, on peut s’attendre, durant la Ronde actuelle, mais au moment voulu, à voir le monde se familiariser partiellement avec la « Perméabilité », cette caractéristique de la matière qui doit se développer en même temps que le sixième sens. Mais avec l’Élément qui sera ajouté à nos ressources durant la prochaine Ronde, Perméabilité deviendra une caractéristique si manifeste de la matière, que les formes les plus denses de la Ronde actuelle sembleront à l’homme ne devoir faire obstacle à ses sens que dans la seule mesure d’un épais brouillard.

Revenons maintenant au Cycle de Vie. Sans entrer dans le détail de la description qui est donnée des Vies Supérieures, il nous faut concentrer, pour le moment, notre attention sur les Êtres terrestres et sur la Terre elle-même. Cette dernière, à ce qu’on nous dit, est édifiée pour la Première Ronde par les « Dévoreurs » qui se désagrègent et différencient les germes d’autres Vies dans les Éléments : à peu près, - du moins, on doit le supposer, - comme font dans la phase actuelle de ce monde, les aérobies, lorsqu’en minant et en ébranlant la constitution chimique d’un organisme, ils transforment la matière animale et donnent naissance à des substances de constitution variable. L’Occultisme détruit ainsi le prétendu Âge Azoïque de la Science, car il montre qu’il n’y eut jamais de période où la vie n’existât point sur la Terre. Partout où il y a un atome de matière, une particule ou une molécule, même à l’état le plus gazeux, la vie y existe, quelque latente et inconsciente qu’elle soit.

« Tout ce qui quitte l’État laya entre dans la Vie active et est attiré dans le tourbillon du MOUVEMENT [le Solvant Alchimique de la Vie]; l’Esprit et la matière, sont les deux États de l’Un qui n’est ni Esprit, ni Matière, tous les deux étant la Vie Absolue latente … l’Esprit est la première différenciation de [et dans] l’ESPACE, et la Matière est la première différenciation de l’Esprit. Ce qui n’est ni Esprit, ni Matière, c’est CELA, la CAUSE sans Cause de l’Esprit et de la Matière qui sont le Kosmos. Et CELA a nous l’appelons la VIE UNIE ou le Souffle Intra-Cosmique [ Livre de Dzyan, comm. III, parag. 18.]. »

Nous le répétons une fois de plus – les semblables doivent produire les semblables. La vie absolue ne peut pas produire un atome inorganique, qu’il soit simple ou complexe, et la vie subsiste même dans l’état laya, exactement comme elle persiste chez un homme plongé dans un profond sommeil cataleptique; Cet homme a toutes les apparences d’un cadavre, mais c’est encore un être vivant.

Lorsque les « Dévoreurs » - dans lesquels les hommes de Science peuvent, s’ils le veulent, voir, avec quelque apparence de raison, des atomes du Brouillard de Feu, car les Occultistes n’y feront aucune objection – lorsque les « Dévoreurs », disons-nous, ont différencié les « Atomes de Feu », par un procédé spécial de segmentation, ceux-ci sont devenus des Germes de Vie agrégés selon les lois de la cohésion et de l’affinité. Puis ces Germes de Vie produisent des Vies d’un autre genre, qui travaillent à la structure de nos Globes.

De sorte que dans la Première Ronde, le Globe ayant été construit par les Vies de Feu primitives, - c’est-à-dire ayant été formé en une sphère, n’avait ni solidité, ni qualités, sauf un état froid, ni forme, ni couleur; ce n’est que vers la fin de la Première Ronde qu’il développa un Élément qui, de son Essence inorganique, pour ainsi dire, ou simple, comme point de départ, est devenu, maintenant, dans notre Ronde, le feu que nous connaissons dans tout le Système. La Terre était dans la première Rupa, dont l’essence est le Principe Akâshique appelé *** et que l’on connaît aujourd’hui sous le nom de Lumière Astrale, nom qui lui est donné bien à tort et qu’Eliphas Lévi nomme « l’Imagination de la Nature », probablement pour éviter de lui donner son nom véritable, comme d’autres le font.

Lorsqu'il en parle dans sa préface à l'Histoire de la Magie, Eliphas Lévi dit:

C’est par cette Force que tous les centres nerveux communiquent secrètement entre eux; c’est elle qui donne naissance à la sympathie et à l’antipathie; c’est d’elle que nous viennent nos rêves et c’est elle qui provoque les phénomènes de la double vue et de la vision extra-sensorielle… La Lumière Astrale [agissant sous l’impulsion de volontés puissantes] … détruit, coagule, sépare, brise et assemble toutes choses… Dieu la créa le jour où il dit : « Fiat Lux »… Elle est dirigée par les Egrégores, c’est-à-dire les chefs des âmes qui sont les esprits d’énergie et d’action [ Page 19. ].

Eliphas Lévi aurait dû ajouter que la Lumière Astrale, ou Substance Primordiale, si elle est vraiment de la matière, est ce qui, sous le nom de Lumière (Lux) est, suivant l’explication ésotérique, le corps de ces Esprits eux-mêmes et leur propre essence. Notre lumière physique est sur notre plan la manifestation et la réflexion de l’éclat radieux de la Lumière Divine qui émane du Corps collectif de ceux qui sont appelés les « LUMIÈRES » et les « FLAMMES ». Mais nul autre kabaliste n’a jamais montré autant d’ingéniosité et d’éloquence qu’Eliphas Lévi pour amonceler contradictions sur contradictions et pour entasser paradoxes sur paradoxes dans une même phrase. Il conduit ses lecteurs à travers des vallons fleuris, pour les échouer ensuite sur un rocher désert et aride.

Le Commentaire dit :

C’est à travers et par les radiations des sept Corps des sept Ordres de Dhyânis que sont nées les sept Quantités Discrètes (Éléments), dont le Mouvement et l’Union harmonieuse produisent l’Univers manifesté de la Matière.

La Deuxième Ronde amène la manifestation du second Élément, l’AIR, élément qui assurerait une vie continuelle à celui qui en userait à l’état pur. En Europe, deux Occultistes seulement l’ont découvert et même mis en usage partiellement, bien que sa composition ait toujours été connue des hauts Initiés Orientaux. L’ozone des Chimistes modernes est un poison, en comparaison du réel Solvant Universel auquel on n’aurait jamais pu penser s’il n’avait existé dans la Nature.

À partir de la seconde Ronde, la Terre – jusqu’alors un fœtus dans la matrice de l’Espace – commença son existence réelle; elle avait développé la Vie de sensation individuelle, son second Principe. Ce second (Principe) correspond au sixième; le second est la Vie continue, l’autre la vie temporaire.

La Troisième Ronde développa le troisième Principe – l’EAU; tandis que la Quatrième transforma les fluides gazeux et les formes plastiques de notre Globe en la sphère dure, couverte d’une croûte, et grossièrement matérielle, sur laquelle nous vivons maintenant. Bhumi avait atteint son quatrième Principe. À cela, on pourrait objecter que la loi de l’analogie, sur laquelle nous insistons tant, n’est pas observée. Il n’en est rien. La Terre n’atteindra sa vraie forme ultime, - l’écorce de son corps, - contrairement à ce qui se passe pour l’homme, que vers la fin du Manvantara, après la Septième Ronde. Eugénius Philalethes avait raison lorsqu’il affirmait à ses lecteurs, « sur sa parole d’honneur », que personne n’avait encore vu la « Terre », c’est-à-dire la Matière dans sa forme essentielle. Notre globe est, jusqu’ici, dans son état Kâmarupique – le Corps Astral de Désirs de l’Ahamkara, le sombre Egotisme, produit de Mahat sur le plan inférieur.

Ce n’est pas la matière constituée en molécules – et moins encore le corps humain, le Sthula-Sharîra – qui est le plus dense de tous nos « principes », mais c’est, en réalité, le Principe médian, le vrai Centre Animal; et notre corps n’est que son enveloppe, le facteur irresponsable, l’agent par l’intermédiaire duquel la bête qui est en nous agit pendant sa vie. Tout théosophe intellectuel comprendra ce que je veux dire. Aussi l’idée que le tabernacle humain est construit par des Vies innombrables, exactement comme le fut la croûte rocheuse de notre Terre, n’a, pour le vrai Mystique, rien de répugnant. La Science elle-même ne saurait soulever d’objections contre l’enseignement Occulte, car le fait que le microscope sera toujours incapable de découvrir l’ultime atome vivant, ou la vie, ne suffirait pas à lui faire rejeter la doctrine.

c) La science nous enseigne que les organismes, tant vivants que morts, des hommes et des animaux, fourmillent de bactéries de centaines d’espèces différentes; que nous sommes menacés d’être envahis par des microbes venant de l’extérieur, chaque fois que nous respirons, et qu’intérieurement nous sommes la proie des leucomaïnes, des aérobies, des anaérobies, etc.. Mais la Science n’a jamais été jusqu’à affirmer, avec la doctrine Occulte, que nos corps, aussi bien que ceux des animaux, des plantes et des pierres, ne sont eux-mêmes composés que d’êtres de ce genre, d’êtres qui, à l’exception de leurs plus grandes espèces, ne peuvent pas être découverts au microscope. En ce qui concerne les parties purement animales et matérielles de l’homme, la Science est sur la voie de découvertes qui corroborent largement cette théorie. La Chimie et la Physiologie sont les deux grandes magiciennes de l’avenir; elles sont destinées à ouvrir les yeux de l’humanité aux grandes vérités physiques. Chaque jour, l’identité de l’animal et de l’homme physiques, de la plante et de l’homme et même du reptile et de son nid, le rocher et l’homme – est de plus en plus clairement démontrée. Puisqu’il y a identité entre les constituants physiques et chimiques de tous les êtres, la Science Chimique peut très bien en arriver à dire qu’il n’y a pas de différence entre la matière qui compose le boeuf et celle qui compose l’homme. Mais la doctrine Occulte est bien plus explicite. Elle dit : Non seulement la composition chimique de ces êtres est la même, mais les mêmes Vies infinitésimales et invisibles composent les atomes des corps de la montagne et de la pâquerette, de l’homme et de la fourmi, de l’éléphant et de l’arbre qui l’abrite du soleil. Chaque particule – que vous l’appeliez organique ou inorganique – est une Vie. Chaque atome et chaque molécule dans l’univers donnent en même temps la vie et la mort à ces formes, parce qu’ils construisent par agrégation, les univers et les véhicules éphémères prêts à recevoir l’âme en voie de transmigration et qu’ils détruisent et changent éternellement les formes et expulsent ces âmes de leurs demeures provisoires. Chaque atome crée et tue; il s’engendre et se détruit; il amène à l’être et annihile ce mystère des mystères qu’est le corps vivant de l’homme, de l’animal ou de la plante, à chaque instant, dans le temps et l’espace; il génère également la vie et la mort, la beauté et la laideur, le bien et le mal, les sensations agréables et désagréables, bienfaisantes et malfaisantes. C’est cette VIE mystérieuse, représentée collectivement par des myriades innombrables de Vies, qui suit dans sa propre voie sporadique la loi jusqu’ici incompréhensible de l’Atavisme , lequel copie les ressemblances de famille, aussi bien que celles qu’il trouve imprimées dans l’aura des générateurs de tout être humain futur; qui est, en un mot, un mystère que nous examinerons ailleurs avec plus d’attention. Pour l’instant, nous pouvons citer un cas, à titre d’exemple. La Science moderne commence à découvrir les ptomaïne– poisons alcaloïdes – qui sont vie aussi – générés par les cadavres  et les matières en décomposition – extraites à l’aide de l’éther volatile, produisent un parfum aussi pénétrant que celui de la fleur d’oranger la plus fraîche; mais que, privés d’oxygène, ces mêmes alcaloïdes répandent tantôt une odeur répugnante qui soulève le coeur, tantôt un arôme très agréable rappelant celui des fleurs aux parfums les plus délicats; l’on croit même que c’est à cette ptomaïne que ces fleurs doivent leur agréable parfum. L’essence vénéneuse de certains champignons est, à son tour, presque identique au cobra de l’Inde, le plus meurtrier des serpents. [Les savants français Armand Gautier et Villiers ont trouvé dans la salive d’hommes vivants une alcaloïde venimeux identique à celui de la salive du crapaud, de la salamandre, du cobra et du trigonocéphale du Portugal. Il est démontré qu’un poison de l’espèce la plus meurtrière, qu’on l’appelle ptomaïne, leucomaïne ou alcaloïde, est généré par les hommes vivants ainsi que par les animaux et les plantes. Gautier a aussi découvert, dans le cadavre frais et dans la cervelle du boeuf, un alcaloïde et un poison qu’il appelle xanthrocréatinine et qui ressemble à la substance extraite de la salive venimeuse des reptiles. Ce sont les tissus musculaires, organes les plus actifs de l’économie animale, que l’on soupçonne d’être les générateurs ou les agents producteurs de poisons qui ont la même importance que l’acide carbonique et l’urée dans les fonctions de la vie et qui sont les produits ultimes de la combustion intérieure. Et quoiqu’il ne soit pas encore pleinement établi que des poisons puissent être générés par les corps des animaux d’êtres vivants sans la participation et l’intervention de microbes, il est démontré que l’animal produit des substances toxiques à l’état physiologique, c’est-à-dire pendant sa vie.]

Ayant aussi découvert les effets, la Science n’a plus qu’à trouver les causes PRIMAIRES, mais elle n’y arrivera jamais sans l’aide de ces antiques sciences qui s’appellent l’Alchimie, la Botanique et la Physique Occultes. On nous enseigne que tout changement physiologique, outre les phénomènes pathologiques et les maladies, - à vrai dire la vie elle-même, ou plutôt les phénomènes objectifs de la vie provoqués par certaines conditions et modifications dans les tissus du corps qui permettent l’action de la vie et la forcent à agir dans ce corps, - que tout cela est dû à ces CRÉATEURS et DESTRUCTEURS invisibles qu’on appelle, d’une façon si vague et si générale, les microbes. [On pourrait supposer que ces Vies de Feu et les microbes de la Science sont la même chose. Ce n’est pas exact. Les Vies de Feu forment la septième et la plus haute division du plan de la matière et correspondent, chez l’individu, à la Vie Une de l’Univers, quoique seulement sur ce plan de matière. Les microbes de la Science forment la première et la plus basse division du second plan – celui du Prana matériel, ou de la Vie. Le corps physique de l’homme change complètement de structure tous les sept ans et sa destruction ou sa conservation sont dues aux Vies de Feu dont la fonction est alternativement de Détruire et de Construire. Elles Construisent en se sacrifiant elles-mêmes, sous forme de vitalité, pour restreindre l’influence destructive des microbes, et, en leur fournissant ce qui est nécessaire, elles les forcent, au moyen de ce frein, à construire le corps matériel et ses cellules. Elles Détruisent aussi lorsque ce frein est retiré et que les microbes, à qui on ne fournit plus d’énergie vitale pour construire, sont laissés libres de se répandre comme agents destructeurs. Ainsi, pendant la première moitié de la vie humaine, c’est-à-dire les cinq premières périodes de sept années chacune, les Vies de Feu sont indirectement occupées à édifier le corps matériel de l’homme; la Vie est sur l’échelle ascendante et la force est employée à construire et à accroître. Après que cette période est passée, l’âge de la rétrogression commence et le travail des Vies de Feu ayant épuisé leurs forces, l’oeuvre de destruction et de décroissance commence aussi.

On peut faire remarquer ici l’analogie qui existe, entre les événements cosmiques, dans la descente de l’Esprit dans la Matière, durant la première moitié d’un Manvantara (tant planétaire qu’humain) et son ascension aux dépens de la Matière durant la seconde moitié. Ces considérations ont seulement trait au plan de la matière, mais l’Influence restrictive des Vies de Feu sur la subdivision la plus basse du second plan, les microbes, est confirmée par le fait dont parle Pasteur, dans la théorie que nous avons citée, que les cellules des organes, lorsqu’elles ne trouvent pas assez d’oxygène pour elles-mêmes, s’adaptent à cette situation et forment des ferments qui soutirent de l’oxygène aux substances avec lesquelles elles entrent en contact et amènent ainsi leur destruction. Une cellule donne alors le signal en dépouillant sa voisine de ce qui est la source de sa vitalité, lorsque son approvisionnement est insuffisant, et la destruction ainsi commencée progresse régulièrement.]

Des expérimentateurs comme Pasteur sont les meilleurs amis et auxiliaires des Destructeurs et seraient les pires ennemis des Créateurs – si ces derniers n’étaient pas en même temps des Destructeurs. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine; la connaissance de ces causes premières et celle de l’essence primaire de chaque Élément, de ses Vies, de leurs fonctions, de leurs propriétés et des conditions dans lesquelles elles se modifient – constituent la base de la MAGIE. Paracelse était peut-être, durant les derniers siècles de l’ère chrétienne, le seul Occultiste de l’Europe qui fût au courant de ce mystère. Si une main criminelle n’avait pas mis un terme à sa vie, nombre d’années avant l’époque que lui avait assignée la Nature, la Magie physiologique aurait moins de secrets pour le monde civilisé qu’elle n’en a maintenant.

d) Mais, peut-on nous demander, qu’est-ce que la Lune peut bien faire dans tout cela? Qu’est-ce que « le Poisson, Sin et Soma [la Lune] » cités dans la phrase apocalyptique de la STANCE, ont à faire avec les microbes de Vie? avec ces derniers, rien, sauf qu’ils se servent du tabernacle d’argile qu’ils leurs préparent; avec l’Homme divin parfait, par contre, ils ont tout à faire, puisque « le Poisson, Sin et la Lune » composent ensemble les trois symboles de l’Être immortel [ L’un de nos collègues (de la section française de la S. T.), au cours de la révision qu’il a bien voulu faire (avec un autre de nos collègues) de la 1ère édition de la traduction française de la DOCTRINE SECRÈTE, a signalé à Mme Annie Besant une rectification à apporter à cette oeuvre Mme A. Besant, dans le numéro d’octobre 1905, pp. 167-68, de la Theosophical Review, approuve cette rectification et termine ainsi ce qu’elle dit à ce sujet :

« Un distingué correspondant français me fait remarquer (à propos des mots qui terminent la stance VII §5 et du commentaire que H.P.B. en fait à la page 284 de la 3e édition de Secret Doctrine), que, au sujet de la trinité chaldéenne : Oannés, Sin et Samas, - Poisson, Lune, Soleil -, on ferait bien dans Secret Doctrine, de remplacer  Soma par Samas, et il ajoute : « Ceci est une bonne preuve que H.P.B. n’a ni composé ni inventé les Stances de Dzyan, mais qu’elle les a vraiment reçues et interprétées. »

Mme Besant termine sa communication par ces lignes : « Je résume ainsi les nombreuses citations que mon correspondant m’adresse à ce sujet. Les Grecs nommaient Oannés l’Ea-nunu des Assyriens, celui que les Égyptiens appelaient Toth, le dieu de la Sagesse, qui enseigne les arts et les sciences. Il flotte sur le chaos primordial, il est l’ « Esprit », le 3e Logos. Sin est le dieu lunaire, la Sagesse, appelé Nannar, le resplendissant, androgyne parfois, et adoré sous le nom d’Istar; il représente le 2e Logos. – Samas est le Dieu solaire, Adar ou Adra, le Feu perpétuel, inextinguible, l’équivalent chaldéen du 1er Logos. La substitution de Samas à Soma serait rationnelles et rendrait la phrase de H.P.B. intelligible. ».

L’approbation par Mme Annie Besant de la rectification proposée par notre collègue nous a semblé utile à signaler et surtout à insérer ici.]

C’est tout ce que nous pouvons divulguer. Et l’auteur n’a pas la prétention de connaître, sur ces étranges symboles, plus qu’on n’en peut déduire des religions exotériques – ou, peut-être du mystère que cache le Matsya (poisson) Avatâr de Vishnu, l’Oannés chaldéen, l’Homme-Poisson que rappelle l’impérissable signe du zodiaque, les Poissons, et que l’ancien et le nouveau Testaments rappellent également dans les personnages de Josué « Fils de Nun (le Poisson) » et de Jésus – ou encore du mystère que cachent le « Péché » [ Sin en anglais veut dire Péché (N.d.T.) ] allégorique (ou Chute de l’Esprit dans la Matière) et la Lune – (en ce qu’elle se rapporte aux Ancêtres Lunaires, les Pitris).

Pour le moment, il serait bon de rappeler au lecteur que, tandis que les Déesses Lunaires étaient, dans toutes les mythologies et surtout dans celles des Grecs, rattachées à l’enfantement, à cause de l’Influence que la Lune exerce sur les femmes et sur la conception, le lien Occulte réel de notre satellite avec la fécondation est, jusqu’à nos jours, inconnu à la Physiologie, laquelle considère toutes les coutumes populaires qui s’y rapportent comme de grossières superstitions. Comme il est inutile de les discuter en détail, nous ne nous arrêterons, en ce moment, que pour parler en passant de la symbologie lunaire et pour prouver que cette superstition appartient aux croyances les plus anciennes et même au Judaïsme, base du Christianisme. Pour les Israélites, la principale fonction de Jéhovah était de donner des enfants, et l’ésotérisme de la Bible, interprété kabalistiquement, démontre, à n’en pas douter, que le Saint des Saints du Temple n’était que le symbole de la matrice. C’est maintenant prouvé d’une façon indiscutable par la lecture numérique de la Bible en général, et de la Genèse en particulier. Cette idée a dû certainement être empruntée par les Juifs aux Égyptiens et aux Indiens dont le Saint des Saints est symbolisé par la chambre du Roi dans la grande pyramide [ Voir Source of Measures. ] et par les symboles du Yôni dans l’Hindouïsme exotérique. Pour rendre la chose plus claire et faire ressortir en même temps l’énorme différence dans l’esprit de l’interprétation et dans la signification originale des mêmes symboles entre les anciens Occultistes Orientaux et les Kabalistes Juifs, nous renvoyons le lecteur à la Section qui traite du « Saint des Saints » dans le quatrième volume.

[Le culte phallique ne s’est développé qu’après la perte des clefs qui donnaient la réelle signification des symboles. Ce fut la dernière et la plus fatale déviation faite hors de la grande route de la vérité et de la connaissance divine dans le sentier latéral de la fiction érigée en dogme par les falsifications humaines et l’ambition hiérarchique.]

Stance VII (6)

6. Depuis le Premier-né [ Le Premier Homme, ou Homme Primitif.], le Fil qui unit le veilleur Silencieux à son Ombre, devient plus fort et plus radieux à chaque changement [ Réincarnation. ]. La Lumière Solaire du matin est devenue l’éclat glorieux de midi…

Cette phrase, « le Fil qui unit le Veilleur Silencieux à son Ombre [l’Homme] devient plus fort à chaque Changement », est un autre mystère psychologique qui sera expliqué dans les volumes 3 et 4. Pour le moment, il suffira de dire que le « Veilleur » et ses « Ombres » - ces dernières étant aussi nombreuses que les Réincarnations de la Monade – ne font qu’un… Le Veilleur, ou Prototype Divin, occupe le sommet de l’Échelle de l’Être; l’Ombre est en bas. Aussi la Monade de chaque être vivant, à moins que sa turpitude morale ne brise le lien et qu’elle ne s’échappe et n’ « erre dans le Sentier Lunaire », - pour nous servir d’une expression Occulte, - est un Dhyân Chôhan individuel, distinct des autres et [possédant] une sorte d’Individualité spirituelle, qui lui est propre durant un Manvantara donné. Son Primaire, l’Esprit (Atman), ne fait naturellement qu’un avec l’Esprit unique universel (Paramâtmâ), mais le Véhicule (Vahan) dans lequel il est enfermé, le Buddhi, fait partie intégrante de cette Essence Dhyân-Chôhanique, et c’est ici que gît le mystère de cette ubiquité que nous avons discutée quelques pages plus haut.

« Mon Père qui est au Ciel et moi – sommes un », dit l’Écriture Chrétienne, et en cela, du moins, elle est l’écho fidèle de la donnée Ésotérique.

Stance VII (7)

7. « Voilà ta Roue actuelle », dit la Flamme à l’Étincelle. « Tu es moi-même, mon image et mon ombre. Je me suis vêtue de toi, et tu es mon Vâhan [ Véhicule. ], jusqu’au Jour « Sois avec Nous », où tu redeviendras moi-même et d’autres, toi-même et moi. » (a) Alors les Constructeurs, s’étant revêtus de leur première Enveloppe, descendent sur la Terre rayonnante, et règnent sur les Hommes, - qui sont eux-mêmes (b).

a) Le Jour où l’Étincelle redeviendra la Flamme, où l’Homme se fondra dans son Dhyân-Chôhan, « moi-même et d’autres, toi-même et Moi », comme dit la STANCE, signifie qu’en Paranirvâna – lorsque le Pralaya aura réduit, non seulement les corps matériels et psychiques, mais même les Egos spirituels à leur principe originel – les Humanités Passées, Présentes et même Futures, comme toutes les autres choses, ne formeront plus qu’une seule et unique unité. Le Grand Souffle aura tout réabsorbé. En d’autres termes, tout sera « fondu en Brahman », c’est-à-dire dans l’Unité Divine.

Est-ce là l’annihilation, comme le pensent quelques-uns? Ou bien est-ce l’Athéisme, comme d’autres critiques – les adorateurs d’une divinité personnelle et ceux qui croient à un paradis antiphilosophique – paraissent portés à le supposer? Ni l’un ni l’autre. Il serait plus qu’inutile de revenir sur cette question d’athéisme tacite à propos de ce qui est de la spiritualité du caractère le plus élevé. Voir dans le Nirvâna l’annihilation, équivaut à dire d’un homme qui est plongé dans un bon sommeil sans rêves – un de ces sommeils qui ne laissent aucune impression sur la mémoire et le cerveau physiques, parce que le Soi Supérieur du dormeur est alors dans son état originel de Conscience Absolue – qu’il est lui aussi annihilé. Cette dernière comparaison ne répond qu’à un côté de la question, le côté le plus matériel, puisque la réabsorption n’est nullement un tel « sommeil sans rêve », mais, au contraire, l’Existence Absolue, une unité non conditionnée, ou un état que le langage humain est absolument et désespérément impuissant à décrire. Le seul moyen d’approcher ce que l’on pourrait appeler une conception compréhensive de cet état peut être tenté par les visions panoramiques de l’Âme, visions provoquées par l’idéation spirituelle de la Monade divine. L’Individualité – et aussi l’essence de la Personnalité s’il en reste – n’est pas perdue parce qu’elle est réabsorbée. Car bien que l’état paranirvânique soit infini au point de vue humain, il est cependant limité dans l’Éternité. Après qu’elle l’aura atteint, la même Monade en émergera de nouveau, sous forme, d’un être plus élevé encore et placé sur un plan bien plus élevé, pour recommencer son cycle d’activité perfectionnée. Le mental humain, dans l’État actuel de son développement, ne peut dépasser ce plan de pensée; il peut à peine l’atteindre. À ce point, il chancelle sur la berge de l’Absolu et de l’Éternité incompréhensibles.

b) Les « Veilleurs » règnent sur les hommes pendant la période entière du Satya Yuga et pendant les Yugas moins longs qui la suivent, jusqu’au commencement de la Troisième Race-Racine; après quoi ce sont les Patriarches, les Héros et les Manes (comme dans les Dynasties égyptiennes énumérées à Solon par les prêtres), les Dhyânis inférieurs incarnés, jusqu’au roi Ménès et aux rois humains des autres nations. Tous ont été soigneusement enregistrés. Selon les symbologistes, cet Âge Mythologique est, naturellement, considéré comme un conte de fées. Mais, puisqu’on trouve, dans les annales de toutes les nations, des traditions, et même des chroniques, parlant de ces dynasties de Rois Divins, de Dieux qui régnèrent sur les hommes et de Dynasties de Héros ou de Géants qui leur succédèrent, il est difficile de s’imaginer comment tous les peuples sous le soleil, dont quelques-uns sont séparés par de vastes océans et appartiennent à des hémisphères différents comme les anciens Péruviens et Mexicains aussi bien que les Chaldéens, auraient pu élaborer les mêmes contes de fées dans le même ordre d’événements [ Voyez, par exemple, les Mystères sacrés parmi les Mayas et les Quichés [il y a 11.500 ans], par Auguste Le Pongeon, qui démontre l’identité qui existe entre les croyances et les rites égyptiens et ceux des peuples qu’il décrit. Les anciens alphabets hiératiques des Mayas et des Égyptiens sont presque identiques. ].Quoiqu’il en soit, puisque la DOCTRINE SECRÈTE enseigne l’histoire, - qui, bien qu’ésotérique et traditionnelle, n’en est pas moins plus digne de foi que l’histoire profane, - nous avons le droit de tenir à nos croyances aussi bien que n’importe qui, croyant ou sceptique, tient aux siennes. Et cette Doctrine dit que les Dhyâni-Buddhas des deux groupes supérieurs, c’est-à-dire les Veilleurs et les Architectes, donnèrent aux nombreuses races diverses des rois et des chefs divins. Ce sont ces derniers qui enseignèrent à l’humanité les arts et les sciences et ce sont les premiers qui révélèrent les grandes vérités spirituelles des Mondes transcendants aux Monades incarnées qui venaient de se défaire des véhicules qu’elles revêtaient dans les Règnes inférieurs et qui, par conséquent, avaient perdu tout souvenir de leur origine divine.

Ainsi, comme le dit la STANCE, les Veilleurs « descendent sur la Terre radieuse et règnent sur les hommes qui sont eux-mêmes ». Les Rois régnants avaient achevé leur cycle sur la Terre et dans d’autres Mondes, dans les Rondes précédentes. Dans les Manvantaras futurs, ils seront parvenus à des Systèmes supérieurs à notre Monde planétaire et ce sont les Élus de notre Humanité, les Pionniers qui marchent en tête sur le rude et difficile chemin du Progrès, qui remplaceront leurs prédécesseurs. Le prochain grand Manvantara verra les hommes de notre propre Cycle de Vie devenir les instructeurs et les guides d’une Humanité dont les Monades peuvent être maintenant emprisonnées – à demi-conscientes – dans les membres les plus intellectuels du règne animal, en même temps que leurs principes inférieurs animent, peut-être, les spécimens les plus hauts du règne végétal.

Ainsi marchent les cycles de l’évolution septénaire, dans la Nature Septuple : la nature spirituelle ou divine; la nature psychique ou semi-divine; les natures, intellectuelle, passionnelle, instinctive ou cognitionnelle, la nature semi-corporelle et la nature purement matérielle ou physique. Elles évoluent et progressent toutes cycliquement, passant de l’une dans l’autre, suivant un double processus, centrifuge et centripète, uniques dans leur essence première, septuples, dans leurs aspects. La moins élevée est, cela va sans dire, celle qui dépend et relève de nos cinq sens physiques [lesquels sont en réalité, au nombre de sept comme nous le montrerons plus tard, en nous basant sur les plus anciennes Upanishads.] Ainsi, pour la vie individuelle, humaine, sensible, animale et végétale, chacune de ces vies est le microcosme de son macrocosme supérieur. Il en est de même pour l’Univers qui se manifeste périodiquement pour le progrès collectif des Vies innombrables qui sont comme les souffles de la Vie Une; qui se manifeste pour que, à travers le Toujours Devenir, chacun de ses atomes passe du sans forme et de l’intangible à travers les natures mêlées du semi-terrestre, jusque dans la matière en pleine génération, pour revenir ensuite en arrière et remonter plus haut à chaque période et s’approcher toujours davantage du but final; pour que chaque atome, disons-nous, puisse par les mérites et les efforts individuels, atteindre le plan où il redevient le TOUT Unique et Inconditionné.

Entre l’Alpha et l’Oméga, s’étend la « Route » lassante bordée d’épines, qui « descend d’abord, puis

S’enroule en montant sans cesse;
Oui, sans cesse, jusqu’à sa fin.

Le Pèlerin est immaculé lorsqu’il commence son long voyage; il descend de plus en plus profondément dans la matière pécheresse et s’associe à chaque atome dans l’Espace manifesté; puis, après avoir lutté et souffert dans chaque forme de la Vie et de l’Être, il ne se trouve encore qu’au fond de la vallée de la matière; il a parcouru la première moitié de son cycle; il s’est identifié avec l’Humanité collective. Cette humanité, il l’a faite à son image. Pour rester dans la voie du progrès, en s’efforçant de monter toujours et de gagner la vraie patrie, le « Dieu » a maintenant pour devoir de gravir dans la douleur le sentier escarpé du Golgotha de la Vie. C’est le martyr de l’existence soi-consciente. Semblable à Vishvakarman, il doit se sacrifier à lui-même pour racheter toutes les créatures, pour ressusciter du multiple en la Vie Une. Alors, il monte véritablement au Ciel où il est plongé dans l’Être Absolu incompréhensible et dans le Bonheur du Paranirvâna; il n’y est limité par aucune condition; c’est de là qu’il redescendra à la prochaine « Venue », - qu’une partie de l’humanité, s’en tenant à la lettre morte, attend comme le « Second Avènement », et que l’autre partie appelle le dernier « Kalki Avatâr ».

Résumé

L’Histoire de la Création et de ce Monde, depuis son origine jusqu’à l’époque actuelle, est composée de sept Chapitres : le septième n’est pas encore écrit.

T. Subba-Row (Voir The Thesosophist, 1881.)

On vient d’essayer d’écrire le premier de ces « sept chapitres » qui est maintenant terminé. Quelque faible et incomplète qu’en soit l’exposition, c’est, en tout cas, une approximation – au sens mathématique du mot – de ce qui est la base ancienne de toutes les Cosmogonies suivantes. Il est audacieux d’essayer d’écrire dans une langue européenne le grand panorama de la Loi dont les éternelles manifestations sont périodiques et dont les esprits plastiques des premières Races douées de Conscience avaient reçu l’impression, faite par ceux sur lesquels l’Intelligence Universelle le reflétait, car aucun langage humain, sauf le Sanscrit – qui est le langage des Dieux – ne permet de le faire d’une façon suffisamment exacte. Mais il faut excuser les imperfections de ce travail, en raison du motif qui l’a inspiré.

Dans son ensemble ni ce qui précède, ni ce qui va suivre, ne peut être trouvé ailleurs, dans son entier. Ce n’est enseigné dans aucune des six Écoles Philosophiques de l’Inde, car cela relève de leur synthèse, la septième, qui est la Doctrine Occulte. Cela ne se trouve sur aucun des papyrus moisis de l’Égypte et n’est pas davantage gravé sur les briques ou les murs de granit des Assyriens. Les Livres de la doctrine Védânta – qui est le « dernier mot de la connaissance humaine » - ne donnent que l’aspect métaphysique de cette Cosmogonie du monde, et leur inestimable trésor, les UpanishadsUpa-ni-shads est un mot composé exprimant la victoire remportée sur l’ignorance par la révélation de la connaissance secrète et spirituelle – nécessite aujourd’hui la possession additionnelle d’une clef maîtresse pour permettre à l’Étudiant d’en saisir complètement la signification. Je me permets d’en donner ici la raison, telle que je l’ai apprise d’un Maître.

Le mot Upanishad est ordinairement traduit par « doctrine ésotérique ». Ces traités  forment une partie du Shruti ou Connaissance « révélée »; en un mot, de la Révélation, et sont généralement rattachés à la partie Brahmane des Védas, comme leur troisième division [ T. Subba-Row, Five Years of Theosophy, p. 154.

…les Védas ont deux significations bien distinctes; l’une exprimée par le sens littéral des mots, l’autre indiquée par la mesure et le svara (intonation) qui sont … comme la vie des Védas… Il va sans dire que les savants Pandits et les Philologues nient que le svara ait quoi que ce soit à faire avec la philosophie ou les anciennes doctrines ésotériques, mais le mystérieux rapport qu’il y a entre svara et lumière est un de ses plus profonds secrets.].

Il y a plus de 150 Upanishads énumérés par les Orientalistes, qui pensent que la plus ancienne a été probablement écrite 600 ans environ avant Jésus-Christ, mais, en fait, de textes authentiques, il n’en existe pas la cinquième partie. Les Upanishads sont aux Védas ce que la Kabale est à la Bible juive. Elles abordent et expliquent la signification secrète et mystique des textes védiques. Elles parlent de l’Origine de l’Univers, de la nature de la Divinité, de l’Esprit et de l’Âme, et aussi du rapport métaphysique qui existe entre le Mental et la Matière. En peu de mots : Elles CONTIENNENT le commencement et la fin de toute connaissance humaine, mais elles ont cessé de la RÉVÉLER depuis l’époque de Bouddha. S’il en était autrement, les Upanishads ne pourraient pas être appelées ésotériques, puisqu’elles sont maintenant ouvertement annexées aux Livres Sacrés Brâhmaniques qui, à notre époque actuelle, sont devenus accessibles même aux Mléchchas (hors-castes) [ Littéralement, les étrangers, les Non-Aryens. ] et aux Orientalistes européens. Il y a en elles une chose – et elle existe dans toutes les Upanishads – qui indique invariablement et constamment leur origine antique et qui prouve : (a) qu’elles ont été écrites, en partie, avant que le système de castes ne devînt l’institution tyrannique qui existe encore; (b) que la moitié de leur contenu a été éliminé et que certaines d’entre elles ont été écrites de nouveau et abrégées. « Les grands instructeurs de la Connaissance supérieure et les Brâhmanes y sont constamment représentés comme allant auprès des rois Kshatriyas [caste militaire] pour devenir leurs élèves. » Comme le professeur Cowell le fait remarquer avec justesse, les Upanishads « respirent un esprit entièrement différent [de celui de tous les autres écrits brâhmaniques], une liberté de pensée qu’on ne retrouve dans aucun ouvrage antérieur, sauf dans les hymnes mêmes du Rig Véda. » Le second fait est expliqué par une tradition conservée dans l’un des manuscrits traitant de la vie de Bouddha. Il y est dit que les Upanishads furent annexées à leurs Bâhmanas après le début d’une réforme qui conduisit à l’exclusivisme du système actuel des castes chez les Brâhmanes, quelques siècles après l’invasion de l’Inde par les « Deux fois nés ». Elles étaient complètes à cette époque et servaient à l’Instruction des Chélas qui se préparaient à l’Initiation.

Cela durant tant que les Védas et les Brâhmanas restèrent exclusivement confiés aux Brâhmanes des temples, - alors que personne autre n‘avait le droit de les étudier, ou même de les lire, en dehors de la caste sacrée. Gâutama, prince de Kapilavastu, vint ensuite. Après avoir appris la totalité de la Sagesse Brahmanique dans le Rahasya ou Upanishads, et avoir trouvé que les enseignements différaient peu, ou même pas du tout, de ceux des « Maîtres de Vie » qui habitent les chaînes neigeuses des monts Himâlayas [ Appelés aussi les « Fils de Sagesse » et du « Brouillard de Feu » et les « Frères du Soleil », dans les annales Chinoises. On parle du Si-dzang (Tibet), dans les manuscrits de la bibliothèque sacrée de la province de Fo-Kien comme ayant été le grand centre de savoir Occulte depuis des temps immémoriaux, bien des âges avant Bouddha. On dit que l’empereur Yu le « Grand » (2207 avant J.-C.), qui fut un pieux Mystique et un grand Adepte, acquit son savoir des « Grands Maîtres des montagnes neigeuses » du Sidzang.], le disciple des Brâhmanes, indigné de ce que l’on tenait la Sagesse Sacrée hors de la portée de tous, sauf des Brâhmanes, résolut de la répandre pour sauver le monde entier. C’est alors que les Brâhmanes, voyant que leur connaissance sacrée et leur Sagesse Occulte allait tomber dans les mains de Mléchchas, abrégèrent les textes des Upanishads qui contenaient, antérieurement, trois fois plus de matières que les Védas et les Brâhmanas réunis, sans changer toutefois un seul mot des textes. Ils détachèrent simplement des manuscrits les parties les plus importantes, celles qui contenaient le dernier mot du Mystère de l’Être. La clef du code secret des Brâhmanes resta désormais entre les mains des seuls Initiés, et les Brâhmanes purent ainsi nier publiquement la correction de l’enseignement de Bouddha, en faisant appel à leurs Upanishads où s’était fait pour toujours le silence sur les principales questions. Telle est la tradition ésotérique au-delà des Himâlayas.

Shri Shankarâchârya, le plus grand Initié qui ait vécu dans les âges historiques, a écrit maint Bhâshya (commentaire) sur les Upanishads. Mais ses traités originaux, comme il y a des raisons de le supposer, ne sont pas encore tombés dans les mains des Philistins, car ils sont trop jalousement conservés dans ses monastères (matams). Et il y a des raisons encore plus puissantes pour croire que les inestimables Bhâshyas sur la Doctrine Ésotérique des Brâhmanes, écrits par leur plus éminent interprète, resteront pendant des siècles encore à l’état de lettre morte pour la plupart des Hindous, à l’exception des Brâhmanes Smârtavas. Cette secte, fondée par Shankarâchârya et encore très puissante dans l’Inde du Sud, est maintenant presque la seule à produire des étudiants ayant conservé assez de savoir pour comprendre la lettre morte des Bhâshyas. On m’apprend que la raison en est qu’eux seuls ont, parfois, de vrais Initiés à leur tête dans leurs mathams, comme, par exemple, dans le Shringagiri, dans les Ghâts Occidentaux de Mysore. D’autre part, il n’y a pas de secte, dans cette caste si désespérément exclusive des Brâhmanes, qui soit plus exclusive que ne l’est celle du Smârta, et la réticence de ses disciples à dire ce qu’ils peuvent savoir des sciences Occultes et de la Doctrine Ésotérique n’est égalée que par leur orgueil et leur savoir.

Aussi l’auteur du présent exposé doit être prêt d’avance à voir les assertions qui se trouvent dans cet ouvrage rencontrer une vive opposition, ou même être rejetées. Ce n’est pas que nous prétendions à l’infaillibilité ou à la parfaite exactitude de chaque détail de tout ce qui est écrit ici. Les faits sont là et il n’est guère possible de les nier. Mais si, en raison des difficultés intrinsèques des sujets traités et de l’insurmontable impuissance de la langue anglaise, comme de toutes les autres langues européennes, à exprimer certaines idées, l’auteur ne réussit pas à donner à ses explications la forme la meilleure et la plus claire, il n’en est pas moins vrai qu’il a fait tout ce qu’on pouvait faire dans des circonstances aussi défavorables, et on ne saurait lui en demander davantage.

Faisons donc une récapitulation et montrons par la grandeur des sujets exposés, combien il est difficile, sinon impossible, de leur rendre justice entière.

(1) La DOCTRINE SECRÈTE est la Sagesse accumulée des âges et sa cosmogonie à elle seule est le système le plus prodigieux et le plus élaboré qui soit connu, même sous la forme voilée de l’exotérisme des Purânas. Mais le pouvoir mystérieux du symbolisme Occulte est si grand que les faits qui ont réellement occupé d’innombrables générations de voyants initiés et de prophètes voués à les coordonner, à les inscrire et à les expliquer, durant les étourdissantes séries du progrès évolutif, sont tous enregistrés en quelques pages de glyphes et de signes géométriques. Le regard étincelant de ces voyants a pénétré au coeur même de la matière et découvert l’âme des choses là où un observateur profane ordinaire, quelque instruit qu’il eût été, n’aurait aperçu que la trame extérieure de la forme. Mais la Science moderne ne croit pas à « l’âme des choses », et, par suite, rejettera le système entier de la Cosmogonie antique. Il est inutile de dire que le système en question n’est pas le produit de l’imagination d’un ou de plusieurs individus isolés; il est constitué par les annales ininterrompues de milliers de générations de Voyants dont les expériences respectives ont concouru à certifier et à vérifier les traditions transmises oralement, d’une race primitive à une autre, au sujet des enseignements d’Êtres supérieurs très élevés qui ont veillé sur l’enfance de l’Humanité. Il faut ajouter que, durant de longs âges, les « Sages » de la Cinquième Race – sages faisant partie du groupe sauvé et épargné lors du dernier cataclysme et de la modification des continents – ont passé leurs vies à apprendre et non à enseigner. Comment s’y sont-ils pris? On répond : en contrôlant, en mettant à l’épreuve, en vérifiant, dans chaque département de la Nature, les traditions du passé, au moyen des visions indépendantes des grands Adeptes, c’est-à-dire d’hommes qui ont développé et perfectionné leurs organismes physiques, mental, psychique et spirituel, au plus haut point possible. Ce qu’avait vu un Adepte n’était jamais accepté avant d’avoir été contrôlé et confirmé par ce qu’avaient vu d’autres Adeptes dans des conditions propres à constituer un témoignage indépendant – et par des siècles d’expérience.

(2) La loi fondamentale de ce système, le point central d’où tout émerge, autour de quoi et vers lequel tout gravite et sur lequel repose toute sa philosophie, est la SUBSTANCE-PRINCIPE, Une, Homogène et Divine, l’Unique Cause Radicale.

…Quelques-uns, dont les lampes brillaient d’une lumière plus intense, ont été conduits, de cause en cause, jusqu’à la source même de la nature, et ont reconnu qu’il doit exister un Principal primordial…

On l’appelle « Substance-Principe », car il devient « Substance » sur le plan de l’Univers manifesté et n’est qu’une simple Illusion, tant qu’il reste un « Principe » dans l’Espace abstrait visible et invisible, sans commencement ni fin. C’est la Réalité omniprésente; impersonnelle parce qu’elle renferme tout et toutes choses. Son Impersonnalité est la conception fondamentale du Système. Elle est latente dans chaque atome de l’Univers; elle est l’Univers lui-même [ Voir Section 3, Substance Primordiale et Pensée Divine. ].

(3) L’Univers est la manifestation périodique de cette mystérieuse Essence Absolue. L’appeler « Essence » est cependant pécher contre l’esprit même de la philosophie. Car, bien que le substantif puisse être tiré ici du verbe esse « être », cependant cela ne peut être assimilé à un « être » quelconque que l’intellect humain puisse concevoir. On la décrit mieux en disant que CELA n’est ni Matière, ni Esprit, mais les deux à la fois. Parabrahman et Mûlaprakriti ne font qu’UN, en réalité, et cependant sont Deux dans la conception universelle du Manifesté, même dans celle du Logos Unique, sa première « Manifestation », auquel, comme le prouve l’érudit conférencier des « Notes sur la Bhagavad Gîtâ », Elle apparaît, au point de vue objectif, comme Mûlaprakriti et non comme Parabrahman, comme son Voile, et non comme l’UNIQUE RÉALITÉ cachée derrière lui et qui est non conditionnée et absolue.

(4) L’Univers, avec tout ce qu’il contient, est appelé MAYA, parce que tout y est temporaire, depuis la vie éphémère de la luciole jusqu’à celle du soleil. Comparé à l’éternelle immutabilité de l’UN et à l’invariabilité de ce Principe, l’Univers avec ses formes éphémères et toujours changeantes, doit nécessairement, dans le mental d’un philosophe, ne valoir guère mieux qu’un feu follet. Cependant L’Univers est suffisamment réel pour les êtres conscients qui l’habitent et qui sont aussi peu réels que lui-même.

(5) Tout, dans l’Univers, dans tous ses règnes, est CONSCIENT, c’est-à-dire doué d’une conscience qui lui est particulière sur son propre plan de perception. Il faut nous rappeler, nous autres humains, que, parce que nous ne percevons aucun signe de conscience que nous puissions reconnaître dans les pierres, par exemple, ce n’est pas une raison pour dire qu’il n’y existe pas de conscience. La matière « morte » ou « aveugle » n’existe pas, pas plus qu’il n’y a de LOI « aveugle » ou « inconsciente ». Tout cela ne trouve pas de place dans les conceptions de la Philosophie Occulte. Celle-ci ne s’arrête jamais aux apparences extérieures et, pour elle, les Essences nouménales ont plus de réalité que leurs contreparties objectives. Elle ressemble ainsi au système des Nominalistes du moyen âge, pour qui les universaux étaient les réalités et les particuliers n’existaient que nominalement et seulement dans l’imagination humaine.

(6) L’Univers est élaboré et guidé du dedans au dehors. Il en est en bas comme en haut, sur la terre comme dans le ciel, et l’homme, microcosme et copie miniature du macrocosme, est le témoin vivant de cette Loi Universelle et de son mode d’action. Nous voyons que chaque mouvement, chaque action ou geste externes, qu’ils soient volontaires ou machinaux, organiques ou mentaux, sont produits et précédés par une sensation ou une émotion interne, volonté ou volition, pensée ou intelligence. Comme aucun mouvement ou changement externe, lorsqu’il est normal, ne peut se produire dans le corps extérieur de l’homme sans être provoqué par une impulsion intérieure donnée par l’une des trois fonctions dont nous venons de parler, il en est de même pour l’Univers externe ou manifesté.  Le Kosmos entier est guidé, contrôlé et animé par une série presque infinie de Hiérarchies d’Êtres sensibles ayant, chacun, une mission à remplir et qui, quelque nom que nous leur donnions, que nous les appelions Dhyân Chôhans ou Anges – sont des « Messagers » uniquement en ce sens qu’ils sont les agents des Lois Karmiques et Cosmiques. Ils varient à l’infini dans leurs degrés respectifs de conscience et d’intelligence, et les appeler tous des Esprits purs, sans aucun des mélanges terrestres « dont le temps a coutume de faire sa proie », c’est simplement se permettre une fantaisie poétique. En effet, chacun de ces Êtres a été un homme dans le cycle (Manvantara) précédent ou se prépare à le devenir dans le Manvantara actuel ou dans un Manvantara à venir. Ce sont des hommes parfaits quand ils ne sont pas des hommes en devenir et, dans leurs sphères supérieures et moins matérielles, ils ne diffèrent, moralement, des êtres humains terrestres qu’en ce qu’ils ne possèdent pas le sentiment de la personnalité et de la nature émotionnelle humaine – deux caractéristiques purement terrestres. Les premiers, ou les « parfaits », se sont libérés de ces sentiments, parce que (a) ils n’ont plus de corps charnels – ce poids, qui engourdit toujours l’Âme – et (b) parce que, le pur élément spirituel étant laissé sans entraves et plus libres, ils sont moins influencés par la Mâyâ que ne peut jamais l’être l’Homme, à moins qu’il ne soit un Adepte, c’est-à-dire un être capable de tenir entièrement séparées ses deux personnalités – la spirituelle et la physique. Les Monades naissantes, n’ayant jamais eu de corps terrestres, ne peuvent éprouver aucun de sentiment de personnalité ou d’ÉGO-ïsme. Ce qu’on entend par « personnalité » étant une limitation et une relation, ou, comme Coleridge la définit, « une individualité existant par elle-même, mais avec une nature comme base », le mot ne peut naturellement pas s’appliquer à des entités non humaines; mais, ainsi qu’il a toujours été constaté par des générations de Voyants, aucun de ces Êtres, supérieur ou inférieur, n’a d’individualité, ni de personnalité comme Entités séparées; ils n’ont pas d’individualité dans le sens que donne à ce mot l’homme qui dit : « Je suis moi et personne d’autre »; en d’autres termes, ils ne sont pas conscients d’une séparativité distincte, comme celle qui existe pour les hommes et les choses de la terre. L’individualité est la caractéristique de leurs Hiérarchies respectives et non de leurs unités, et ces caractéristiques varient seulement avec le rang du plan auquel appartiennent ces Hiérarchies; plus elles se rapprochent de la région de l’Homogénéité et de l’Un Divin, plus cette individualité est pure et peu accentuée dans la Hiérarchie. Ils sont finis sous tous les rapports, sauf en ce qui concerne leurs principes supérieurs, - les Étincelles immortelles qui réfléchissent la Flamme Divine Universelle individualisée et séparée seulement, sur les sphères d’Illusion, par une différenciation aussi illusoire que le reste. Ce sont des « Êtres Vivants », parce que ce sont des courants projetés de la VIE ABSOLUE sur l’écran Cosmique de l’Illusion; des êtres dans lesquels la vie ne peut s’éteindre avant que le feu de l’ignorance ne soit éteint chez ceux qui ont le sentiment de ces « Vies ». Ayant pris naissance sous l’influence vivifiante du Rayon incréé, réflexion du grand Soleil Central qui luit sur les bords de la Rivière de Vie, c’est, chez eux, le Principe Intérieur qui appartient aux Eaux de l’Immortalité, tandis que son vêtement différencié est aussi périssable que le corps de l’homme. C’est pourquoi Young avait raison de dire :

Les Anges sont des hommes d’un ordre supérieur…

et pas davantage. Ce ne sont ni des Anges « secourables », ni des Anges « protecteurs », pas plus que des « Précurseurs du Très-Haut »; ils sont encore bien moins les « Messagers de Colère » d’un Dieu, comme en a créés l’imagination de l’homme. Solliciter leur protection est aussi insensé que de croire qu’on peut gagner leur sympathie par une offrande quelconque, car ils sont, autant que l’homme lui-même, les esclaves et les créatures de l’immuable Loi Karmique et Cosmique. La raison en est évidente. Ne possédant aucun élément de personnalité dans leur essence, ils ne peuvent avoir aucune des qualités personnelles telles que les hommes attribuent, dans les religions exotériques, à leur Dieu anthropomorphe, le Dieu jaloux et exclusif, qui se réjouit et se met en colère, qui aime les sacrifices et montre plus de despotisme dans sa vanité que n’importe quel homme insensé. L’Homme, étant un composé des essences de toutes ces Hiérarchies célestes, peut réussir, comme tel, à se rendre supérieur, à un certain point de vue, à une Hiérarchie ou à une quelconque de ces Classes ou même de leurs combinaisons. Il est dit que « l’homme ne peut ni se rendre les Dévas propices, ni les commander ». Mais, en paralysant sa personnalité inférieure et en arrivant ainsi à la pleine connaissance de la non-séparativité entre son SOI Supérieur et l’Unique SOI Absolu, l’homme peut, même durant sa vie terrestre, devenir « l’Un de nous ». C’est ainsi qu’en mangeant le fruit de la connaissance qui dissipe l’ignorance l’homme devient comme l’un des Elohim ou Dhyânis et, une fois sur leur plan, l’Esprit de Solidarité et de Parfaite Harmonie qui règne dans toute Hiérarchie doit s’étendre à lui et le protéger en tout.

La principale difficulté qui empêche les hommes de Science de croire aux esprits divins, comme aussi à ceux de la nature, c’est leur Matérialisme. L’obstacle majeur qui empêche le Spirite à croire à tous ces mêmes esprits, alors qu’il conserve une croyance aveugle aux « Esprits » des Morts, c’est l’ignorance générale de tous – sauf quelques Occultistes et Kabalistes – en ce qui concerne l’essence et la nature vraies de la Matière. C’est de l’acceptation ou du rejet de la théorie de l’Unité de tout dans la nature, dans son Essence ultime, que dépend principalement la croyance ou l’incrédulité au sujet de l’existence, autour de nous, d’autres Êtres conscients, en plus des Esprits des Morts. C’est sur la compréhension correcte de l’évolution primordiale que l’Esprit-Matière et de son Essence réelle que l’étudiant doit compter pour l’élucidation ultérieure dans son mental de la Cosmogonie Occulte et pour trouver le seul indice sûr qui puisse guider ses études suivantes.

En vérité, comme nous venons de le montrer, chaque prétendu « Esprit » est, soit un homme désincarné, soit un homme futur. Puisque, depuis l’Archange le plus élevé (Dhyân-Chôhan), jusqu’au dernier Constructeur conscient (la Classe inférieure d’Entités Spirituelles), tous sont des hommes ayant vécu il y a des âges dans d’autres Manvantaras, sur cette sphère ou sur d’autres, de même les Élémentals inférieurs, semi-intelligents et non-intelligents, sont tous des hommes futurs. Le fait seul qu’un Esprit est doué d’intelligence est, pour l’Occultiste, une preuve qu’il a dû être un homme et acquérir sa connaissance et son intelligence en parcourant le cycle humain. Il n’y a, dans l’Univers, qu’une Omniscience et Intelligence indivisible et absolue et elle vibre à travers chaque atome et chaque point infinitésimal du Cosmos entier, du Cosmos qui n’a pas de limite et qu’on nomme l’ESPACE, - considéré indépendamment de tout ce qui y est contenu. Mais la première différenciation de sa réflexion dans le Monde Manifesté est purement spirituelle et les Êtres qui y sont générés ne sont pas doués d’une conscience ayant un rapport quelconque avec celle que nous concevons. Ils ne peuvent posséder de conscience ou d’Intelligence humaine avant de les avoir acquises, personnellement et individuellement. Cela peut être un mystère, mais c’est cependant un fait dans la Philosophie Ésotérique, - et même un fait très apparent.

L’ordre entier de la Nature témoigne d’une marche progressive vers une vie supérieure. Il y a un plan dans l’action des forces en apparence les plus aveugles. Le processus entier de l’évolution, avec ses adaptations sans fin, en est une preuve. Les lois immuables qui sarclent les espèces faibles, afin de faire place aux fortes, et qui assurent la « survivance des plus aptes », quoique cruelles dans leur action immédiate, tendent toutes vers le grand but. Le fait même que les adaptations ont lieu, que les plus aptes survivent dans la lutte pour l’existence, prouve ce que nous appelons la « Nature inconsciente » [ En effet, la Nature, prise dans son sens abstrait, ne peut pas être « inconsciente », puisqu’elle est l’émanation de la Conscience ABSOLUE et, par conséquent, l’un de ses aspects sur le plan manifesté. Où est l’homme assez osé pour refuser à la végétation, et, même aux minéraux, une conscience à eux? Tout ce qu’il peut dire c’est que cette conscience est au-delà de sa compréhension ] est, en réalité, un ensemble de forces manipulées par des êtres semi-intelligents (Élémentals), dirigés par de hauts Esprits Planétaires (Dhyân-Chôhans) dont l’ensemble forme le VERBE manifesté du LOGOS Non-Manifesté et constitue, en même temps, le Mental de l’Univers et sa Loi immuable.

Trois représentations distinctes de l’Univers, sous ses trois aspects distincts, sont imprimées dans notre pensée par la Philosophie Ésotérique : le PRÉ-EXISTANT évoluédu TOUJOURS-EXISTANT et le PHÉNOMÉNAL– le monde de l’illusion, sa réflexion et son ombre. Pendant le grand mystère et le grand drame de la vie, connu sous le nom de Manvantara, le Cosmos réel ressemble aux objets placés derrière l’écran blanc sur lequel les ombres se projettent. Les personnages, ainsi que les choses, restent invisibles, tandis que les fils conducteurs de l’évolution sont maniés par des mains invisibles. Les hommes et les choses ne sont donc que les reflets sur le fond blanc des réalités dissimulées derrière les pièges de Mahâmâyâ, la Grande Illusion. Cela fut enseigné dans toutes les philosophies, dans toutes les religions antédiluviennes, ainsi que post-diluviennes, dans l’Inde et dans la Chaldée, par les sages Chinois, comme par ceux de la Grèce. Dans les premiers pays ces trois Univers furent allégorisés dans les enseignements exotériques, par les trois Trinités émanant du Germe central éternel et formant avec lui une Unité Suprême : la Triade initiale, la Triade manifestée et la Triade créatrice, ou les Trois dans Une. La dernière n’est, dans son expression concrète, qu’un symbole des deux premières qui sont idéales. Par conséquent, la Philosophie Ésotérique passe sur la nécessité de cette conception purement métaphysique et n’appelle Toujours-Existant que le premier Univers. Telle est l’opinion de chacune des six grandes écoles de philosophies Indiennes [ Nyaya-Vaisheshika, Samkhya, Yoga, Mimamsa, Védânta. ] – les six principes de ce corps-unité de Sagesse, dont la Gnose, la Connaissance cachée, est le septième.

L’auteur espère que, quelque superficiellement qu’aient été élaborés les commentaires des SEPT STANCES, on a donné assez, dans cette partie cosmogonique de l’ouvrage, pour montrer que les enseignements Archaïques sont visiblement plus scientifiques (au sens moderne du mot) qu’aucune autre Écriture antique, considérée dans son aspect exotérique. Puisque cependant, comme nous l’avons déjà déclaré, cet ouvrage retient beaucoup plus qu’il ne donne, nous invitons l’étudiant à se servir de sa propre intuition. Notre tâche principale est, d’abord, d’élucider ce que l’on a donné et, à notre grand regret, quelquefois très incorrectement; de suppléer, ensuite, la connaissance dont nous avons parlé à demi-mot – partout et toutes les fois que ce sera possible – par les données additionnelles; et, enfin de sauvegarder nos doctrines contre les attaques trop fortes du Sectarisme moderne et, plus spécialement, contre celles du Matérialisme récent, très souvent qualifié, à tort, de Science, alors qu’en réalité les mots « Savants » et « demi-Savants » doivent seuls porter la responsabilité des masses de théories illogiques présentées au monde. Dans sa grande ignorance, le public, en même temps qu’il accepte aveuglément tout ce qui émane des « autorités » et croit de son devoir de considérer toute affirmation émanant d’un homme de science comme un fait prouvé, - le public, disons-nous, a appris à se moquer de tout ce qui vient de sources « païennes ». En conséquence, comme les Savants matérialistes ne sauraient être combattus qu’avec leurs propres armes, celles de la controverse et de la discussion, nous avons ajouté à chaque Volume un Appendice, où l’on met en regard les données respectives et où l’on montre à quel point les grandes autorités, elles-mêmes, peuvent se tromper. Nous croyons que l’on peut le faire d’une manière efficace en relevant les points faibles de nos opposants et en signalant l’incorrection de leurs trop fréquents sophismes que l’on fait passer pour les dires de la Science. Nous tenons pour Hermès et sa « Sagesse », dans son caractère universel; eux tiennent pour Aristote, comme adversaires de l’intuition et de l’expérience des Âges, s’imaginant que la Vérité appartient exclusivement au monde Occidental. De là le désaccord. Comme le dit Hermès : « La Connaissance diffère beaucoup de la raison, car celle-ci atteint aux choses qui s’élèvent au-dessus d’elle, mais la Connaissance est le but de la raison, - c’est-à-dire de l’illusion de notre cerveau physique et de son intellect, appuyant ainsi sur le contraste qui existe entre la connaissance péniblement acquise des sens et du Mental (Manas), et l’omniscience intuitive de l’Âme Spirituelle Divine (Buddhi).

Quel que soit le sort réservé à ce travail dans un avenir lointain, nous espérons avoir au moins prouvé les faits suivants :

(1) La DOCTRINE SECRÈTE n’enseigne pas d’Athéisme, sauf dans le sens qu’implique le Sanscrit Nâstiska, rejet des idoles. Dans ce sens tout Occultiste est un Nâstiska.

(2) Elle admet un Logos, ou un « Créateur » Collectif de l’Univers; un Demi-urgos [Démiurge] dans le sens employé en parlant d’un « Architecte » comme du « Créateur » d’un édifice, bien que cet Architecte n’en ait jamais touché une pierre mais qu’après en avoir donné le plan, il ait laissé tout le travail manuel aux maçons. Dans notre cas, le plan fut donné par l’Idéation de l’Univers et le travail de construction fut laissé aux Légions de Puissances et de Forces intelligentes. Mais ce Démiurge n’est pas une Divinité personnelle – c’est-à-dire un Dieu extra-cosmique imparfait, mais seulement l’ensemble des Dhyâns-Chôhans et des autres Forces.

(3) Les Dhyâns-Chôhans ont un double caractère puisqu’ils sont composés de (a) l’Énergie brute, irrationnelle, inhérente à la Matière, (b) de l’Âme intelligente ou Conscience cosmique qui dirige et guide cette Énergie et qui est la Pensée Dhyân-Chôhanique reflétant l’Idéation du Mental Universel. Cela a pour résultat une série perpétuelle de manifestations physiques et d’effets moraux sur la Terre pendant les périodes manvantariques, le tout étant soumis au Karma. Comme ce processus n’est pas toujours parfait et que, si nombreuses que soient les preuves qu’il puisse laisser voir de l’existence d’une Intelligence dirigeante cachée derrière le voile, il n’en montre pas moins des lacunes et des défauts et aboutit même très souvent à des insuccès évidents, - il s’ensuit que ni la Légion collective (Démiurge), ni aucune des Puissances actives, prises individuellement, ne méritent les honneurs et un culte divins. Tous ont cependant droit au reconnaissant respect de l’Humanité et l’homme devrait toujours s’efforcer à aider l’évolution divine des IDÉES, en devenant, dans la mesure de ses moyens, un collaborateur de la Nature dans la tâche cyclique. Seul, l’inconnaissable et incognoscible Kàrana, la Cause sans Cause de toutes les causes, devrait avoir son sanctuaire et son autel sur le terrain sacré et à jamais inviolé de notre coeur– invisible, intangible, non mentionné, sauf par la « voix encore faible » de notre conscience spirituelle. Ceux qui l’adorent devraient le faire dans le silence et dans la solitude sanctifiée de leurs Âmes [ Lorsque tu pries, ne sois pas comme sont les hypocrites… mais entre dans ta chambre intérieure, et après en avoir fermé la porte, prie ton Père qui est dans le secret, Math. VI, 5-6. Notre Père est en nous « en secret », c’est notre Septième Principe qui est dans la « chambre intérieure » de notre perception de l’âme. « Le Royaume de Dieu » et du Ciel est en nous, dit Jésus, et non au dehors. Pourquoi les Chrétiens sont-ils si aveugles en ce qui concerne la signification évidente des paroles de sagesse qu’ils se plaisent à répéter machinalement? ], faisant de leur Esprit le seul intermédiaire entre eux et l’Esprit Universel, de leurs bonnes actions les seuls prêtres et de leurs intentions pécheresses les seules victimes expiatoires visibles et objectives offertes à la Présence.

(4) La Matière est Éternelle. C’est l’Upâdhi, ou Base Physique, dont se sert le Mental Universel, Unique et Infini, pour établir sur elle ses idéations. C’est pourquoi les Ésotéristes maintiennent qu’il n’y a pas de matière inorganique ou « morte » dans la Nature, la distinction qu’établit la Science entre les deux étant aussi peu fondée qu’elle est arbitraire et dépourvue de raison. Quoi qu’en puisse penser la Science, - et la Science exacte est une inconstante personne, comme nous le savons tous par expérience – l’Occultisme sait et enseigne différemment, comme il l’a fait de temps immémorial, depuis Manu et Hermès, jusqu’à Paracelse et ses successeurs.

Hermès Trismégiste, le Trois Fois Grand, dit :

O mon fils, la matière devient; autrefois elle fut, car la matière est le véhicule du devenir. Devenir est le mode d’activité du Dieu incréé et qui prévoit. Ayant été doué du germe du devenir, la matière [objective] est enfantée, car la force créatrice la moule selon les formes idéales. La matière non encore engendrée n’avait pas de forme : elle devient lorsqu’elle est mise en action
[
La Vierge du Monde, pp. 134-135. Voir Hermès Trismégiste, trad. française par Louis Ménard. Paris, Didier, 2e édition, 1867 (livre IV, ch. VIII, p. 250). ].

Feu le docteur Anna Kingsford, l’excellent traducteur et compilateur des Fragments Hermétiques, dit, dans une note au bas de la page :

[Le docteur Ménard fait remarquer qu’en grec le même mot signifie naître et devenir. L’idée est celle-ci : c’est que la matière qui compose le monde est éternelle dans son essence et qu’avant la création ou le « devenir », elle est dans une condition passive et immobile. C’est pourquoi elle « fut » avant d’être mise en action; maintenant, elle « devient », c’est-à-dire qu’elle est mobile et progressive.

Et elle ajoute : la doctrine purement Védântique de la Philosophie Hermétique enseigne que :

La création est, par conséquent, la période d’activité [Manvantara] de Dieu, qui, selon la pensée Hermétique (ou, matière qui, selon le Védantisme) a deux modes – l’Activité ou Existence, Dieu évolué (Deus explicitus) et l’Existence Passive [Pralaya], Dieu involué (Deus implicitus). Les deux modes sont parfaits et complets, comme le sont, pour l’homme, les états de veille et de sommeil. Fichte, le philosophe allemand, décrivait l’Être (Sein) comme l’Unique que nous ne connaissons que par son existence (Dasein) en qualité de Multiple. Cette manière de voir est absolument Hermétique. Les « Formes Idéales »… sont les archétypes ou formatives des Néo-Platoniciens; les conceptions éternelles et subjectives de choses qui existent dans le Mental divin avant la « création », ou le devenir.

Ou, comme dans la philosophie de Paracelse :

Tout est le produit d’un seul effort créateur universel… Il n’y a rien de mort dans la Nature. Tout est organisme et vivant et c’est pourquoi le monde entier semble être un organisme vivant [ Paracelse, Frantz Hartmann, M. D., p. 44. Édit. 1887. ].

(5) L’Univers a été tiré de son plan idéal, entretenu durant l’Éternité dans l’Inconscience de ce que les Védantins appellent Parabrahman. C’est pratiquement identique aux conclusions de la plus haute philosophie Occidentale, les « Idées innées, éternelles et préexistantes » de Platon, maintenant reprises par Von Hartmann. L’ « Inconnaissable » d’Herbert Spencer ne ressemble que faiblement à cette réalité transcendantale, à laquelle croient les Occultistes et qui ne semble être souvent que la personnification d’une « force cachée derrière les phénomènes », - une Énergie infinie et éternelle de laquelle tout procède, tandis que l’auteur de La Philosophie de l’Inconscient  arrive (sous ce rapport seulement)  aussi près de la solution du grand Mystère que le peut un homme mortel. Rares ont été ceux qui, dans la philosophie ancienne, comme dans celle du moyen âge, ont osé s’approcher de ce sujet, ou même en faire mention. Paracelse en parle par voie d’inférence et ses idées sont admirablement synthétisées par le docteur F. Hartmann, M. S. T., dans son Paracelse que nous venons de citer.

Tous les Kabalistes Chrétiens comprenaient bien l’idée racine de l’Orient. Le Pouvoir actif, le « Mouvement Perpétuel du grand Souffle », ne réveille le Cosmos qu’à l’aurore de chaque nouvelle Période, le mettant en mouvement au moyen de deux Forces contraires [la force centripète et la force centrifuge qui sont mâle et femelle, positive et négative, physique et spirituelle, qui forment à elles deux la Force Primordiale unique] et la rendent ainsi objective sur le plan de l’Illusion. En d’autres termes, ce double mouvement transporte le Cosmos du plan de l’Idéal Éternel dans celui de la manifestation finie, ou du plan nouménal dans le plan phénoménal. Tout ce qui est, fut et sera, EXISTE éternellement, même les Formes innombrables, qui ne sont finies et périssables, que dans leur forme objective, mais non dans leur forme idéale. Elles ont existé comme Idées, dans l’Éternité, et, lorsqu’elles disparaîtront, elles existeront comme reflets. [L’Occultisme enseigne qu’aucune forme ne peut être donnée à quoi que ce soit, par la Nature ou par l’homme, sans que son type idéal n’existe déjà sur le plan subjectif; mieux que cela : qu’aucune forme ou aspect ne peut entrer dans la conscience de l’homme, ou évoluer dans son imagination, sans exister déjà à l’état de prototype, au moins approximativement.] Ni la forme de l’homme, ni celle d’un animal, d’une plante ou d’une pierre, n’ont jamais été « créées », et ce n’est que sur notre plan qu’elles ont commencé à « devenir », c’est-à-dire à s’objectiver dans leur matérialité actuelle, ou à s’épandre du dedans au dehors, de l’essence la plus sublimée et la plus super-sensorielle jusqu’à son apparence la plus grossière. Par conséquent nos formes humaines ont existé dans l’Éternité comme des prototypes astraux ou éthérés; c’est sur ces modèles que les Êtres Spirituels, ou Dieux, dont le devoir était de les amener à l’existence objective et à la vie terrestre, ont évolué les formes protoplasmiques des Egos futurs de leur propre essence. Après quoi, dès que cet Upadhi humain, ou ce moule servant de base, fut prêt, les Forces terrestres naturelles commencèrent à travailler sur ces moules supersensorielsqui contenaient, outre leur propre élément, ceux de toutes les formes végétales passées et de toutes les forces animales futures de ce globe. De sorte que la coque extérieure de l’homme passa par tous les corps végétaux et animaux, avant de revêtir la forme humaine. Mais, comme on décrira tout cela en détail dans les commentaires des Volumes 3 et 4, il n’est pas nécessaire de nous étendre davantage sur ce sujet.

Selon la philosophie Hermético-Kabalistique de Paracelse, c’est Yliaster, - l’ancêtre du Protyle nouveau-né, introduit par M. Crookes dans la Chimie, - ou la Protomateria primordiale, qui fit jaillir le Cosmos de son propre sein.

Lorsque la création [l’évolution] eut lieu, l’Yliaster se divisa; il se fondit, se décomposa et fit jaillir, pour ainsi dire, de son propre sein (de dedans) l’Idéos ou Chaos (Mysterium Magnum, Iliados, Limbus Major ou Matière Primordiale). Cette Essence Primordiale est d’une nature moniste et se manifeste, non seulement comme activité vitale, c’est-à-dire comme une force spirituelle, un pouvoir invisible, incompréhensible et indescriptible, mais aussi comme la matière vitale dont se compose la substance des êtres vivants. Dans ce Limbus ou Idéos de matière primordiale … la seule matrice de toutes les choses créées, la substance de toutes choses se trouve contenue. Les anciens le dépeignent comme le Chaos… d’où sortit le Macrocosme, puis ensuite, par division et évolution, dans les Mysteria Specilia [ ce mot est expliqué dans les termes suivants, par le docteur Hartmann, d’après les textes originaux de Paracelse qu’il avait devant lui. Selon ce grand Rose-Croix : « Le Mystérium est tout ce qui est susceptible de développer une chose qu’il ne renferme qu’à l’état de germe. Une graine est le « Mysterium » d’une plante, un oeuf celui d’un oiseau vivant, etc. »], chaque être distinct. Toutes les choses et toutes les substances élémentaires y étaient contenues in potentia mais non in actu en puissance mais non en fait] [ Op. cit., pp. 41-42. ].

cela amène le traducteur, le docteur Hartmann, à faire observer avec raison « qu’il semble que Paracelse ait devancé de trois siècles la découverte moderne de la « potentialité de la matière ».

Le Magnus Limbus, donc, ou l’Yliaster de Paracelse, n’est autre que notre ancien ami « Père-Mère », - en dedans, avant son apparition dans l’Espace [ Voir Stance 2, etc. ]. C’est la Matrice Universelle du Cosmos, personnifiée sous le double aspect du Macrocosme et du Microcosme, ou de l’Univers et de notre Globe [ Il n’y a que les Kabalistes du moyen âge qui, prenant modèle sur les Juifs et sur un ou deux Néo-Platoniciens, appliquèrent à l’homme le mot de Microcosme. La philosophie ancienne appelait la Terre le Microcosme du Macrocosme et l’homme, le produit des deux.. ], par Aditi-Prakriti, ou la Nature spirituelle et physique. Paracelse nous explique, en effet que :

Le Magnus imbus est la pépinière d’où sont sorties toutes les créatures, dans le même sens qu’un arbre peut sortir d’une toute petite graine, avec cette différence, toutefois, que le grand imbus tire son origine du Verbe de Dieu, tandis que le imbus mineur (la semence ou sperme terrestre) tire la sienne de la terre. Le grand imbus est la semence d’où sont sortis tous les êtres et le petit imbus est chaque être final qui reproduit sa forme et qui a été lui-même produit par le grand, Le petit imbus possède toutes les qualifications du grand, dans le même sens qu’un fils possède une organisation analogue à celle de son père… Après que … Yliaster se fut dissous, Arès le pouvoir diviseur, différenciateur et individualisateur (Fohat, autre vieil ami à nous… commença à agir. Toute production eut lieu comme conséquence de la séparation. Du sein de l’Idéos furent tirés les éléments du Feu, de l’Eau, de l’Air et de la Terre, dont la naissance, toutefois, n’eut pas lieu d’une façon matérielle, ou par simple séparation, mais d’une manière spirituelle et dynamique [pas même par des combinaisons complexes – par exemple le mélange mécanique, opposé à la combinaison chimique], de même que le feu peut jaillir d’un caillou, ou un arbre sortir d’une graine, quoiqu’il y ait, à l’origine, ni feu dans le caillou, ni arbre dans la graine. « L’Esprit est vivant et la Vie est l’Esprit, et la Vie et l’Esprit [Prakriti, Purusha (?)] produisent toutes choses, mais ils sont essentiellement un et non pas deux… » Les éléments aussi ont, chacun, leur propre Yliaster, parce que toute l’activité de la matière, sous toutes ses formes, n’est qu’une émanation de la même source. Mais de même que de la graine jaillissent les racines avec leurs fibres, puis la tige avec ses branches et ses feuilles et enfin les fleurs et les graines, de même tous les êtres sont nés des éléments et se composent de substances élémentaires qui peuvent donner naissance à d’autres formes possédant les caractéristiques de leurs parents [ « Cette doctrine, prêchée il y a 300 ans », fait remarquer le traducteur, « est identique à celle qui a révolutionné la pensée moderne, après avoir été pourvue d’une forme nouvelle et avoir été élaborée par Darwin. Elle est encore plus élaborée par Kapila dans la philosophie Sânkhya. » ]. Les éléments, en leur qualité de mères de toutes les créatures, sont d’une nature invisible et spirituelle et ont des âmes [ L’Occultiste Oriental dit qu’ils sont guidés et instruits par des Êtres Spirituels, ouvriers des Mondes invisibles et derrière le voile de la Nature Occulte, ou de la Nature in abscondito. ]. Ils jaillissent tous du Mysterium Magnum.

Comparez cela avec la Vishnu Purâna :

De Pradhâna [la Substance Primordiale] présidée par l’âme (Kshétrajna) [l’ « esprit incarné » (?)] provient le développement inégal [Évolution] de ces qualités… Du grand principe (Mahat) l’Intelligence [Universelle]  [ou Mental]… les éléments (subtils) et les organes des sens tirent leur origine [ Wilson, I, II (vol I, 29-34). ]

On peut ainsi montrer que toutes les vérités fondamentales de la Nature étaient universelles dans l’antiquité et que les idées générales sur l’Esprit, la Matière et l’Univers, ou sur Dieu, la Substance et l’Homme, étaient identiques. En étudiant les deux philosophies religieuses les plus anciennes du globe, l’Hindouisme et l’Hermétisme, dans les Écritures de l’Inde et de l’Égypte, leur identité est facile à reconnaître.

Cela devient évident pour celui qui lit la dernière version traduite des « Fragments Hermétiques », dont nous venons de parler, par le docteur Anna Kingsford. Quelque défigurés et torturés qu’ils aient été à leur passage par les mains des sectaires Grecs et Chrétiens, la traductrice en a saisi les points faibles avec beaucoup d’habileté et d’intuition et a essayé d’y remédier au moyen d’explications et de notes au bas des pages. Elle dit :

La création du monde visible par les « dieux travailleurs » ou Titans, comme agents du Dieu suprême [ C’est une expression qui se rencontre fréquemment dans ces « Fragments » et contre laquelle nous protestons. Le Mental Universel n’est pas un Être ou Dieu. ] est une idée entièrement hermétique, reconnaissable dans tous les systèmes religieux, et en accord avec les recherches scientifiques modernes [?], qui nous montrent partout le Pouvoir Divin agissant au moyen des Forces naturelles.

À citer de la même traduction :

Cet Être Universel, qui contient tout et qui est tout, met en mouvement l’âme et le monde, tout ce que comprend la nature. Dans l’unité multiple de la vie universelle, les innombrables individualités qui se distinguent par leurs variations sont, néanmoins, unies d’une telle façon que tout ne forme qu’un et que tout procède de l’unité [The Virgin of the World, p. 47. « Asclepios ou Initiation », Pt. I, trad. Ménard, livre II, p. 115. ].

Et d’une autre traduction encore :

Dieu n’est pas un Mental, mais la cause qui fait que le Mental existe; il n’est pas un esprit, mais la cause qui fait que l’Esprit existe; il n’est pas la lumière, mais la cause qui fait que la Lumière existe [ Divine Pymander, IX, 64. ].

cela montre clairement que le « Divin Pymandre », quelque changé qu’il puisse avoir été dans certains passages, par des « adoucissements » chrétiens, fut néanmoins écrit par un philosophe, tandis que la plupart des prétendus « Fragments Hermétiques » sont l’oeuvre de sectaires païens, ayant une tendance à admettre un Être Suprême anthropomorphe. Cependant les deux ouvrages sont l’écho de la Philosophie Ésotérique et des Purânas hindoues.

Comparez deux invocations, l’une au « Tout-Suprême » hermétique, l’autre au « Tout-Suprême » des derniers Aryens. Un fragment hermétique cité par Suidas dit :

Je t’adjure, Ciel, oeuvre sacrée du Dieu grand; je t’adjure, Voix du Père, révélée au commencement, lorsque le monde universel fut formé; je t’adjure, par le Verbe, Fils unique du Père, qui soutient toutes choses; sois propice, sois propice [ The Virgin of the World, p. 153, et trad. Ménard, liv. IV, ch. VII, p. 281. ].

Cette invocation est précédée par ce qui suit :

Ainsi la Lumière Idéale existait avant la Lumière Idéale et l’Intelligence lumineuse de l’Intelligence a toujours existé et son unité n’était autre que l’Esprit enveloppant l’Univers. Hors de Quoi [Qui] il n’y a ni Dieu, ni Anges, ni aucune autre essence, car Il (C’) est le Seigneur de toutes choses et le Pouvoir de la Lumière; et tout dépend de Lui (de cela) et est en Lui (en cela).

ce passage est contredit par le même Trismégiste à qui l’on fait dire :

Parler de Dieu [est] impossible. Car le corporel ne peut exprimer l’incorporel… ce qui n’a ni corps, ni apparence, ni forme, ni matière, ne peut être saisi par les sens. Je comprends, Tatios, je comprends, ce qu’il est impossible de définir – c’est-à-dire Dieu [ Op. cit., pp. 135-138, et trad. Ménard, liv. IV, ch. X, p. 256. Fragments des « Eglogues Physiques » et « Florilegium » de STOBÉE. ].

La contradiction entre les deux passages est évidente et cela montre (a) qu’Hermès était un nom de plume générique employé par une série de générations de Mystiques de toutes nuances et (b) qu’il faut user de beaucoup de discernement avant d’accepter un Fragment comme enseignement ésotérique, pour la seule raison qu’il est incontestablement anciens. Comparons maintenant ce que nous venons de citer avec une invocation du même genre qui se trouve dans les Écritures Hindoues – incontestablement aussi ancienne, sinon bien plus ancienne. La voici : Parâshara, l’ « Hermès »  âryen, instruit Maïtréya, l’Asclepios indien, et invoque Vishnou sous sa triple hypostase :

Gloire à Vishnu, l’immuable, le saint, l’éternel, le suprême, celui dont la nature est universelle, le tout-puissant; à lui qui est Hiranyagarbha Hari et Shankara (Brahmâ Vishnu et Shiva), le créateur, le préservateur et le destructeur du monde; à Vâsudeva, le libérateur de ses adorateurs; à lui dont l’essence est à la fois… une et multiple; qui est, en même temps, subtil et corporel, non distinct et distinct; à Vishnu, la cause de l’émancipation finale, Gloire au suprême Vishnu cause de la création, de l’existence et de la fin de ce monde; qui est la racine du monde et qui est le monde [ Vishnu Purâna I, II; Wilson, I, 13-15. ].

Voilà une invocation grandiose, impliquant une profonde signification philosophique, mais qui, pour les masses profanes, suggère comme la prière Hermétique un Être anthropomorphe. Nous devons respecter le sentiment qui a dicté les deux, mais nous ne pouvons nous empêcher de le trouver en complet désaccord avec sa signification cachée, même avec celle exprimée dans le même traité Hermétique, où il est dit :

Trismégiste : La Réalité n’est pas de ce monde, mon fils, et elle ne peut pas en être… Rien sur la terre n’est réel, il n’y a que des apparences… Lui [l’homme] n’est pas réel, mon fils, comme homme. Le réel ne consiste qu’en lui-même et reste ce qu’il est… L’homme est transitoire, c’est pourquoi il n’est pas réel, il n’est qu’apparence et l’apparence est l’illusion même.

Tatios : Alors les corps célestes eux-mêmes ne sont pas réels, mon père, puisqu’eux aussi changent?

Trismégiste : ce qui est soumis à la naissance et au changement n’est pas réel… Il y a en eux une certaine fausseté puisque eux aussi sont variables…

Tatios : Et quelle est alors, ô mon père, la Réalité Primordiale?

Trismégiste : Celui qui [ce qui] est unique et seul, ô Tatios; Celui qui [ce qui]  n’est pas fait de matière, ni d’aucun corps; Celui qui [ce qui] n’a ni couleur ni forme; Celui qui [ce qui]  ne change ni se transmet, mais est toujours [ Op. cit., pp. 139-140. ].

 

cela est tout à fait d’accord avec l’enseignement védântique. La pensée maîtresse est Occulte; et il y a de nombreux passages dans les fragments hermétiques qui appartiennent entièrement à la DOCTRINE SECRÈTE.

Cette DOCTRINE enseigne que l’Univers entier est dirigé par des Forces et des Puissances intelligentes et semi-intelligentes, comme nous l’avons dit dès le début. La théologie chrétienne admet et même impose une telle croyance, mais elle établit une division arbitraire et elle parle d’eux comme d » « Anges » et de « Diables ». la Science nie l’existence des deux et en ridiculise l’idée même. Les Spirites croient aux « Esprits des Morts » et, en dehors de ceux-ci, nient entièrement l’existence de toute autre classe ou espèce d’êtres invisibles. Les Occultistes et les Kabalistes sont donc les seuls interprètes rationnels des traditions anciennes qui ont maintenant atteint leur point culminant dans la foi dogmatique, d’une part, et dans la négation non moins dogmatique, d’autre part. Car la foi et l’incrédulité n’embrassent toutes deux qu’un modeste coin des horizons infinis des manifestations spirituelles et physiques et, par suite, toutes deux ont raison à leurs points de vue respectifs, mais ont en même temps tort de croire qu’elles puissent circonscrire le tout entre leurs barrières spéciales si étroites, - attendu qu’elles ne le pourront jamais. Sous ce rapport, la Science, la Théologie et même le Spiritisme, ne montrent guère plus de sagesse que l’autruche, lorsqu’elle cache sa tête dans le sable qui est à ses pieds et se croit alors certaine qu’il n’existe rien au-delà du point d’où elle observe et de l’aire limité qu’occupe sa tête sans cervelle.

Comme les seuls ouvrages qui existent maintenant sur le sujet que nous examinons et qui soient à la portée des profanes des races Orientales « civilisées » sont les Livres Hermétiques dont nous venons de parler, ou plutôt des Fragments Hermétiques, nous pouvons les comparer, dans le cas actuel, avec les enseignements de la Philosophie Ésotérique. Citer, à ce propos, d’autres ouvrages, serait inutile, puisque le public ne sait rien des ouvrages Chaldéens qui sont traduits en arabe et conservés par quelques initiés Soufis. En conséquence, les « Définitions d’Asclépios » récemment recueillies et commentées par le docteur Anna Kingsford, M. S. T., et dont quelques données s’accordent d’une façon remarquable avec la Doctrine Orientale Ésotérique, doivent servir de point de comparaison. Quoique plus d’un passage porte l’empreinte manifeste et récente d’une main chrétienne, cependant, d’une façon générale, les caractéristiques des Génies et des Dieux sont celles des enseignements Orientaux, bien qu’à propos d’autres questions il y ait des passages qui s’écartent notablement de nos doctrines.

[En ce qui concerne les Génies, les philosophes Hermétiques appelaient Theoi (Dieux), Génies et Daimons les Entités que nous appelons Dévas (Dieux), Dhyân-Chôhans, Chitkala (les Kwan-Yin des Bouddhistes) et de divers autres noms. Les Daimons sont dans le sens que donne Socrate à ce mot – et même dans celui que lui donne la théologie Orientale et Latine – les esprits tutélaires de la race humaine; « ceux qui demeurent dans le voisinage des immortels et de là veillent sur les affaires humaines », comme dit Hermès. En langage Ésotérique, ils sont appelés les Chitkala, dont quelques-uns sont ceux qui ont donné à l’homme ses quatrième et cinquième Principes, tirés de leur propre essence et dont les autres sont ceux que l’on appelle les Pitris. Nous expliquerons cela lorsque nous en arriverons à la production de l’homme complet. La racine du mot est Chit, « celui par qui les conséquences des actes et les différentes sortes de connaissances sont choisies pour l’usage de l’âme », ou la conscience, la voix intérieure de l’homme. Chez les Yôgis, Chit est synonyme de Mahat, le premier et divin intellect; mais, dans la Philosophie Ésotérique, Mahat est la racine de Chit, son germe, et Chit [ Savoir, être conscient de …] est une qualité du Manas joint à Buddhi, une qualité qui attire à elle par affinité spirituelle, un Chitkala, lorsqu’elle se développe suffisamment chez l’homme. C’est pourquoi il est dit que Chitti [ Pensée, compréhension, sagesse. ] est une voix qui acquiert la vie mystique et devient Kwan-Yin. ]

Extraits d’un commentaire oriental particulier tenu jusqu’à présent secret
[
Cet enseignement ne se rapporte pas à Prakriti-Purusha au-delà des limites de notre petit Univers. ]

XVII. L’existence Initiale, à la première Aurore du Mahâmanvantara [après le Mahâpralaya qui suit chaque Âge de Brahmâ], est une QUALITÉ SPIRITUELLE CONSCIENTE. Dans les MONDES Manifestés [les Systèmes Solaires], elle a, dans sa SUBJECTIVITÉ OBJECTIVE, l’aspect d’une pellicule produite par un Souffle Divin aux yeux du voyant en état d’extase. En sortant du LAYA [ L’état de repos final; la condition Nirvânique du Septième Principe ] elle se répand à travers l’Infini sous forme d’un fluide spirituel incolore. Elle est sur le SEPTIÈME PLAN et dans son Septième État, dans notre Monde Planétaire [ L’enseignement est donné entièrement sur notre plan de conscience. ].

XVIII. Elle est la Substance de NOTRE vue spirituelle. Elle ne peut être appelée ainsi par les hommes dans leur ÉTAT DE VEILLE, c’est pourquoi ils l’ont ainsi nommée, dans leur ignorance, « Dieu Esprit ».

XIX. Elle existe partout et forme le premier UPADHI [ fondation] sur lequel notre Monde [le Système Solaire] est construit. En dehors de ce dernier, on ne le trouve, dans sa pureté primitive, qu’entre [les Systèmes Solaires, ou] les Étoiles de l’Univers, les Mondes déjà formés ou en voie de formation; ceux en LAYA se reposant en attendant dans son sein. Comme sa substance est différente de celle qui est connue sur la Terre, les habitants de cette dernière, voyant A TRAVERS ELLE, se figurent, dans leur illusion et leur ignorance, que c’est de l’espace vide. Il n’y a pas, dans tout l’[Univers] Illimité, l’épaisseur d’un doigt (Angula) d’Espace vide …

XX. La Matière ou la Substance est septénaire dans notre Monde comme elle l’est aussi au-delà. En outre, chacun de ses états ou principes est gradué en sept degrés de densité. SURYA [le Soleil], dans sa réflexion visible, montre le premier état, ou le moins élevé du septième degré, l’état le plus élevé de la PRÉSENCE UNIVERSELLE, le pur parmi les purs, le premier Souffle manifesté du Sat (Être-té) à Jamais non-manifesté. Tous les Soleils centraux physiques ou objectifs sont, dans leur substance, l’état le moins élevé du premier principe du SOUFFLE. Et ces soleils ne sont autre chose que les RÉFLEXIONS de leurs PRINCIPES qui sont cachés à la vue de tous, sauf des Dhyâns-Chôhans, dont la substance Corporelle appartient à la cinquième division du septième Principe de la Substance-Mère et est, en conséquence, de quatre degrés plus élevée que la substance solaire réfléchie. Comme il y a sept Dhâtu [substances principales du corps humain], de même il y a sept Forces dans l’Homme et dans toute la Nature.

XXI. La substance réelle du [Soleil] Caché est un noyau de Substance-Mère [ Ou le « rêve de la Science », la vraie matière primordiale homogène, qu’aucun mortel ne peut rendre objective, ni dans cette Race, ni même dans cette Ronde. ]. C’est le coeur et la Matrice de toutes les Forces vivantes et existantes de notre Univers Solaire. C’est le Noyau d’où sortent, pour s’épandre durant leurs voyages cycliques, tous les Pouvoirs qui mettent en action les Atomes, dans l’exercice de leurs fonctions, et c’est le Foyer dans lequel ils se rencontrent de nouveau dans leur Septième Essence tous les onze ans. Si quelqu’un te raconte qu’il a vu le Soleil, moque-toi de lui [ Vishnu, sous la forme de son énergie active, ne se lève ni se couche jamais et il est à la fois soleil septuple, tout en étant distinct de lui, dit la Vishnu Purâna, II, IX (Wilson, II, 296). ], comme s’il te disait que le Soleil se déplace réellement sur son orbite quotidienne….

....................................................................................................................………………

XXIII. C’est à cause de sa nature septénaire que les anciens parlent du Soleil, comme étant traînée par sept chevaux, égaux aux vers des Védas; ou, encore, ils disent que, bien qu’il soit identifié avec les SEPT « Gana » [ Classes d’Êtres], dans sa révolution, il est distinct d’eux [ De même qu’un homme s’approchant d’un miroir placé sur un meuble y voit sa propre image, de même l’énergie (ou réflexion) de Vishnu [le Soleil] n’est jamais séparée, mais reste dans le Soleil (comme dans un miroir) qui est placé là. (Ibid., loc. cit.). ], comme il l’est en vérité, et aussi qu’il possède SEPT RAYONS, ce qui est vrai…

................................................................................................................................……………

XXV Les Sept Êtres dans le Soleil sont les Sept sacrés, nés d’eux-mêmes, du pouvoir inhérent à la Matrice de la Substance-Mère. Ce sont eux qui envoient les Sept Forces Principales, appelées Rayons, qui, au commencement du Pralaya se concentreront en Sept nouveaux Soleils pour le prochain Manvantara. L’énergie d’où elles jaillissent à l’existence consciente dans chaque Soleil est ce que quelques-uns appellent Vishnu, qui est le Souffle de l’ABSOLU.

Nous l’appelons la Vie Unique Manifestée – elle-même reflet de l’Absolu…

….................................................................................................................................................

XXVII. On ne doit jamais faire mention de ce dernier en paroles, DE PEUR QU'IL N'ENLÈVE UNE PARTIE DE NOS ÉNERGIES SPIRITUELLES , qui aspirent à son état, gravitent toujours vers Lui spirituellement, comme l’univers physique tout entier gravite vers son centre manifesté – cosmiquement.

XXVIII. La première – l’Existence Initiale – qu’on peut appeler, pendant qu’elle est dans cet état d’existence, la VIE UNIQUE , est, comme nous l’avons expliqué, une PELLICULE voilant les projets de création et de formation. Elle se manifeste en sept états qui, avec leurs subdivisions septénaires, forment les QUARANTE-NEUF FEUX dont on parle dans les livres sacrés…

XXIX. Le premier est la … « Mère » [ Prima MATERIA ]. Se subdivisant dans ses sept états primaires, elle descend par cycles; lorsqu’elle est consolidée dans son DERNIER principe, comme MATIÈRE GROSSIÈRE [ Comparez la "Nature" Hermétique, descendant par cycles, dans la matière lorsqu'elle rencontre "l'Homme Céleste" ], elle se tourne sur elle-même et anime, avec la septième émanation du dernier, le premier et le moins élevé des éléments [le serpent qui se mord la queue]. Dans une Hiérarchie ou un Ordre d’Êtres, la septième émanation de son dernier principe est :

(a) Dans le Minéral, l’Étincelle qui git latente en lui et qui est appelée à son existence fugitive par le Positif qui éveille le Négatif [et ainsi de suite]…

(b) Dans la Plante, c’est cette Force vitale et intelligente qui anime la graine et la fait se développer en brin d’herbe, en racine ou en jeune plante. C’est le germe qui devient l’UPADHI des sept principes de la chose dans laquelle il habite, les faisant pousser à mesure que cette dernière grandit et se développe.

(c) Dans chaque Animal, elle fait de même. C’est son Principe de Vie et son pouvoir vital; son instinct et ses qualités; ses caractéristiques et ses idiosyncrasies spéciales…

(d) À l’Homme, elle donne tout ce qu’elle confère à toutes les autres unités manifestées dans la Nature, mais elle développe de plus, en lui, la réflexion de tous ses QUARANTE-NEUF FEUX .... Chacun de ses Sept Principes hérite complètement des sept principes de la « Grande Mère » et y participe. Le souffle de son premier principe est son Esprit [ATMA]. Son second principe est BUDDHI [l’Âme]. Nous l’appelons à tort le septième. Le troisième lui donne la Matière Cérébrale sur le plan physique et le MENTAL qui la met en mouvement [et qui est l’Âme Humaine. H. P. B.] – selon ses capacités organiques.

(e) C’est la Force dirigeante des Éléments cosmiques et terrestres. Elle réside dans le Feu poussé hors de son état latent à un état actif, car toutes les sept subdivisions du *** principe résident dans le Feu terrestre. Elle tourbillonne avec la brise, souffle avec l’ouragan et met en mouvement l’air, élément qui participe aussi à l’un de ses principes. Procédant par cycles, elle règle les mouvements de l’eau, attire et repousse les vagues [ Les auteurs de ces lignes connaissaient parfaitement la cause physique des marées, des vagues, etc. C’est l’esprit animateur du corps solaire Cosmique tout entier, dont on parle ici et dont on parle chaque fois que l’on se sert de ces expressions, au point de vue mystique. ], selon des lois fixes, dont son septième principe est l’âme qui les anime.

(f) Ses quatre principes supérieurs contiennent le Germe qui devient les Dieux Cosmiques. Ses trois principes inférieurs enfantent les Vies des Éléments [Élémentaux].

(g) Dans notre Monde Solaire, l’Existence Unique est le Ciel et la Terre, la Racine et la Fleur, l’Action et la Pensée. Elle existe dans le Soleil et aussi dans le ver luisant. Pas un atome ne peut y échapper. Aussi, les anciens Sages l’ont-ils sagement appelée le Dieu manifesté dans la Nature…

Il serait peut-être intéressant de saisir cette occasion pour rappeler au lecteur ce que T. Subba Row a dit de ces forces – décrites au point de vue mystique :

Kanyâ [le sixième signe du Zodiaque ou la Vierge] signifie une vierge et représente Shakti ou Mahâmâyâ. Le signe en question est le sixième Râshi ou division et indique qu’il y a six forces primordiales dans la Nature [synthétisées par la Septième] …

Ces Shaktis se présentent dans l’ordre suivant :

(1) Parâshakti. – Littéralement la grande ou suprême force ou puissance. Elle signifie et contient les pouvoirs de la lumière et de la chaleur.

(2) Jnanâsshakti. – Littéralement, le pouvoir de l’intellect, de la vraie sagesse ou connaissance. Il a deux aspects :

I. Voici quelques-unes de ses manifestations, lorsqu’il est placé sous l’influence ou le contrôle des conditions matérielles. (a) La faculté que possède le mental d’interpréter nos sensations; (b) sa faculté de rappeler des idées passées (la mémoire) et de faire naître des espérances futures; (c) sa faculté qui découle de ce que les psychologues modernes nomment « les lois d’association » et qui lui permet de former des liens persistants entre les divers groupes de sensations et de possibilités de sensations et de donner ainsi naissance à la notion ou à l’idée d’un objet extérieur; (d) sa faculté de relier nos idées entre elles par le lien mystérieux de la mémoire et de créer ainsi l’idée du soi ou de l’individualité.

II. Voici maintenant quelques-unes de ses manifestations lorsqu’il est libéré des liens de matière :

(a) La Clairvoyance; (b) la Psychométrie.

(3) Ichchhâshakti. – Littéralement, le pouvoir de la volonté. Sa manifestation la plus ordinaire est la création de certains courants nerveux qui mettent en mouvement les muscles nécessaires pour accomplir ce qu’on veut faire.

(4) Kriyâshakti. – La mystérieuse faculté de penser qui lui permet de produire, par la seule énergie qui lui est inhérente, des résultats phénoménaux externes et perceptibles. Les anciens tenaient pour certain qu’une idée quelconque se manifestera extérieurement si on concentre profondément son attention sur elle. De même une volition intense sera suivie de la réalisation du désir.

Un Yôgi accomplit généralement ses prodiges au moyen d’Ichchhâshakti et Kriyâshakti.

(5) Kundalini Shakti. – La faculté ou la force qui se meut suivant une trajectoire serpentine ou courbe. C’est le principe de vie universel qui se manifeste partout dans las Nature. Cette force comprend les deux grandes forces d’attraction et de répulsion. L’électricité et le magnétisme ne sont que deux de ses manifestations. C’est le pouvoir qui produit cet « accord continu des relations internes avec les relations externes » qui est, selon Herbert Spencer, l’essence de la vie, et cet « accord continu des relations externes avec les relations internes » qui est la base de la transmigration des âmes, Punarjanman (Re-naissance), dans les doctrines des anciens philosophes hindous.

Un Yôgi doit maîtriser à fond cette faculté ou cette force, avant de pouvoir atteindre Môksha. Cette force est, en fait, le grand serpent de la Bible.

(6) Mantrikâshakti. – Littéralement, la force ou le pouvoir des lettres de la parole ou de la musique. Toute l’ancienne Mantra Shâstra renferme cette force ou pouvoir dans toutes les manifestations qui sont de son ressort… L’influence de la musique est l’une de ses manifestations ordinaires. La puissance du nom mirifique et ineffable est la couronne de cette Shakti.

La Science moderne n’a approfondi qu’en partie la première, la seconde et la cinquième des forces ou des facultés que nous venons de nommer, mais reste entièrement dans les ténèbres en ce qui concerne les autres …Les six forces sont, dans leur unité, représentées par la Lumière Astrale [Daïviprakriti, la septième, la Lumière du Logo] [ Five years of Theosophy, pp. 110-111, art. « Les Douze signes du Zodiaque ». ].

Nous avons fait ces citations pour montrer quelles sont, à ce sujet, les véritables idées hindoues. C’est tout à fait ésotérique, bien que cela n’embrasse pas la dixième partie de ce qui pourrait être dit. Ainsi les six noms des six forces mentionnées sont ceux des six Hiérarchies de Dhyân-Chôhans, synthétisées par la Primaire, la septième, - qui personnifie le Cinquième Principe de la Nature Cosmique, ou de la « Mère » dans son sens mystique. L’énumération seule des Pouvoirs du Yôga demanderait dix volumes. Chacune de ces Forces a, à sa tête, une Entité Consciente et vivante, Entité dont elle est une émanation.

Mais comparons, avec le commentaire que nous venons de citer, les paroles d’Hermès, le Trois fois Grand :

La création de la vie par le soleil est aussi continue que l’est sa lumière; rien ne l’arrête, ni ne le limite. Autour de lui, comme une armée de satellites, sont des choeurs innombrables de Génies. Ceux-ci habitent dans le voisinage des Immortels et de là veillent sur les choses humaines. Ils accomplissent la volonté des Dieux [Karma] au moyen d’orages, de tempêtes, de transitions de feu et de tremblements de terre, ainsi que par des famines et des guerres, pour la punition de l’impiété [Voir Stances III et IV et les commentaires qui s’y rapportent et comparer surtout les remarques sur la Stance IV au sujet des Lipikas et des quatre Mahârâjahs ou agents de Karma. ]

C’est le soleil qui conserve et nourrit toutes les créatures, et, de même que le Monde Idéal, qui entoure le monde sensible, remplit celui-ci de la plénitude et de l’universelle variété des formes, de même, le soleil, enveloppant tout de sa lumière, détermine partout la naissance et le développement des créatures… Sous ses ordres se trouve le choeur des génies, ou plutôt les choeurs, car ils sont nombreux et différents et leur nombre correspond à celui des étoiles. Chaque étoile a ses génies, bons et mauvais par nature, ou plutôt par leur action, car l’action est l’essence des génies… Tous ces génies président aux affaires du Monde [Les « Dieux » ou Dhyânis, aussi, pas seulement les Génies ou les « Forces dirigées ». ], ils ébranlent et renversent la constitution des États et des Individus; ils impriment leur ressemblance sur nos âmes, ils sont présents dans nos nerfs, dans notre moelle, dans nos veines, dans nos artères et dans la substance même de nos cerveaux…

Au moment où chacun de nous reçoit la vie et l’existence, les génies [ Élémentaux ] qui président aux naissances [ La signification de cela est que l’homme étant composé de tous les Grands Éléments – le Feu, l’Air, l’Eau, la terre et l’Éther – les ÉLÉMENTAUX qui appartiennent respectivement à ces Éléments se sentent attirés vers l’homme, en raison de leur co-essence. L’Élément qui prédomine dans une certaine constitution sera l'élément dirigeant pendant la vie. Par exemple, si, chez l’homme, l’Élément terrestre, l’Élément Gnômique a la prépondérance, les Gnômes le conduiront à amasser des métaux – de l’argent, des richesses et ainsi de suite. « L’homme animal est le fils des éléments animaux d’où est née son Âme [Vie] et les animaux sont les miroirs de l’homme « , dit PARACELSE (De Fundamento Sapientiae). Paracelse était prudent et voulait que la BIBLE s’accordât avec ce qu’il disait et c’est pourquoi il ne disait pas tout. ] et qui sont classés au-dessous des pouvoirs astraux [Esprits astraux surhumains] se chargent de lui. Ils changent perpétuellement, pas toujours identiquement, mais en progression circulaire [ Le progrès cyclique dans le développement. ]. Ils imprègnent, par le corps, deux parties de l’âme, afin que celui-ci puisse recevoir de chacune l’impression de sa propre énergie. Mais la partie raisonnable de l’âme n’est pas soumise aux génies; elle est destinée à recevoir [le] Dieu [ Le Dieu dans l’homme et souvent l’incarnation d’un Dieu, un Dhyân-Chôhan hautement spirituel qui est en lui, outre la présence de son propre Septième Principe. ] qui l’illumine d’un rayon solaire. Ceux qui sont illuminés sont peu nombreux et les génies s’éloignent d’eux, car ni génies ni dieux n’ont de pouvoir en présence d’un seul rayon de Dieu [ De quel « Dieu » veut-on parler ici? ce n’est pas de Dieu le « Père », la fiction anthropomorphique; car ce Dieu-là est la collectivité des Elohims et n’existe pas en dehors de la Légion. De plus un tel Dieu est fini et imparfait. Ce sont les grands Initiés et Adeptes dont on fait mention ici en parlant des « peu nombreux ». Et ce sont précisément de tels hommes qui croient aux « Dieux » et qui ne connaissent pas « Dieu », mais une Divinité universelle, sans parenté et non conditionnée. ]. Mais tous les autres hommes, corps et âmes, sont dirigés par des génies à qui ils s’attachent et dont ils effectuent les actions… Les génies ont, par conséquent, le contrôle des choses mondaines et nos corps leur servent d’instruments [ The Virgin of the World, pp. 104-105, « Les Définitions d’Asclépios », loc. cit., v, trad. française de L. Ménard, livre IV, pp. 288-290. ].

ce que nous venons de citer, à l’exception de certains points particuliers, représente ce qui était une croyance universelle, commune à toutes les nations, jusqu’à il y a environ un siècle. Elle est encore tout aussi orthodoxe dans ses grandes lignes et ses traits principaux, parmi les Païens comme parmi les Chrétiens, à l’exception d’une poignée de Matérialistes et d’hommes de Science.

En effet, qu’on appelle les Génies d’Hermès et ses « Dieux » « Puissances des Ténèbres » et « Anges » comme dans les Églises grecque et latine, ou « Esprits des Morts » comme dans le Spiritisme; ou encore Bhuts et Dévas, Shaitan ou Djin, comme on les dénomme encore dans les pays Indiens et Musulmans – ils ne sont tous qu’une seule et même chose – une Illusion. Qu’on ne se méprenne toutefois point à ce sujet, comme l’ont fait dernièrement les écoles Occidentales, au sujet de la grande doctrine philosophique des Védântins.

Tout ce qui est émane de l’ABSOLU qui, en raison même de ce qualificatif, est la Seule et Unique Réalité; - donc, tout ce qui est en dehors de cet Absolu, de cet Élément générateur et causal, doit indéniablement être une Illusion. Mais il n’en est ainsi qu’au point de vue purement métaphysique. Un homme qui se considère comme mentalement sain, et que ses voisins considèrent comme tel, appelle de même les visions d’un frère déséquilibré – visions qui rendent leur victime heureuse ou extrêmement malheureuse, suivant le cas, - des illusions et des fantaisies. Mais, où est le fou pour qui les ombres hideuses de son mental troublé, ses illusions, ne sont pas, momentanément, aussi vraies et aussi réelles que les choses que peuvent voir son médecin ou son gardien? Tout est relatif dans cet univers, tout n’est qu’une Illusion. Mais l’expérience faite sur n’importe quel plan est une réalité pour l’être qui la perçoit et dont la conscience est sur ce même plan, bien que cette expérience, considérée au point de vue purement métaphysique, puisse être conçue comme n’ayant pas de réalité objective. Mais ce n’est pas contre les Métaphysiciens, c’est contre les Physiciens et les Matérialistes que l’enseignement Ésotérique doit lutter et, pour ceux-ci, la Force vitale, la Lumière, le Son, l’Électricité et même la force objectivement attractive du Magnétisme, n’ont pas d’existence objective et sont tenus pour de simples « modes de mouvement », pour des « sensations et des manières d’être de la matière ».

Ni les Occultistes, en général, ni les Théosophes ne rejettent, comme le croient à tort quelques-uns, les idées et les théories des Savants modernes, pour la seule raison que ces idées sont en opposition avec la Théosophie. La première règle de notre Société est de rendre à César ce qui appartient à César. Les Théosophes sont donc les premiers à reconnaître la valeur intrinsèque de la Science. Mais, lorsque ses grands-prêtres font de la conscience une sécrétion de la substance grise du cerveau et de tout ce qui existe encore dans la Nature un mode de mouvement, nous protestons contre une telle doctrine, comme étant antiphilosophique, en contradiction avec elle-même et simplement absurde, au point de vue scientifique, autant et même plus que sous l’aspect Occulte de la Connaissance Ésotérique.

Car, réellement, la Lumière Astrale des Kabalistes que l’on raille, renferme d’étranges et curieux secrets pour celui qui peut y plonger ses regards, et les mystères cachés sous ses ondes constamment en mouvement sont bien là, en dépit des Matérialistes et des moqueurs.

[La Lumière Astrale des Kabalistes est très incorrectement assimilée, par quelques-uns, à l’ « Éther »; ce dernier est confondu avec l’Éther hypothétique de la Science, et quelques Théosophes font allusion à tous les deux, comme étant synonymes d’Akâsha. C’est une grave erreur.]

[L’auteur de A Rational Refutation [ Une Réfutation Rationnelle, p. 120. ] écrit, aidant ainsi l’Occultisme sans s’en douter :

La mise en relief des qualités de l’Akâsha servira à démontrer combien il est imparfaitement représenté par « éther ». En dimensions, il est infini; il n’est pas composé de parties, et la couleur, le goût, l’odeur et la tangibilité ne font pas partie de ses attributs. Jusqu’ici, il correspond exactement au temps, à l’espace, à Ishvara [le « Seigneur » ou plutôt le pouvoir créateur et l’âme – anima Mundi] et à l’âme. Sa spécialité, comparativement, consiste en ce qu’il est la cause matérielle du son. S’il ne l’était pas, on pourrait croire qu’il ne fait qu’un avec le vide.

C’est le vide, assurément, surtout pour les Rationalistes. En tout cas l’Akâsha produira, à coup sûr, le vide dans le cerveau d’un Matérialiste. Néanmoins, bien que l’Akâsha ne soit certainement pas l’Éther de la Science, - pas plus que l’Éther de l’Occultiste, que celui-ci ne définit que comme l’un des principes de l’Akâsha, - il est certainement, lui et son primaire, la cause du son, cause psychique et spirituelle, mais nullement matérielle. Les relations de l’Éther avec l’Akâsha peuvent être définies en appliquant à l’Akâsha, comme à l’Éther, les mots dont on se sert en parlant du Dieu dans les Védas : « Ainsi lui-même fut en vérité [ son propre ] fils », l’un étant le produit de l’autre et cependant lui-même. C’est peut-être une énigme difficile pour les profanes, mais très facile à comprendre pour un Hindou – même s’il n’est pas un Mystique.]

Ces secrets de la Lumière Astrale, ainsi que bien d’autres mystères resteront ignorés des Matérialistes de notre époque, de même que l’Amérique fut un mythe inexistant pour les Européens, pendant la première partie du moyen âge, alors que les Scandinaves et les Norvégiens avaient réellement atteint ce très ancien « Nouveau-Monde » et s’y étaient établis plusieurs siècles auparavant. Mais, de même qu’un Colomb naquit pour découvrir de nouveau et pour forcer le Vieux-Monde à croire aux antipodes, de même des Savants naîtront qui découvriront les merveilles que les Occultistes déclarent dès à présent exister dans les régions de l’Éther avec leurs divers et multiformes habitants et leurs entités conscientes. Alors, nolens volens, la science sera forcée d’accepter la vieille « superstition » comme elle en a déjà accepté tant d’autres. Et une fois qu’elle aura été forcée de l’accepter, il est très probable que ses professeurs érudits – à en juger par l’expérience du passé, comme dans le cas du Mesmérisme et du Magnétisme, aujourd’hui baptisé Hypnotisme – adopteront la chose et en rejetteront le nom. Le choix de la nouvelle appellation dépendra à son tour des « modes de mouvement », - le nouveau nom donné à l’ancien « processus automatique physique dans les fibres nerveuses, du cerveau [scientifique] » de Moleschott – et aussi, sans doute, du dernier repas qu’aura fait l’individu qui donnera le nom, puisque, suivant le fondateur du nouveau Système Hylo-Idéaliste, « la cérébration est génériquement la même chose que la chylifisation [National Reformer du 9 janvier 1887. Article « Phréno-Kosmo-Biologie », par le docteur Lewins. ] ».Par conséquent, si l’on devait croire à cette absurde proposition, le nouveau nom de la vérité archaïque devrait dépendre de l’inspiration hépatique du parrain et ce n’est qu’alors que ces vérités auraient la possibilité de devenir scientifiques!

Mais la VÉRITÉ, si désagréable qu’elle soit à la majorité, ordinairement aveugle, a toujours eu ses défenseurs prêts à mourir pour elle, et ce ne sont pas les Occultistes qui protesteront contre son adoption par la Science, sous quelque nouveau nom que ce soit. Mais jusqu’au moment où elle se sera imposée à l’observation et à l’approbation des Savants, plus d’une vérité Occulte sera tenue à l’écart, comme l’ont été les phénomènes des Spirites et d’autres manifestations psychiques, pour être finalement prise par ses ex-calomniateurs, sans la moindre reconnaissance, ni le moindre remerciement. L’azote a ajouté considérablement à la science chimique, mais Paracelse, qui l’a découvert, est encore appelé un « charlatan ». Combien vraies sont les paroles de H. T. Buckle, dans son admirable History of Civilisation, lorsqu’il dit :

Grâce à des circonstances encore inconnues [la prévoyance Karmique, H.P.B.] de grands penseurs apparaissent de temps de temps, qui, consacrant leurs vies à un seul but, sont capables de devancer le progrès de l’humanité et de fonder une religion, ou une philosophie, grâce à laquelle des effets importants sont finalement produits. Mais si nous cherchons dans l’histoire, nous verrons clairement que, bien que l’origine d’une nouvelle opinion puisse être ainsi due à un seul homme, le résultat produit par la nouvelle opinion dépendra des conditions du peuple parmi lequel elle aura été propagée. Si une religion, ou une philosophie, est trop avancée pour une nation, elle ne peut rendre aucun service pour le moment, mais doit attendre [ C’est la loi cyclique; mais cette loi même est souvent bravée par l’obstination humaine. ] que les esprits des hommes soient mûrs pour la recevoir… Chaque science, chaque credo, a eu ses martyrs. Selon le cours ordinaire des choses, quelques générations passent, puis vient une période où ces mêmes vérités sont considérées comme des choses banales et, un peu plus tard, il en vient une autre où elles sont déclarées nécessaires et où l’intellect le plus obtus s’étonne lui-même que l’on ait jamais pu les nier [ Vol. I, p. 256.].

Il est simplement possible que les esprits des générations actuelles ne soient pas mûrs pour la réception des vérités Occultes. Tel sera probablement le résultat d’un coup d’oeil rétrospectif jeté par les penseurs avancés de la Sixième Race-racine sur l’histoire de l’acceptation de la Philosophie Ésotérique – pleinement et sans restrictions. En attendant, les générations de notre cinquième race continueront à être égarées par les préjugés et les préventions. On se moquera des Sciences Occultes à chaque coin de rue et tout le monde essayera de les ridiculiser et des les écraser, au nom et pour la plus grande gloire du Matérialisme et de sa soi-disant Science. Les présents Volumes, cependant, montrent, en répondant par anticipation à plusieurs des futures objections Scientifiques, les véritables positions réciproques du défenseur et du demandeur. Les Théosophes et les Occultistes sont mis en accusation par l’opinion publique qui déploie toujours la bannière des Sciences inductives. Ces dernières doivent donc être examinées et il faut établir jusqu’à quel point leurs exploits et leurs découvertes, dans le royaume de la loi naturelle, sont en opposition, non pas tant avec nos prétentions qu’avec les faits de la nature. L’heure a maintenant sonné de savoir si les murs de la moderne Jéricho sont si inébranlables qu’aucun souffle de la trompette Occulte ne puisse jamais les faire crouler.

Les prétendus « Forces », ayant à leur tête la Lumière et l’Électricité, et la constitution du globe Solaire, doivent être examinées avec soin, ainsi que la Gravitation et les théories des Nébuleuses. La nature de l’Éther et des autres Éléments doit être discutée, en opposant les enseignements Scientifiques aux enseignements Occultes, tout en révélant quelques-unes des données, encore secrètes, de ces derniers.

Il y a une quinzaine d’années, l’auteur était la première à répéter, après les Kabalistes, les sages commandements du Catéchisme Ésotérique :

Ferme ta bouche de peur de parler de ceci [le mystère] et ton coeur de peur de penser tout haut, et si ton coeur t’a échappé, ramène-le à sa place, car tel est l’objet de notre alliance [ Sepher Jetzirah.].

Ou bien encore des Règles de l’Initiation :

Ceci est un secret qui donne la mort : ferme ta bouche de peur de révéler au vulgaire; comprime ton cerveau de peur que quelque chose ne s’en échappe et ne tombe au-dehors.

Quelques années plus tard, un coin du Voile d’Isis dut être soulevé et maintenant on y fait une déchirure plus grande encore.

Mais les anciennes erreurs consacrées par le temps – celles aussi qui deviennent chaque jour plus manifestes et plus évidentes – sont rangées maintenant en ordre de bataille, comme elles l’étaient alors. Guidées par un aveugle esprit de conservatisme, par la vanité et les préjugés, elles veillent toujours prêtes à étouffer toute vérité qui, se réveillant de son long sommeil séculaire, frappe à la porte. Et, cela est ainsi depuis que l’homme est devenu un animal. Mais si le fait de rendre à la lumière quelques-unes de ces antiques vérités entraîne chaque fois la mort morale du révélateur, il est non moins vrai que celui-ci apporte vie et régénération à ceux qui sont à même de profiter du peu qui leur est révélé maintenant.

Fin du premier volume de l’édition française

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